Calendrier liturgique, Homélies, Galerie Photo, vie saint Milutin tropaire kondakion, blogs

lundi 27 mars 2023

Dimanche de saint Jean Climaque et des Béatitudes.

 (Math. 4, 25 à 5, 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre du Seigneur sur le mont des Béatitudes, afin d’entendre des paroles de lumière incréée qui sont la sève spirituelle de la vie bienheureuse et nourricière de l’âme orthodoxe. L’Eglise, nous rend également ce jour témoin de la guérison par compassion du Seigneur, d’un enfant « possédé par un esprit sourd et muet », cet esprit mauvais jette l’enfant dans le feu extérieur qui brûle et détruit, mais par la grâce vécue des Béatitudes, le Christ nous procure le feu divin qui purifie, illumine et donne la vie,  ce feu c’est « l’amour de la Divine Trinité pour l’homme son bien-aimé ».

 

« Voici que Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et langueur parmi le peuple », alors « voyant la foule, il gravit la montagne et une fois assis, il prît la parole et leurs enseignait les saintes Béatitudes », par la mise en pratique desquelles, avec l’aide de Dieu et de l’Eglise, il nous est possible de devenir « bienheureux ».

 

Dieu bénissant, asseyons-nous aux pieds du Seigneur pour l’écouter avec cette foule dans le désir d’accueillir, méditer et pratiquer l’enseignement qui peut nous donner « la vie, le mouvement et l’être », et suivre comme des pèlerins le cheminement vers le Royaume de Dieu. Cette œuvre bienheureuse  « apprendre à vivre les Béatitudes » comme le souligne en vérité saint Grégoire de Nysse, n’a d’autre but que l’union de l’homme de Dieu avec la Divine Trinité pour la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Etre bienheureux peut s’acquérir par la grâce de Dieu dans l’Eglise de Dieu, l’Eglise qui est l’icône lumineuse de cette montagne sacrée et spirituelle sur laquelle notre seul et unique Maître Jésus peut enseigner.

 

« Bienheureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux » :

« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît », par deux fois les Béatitudes promettent le Royaume des cieux, aux pauvres en esprit et aux persécutés pour la justice. Quel est donc le grand persécuteur, l’unique persécuteur de l’humanité, n’est-ce pas celui que le Seigneur lui-même appelle « le prince de ce monde » ? Voilà celui qui est tout entier mensonge et le père du mensonge, celui qui est tout entier haine de Dieu et haine de l’homme, icône de Dieu. Voilà, celui qui ne cesse d’inspirer le péché au cœur des hommes, qui les persécute jour et nuit dans la plus absolue injustice, souvenons-nous de la persécution du patriarche Job. Job a supporté la persécution diabolique, celle de son épouse et en plus la persécution de ses soit disant amis, de ceux qui se prenant pour des justes et des sages inspirés, étaient venus pour lui faire des leçons de morale. Job a tout supporté pour l’amour de Dieu et par sa foi inébranlable en Dieu, il a accepté de tout perdre, mais Dieu lui a tout rendu et même plus que ce qu’il possédait avant.

 

La seule et grande ascèse qui peut nous aider à supporter cette persécution consiste à nous tourner vers la Divine Trinité, de venir et de célébrer la Divine Liturgie et de recevoir le Corps et le Sang très saint et précieux de notre Seigneur Jésus-Christ, car chaque Liturgie célébrée affaiblit les œuvres du Malin et du mal en fortifiant les Fidèles.

 

« Bienheureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement toutes sortes d’infamies sur vous à cause de moi » :

Cette béatitude rend l’homme semblable à son Seigneur, n’a t IL pas été insulté, persécuté, trahi, traîné dans l’infamie et finalement crucifié, le Seigneur nous a prévenu en disant : « s’ils m’ont haï, ils vous haïront aussi ». Qui parmi nous ne voit la persécution de notre sainte Eglise orthodoxe et en particulier Serbe, à travers ce monde instable rempli de « ténèbres psychiques et spirituelles » ?

Ce n’est pas l’insulte par elle-même qui rend bienheureux, elle est même très sévèrement condamnée par le Christ lorsqu’IL dit : « celui qui traite son frère de fou est passible de la Géhenne de feu ». Insulter l’homme crée par Dieu, c’est insulter le Créateur, n’est ce pas une terrible insulte envers Dieu qui n’a pas crée des « fous » mais des hommes à Son « Image et à Sa ressemblance ». L’insulte est ce qui défigure et caricature l’homme et donc en fait un sous-homme, le banalise et l’animalise et ensuite, on peut le persécuter à mort puisque l’insulte et l’infamie place l’être humain dans le domaine de l’inhumain. Mais toutes ces insultes, ces persécutions et infamies ne sont dites bienheureuses que si elle sont subies et acceptées à cause du Christ, toute autre raison est disqualifiée par le Seigneur, car comme le dit le langage de la sagesse populaire « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

 

Les saints et saintes martyrs, eux les bienheureuses icônes vivantes et lumineuses de l’Eglise, ont été particulièrement insultés, persécutés et traînés dans la boue puante de l’infamie vomie sur eux par l’ennemi de Dieu et du genre humain. C’est à essayer de détruire et de réduire à néant la foi de l’Eglise et des croyants, que s’acharnent les ténèbres extérieures en se servant de l’arme de toutes les dictatures spirituelles ou politiques, « la persécution ».

 

Le Seigneur témoigne lui-même de saint Jean baptiste le Précurseur en disant qu’il est « Le plus grand des hommes né d’une femme », la tradition appelle Jean un « homme céleste et un ange terrestre », lui que la folie pécheresse des hommes a décapité.                           

 

Que dirons-nous alors de Marie ? N’est-elle pas toute entière béatitude accomplie au point d’avoir été élue entre toutes les femmes pour enfanter « le Seigneur ».

 

N’a t’elle pas été digne non seulement du Royaume des cieux mais d’être la Mère de Celui qui l’habite, parce que parfaitement pauvre en esprit dans son humilité ?

 

N’a t’elle pas été affligée au-delà de toute mesure humaine en voyant son Fils et Seigneur pendu sur le bois de la Croix ? N’a t’elle pas été d’une douceur toute évangélique en visitant sa cousine Elisabeth ?

 

N’a t’elle pas été affamée et assoiffée de justice au point de se précipiter dans le temple de Jérusalem afin de se rassasier de la vie religieuse en Dieu ?

 

N’a t’elle pas été miséricordieuse au nom de toute l’humanité en disant amen à la volonté divine annoncée par l’Archange Gabriel et ainsi obtenir miséricorde pour elle et pour nous les hommes ?

 

N’a t’elle pas été pure de corps, d’âme et d’esprit au point que le Créateur ait pu et voulu s’incarner dans sa créature ? N’a t’elle pas été pacifique durant toute son existence, au point d’être non seulement fille de Dieu mais surtout la Mère de Dieu ?

 

N’a t’elle pas été persécutée par la prophétie qu’une « épée lui transpercera le cœur et lui causera une douleur indicible » ?

 

Marie est donc en vérité « l’incarnation de la voie des Béatitudes », l’icône parfaite pleine de grâce et de vérité, le modèle de la perfection spirituelle bienheureuse, elle qui est « plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ».

 

Nous pouvons donc en toute liberté et confiance demander son intercession fervente et ardente auprès de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, afin qu’Il nous envoie selon Sa promesse, l’Esprit de Dieu comme guide dans la voie sainte des Béatitudes.

Les Béatitudes sont l’accomplissement de la parole du Seigneur : « que celui qui veut me suivre, prenne sa croix et renonce à lui-même », elles sont une échelle sainte qui mène de la terre au ciel, de l’Eglise au Royaume de Dieu et de l’homme au Père céleste. L’ascèse au sens de vie au Nom du Seigneur qui peut permettre un tel renoncement, s’appelle le « jeûne selon l’homme intérieur caché avec le Christ en Dieu ». Mais ce jeûne spirituel par la grâce de Dieu et de l’Eglise, enracine l’être orthodoxe dans l’essentiel et le fondamental, c’est à dire la communion avec la Divine Trinité, ainsi :

 

Le jeûne des pauvres en esprit consiste à renoncer à tous les royaumes du monde pour acquérir le Royaume des cieux, renoncer à la pensée que je puis par moi-même me sauver ou sauver l’autre, renoncer au monde et aux modes de l’éphémère qui sont de pauvres et stériles caricatures de la réalité.

 

Le jeûne des affligés consiste à renoncer à la dictature des pensées, des paroles et des actes extérieures, hypocrites et faussement compatissantes pour s’ouvrir à l’immensité de la présence du Roi du Ciel, l’Esprit Consolateur.

 

Le jeûnedes doux consiste à accepter la Croix et à renoncer à l’imposture que représente la violence des passions pécheresses et adultères qui veulent détourner l’homme de l’unique nécessaire dont le Seigneur parle à Marthe.

 

Le jeûne des affamés et assoiffés de justice consiste à renoncer aux nourritures et aux boissons des philosophies « humaines trop humaines » qui sont des miroirs déformants et séduisants, mais qui ne donnent pas la vie mais la mort spirituelle.

 

Le jeûne des miséricordieux consiste à renoncer à obéir à la haine de soi et de l’autre, et d’obéir au Seigneur qui nous commande : « aimez-vous les uns les autres » et « bénissez et ne maudissez pas ».

 

Le jeûne des cœurs purs consiste à renoncer à la tentation diabolique véhiculée de manière insidieuse par tous les athéismes, et qui voudraient nous faire « croire » qu’il est impossible à l’homme d’aimer Dieu et de voir Dieu.

 

Le jeûne des artisans de paix consiste à renoncer à tout ce qui voudrait nous empêcher de vivre comme des enfants de Dieu dans l’Eglise, et qui voudrait nous détourner de l’espérance prophétique que nous sommes des fils et des filles de Dieu.

