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lundi 10 juillet 2023

Deux possédés Gadaréniens.

 

(Math. 8, 28 à 9,1)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre de deux possédés qui vivaient au milieu des tombeaux et d’aspect si sauvage que tous les redoutaient et les évitaient, leur apparence était inhumaine et pourtant ils sont poussés par les démons à la rencontre de Jésus et crient « que nous veux-tu, Fils de Dieu, es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps » ?

 

Voici donc là, devant nous, deux démoniaques et non pas deux démons mais deux êtres humains qui sont possédés par une horde de démons et rendus incapables par eux-mêmes de demander l’aide du Seigneur, quel paradoxe, ce sont les démons qui reconnaissent Jésus comme le Fils de Dieu et qui viennent le supplier de ne pas les tourmenter avant l’heure, mais de les envoyer dans un troupeau de porcs. Quelle est donc l’heure que les démons eux-mêmes craignent, sinon celle du « Jugement ». « Allez » leur dit le Christ qui par sa seule parole chasse les démons et libère les deux possédés de l’emprise démoniaque qui les maintenaient dans une servitude inhumaine.

 

L’Ecriture ne dit mot sur ce que sont devenus les deux hommes libérés ni sur comment comprendre l’attitude du Christ qui exauce la demande des démons, nous sommes invités ici à prendre conscience du sens des œuvres du Seigneur pour en tirer un enseignement vivifiant pour notre vie spirituelle. Le Seigneur n’exauce pas les démons terrifiants pour eux-mêmes, mais pour l’amour qu’il porte à l’homme quelque soit son état de chute dans lequel il est tombé. Nous voyons avec étonnement et le cœur serré qu’une fois de plus les « gens » avertis du miracle puissant que vient d’accomplir Jésus ne ressentent qu’un sentiment de peur voire de terreur qui engendre le refus d’accueillir Jésus parmi eux.   

 

« Que nous veux-tu Fils de Dieu ? », les démons par cette parole ne se soumettent pas au Christ dans un esprit de repentir, mais ils sont épouvantés par la puissance de la présence divino-humaine de Jésus, ils savent qu’ils ne sont rien devant lui et qu’ils ne peuvent rien contre lui. Les démons ont une nature qui leur est commune et donc, ils savent que Satan a essayé de tenter le Seigneur Jésus à trois reprises sans succès, d’où leur terreur incontrôlable devant le Fils de Dieu. Si donc, nous ne comprenons pas la profondeur de l’œuvre du Seigneur, c’est que le Seigneur selon saint Jean Chrysostome « veille sur chacun et chacune d’entre nous selon l’état spirituel dans lequel nous sommes » et donne avec discernement à chacun et chacune ce qui est le meilleur en tout temps et en tout lieu pour notre salut personnel.

 

En Marc, 1, 24 nous lisons un témoignage similaire qui confirme l’unité consubstantielle de la nature démoniaque, là aussi il s’agit aussi d’un homme possédé d’un esprit impur et qui se trouvait dans la Synagogue, le démon crie dans l’homme possédé vers Jésus « que nous veux-tu, Jésus le Nazaréen, es-tu venu pour nous perdre, je sais que tu es le Saint de Dieu », ainsi la clique diabolique ne peut s’empêcher de reconnaitre la divinité ou la sainteté du Rabbi Jésus, mais que voyons-nous dans la réaction sans intelligence des gens de Gadara comme des Juifs qui étaient présents dans la Synagogue, les premiers supplient le Christ de s’en aller et les Juifs furent « tous effrayés » de la puissance de Jésus, ce « Prophète puissant en œuvres et en paroles » qui parcours Israël et qui montre que le Royaume de Dieu est déjà là avec lui.

 

Si donc, les témoins directs des miracles et de l’enseignement spirituel vivifiant du saint Rabbi Jésus ne suffisaient pas à convertir les hommes et les femmes présents, c’est que comme nous l’annonce le Psalmiste en Ps. 135 « les idoles des nations sont faites d’argent et d’or, elles ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, ils leurs ressemblent tous ceux qui les fabriquent et qui se confient en elles, etc ... », l’idolâtrie du monde sans Dieu, dénoncée par le Psalmiste est la voie perverse dans laquelle les démons cherchent à entrainer l’humanité.

 

 

Si nous rapprochons l’expérience dramatique des deux possédés Gadaréniens avec le possédé Gérasénien, nous voyons la grande similitude des actions et des effets de la possession par les « esprits sous ciel » dont parle saint Paul. Les tentations et attaques pratiquées par les anges des ténèbres se poursuivent aujourd’hui, mais comme le souligne le Père Boris Bobrinskoy dans une homélie de 2005 « elles sont plus perfides, cachées, et se faufilent volontiers dans le brouhaha des médias et dans les scénographies séductrices d’internet » qui déversent nombres « d’infos » au service des idoles frelatées et faussement compatissantes qui vous assomment avec leurs minuscules petits conseils pour vous guérir du passé douloureux, vous protéger du présent et vous assurer un avenir radieux.

 

L’Ecriture sainte nous rappelle que tout ce méli-mélo chaotique décrit plus haut n’est que « vanité, rien que vanité, il n’y a en tout cela rien de nouveau sous le soleil », le monde mondain préfère se détourner du Maitre divino-humain de la sagesse et continuer à s’extasier devant les ridicules séances du Net. Saint Pierre dans son épître affirme que « le démon est comme un lion rugissant qui rôde, cherchant qui dévorer », c’est pourquoi, dans le rite du saint Baptême orthodoxe le prêtre chasse les démons par le Nom du Christ et demande avec insistance au futur baptisé « renonces-tu à Satan, à ses anges et à toute sa pompe » ?

 

Les deux possédés Gadaréniens et le possédé Gérasénien vivent une expérience similaire, dans les deux situations les possédés sont dépouillés de leur « humanité » et « animalisés » leur aspect terrorise ceux qui les croisent, leur solitude est extrême, leur misère est totale, ils sont mis au ban de la religion et de la société, et ne trouvent de lieu habitable que dans les déserts ou les cimetières parmi les morts qui eux aussi sont plus ou moins des oubliés. Ces lieux où aucun être humain vivant ne devrait habiter, ni dans la vie sauvage du désert ni dans la proximité des tombeaux.

 

En Marc 9, 18 nous lisons qu’un père s’est adressé à Jésus pour lui dire « j’ai demandé à tes disciples d’expulser l’esprit muet qui a pris possession de mon fils, mais ils n’ont pas pu », le Seigneur répond que ce démon ne peut être chassé que par le « jeûne et la prière », cela est vrai de beaucoup de cas de possession diabolique, le monde sans Dieu dit que tout cela ce sont des vieilles lunes auxquelles, ne peuvent croire que les naïfs ou des religieux attardés liés par leur obscurantisme d’un autre temps.

 

Ne sommes-nous pas, plus ou moins tentés à temps et à contre temps par toutes sortes de désirs qui nous travaillent en nous et autour de nous, le Seigneur lui-même nous appelle à la vigilance, n’est-ce pas cette veille qui est au cœur de la prière du Notre Père où nous prions Dieu de « ne pas nous laisser succomber à la tentation...mais de nous délivrer du Malin », c’est donc bien Dieu seul qui peut nous sauver et nous délivrer de l’assaut récurrent contre celui que nos Pères saints nomment « le Malin, menteur et père du mensonge », la possession est le signe manifeste du mensonge mortifère qui voile notre « discernement des esprits »pour nous entraîner dans les ténèbres du péché.

 

Les démons crient au Seigneur « es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps », de quel tourment parlent-ils ? De celui de la « Vérité qui libère l’homme » qui réduit à néant toutes les apparences et toutes les illusions diaboliques, qui découvre la nudité misérable et la faiblesse des démons qui en vérité ne sont rien et ne peuvent rien, car nous savons avec certitude par la foi orthodoxe que « pas un seul cheveu ne tombera de notre tête sans la volonté du Père ».

 

 

Satan est non seulement « menteur et père du mensonge », il est aussi le grand hérétique parmi les anges, celui qui susurre que l’homme étant comme Dieu tout lui est permis sans Dieu, avec de telles pensées empoisonnées il œuvre dans le but de séduire les âmes et instiller le poison  du doute afin que disparaisse toute religiosité et spiritualité tournée vers Dieu.

 

Le Christ est la «  Vérité » et il propose à l’homme de se nourrir de cette vérité pour acquérir la parfaite sagesse créatrice, qui lui permettra d’être une personne libre et spirituelle, une personne nouvelle engendrée par l’amour, la grâce et la lumière divine. Satan est le grand hérétique, l’Anti-Christ, celui qui essaye sans cesse d’inoculer le poison mortel du péché dans le cœur des hommes, il ne cesse de tenter l’humanité depuis les jours d’Adam jusqu’à aujourd’hui.

 

Le Christ est la « Vie » et il propose à l’homme cette vie en plénitude non seulement dans ce monde mais pour l’éternité, car comme le dit saint Irénée de Lyon « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Satan est la puissance maléfique et mortifère, qui pour nous tromper n’hésite pas à mettre les masques de la séduction ténébreuse, et là où Dieu nous donne la vie, Satan veut nous entrainer vers la mort.

 

Le Seigneur s’adresse aux possédés comme à des hommes et non comme à des possédés, il voit à quelle profondeur de souffrance, de solitude et de désespérance sont réduits ces « hommes créés à son image et à sa ressemblance », Dieu n’est pas absent de la vie humaine et de ses réalités, ces hommes possédés ont pourtant trouvé dans leur malheur extrême, malgré la possession démoniaque un passage sûr et providentiel qui les a mené au Seigneur.

 

Le mystère de l’homme est un abîme que seul l’esprit unit à l’Esprit peut sonder et connaître, les démons déchus n’ont aucune conscience de la « profondeur, de la largeur, de la hauteur et de la longueur de l’amour de Dieu pour l’homme », la vie liturgique ecclésiale et la voie de la prière personnelle suivie et pratiquée avec persévérance est la meilleure des défenses contre les ennemis de Dieu, de L’Eglise et de l’homme ou de la femme de bonne volonté.

 

Au Père qui a expulsé Satan du Paradis, au Fils qui l’a vaincu et à l’Esprit qui veille sur nous, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

samedi 1 juillet 2023

La Foi du Centurion.

 

 (Matthieu 8 : 5 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, notre sainte Eglise s’émerveille avec le Seigneur de la Foi cordiale et simple dont témoigne un  centurion romain hétérodoxe et païen, qui s’adresse au Rabbin Jésus pour lui demander la guérison de son fils. Cela se passe à Capharnaüm, qui signifie la ville de Nahum, Nahum est aussi le nom d’un grand prophète qui annonce avec beaucoup de vigueur la volonté divine, qui appelle à la repentance du cœur en profondeur et à la conversion de l’esprit, à l’humaine métanoïa nécessaire de notre existence sans laquelle aucune vie religieuse ni guérison spirituelle ne sont possibles. 

 

Dans Proverbe 12, 18 nous lisons « la langue des sages apporte la guérison », mais qui est donc un tel sage aux yeux de Dieu ? C’est ici ce centurion qui fait figure de sage, pourquoi ? Parce que comme le dit encore Proverbe en 9, 8 et 9 « reprends le sage  il t’aimera » et « donne au sage, il deviendra plus sage », les sages sont à l’opposé des insensés dont Mathieu en 11, 25 dit « tu as caché ces choses aux sages », c’est à dire aux sages auto-proclamés, ces « choses » ce sont les œuvres divines accomplies depuis le commencement de la Création et dont la guérison aujourd’hui devant nous du fils du centurion est un témoignage. Quelle est la sagesse du centurion ? C’est de s’adresser avec foi et simplicité, au Rabbi Jésus auquel il se remet en toute humilité et confiance pour son fils malade.

 

Dans Proverbe 3, 7 nous lisons encore « ne sois pas sage à tes propres yeux » et saint Paul nous enseigne

dans l’esprit du Seigneur à méditer cette parole « se vantant d’être sages, ils dont devenus fous », et de plus en 1 Corinthiens. 4, 10 « vous êtes sages en Christ », n’est-ce pas ici même ce que nous voyons par l’attitude du centurion ! Si les sages le sont par la grâce efficiente du Christ et de la sève spirituelle de l’Ecriture, qui donc s’étonnera de ce que peut accomplir en plénitude la parole du « Verbe source de la sagesse des sages », selon cette autre parole à « Dieu appartient d’accomplir même l’impossible ».

 

« Je vais aller le guérir » dit le Seigneur au centurion, le Seigneur n’est mû que par l’amour pour cet homme et son fils souffrant, il ne cherche pas à savoir pourquoi le fils est paralysé. Simplement, « Jésus aime le centurion et son enfant paralysé, tout comme il aime chacun et chacune d’entre nous ». Aimer est pour le Seigneur, le cœur de toute son œuvre pour sauver l’homme. Le Christ est dans « l’intelligence du cœur », à l’écoute du centurion et de sa prière, comme il est à l’écoute de chacun d’entre nous, si nous décidons dans notre liberté personnelle de faire appel à Lui. Le Seigneur ne se livre pas à une discussion philosophico-théologique au sens universitaire qui se limite à une approche ratio-intellectuelle, il laisse se dire la « foi » du centurion qui permet d’engendrer le processus et le miracle de la guérison.

 

Nous pouvons voir dans ce fils malade, une métaphore de notre propre souffrance qui engendre notre paralysie spirituelle, le «vieil homme » en nous ne cesse de s’opposer à notre désir de guérison, et tout comme ce centurion nous savons que sans la grâce divine, il nous est impossible de convertir notre cœur blessé par nos épreuves existentielles. Le vieil homme en nous est né avec la chute d’Adam dans le Paradis, il est en nous la « cristallisation du péché » qui s’oppose à la vie et à l’être en plénitude. Le vieil homme est pétrifié dans ses habitudes et ne supporte aucune nouveauté, il reste bloqué dans son inertie et s’interdit ainsi à lui-même de faire l’expérience véritable du « mouvement, de la vie et de l’être » telle que proposée par Dieu dans l’Eglise et dans notre vie personnelle au cœur même du monde.

 

L’Ecriture sainte nous dit que le centurion est allé vers le Christ pour lui dire : « Seigneur, j’ai à la maison mon fils atteint de paralysie, et qui souffre beaucoup ». Le Seigneur l’accueille, le regarde et l’écoute, mais reste libre du poids inutile de l’émotivité psychique qui empêche habituellement les hommes d’agir de manière juste et avec discernement. Le Seigneur est pleinement présent et ressent de l’intérieur la compassion du centurion pour son fils ainsi que la souffrance silencieuse du fils paralysé. Le Seigneur s’émerveille de la foi du centurion et décide d’y répondre, en disant : « Je vais aller le guérir ». Ici, le centurion intercède pour son fils, mais Dieu ne nous a t-il pas faits « centurions spirituels » pour intercéder les uns pour les autres dans l’Eglise pour notre guérison et celle du monde.

L’Eglise nous remémore aujourd’hui l’exemple vivifiant de ce centurion, afin que nous puissions nous en inspirer, car nous avons vocation à intercéder auprès de Dieu avec « foi, espérance et amour » pour que l’humanité puisse se libérer de ce qui la paralyse dans son « corps, son âme et son esprit ». Les malheurs du monde, le chaos des dictatures, les failles et blessures provoquées par les attitudes inhumaines, ne peuvent trouver leur guérison véritable sans vie spirituelle personnelle et ecclésiale, pour irriguer et vivifier le cœur des hommes à travers la prière et l’intercession des uns pour les autres.

 

Devant la proposition du Christ de venir guérir le paralytique chez lui, le centurion répond : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole, et mon fils sera guéri ». Pourquoi se dit-il indigne d’accueillir le Seigneur sous son toit ? Parce que en tant que « païen », il ignore qu’il a été crée à l’image et à la ressemblance d’un Dieu, qui est Créateur et Père de l’humanité, mais sa foi en Jésus ce prophète charismatique va lui permettre d’entrer peu à peu en lui-même, pour accueillir  avec confiance la grâce divine.

 

Ce centurion avant de rencontrer celui qu’il appelle « Seigneur », avait entendu parler de lui, il a alors « cherché et il a trouvé, il a demandé et il a reçu, il a frappé et Dieu lui-même lui a ouvert ». Il a ainsi pu expérimenter en esprit et en vérité que « prier, c’est ne plus être seul », ce centurion a été béni et guidé par la divine providence. La réputation de Jésus, comme prophète-guérisseur était arrivée jusqu’à lui, le centurion croyait sans hésiter que celui qu’il appelle là devant nous « Seigneur », peut accomplir même l’impossible et d’une seule parole guérir son fils, qui gît-là paralysé sous nos yeux, n’est-ce pas ce qui est arrivé ! 

 

L’Evangile nous dit encore : « A ces mots, du centurion, Jésus fut dans l’admiration et il dit à ceux qui étaient là : en vérité, je vous le dis, chez personne en Israël je n’ai trouvé pareille foi », et IL ajoute : « c’est pourquoi, beaucoup prendront place au festin du Royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob, alors que ceux qui étaient les fils naturels du Royaume des cieux seront jetés dehors ». Cette affirmation du Christ devrait nous faire méditer, comme Marie « toutes ces choses dans notre cœur », nous, qui sommes d’après saint Paul, « les enfants lumineux de l’Eglise ».

 

L’Eglise est la maison divino-humaine, dans laquelle se rencontrent la Cour Céleste, c’est à dire la Divine Trinité, la Mère de Dieu, les Saints et les Anges, et la cour terrestre, c’est-à-dire chacun et chacune d’entre nous. L’Eglise est ce lieu béni par Dieu et par les croyants, dans lequel à travers la célébration de la Divine Liturgie et des saints Offices religieux, nous pouvons acquérir l’expérience concrète, de la « foi, de l’espérance et de l’amour », envers Dieu et au service de l’homme.

 

Qui parmi nous, n’a pas à eu à un moment ou un autre besoin dans son existence, de la présence aimante et de la prière d’un « centurion spirituel », lorsque les épreuves de la vie sont trop fortes pour s’en sortir tout seul ? Seuls les vaniteux imbus d’eux-mêmes, pensent qu’ils n’ont besoin de rien ni de personne, mais l’homme humble sait qu’il ne peut rien pour se sauver lui-même. C’est pourquoi en tant que   « chrétien orthodoxe » je suis par vocation un « intercesseur » pour toute l’humanité, et l’apôtre Paul nous rappelle « que la foi est agissante par l’amour et la compassion ». Dans l’esprit de Paul, l’amour parfait, c’est de ne rien exiger pour soi-même, ceci devrait être le véritable visage de l’Eglise. C’est pourquoi, la prière liturgique commune, qui nous réunit ici aujourd’hui, ne peut être qu’un don spirituel libre des uns pour les autres, des uns avec les autres, afin que nous puissions bénir ensemble, l’humanité et toute la création.

 

Alors que veut donc nous enseigner le Christ, en magnifiant et en louant ainsi la foi du centurion ? Sinon nous encourager à cultiver en nous avec humilité, la confiance absolue en Lui, le médecin de nos âmes et de nos corps. Il désire transformer nos doutes, nos peurs en foi inébranlable en Lui, en foi capable de déplacer les montagnes psychiques, intérieures ou extérieures qui paralysent notre quotidien. La « foi comme Don de Dieu est universelle », ce qui la différencie d’une personne à l’autre, c’est la relation personnelle que chacun met en œuvre envers et avec Dieu pour qu’elle puisse se révéler avec le maximum de plénitude.

Acquérir la « foi qui peut transporter et transformer nos montagnes intérieures », peut être reçue comme un don dans l’Eglise, par la participation liturgique régulière, à travers laquelle, nous pouvons apprendre à contempler notre Seigneur à l’œuvre au service de l’homme, son bien-aimé. La « foi » est un Don de l’Esprit Saint et l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans l’Eglise du Christ, la foi ne se donne pas au monde des apparences où règne la corruption, elle ne peut être reçue que par celui qui désire vraiment vivre le mystère spirituel de l’Eglise et qui croit en Dieu.

 

Le mystère de la foi et de la guérison spirituelles, ont tous deux comme source, l’Amour de Dieu envers l’humanité, nous croyons que la guérison essentielle est premièrement spirituelle, mais rien n’empêche le Seigneur de donner aussi la guérison corporelle, comme en témoigne l’évangile de ce jour. C’est pourquoi L’Eglise, qui est le corps du Christ et le temple de l’Esprit Saint, a vocation d’être d’abord « l’humble servante » de l’humanité. Le chrétien orthodoxe est donc celui qui intercède dans l’Eglise, afin que Dieu accueille toute personne qui crie vers Lui et espère entendre : « Je vais te guérir ».

 

Puis le Seigneur dit au centurion : « va, et qu’il t’advienne selon ta foi ! Et à l’instant même le serviteur fût guéri ». La foi du centurion est telle qu’il n’y a pas de distance entre sa demande de guérison pour son fils et l’accomplissement de cette guérison. Que Dieu nous accorde une telle « foi » par sa divine grâce et la prière de « notre ami », le centurion évangélique.

 

Le fou juge, punit et détruit et cela sans réfléchir, le fou est celui qui se croit sage à ses propres yeux, mais le sage accueille, regarde et écoute dans le silence et l’intelligence du cœur avant d’agir selon Dieu et avec Dieu pour restaurer l’homme dans sa dimension divino-humaine. Qui est ici le fou ? C’est l’homme sans Dieu et sans l’Eglise, l’homme sans Dieu et sage à ses propres yeux, devient aussi un homme aveugle et sourd, une caricature déformée de sa beauté originelle crée par Dieu. Et qui est pour nous l’homme de Dieu me direz-vous peut-être ? C’est « l’homme ou la femme » dont la vie et l’existence est tournée vers Dieu, n’est-ce pas cela devenir orthodoxe pour nous, prenons-nous conscience de ce que signifie « être orthodoxe » ? Pour nous, orthodoxes, il « n’existe qu’un seul et unique Sage qui est notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

Si nous croyons cela, alors le Christ se révèlera à nous et nous aurons le désir naturel de lui ressembler, en partant de notre humanité, oui, tels que nous sommes, pour nous sanctifier avec l’aide de l’Eglise et croire que nous sommes concernés par cette parole qui affirme que  « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », apprendre peu à peu à vivre selon l’ascèse évangélique. Si donc, nous désirons la sagesse en « esprit et en vérité », nous devons demander pour recevoir, chercher pour trouver, frapper pour que s’ouvre la porte de la communion avec l’Esprit Saint qui nous donnera comme nous l’enseigne le Christ, lui-même  « la connaissance de la vérité qui nous rendra libre ».

 

L’Evangile n’est pas un manifeste en faveur du chaos des esprits, ni un roman à l’eau de rose dans lequel se noient les discussions de comptoirs ou une émission téléguidée pour tirer l’humanité vers le bas. La vie et la voie orthodoxe ne béniront jamais les faux-prophètes qui agissent dans les ténèbres de leurs âmes, et cela au sein même parfois de notre très sainte Eglise. L’Evangile est le livre de la « vie divino-humaine qui peut et veut engendrer l’homme dans l’amour spirituel, dans la beauté lumineuse qui transfigure et dans la sainteté qui sont l’accomplissement et le couronnement de notre vocation orthodoxe ».

 

Au Père qui nous fait Don de la Foi, au Fils qui nous guérit par Amour et à l’Esprit Saint qui nous garde dans l’Espérance, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon