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mardi 30 mai 2023

Prière de Jésus et saints Pères.

 

(Jean 17, 1 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous fait entendre la prière que le Christ adresse à son Père pour nous, afin de contempler ce que le Seigneur est en esprit et en vérité, et ce que nous sommes appelés à devenir au sein de ce monde où nous habitons et dont l’esprit nous est étranger. Les saints Pères que nous célébrons et vénérons aujourd’hui, sont les témoins lumineux, aimants et véridiques de la parole du Seigneur adressée à son Père et notre Père.

 

Jésus levant les yeux vers le ciel dit « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils  te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donné ». Jésus entre en lui-même et s’élève dans son esprit et là, il contemple en plénitude d’amour, son Père et notre Père. Le Père qui avait envoyé son Fils Unique dans le monde ignorait-il tout ce que ce même Fils a réalisé en totale obéissance et cela jusqu’à la mort ignominieuse sur la Croix ? Alors, pourquoi notre Seigneur retrace t-il ce qu’il a accompli pour sauver l’humanité ? Le sens de la prière du Christ au Père est donné dans le verset qui suit « or, la vie éternelle est qu’ils Te connaissent, toi, le seul véritable Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ».

 

La prière splendide que le Christ offre à Dieu notre Père, est en vérité offerte pour nous, afin que nous puissions nous aussi à la suite des Pères vénérables, accueillir la vie éternelle qui est la connaissance du Père céleste. En quoi consiste la vie éternelle ? Connaître Dieu notre Père ! Comment ? En croyant à cette parole du Christ « que nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et ceux à qui le Fils veut bien le révéler ». A la question posée par Philippe « montres-nous le Père », Jésus répond « celui qui m’a  vu, a vu le Père », ainsi pour connaître le Père en esprit et en vérité, il faut avoir vu le Fils unique. Non pas d’une vision superficielle, car celle-ci, ne peut ni voir ni connaître le Christ et encore moins le Père. Que signifie alors, qui m’a vu, a vu le Père ? Cela signifie que celui qui a cru en moi, « a vu et connu par la foi » que l’origine de mes œuvres sont divines, « parce que le Père et moi nous sommes Un ». Et pourquoi le Christ prie-t-il ainsi ? Pour que nous ayons en nous « la joie parfaite », cette joie qui doit en nous s’unir à la « vérité parfaite » qui est le Don du Saint Esprit, afin que se réalise cette promesse du Seigneur « Je vous enverrais l’Esprit de vérité et la vérité vous rendra libre ».

 

Le Seigneur dit « J’ai manifesté ton Nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner…et ils ont gardé ta parole… ils ont cru que tu m’as envoyé…c’est pour eux que je prie »,

quel est donc le « Nom » que le Christ a manifesté aux hommes ? C’est celui de « Père » c’est à dire, celui qui nous engendre sans cesse spirituellement à « la vie, au mouvement et à l’être » par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. Et où s’accomplit cette œuvre divino-humaine, si ce n’est dans l’Eglise, splendeur et lumière au cœur du monde et icône du royaume de Dieu. C’est bien dans l’Eglise que le Père invite « ceux qui ont cru à son Fils unique », et c’est dans l’Eglise que seront désormais gardés ceux qui resteront fidèles au Seigneur, selon cette parole « Père saint, garde-les dans ton Nom que tu m’as donné », pourquoi ? « Pour qu’ils soient un comme nous ».

 

Au chap. 17, verset 12, le Seigneur précise « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le  fils de perdition », fils de perdition peut s’entendre aussi comme une expression générique qui englobe tous ceux qui ont  commencé par confesser le Christ comme leur Seigneur et Maitre, qui sont même baptisés, mais qui au lieu de cultiver avec persévérance leur vie religieuse au sein de l’Eglise, s’éloignent peu à peu de Lui par leur mode d’existence calquée sur le monde et qui finit par engendrer le « cœur endurci et la nuque raide », provoquant une rupture avec la source spirituelle de la vie et de l’être et une résistance à l’invitation divine de venir se nourrir spirituellement et avec régularité au Banquet eucharistique donné dans l’Eglise.

 

C’est pourquoi, chaque croyant doit à l’image du Seigneur veiller sur lui-même, afin de ne pas se perdre, nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes le « temple de l’Esprit Saint », nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes des « êtres liturgiques », nous pouvons nous perdre si nous oublions à nouveau que nous « sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu », nous nous perdons si nous sommes en-dehors de l’Eglise, car elle seule possède toutes les grâces essentielles pour notre existence orthodoxe au cœur du monde. L’adage populaire dit « il n’est pas de pire sourd ou aveugle que celui ou celle qui ne veut ni entendre ni voir », nous allons fêter bientôt la sainte Pentecôte qui célèbre la descente de l’Esprit Saint dans l’Eglise, Il nous appelle à venir l’accueillir dans l’Eglise, alors soyons tous présents à cette grâce vivifiante qui est le Don de l’Esprit de Dieu.

 

En chap. 17, 8 à 10, le Seigneur témoigne de ceux et celles qui ont cru en lui par cette parole « ils ont cru et reconnu que Je viens de Toi, que tu m’as envoyé...c’est pour eux que Je prie, je ne prie pas pour le monde », le monde mondain détourne les âmes de la précieuse grâce divine semée dans l’humanité depuis les origines de la Création, l’attention du monde déchu est centrée sur une dépendance hypnotique envers toutes les nourritures fallacieuses que sont les séductions qui chantent des fausses louanges à la gloire de l’égo, en faisant miroiter et gober aux « fan(s)-atiques » qu’ils seront libres et pourront crier « ni Dieu ni Maitre ».

 

Le Seigneur nous montre que nous pouvons en communion avec l’Eglise, imiter avec sobriété la prière adressée à son Père et à notre Père, en nous tournant vers le ciel à travers notre esprit et dire en toute simplicité et confiance « Notre Père, par le pardon de nos passions et de nos transgressions,  glorifie-nous de la gloire de ton Fils unique en faisant de nous et avec nous, par grâce des christ aimants, saints, humbles et sages ». Le Seigneur dit « Père glorifie-moi…J’ai manifesté ton Nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner » et ailleurs « car nul ne peut venir à moi, si le Père ne l’appelle », est-ce à dire que tous ne sont pas appelés ? Bien sûr que si, « mais beaucoup d’appelés et peu d’élus ». Les élus sont donc tous ceux qui sont dans l’Eglise et ont « reconnu que tout ce que Tu m’as donné vient de Toi…que mes paroles viennent de Toi…ils les ont accueillies et ont cru que je suis sorti de Toi et que Tu m’as envoyé ».

 

Le Christ poursuit « et maintenant Père, glorifie-moi auprès de Toi, de la gloire que j’avais auprès de Toi, avant que le monde fût crée ». Que signifie glorifie-moi auprès de Toi ? Le Fils aurait-il perdu par son incarnation la gloire qui était la sienne auprès du Père ? Bien sûr que non, mais voilà l’admirable, qui nous révèle qu’en vérité, Jésus demande cette gloire pour l’homme incarné qu’il est, et comme la nature humaine nous est consubstantielle et une, il demande cette même gloire pour l’humanité sauvée en Lui. C’est donc, la gloire divino-humaine du Fils unique, déposée dans l’homme sauvé qui sera la robe nuptiale qui lui permettra de siéger dans le Royaume de Dieu en présence du Dieu Vivant ? Cette présence de l’homme dans le Royaume de Dieu sera le couronnement spirituel et le fruit de l’amour divin selon la parole du Seigneur « tout est accompli ».

 

L’Eglise est le lieu divino-humain où se réunit l’assemblée de ceux qui ont cru et accueilli les paroles du Christ, ces paroles ne sont pas justes des mots, elles portent en elles la puissance créatrice du Verbe éternel, et cette puissance est ce qui peut restaurer tout homme et toute femme de bonne volonté dans la « beauté lumineuse des enfants de Dieu ». C’est pourquoi le Seigneur nous rappelle « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition », cette veille est confiée maintenant à l’Eglise qui a pour vocation de ne perdre aucun de ceux qui viennent demander au Nom de Dieu, « leur salut et la vie bienheureuse à venir », encore faut-il qu’ils soient présents dans l’Eglise.

 

 

Maintenant, « Je viens vers Toi dit le Christ à son Père » mais ailleurs le Seigneur dit aussi « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », comment donc retourne-t’IL vers son Père et notre Père tout en restant avec nous jusqu’à la fin du monde ? C’est le mystère et la grâce religieuse de l’Ascension, le Seigneur ne s’élève t’IL pas avec notre nature humaine sauvée pour être déifiée, cette union divino-humaine est indissoluble, alors comment ne serait-IL pas toujours avec nous.

 

Mais si la nature humaine est consubstantielle, cela signifie qu’elle engendre toujours selon la libre volonté humaine les fruits de l’arbre du bien et du mal, c’est pourquoi la grâce qui donne la joie ou toute autre don spirituel, ne s’incarne dans l’homme que dans la mesure ou celui-ci fait œuvre de conversion. Si nous avons du mal à nous faire violence pour aller à l’Eglise, comment entendre et obéir à la demande du Christ qu’il faut « se faire violence pour entrer dans le Royaume de Dieu », pour cela commençons par entrer dans le royaume de l’Eglise porte spirituelle incontournable pour nous diriger avec sagesse vers le Royaume de Dieu!  

 

Cette prière rayonnante de beauté, de sagesse et d’amour que Jésus adresse à notre Père Céleste, est en vérité grâce sur grâce en faveur de l’humanité, afin que s’accomplissent les noces spirituelles dans la Cana céleste autour du banquet divino-humain, pacifique et joyeux sur l’Autel d’en-haut. La célébration de la très Sainte Cène liturgique trouvera son parfait  couronnement dans la prière qui est la béatitude des cœurs purs « Abba Père » !

 

Saint Léon le Grand nous enseigne que « la nature humaine recevrait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes, elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges, les êtres les plus sublimes ne peuvent mesurer son degré d’élévation, car la nature humaine allait être admise à trôner auprès du Père éternel et être associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils unique ».

 

Je suis donc invité par le Seigneur lui-même, à veiller sur moi par la grâce reçue dans l’Eglise, en me nourrissant de la vie et de la voie de la spiritualité orthodoxes, pourquoi ? Pour glorifier notre Père céleste et devenir une icône véridique de notre unique modèle « Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit ». Par le « Notre Père » la prière sainte reçue de notre Seigneur, nous pouvons cultiver cette veille spirituelle sur nous-mêmes, d’autant plus et mieux, qu’il est habité par Marie, Mère de Dieu, dans le verset « que ta volonté soit faite », habité par nos pères et mères saints dans le verset « sur la terre comme au ciel », n’ont-ils pas accompli sur terre ce qu’ils ont vu dans le ciel, c’est à dire à travers leur ascèse unie à leur esprit, habité par notre veille dans le verset « ne nous laisse pas succomber à la tentation ». Et quelle est contre nous, la tentation la plus redoutable, c’est tout mensonge du monde qui veut détourner l’homme de lui-même et rendre ainsi impossible la conversion de son cœur vers sa vocation véritable, qui est de vivre en communion avec notre Père, par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint.  

 

Allons-nous oublier encore la parole du Seigneur « n’en avez-vous pas assez d’éprouver la patience des hommes par votre entêtement, voulez-vous aussi mettre à l’épreuve la patience de Dieu ? » Que par les prières de nos saints Pères, dont nous célébrons la mémoire vivifiante, Dieu nous accorde toute grâce utile pour notre vie orthodoxe et pour déjouer la perversité des idoles frelatées et ténébreuses qui non seulement cherchent à nous éloigner de l’Eglise mais pullulent pour asservir l’humanité.  

 

Que le Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soit adoré, loué et glorifié, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

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