 

Le jeûne des persécutés pour la justice consiste à renoncer à toute injustice pour l’amour du Royaume des cieux.

 

Le jeûne aimé de Dieu est de rester avec Sa grâce et Sa puissance dans la joie et l’allégresse, même si le monde entier devait nous haïr, ce jeûne nous donne de goûter au banquet céleste dans la sainte Eglise orthodoxe, il fait de nous, des fils et des filles du Royaume de Dieu notre Père et nous donne la nourriture pour la vie éternelle qui est le très saint Corps et Sang de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ.

 

Au Père source de la vie bienheureuse, au Fils incarnation de la vie bienheureuse et à l’Esprit accomplissement de la vie bienheureuse, Divine Trinité bienheureuse, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

mardi 21 mars 2023

Vénération de la Sainte Croix

 (Marc, 8, 34 à 9, 1)

                                                 Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen. 

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à suivre le Christ en acceptant librement de renoncer à nous-mêmes et de porter notre croix, la croix est l’expression générique de tout ce qui est contenu dans notre existence y compris les prémisses de notre résurrection à venir. Saint Paul nous enseigne en Éphésiens. 3, 18 « vous recevrez de comprendre avec tous les saints, ce qu’est la largeur, la hauteur, la longueur et la profondeur » et « vous connaitrez l’amour du Christ  qui surpasse toute connaissance, vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu », c’est dans ces diverses directions spirituelles intérieures et extérieures à l’homme, que nous emmène la puissance sanctifiante et salutaire de la Croix.

 

La largeur dont parle saint Paul n’est pas celle dont saint Matthieu en 7, 13 nous dit « la porte large mène à la perdition », cette porte large est celle qui engouffre notre existence dans une multitude d’impasses existentielles, elle est la porte qui s’ouvre sur toutes les hérésies contraires à la révélation véritable de notre Seigneur, cette largeur qui semble être une ouverture sans fin est en réalité une prison qui éteint peu à peu l’élan vital reçu à notre création originelle. La largeur ici nommée par Paul, est celle de la « voie divino-humaine, étroite mais royale » qui est notre Seigneur et qui nous mène en vérité si nous la suivons fidèlement jusqu’à nous-mêmes, par la médiation de l’Eglise orthodoxe par notre fidélité à l’ascèse liturgique.  

 

Pour acquérir par la grâce divine notre véritable vocation à la vie divino-humaine, nous devons apprendre à renoncer à rester des individus coupés de leur dimension spirituelle. Si nous nous détournons de Dieu, de l’Eglise et de nous-mêmes, il nous sera impossible de renoncer à tout ce qui en nous et autour de nous, ne cesse de nous harceler pour nous faire abandonner notre vie et notre voie orthodoxe. C’est pourquoi, la prière personnelle est indispensable pour être en communion avec Dieu, car notre foi est encore faible et vacille au gré de notre vécu, nous nous laissons encore séduire par les tentations du monde déchu, alors qu’en vérité notre cœur profond désire la vie spirituelle qui se façonne dans la lumière de l’Esprit Saint.

 

La hauteur dont parle ici saint Paul, est le signe de l’humilité véritable qui ne s’élève pas dans les vaines pensées, paroles ou actions, cette hauteur n’exalte pas notre égo en nous susurrant que nous sommes arrivés à des états spirituels de « haute qualité », au contraire elle nous dépose au fond de notre être, là où resplendit la lumière divine, là où danse la sagesse éternelle devant la présence du Père céleste. Cette hauteur intérieure qui est notre véritable profondeur s’unit par grâce à la beauté et à la vérité de la hauteur céleste du Royaume de Dieu. Pour un chrétien orthodoxe, la source de son être et de sa vie est la Divine Trinité, qui n’est accessible que par la médiation de notre Seigneur de gloire éternelle qui est notre Maitre absolu. C’est Lui qui le premier a renoncé totalement à rester dans l’immuable sérénité au sein de la Divine Trinité, et le signe parfait de ce renoncement inestimable est son « Incarnation » parmi nous, pour sauver ce qui était perdu.

 

La longueur dont parle saint Paul ici, peut être méditée comme une métaphore de l’éternité que seul l’amour divin peut rendre habitable à l’homme fini, cette longueur n’est pas une amourette imaginaire et éphémère, elle est celle dont parle le Seigneur lorsqu’il nous dit « celui qui tiendra jusqu’au bout sera sauvé », il s’agit ici de « l’amour » qui est ce qui reste, et qui seul nous permet de porter notre croix le mieux possible durant notre existence, la croix ne signifie pas épreuve douloureuse permanente, nos saints Pères et Mères la nomment la « douloureuse joie », le Seigneur n’a t’IL pas porté sa propre Croix au cœur des aléas de son existence sans murmure ou tristesse depuis son Incarnation, par la Passion et jusqu’à la Résurrection.

 

La Croix est le visage paradoxal de l’Amour de Dieu pour son prochain qui est l’humanité, l’amour peut-il donner plus que sa propre vie, le Christ n’a t-Il pas donné sa vie pour nous ? Mais là où, cette même Croix n’est pas accueillie, l’errance humaine sans Dieu va perpétuer le visage tourmenté et défiguré de l’humanité déchue. Le renoncement de soi-même n’est pas le reniement de soi-même, mais si je ne renonce pas au vieil homme opposé à la volonté divine, l’homme nouveau ne pourra pas être engendré.  

 

La profondeur dont parle saint Paul est celle dont témoigne le Psaume 130, 1 « des profondeurs de l’abîme je t’invoque, ô Éternel », quel est donc cet abîme au fond duquel l’homme invoque son Dieu, c’est la prise de conscience profonde de l’étendue de sa désolation et séparation avec Dieu, solitude non spatio-temporelle mais spirituelle, abîme qui ne pouvait être comblé que par l’amour divin à la recherche de la « brebis perdue », c’est à dire, par l’Incarnation du Dieu Ami de l’homme et du désir de l’homme d’incarner sa vie et son existence dans une relation personnelle avec Dieu.

 

 

La Croix comme visage de l’Amour est une antinomie impossible à contempler selon nos limites humaines, mais avec la grâce divine, le Christ nous invite à renoncer à ce qui est limité, afin d’acquérir la plénitude des Dons de l’Esprit de Dieu. La Croix bénit toutes les dimensions de l’être et de la vie, de l’orient à l’occident, du nord au sud, de la profondeur à la hauteur, mais elle doit être vécue dans le présent pour accueillir le germe de la Résurrection semé dans l’humanité.

 

Dieu seul aime parfaitement, puisque l’Amour est sa nature même, alors comment faire pour apprendre à aimer comme le Christ ? Apprendre à renoncer au péché qui empoisonne notre âme, à nous détourner des illusions et mirages mortifères qui jamais ne pourront engendrer la moindre résurrection. C’est pourquoi le Seigneur nous dit « que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il y perd son âme », l’âme est une création divine et non une œuvre humaine, elle porte l’éternel et non la finitude, elle est crée pour exhaler le parfum de la vie céleste et non la mauvaise odeur momifiée du péché.

 

Nous savons que la sainte Eglise orthodoxe est le lieu spirituel au cœur duquel nous apprenons à connaître la « hauteur, la profondeur et la largeur » de l’Amour de Dieu pour l’humanité et dont la Croix est le symbole dans toute sa plénitude. Cette croix qui  plantée au centre de l’Autel du sacrifice non sanglant, est le trône spirituel sur lequel la Divine Trinité assiste à la célébration de la Divine Liturgie et des Saints Mystères du Christ. Notre sainte et splendide Eglise orthodoxe est l’icône qui unit l’Arbre de vie paradisiaque et la Croix, une seule et même réalité spirituelle et liturgique.

 

Le Christ nous avertit : « qui veut sauver sa vie la perdra…» quelqu’un parmi nous peut-il se sauver lui-même ? La seule manière de ne pas perdre sa vie, c’est de la vivre dans toute sa plénitude, par la communion avec Dieu en Jésus-Christ, par la célébration de la Divine Liturgie, qui est le resplendissement de la gloire divine et de la transfiguration de l’homme. Ce cheminement religieux nous est révélé peu à peu au sein de notre présence vivante dans l’Eglise qui représente elle-même les portes royales par lesquelles l’homme prodigue et racheté, se jette dans les bras du Père Céleste que sont le Verbe et l’Esprit. N’est-ce pas ce que nous révèle l’icône du fils prodigue ?

 

Le monde est ensanglanté et couronné d’épines depuis la chute adamique, tout comme le Seigneur sera couronné d’épines, mais c’est par la sainte épine spirituelle, c’est à dire la Croix, que Dieu va restaurer l’humanité et la création dans la plénitude de la vie, de la vérité et de la beauté céleste à l’image du Seigneur. La conscience endormie de l’homme sans Dieu, devient ce tombeau des « âmes mortes » dont parle Gogol, la paresse spirituelle rend l’homme insensible à l’essentiel qui est « la présence très sainte et sacrée de l’Esprit Saint Consolateur ». L’homme sans Dieu perd sa véritable humanité et finit par s’étioler au sein d’une existence privée de ses racines et vidée de sa sève spirituelle, il devient comme inexistant, en perte d’humanité et sans relation créatrice avec et dans le réel.

 

La Croix du Seigneur de gloire, n’est pas pour l’humanité un instrument de torture, mais l’arbre de vie qui porte des grappes de fruits savoureux, pour nourrir d’amour, de vérité et de beauté l’humaine condition. Mais il appartient à ma liberté de cueillir le raisin de la grâce qui m’est proposée et d’en faire ma nourriture et ma boisson et ainsi de me restaurer peu à peu, et devenir un «être vivant en mouvement vers le Royaume de Dieu ».

 

Au Père qui a planté l’Arbre de Vie dans le Paradis, au Fils qui l’a planté par la Croix dans l’Eglise et à l’Esprit Saint qui l’a planté transfigurée dans le Royaume de Dieu, soit la Gloire dans les siècles des siècles. Amen.

 

+ Syméon

 

 

 

lundi 13 mars 2023

Le Paralytique et le bon Pasteur.

 

 (Jean 10, 9 à 16)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à entrer par la Porte unique et éternelle qui seule par la rencontre avec le Bon Pasteur, notre Seigneur Jésus-Christ, peut nous donner le salut et la vie éternelle.  Comment ? Nous pouvons nous inspirer de la réalité spirituelle de la Déisis, pour trouver l’attitude juste et être en prière avec Marie, Mère de Dieu et le saint prophète Jean, qui ne cessent d’intercéder pour le salut de l’humanité, et demander avec eux au Seigneur de nous guider dans l’Eglise vers cette Porte divino-humaine et salutaire du Royaume de Dieu.

 

A l’image de la guérison de ce paralytique, nous aussi, comme lui, portés par la grâce divine, nous sommes venus dans l’Eglise pour y rencontrer le Médecin des âmes et des corps. Etrange cortège de ceux qui portent le paralytique, et dont le Christ loue la Foi, étrange procession silencieuse qui vient d’on ne sait où, qui traverse la foule et qui se retrouve sur le toit d’une terrasse du haut duquel ils font descendre le paralytique jusqu’à Jésus. Quelle est donc la métaphore du toit dans l’homme ? C’est son esprit, écrin du noüs comme lieu de l’intelligence spirituelle qui a vocation à accueillir les bénédictions célestes et les faire descendre comme une sorte d’épiclèse dans la profondeur du cœur de l’homme.

 

Marie est le signe lumineux d’une œuvre spirituelle majeure, profonde et nécessaire que nous devons mettre en pratique, que dit-elle et que fait-elle ? Elle nous dit aux saintes noces de Cana « faites tout ce qu’IL vous dira », c’est à dire, pratiquez  de manière assidue l’obéissance ascétique envers l’enseignement évangélique, les noces humaines préfigurent par la présence de Jésus, le mystère des noces spirituelles que nous espérons vivre dans le Royaume de Dieu.   

 

Marie, nous montre tout ce qu’elle fait elle-même pour se nourrir et s’enraciner de manière vivifiante dans l’enseignement de son Fils et son Seigneur, et nous invite à l’imiter, que fait-elle ? L’Ecriture nous dit « elle méditait toutes ces choses dans son cœur », quelles choses, si ce n’est les œuvres accomplies par le saint Rabbi Jésus au milieu d’Israël et de l’humanité, afin que tout homme ou femme témoin de ces œuvres du Christ, puisse s’en inspirer et selon la parole même du Seigneur, ne pas se laisser séduire et suivre « tous ceux qui sont venus avant Lui, car ce sont des brigands et des voleurs ».

 

Méditer dans son cœur, n’est ce pas la plus belle et véritable icône de ce que notre sainte Tradition orthodoxe nomme « l’hésychia », c’est à dire l’acquisition, de la « Paix du Seigneur qui dépasse toute intelligence ».  Marie nous donne ainsi, elle qui parle si peu dans le saint Evangile, une pratique spirituelle précieuse, qui est « l’obéissance et la méditation priante ». Pourquoi la recherche de l’hésychia ? Parce que la Porte divino-humaine qui ouvre vers notre Seigneur se trouve dans notre cœur, et que c’est là que Dieu bénissant se réalise le passage pascal vers notre Père Céleste et le Royaume de Dieu.

 

Le Père Andronikoff rappelle que saint Grégoire Palamas dit que le péché consiste en la perte de la ressemblance avec l’unique modèle transcendant et incarné, le Christ Dieu-Homme. Sans cette prise de conscience profonde de la perversion du cœur du vieil homme suite à son aliénation pathologique aux ténèbres, l’anthropologie originelle selon la création divine, devient inaudible et donc aussi incompréhensible. Devant l’homme créé par Dieu, aucune doctrine humaine trop humaine, qu’elle soit philosophique, psychanalytique ou autre, ne possède l’outil spirituel pour révéler en « esprit et en vérité » le mystère de « l’être personnel ».

 

 

La Chute adamique a rendu l’humanité profondément apathique et incapable de se porter d’elle-même vers Dieu, de vivre spirituellement les Promesses divines. Seul le Messie-Christ annoncé par l’ancienne Alliance, peut remettre en mouvement l’humanité paralysée par la solitude spirituelle dans laquelle les âmes sont plus ou moins pétrifiées. Mais le Christ met en relation la paralysie qui frappe cet homme avec ses propres péchés, puisque Jésus lui dit «  tes péchés te sont remis », il souligne ainsi notre responsabilité personnelle dans notre existence quotidienne, et nous encourage à nous bénir mutuellement, en intercédant les uns pour les autres. Pas par des discussions pseudo-spirituelles ou des disputes soit disant théologiques, mais en agissant avec discernement dans l’Eglise pour que la vie selon Dieu puisse nous nourrir et nous désaliéner de toutes nos paralysies existentielles.

 

Si donc, nous voulons entrer par la porte de notre Bon Pasteur, il nous faut apprendre à rencontrer et à connaitre le Seigneur là où il se laisse trouver de manière sûre, ce lieu est pour nous l’Eglise orthodoxe, icône de l’éternité dans notre monde et « Corps du Christ dont Il est la Tête ». C’est aussi dans l’Eglise que nous sommes invités à devenir ce que nous enseigne saint Paul, à savoir cet « homme ou cette femme intérieurs caché avec le Christ en Dieu », grâce à la vie liturgique et en communion avec nos Pères et Mères saints qui ne cessent d’œuvrer avec nous.

 

Le Seigneur dit « si quelqu’un entre par Moi, il sera sauvé » et plus loin cette autre parole de feu spirituel « Moi, je suis venu, pour donner la vie en surabondance », là où les mercenaires et les suppôts du père du mensonge affamés et assoiffés de domination, finissent par entrainer ceux qui les suivent dans les abymes de la désolation existentielle.

 

Le Seigneur dit en Jean 10, 15 « le Père me connaît, comme Je connais le Père » et en Jean 14, 7 « si vous Me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père », nous ne pouvons ni connaître le Fils et encore moins le Père, si nous ne commençons par confesser en vérité que Jésus est le Fils Unique du Dieu vivant et si nous ne mettons pas en pratique l’enseignement du Seigneur Jésus dans notre existence réelle, et non dans une représentation imaginaire envahie par des hordes de pensées, de paroles ou d’actes dépourvues de la sève spirituelle dont se nourrit notre vie dans l’Eglise du Seigneur. Le monde nous gave volontiers de miroitements qui aveuglent, alors que l’âme humaine créée par Dieu, désire fondamentalement la lumière de la vie qui illumine.

 

L’ascèse évangélique est l’incarnation dans notre vie de la volonté divine de notre Bon Pasteur et non la vaine recherche « d’exploits ascétiques » fantasmés à la suite des mensonges des faux prophètes et autres mercenaires ennemis de la sainte Eglise du Seigneur. Ne soyons pas des imitateurs des esprits du monde, mais réjouissons-nous et soyons humbles dans le Seigneur, rendons gloire à notre Dieu, ne tenons pas de discours inutiles et stériles dans notre cœur comme les scribes et les pharisiens, mais agissons selon la bonne ascèse du salut qui est la vie selon l’Evangile et la sagesse de l’Eglise.

 

C’est pourquoi saint Paul dans Hébreux 2, 3 nous dit « attachons-nous avec plus d’attention aux enseignements que nous avons entendus, de peur d’être entraînés à la dérive », en Hébreux 8, 1 à 2 « nous avons un Grand Prêtre assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, vrai ministre du Sanctuaire céleste dressé par Dieu et non par des mains humaines ». Dans cette foi et vision de grande espérance, demandons, supplions et prions le Christ de donner sa sainte bénédiction éternelle à l’humanité, qu’IL la renouvelle et la fasse resplendir de grâce et de beauté et que cela commence, dans la sainte Eglise et dans ce temps propice du retournement du cœur blessé et de l’élévation de tout l’homme vers Dieu par la grâce du Carême.

 

 

 

Notre Pasteur n’est pas un guide aveugle qui nous entraîne vers le fossé de la destruction de notre existence, mais le Dieu et Homme parfait et vivifiant, l’humble serviteur de l’humaine condition et celui qui seul fait « toute chose nouvelle », car « tout pouvoir lui a été donné, au ciel sur terre et en enfer », sauf celui de forcer notre liberté du choix de le suivre ou non, mais si nous décidons de le suivre, alors il nous faut « renoncer à nous-mêmes et porter notre croix... car sera sauvé celui qui tiendra jusqu’au bout ».

 

Prions avec saint Silouane, le Christ d’envoyer l’Esprit Saint dans le monde et de donner Sa bénédiction éternelle à l’humanité, qu’Il la renouvelle et la fasse resplendir de grâce et de beauté et que cela commence, ici et maintenant dans notre sainte et vénérable petite Eglise. Car nous sommes dans ce temps béni et particulièrement saint du grand Carême, propice à la conversion de notre cœur, à l’illumination de notre esprit, au renouvellement de notre âme, à la purification de notre corps, pour nous unifier et nous élever tout entier vers Dieu, afin qu’IL nous fasse don de notre résurrection pour la vie éternelle. 

 

Saint Pierre dans sa 1ère épître en 5, 4 nous révèle le divin don que nous recevrons à la fin des temps si nous sommes restés fidèles à notre vocation orthodoxe, et qui est « lorsque paraîtra le souverain Pasteur des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas », que pourrait donc espérer de plus désirable le serviteur ou la servante de Dieu, lorsque sera venu la réalité universelle du Jugement dernier et la fin définitive de tout mensonge, car non seulement « tout sera accompli, mais tout sera révélé ».

 

En Deutéronome 30, 19 nous lisons « choisis la vie afin que tu vives », si donc nous aspirons à recevoir à la fin des temps la couronne d’immortalité et d’éternité, venons dans la sainte Eglise afin de recevoir la connaissance du cheminement spirituel et religieux indispensable pour une telle œuvre impossible sans la grâce divine, où notre viatique essentiel sera la communion au « très saint Corps et au Sang du Seigneur ».

 

Gloire au Père qui nous attend, au Fils Porte céleste et au Saint Esprit qui nous guide vers elle, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

lundi 6 mars 2023

Triomphe de l’Orthodoxie

                                                                              (Jean  1, 43 – 51)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


 

Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe célèbre le « Triomphe de l’Orthodoxie », elle nous transmet le témoignage de ceux et celles qui étaient autour du Christ, qui ont accueilli  son enseignement, l’ont mis en pratique et ont parfois donné leur vie par le Martyre dans leur certitude intérieure que le Christ était la Vérité Absolue incarnée. Le Christ à travers l’Eglise, nous invite à entendre comme pour Philippe cette parole « suis-moi » et Philippe prolonge cette parole du Seigneur et nous dit à son tour à travers Nathanaël « viens et vois ». Cette invitation divine qui consiste à « suivre, venir et voir » où habite le Seigneur Jésus, est une œuvre spirituelle qui nécessite de notre part, un désir de connaître Jésus et une volonté de vivre avec lui au sein même de l’Eglise qui est la maison de Dieu et de l’homme. La Tradition iconographique que nous célébrons aujourd’hui, témoigne de la grâce engendrée par la présence vivifiante du Seigneur, qui illumine par l’icône sanctifiée de la lumière du Thabor céleste, l’Eglise, notre âme et le monde.

 

Pour contempler en esprit et en vérité, ce triomphe de l’Orthodoxie, il nous faut garder à l’esprit  « que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », ce triomphe ne concerne pas une victoire guerrière extérieure, mais l’accomplissement de la conversion du cœur par l’ascèse de la vie et de la voie orthodoxe. Si par la grâce divine et la conversion de notre esprit, nous accueillons avec foi notre vocation à être déifié en accomplissant Dieu bénissant les œuvres évangéliques, nous serons des témoins réels et fidèles de la vocation divino-humaine de l’Eglise, pour laquelle nos saints Pères et saintes Mères ont subit des violences inouïes et inhumaines, c’est d’eux que saint Paul témoigne en disant « que le monde en était indigne ».

 

Si être orthodoxe, c’est glorifier et louer Dieu dans la justesse, alors en vérité, seul est orthodoxe dans toute sa plénitude divino-humaine, Celui qui a dit : « Père du ciel et de la terre, Je te loue de ce que tu as caché cela aux yeux des sages et des intelligents de ce monde, et que tu l’ai révélé aux petits ». Chacun d’entre nous est invité à devenir un de ces petits, que l’Eglise du Christ engendre et doit faire croître spirituellement en dehors de l’esprit du monde, en « taille, en grâce et en sagesse devant Dieu et parmi les hommes ».

 

Nous voilà invités à acquérir la sainteté et à devenir dieu par la « grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit », pourquoi ? Pour  offrir à notre tour, sur le modèle unique du Seigneur Jésus, personnellement et ecclésialement la louange juste à la Divine Trinité. Etre orthodoxe, c’est croire que l’Eglise est cette terre sainte et sacrée dont je suis une pierre précieuse, ciselée par l’humilité, l’amour et la vérité à travers la célébration liturgique. Croire qu’au cœur de l’Eglise se trouve la personne et qu’au cœur de la personne habite la Divine Trinité, contempler l’Eglise comme l’icône véritable et parfaite qui contient toutes les icônes particulières.

 

L’Eglise orthodoxe est la maison de l’être orthodoxe, son lieu de vie, où le croyant fidèle et de bonne volonté, reçoit toutes les grâces et bénédictions utiles pour accomplir son existence de chrétien orthodoxe au cœur même du monde mais non selon les modes éphémères du monde. L’Eglise seule peut tenir sa promesse au Nom de Dieu et donner à tout homme et à toute femme qui le désire vraiment, la certitude et la plénitude du salut dans l’amour, la vérité et la sainteté.

 

Si j’aime quelqu’un, alors je suis prêt à faire tout ce que je peux pour cette personne, je veux être avec elle le plus et le mieux possible, il en est de même pour la sainte Eglise, si je l’aime ou si j’ai le désir d’apprendre à l’aimer, alors je vais tout faire pour la connaître, je la considère comme ma bien-aimée et je veux savoir qui elle est, ce qu’elle fait, en un mot vivre avec elle.

 

Comment concrètement se réalise pour nous ce triomphe de l’orthodoxie ? Par notre prière liturgique et personnelle au sein de l’Eglise et dans notre existence au cœur du monde. En acquérant ainsi peu à peu avec Celui qui nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire » la qualité de « christ, aimant, saint, humble et sage », les prémisses pour un tel accomplissement spirituel nous ont été donnés par l’onction reçue dans l’Esprit Saint à notre baptême et dont le couronnement est l’acquisition de cet état de christ. L’ascèse qui convient ici, présuppose la foi que notre Seigneur veut cet état spirituel pour nous, afin que à son image, nous puissions accomplir la seule et unique volonté de « son Père et notre Père ». Il nous faut donc apprendre à aimer, à nous sanctifier, à devenir humble et sage, c’est à dire, à pratiquer la vie selon l’enseignement de la voie religieuse de l’orthodoxie.

 

L’Oint du Seigneur est le Messie prophétisé par Israël et que nous avons reconnu et confessé en la personne du saint Rabbi Jésus de Nazareth, le Fils de Marie, il est le Sauveur unique et divino-humain pour toute l’humanité. Mais si nous aussi, nous sommes « oints », qui donc devons-nous sauver ? D’abords nous-mêmes, en mettant en œuvre l’enseignement évangélique qui est la vocation reçue par Dieu pour participer avec Lui à notre salut et à la prière pour le salut de l’humanité selon cette prière de saint Silouane l’Athonite « Seigneur, envoie ton Esprit Saint au monde, afin qu’il te connaisse et sois sauvé ».

 

Le prophète Jérémie déjà dénonce l’attitude insensée de ceux qui ne cessent de « suivre les pensées de leur cœur mauvais » et le Seigneur de dire « c’est du cœur que sortent toutes les mauvaises passions », l’Ecriture sainte nous rappelle que « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive », cette conversion demande notre confession à Dieu dans l’Eglise, de tout ce qui plombe notre âme, désoriente notre esprit et épuise notre corps.

 

Saint Luc, 5, 11 nous dit « ils laissèrent tout et le suivirent », ce tout ne signifie pas renoncer à toute vie socio-professionnelle, ni même aux biens matériels, il s’agit de se délaisser des vieilles pensées, paroles ou actions qui cristallisent chaque jour un peu plus en nous la pesanteur du vieil homme et qui finissent par nous inoculer cette pensée perverse « à quoi bon ». C’est aussi pourquoi saint Paul dans Ephésiens. 4, 17 dit que « les païens suivent la vanité de leurs pensées », et que même dans l’Eglise la tentation d’une attitude païenne peut nous tourmenter.

 

Nos saints Pères et nos saintes Mères, nous encouragent à cultiver la sainteté, la goûter, la toucher, la sentir, la regarder et l’entendre et cela très concrètement par l’expérience personnelle, ici et maintenant. Où direz-vous peut-être ? Dans ce lieu saint et béni qu’est l’Eglise, comment ? Par la pratique assidue, religieuse et spirituelle de la Divine Liturgie qui nous donne « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ceux qui l’aiment et qui croient de tout leur cœur en lui ».

 

L’un des commandements pour un orthodoxe, c’est sa présence dans l’Eglise, selon cette parole du Christ « venez et voyez », pour apprendre à connaître comment Dieu se révèle à nous, selon la réalité de notre foi en lui, selon la qualité de notre désir de le connaître et de l’aimer. Ne pas venir avec régularité et persévérance dans la sainte maison de Dieu, est incompatible avec être orthodoxe. Sans l’Eglise, nous les orthodoxes nous nous dépouillons nous-mêmes de l’essentiel, et nous privons nos enfants de leur identité religieuse profonde, le Christ ne dit-il pas « laisser venir à moi les enfants, ne les empêchez pas », alors comment justifierons-nous notre absence ?

 

Le Seigneur nous promet à travers Nathanaël « en vérité, en vérité, Je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme », le Fils de Dieu est sans cesse entouré par la multitude des armées angéliques, cette contemplation du monde angélique, nous est promise à nous Fidèles de bonne volonté qui croyons fermement à cette promesse du Seigneur. Cette vision n’est pas une sorte de récompense d’une vie vertueuse, non, elle est naturelle à l’homme sanctifié, sauvé et déifié par la grâce de la divine charité. Tout comme le Seigneur a vu en Nathanaël debout sous le Figuier un « véritable israélite », de même, IL nous voit debout sous la grâce de l’Eglise dans l’espérance que nous devenions de « véritables orthodoxes ».

 

Etre orthodoxe, c’est apprendre à « aimer sans conditions imposées à l’autre », fussent-elles spirituelles, semer, cultiver, vivre et transmettre en nous et autour de nous l’enseignement évangélique. Mais pour aimer sans condition, je dois apprendre auprès de l’Amour qui est Dieu comment L’aimer « de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces…», afin d’espérer un jour « aimer mon prochain comme moi-même ». Le Seigneur nous a clairement montré comment lui témoigner réellement notre amour, en disant : « celui qui m’aime, c’est celui qui garde Mes commandements et les mets en pratique », celui qui croit aimer sans Dieu ne serre dans ses bras que ses illusions et se prépare une existence de déceptions amères.

 

Au Père Source unique de l’Amour, au Fils qui a donné Sa vie par Amour et à l’Esprit qui nous gardent dans l’Amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon