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dimanche 27 novembre 2022

La Fille de Jaïre.


(Luc 8, 41 à 56).

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, notre sainte Eglise orthodoxe nous invite à être les témoins vivants et vivifiants de la Grâce divine qui habite le saint prophète Jésus devenu par son incarnation, l’un d’entre nous. Cette grâce n’est pas inaccessible pour nous, il nous suffit de la demander sans discours théologique ou philosophique, comme si nous devions prouver à la Divine Trinité combien nous sommes cultivés. Ce que notre Seigneur doux et humble de cœur nous propose, c’est de cultiver la Foi en Lui et son corollaire indispensable la confiance en nous, car depuis toujours et pour toujours Dieu aime l’homme sans conditions aucune, sinon l’amour réciproque. 

 

Dans l’Evangile de ce jour quelqu’un dit au chef de la Synagogue : ta fille est morte, n’ennuie plus le Maître », mais le Maître répond « sois sans crainte, crois seulement et elle sera sauvée », c'est-à-dire que le Christ nous invite à ne pas écouter les discours pessimistes du monde déchu, à ne pas nous laisser détruire par des paroles sans issue possible, mais à nous tourner encore et encore vers la Vie, c'est-à-dire vers Dieu qui peut l’impossible. L’Eglise à travers le récit de la fille de Jaïre, nous invite chacun et chacune, à questionner notre foi, est-elle proche de celle que le Seigneur espère en nous invitant à croire que « celui qui croit en Lui, fera les mêmes choses que Lui et même de plus grandes ». Notre manque de foi nous est plus ou moins palpable et déjà le prophète Isaïe

proclamait en 53, 1 « qui a cru a ce que nous avons annoncé » ? Ainsi le fruit de la foi en Dieu, nourrit l’espérance de la résurrection, qui commence déjà en ce monde, c’est ce dont témoigne aujourd’hui pour nous le récit concernant la fille de Jaïre.

 

Le Maître nous enseigne aussi que la mort dans ce monde qui engendre la naissance au ciel, demande à la Communauté des Croyants dans l’Eglise du Christ, de continuer à prier avec ardeur et ferveur pour l’âme défunte, qui continue de cheminer avec l’aide de sa foi cultivée dans ce monde, vers une des nombreuses demeures qui sont dans le Royaume du Père Céleste. Ce cheminement de l’âme est un mystère aussi grand et profond que la personne humaine elle-même, car il doit conduire l’âme qui continue à chercher Dieu, jusqu’au cœur même du Royaume de Dieu, dans le Saint des Saints qui est la Chambre nuptiale, spirituelle et mystique dans laquelle est célébrée l’éternelle noce de Dieu avec l’humanité sauvée.

 

La fille de Jaïre est aussi une icône de l’âme et de la vie qui est unique, perdre son âme s’oppose à la vie dont saint Jean dit que « « que dans le Verbe était la vie et que la vie est la lumière des hommes », le refus de la vie lumineuse engendre alors les ténèbres qui voilent tout discernement spirituel. Perdre son âme, revient à expérimenter cette parole du Seigneur « à quoi bon posséder le monde entier si tu perds ton âme », dans cet état contre nature, la vie évangélique devient inaccessible et s’oppose à toute résurrection spirituelle. 

 

 

 

« Ne crains pas, crois seulement et elle sera sauvée », cette parole du maître éternel devrait-elle engendrer de la tristesse ou du désespoir dans le cœur de l’homme, au point de dire comme cet homme insensé et sans sagesse selon Dieu, « n’ennuie plus le Maître » ? Le Seigneur de Gloire, le Christ notre vrai Dieu nous invite au contraire à faire la Fête à la vie, la Fête dans l’Eglise et cette Fête, c’est la célébration des très saints mystères du Christ, à savoir la Divine Liturgie qui nous transmet la plénitude de la grâce divine par laquelle justement nous pouvons espérer nous éveiller à la vie en Dieu, à la vie avec Dieu, à la vie pour Dieu et à la communion avec notre frère. Ne nous lassons pas de demander à notre Maître, de nous exaucer selon cette parole « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », « croire » est l’ascèse de l’homme, être dans la « foi » est un don de Dieu.

 

L’esprit du monde inspire à l’homme de clamer « ta fille est morte, n’importune plus le maitre », mais ailleurs le Seigneur dit « laissez venir à moi les petits, ne les empêchez pas », qui donc sont ces petits ? Ce sont tous ceux qui quelque soit leur âge, demandent avec simplicité de cœur, à recevoir la paternité divine. Sortons sans hésiter des illusions mortifères et morbides distillées par les esprits sous ciel et dont le vieil homme en nous se  fait le complice pour nous susurrer « n’ennuie pas le Maître ».

 

L’Eglise du Christ, c'est-à-dire nous les Fidèles, nous le Peuple royal, où chacun est roi, prêtre et prophète nous avons comme vocation de cultiver la vie et l’être selon Dieu, et l’apôtre Paul nous en montre la condition sine qua non dans l’épître de ce jour, en nous demandant d’être un « seul cœur et une seule âme pour l’amour de Dieu et de notre prochain ».

 

La résurrection de la fille de Jaïre est accomplie par le Maître Céleste dans ce monde, mais dans le monde à venir que ferons-nous, allons-nous également ressusciter ? Non puisque dans le Royaume de Dieu nous ne mourrons plus et donc nous ne ressusciterons pas non plus, alors que ferons-nous ? Nous vivrons par la foi parfaite qui est le signe certain de l’accomplissement dans le Royaume de Dieu du « Père, qu’ils soient un comme nous sommes Un » et son fruit immédiat « Dieu sera tout en tous », comme nous le promet l’Ecriture sainte et sacrée. Par notre communion sans confusion ni séparation avec Dieu, nous serons dans l’absolue « liberté des enfants de Dieu » et coparticipants avec la Divine Trinité pour accomplir l’union éternelle et indissoluble de « l’amour qui est ce qui reste » lorsque le monde aura disparu, cet amour divino-humain unira les personnes ressuscitées avec les très saintes Personnes Divines, œuvre indicible et incompréhensible selon l’esprit du monde déchu. 

 

Jaïre signifie « Yahvé rayonne », le rabbi Jésus qui est Dieu est venu vers Jaïre et vers sa fille et a fait resplendir sur eux son « rayonnement divino-humain », car IL est comme nous le confessons le médecin de nos âmes et de nos corps, Il est le Verbe créateur de l’humanité et peut donc restaurer sa créature aimée dans la plénitude de la vie et de l’être. Jésus est nous dit saint Paul celui qui « loin des préceptes de la Loi mosaïque avec toutes ses ordonnances, peut créer en sa Personne un homme nouveau », aujourd’hui, la fille de Jaïre ressuscitée est une icône et un témoignage de cette nouveauté accomplie ici au milieu de nous par le Dieu et Homme parfait.

 

Nous sommes, chacun et chacune « Jaïre » qui avons vocation à laisser Dieu rayonner en nous, nous avons reçu comme talent un temple saint et sacré, c’est à dire nous-mêmes, dont nous sommes les responsables liturgiques, dans lequel habite notre fille, c’est à dire notre âme, afin qu’elle puisse y être restaurée et ressuscitée pour le Royaume de Dieu.

C’est pourquoi saint Paul dans l’épître de ce jour nous rappelle que « nous avons comme fondations les apôtres et les prophètes et pour pierre d’angle le Christ lui-même…afin de devenir une demeure de Dieu dans l’Esprit ».

 

Le Seigneur notre Dieu, Lui le Christ Jésus, nous révèlera pleinement qui Il est comme Homme parfait et Dieu parfait en nous faisant comme Il le montre avec la résurrection de la fille de Jaïre, passer de la mort totale à ce monde à la vie éternelle du Royaume de Dieu. IL nous révèlera aussi pleinement à nous-mêmes dans Sa grâce divine et cela engendrera la contemplation émerveillée de la Divine Trinité par l’humanité sauvée. Alors à nouveau, l’homme sera rempli du rayonnement divin et restauré dans la beauté éternelle qui était celle de sa création originelle, il recevra de Dieu un « nom nouveau » connu seulement de celui qui reçoit ce nom, et ce nom sera unit indissolublement avec le Nom de Dieu, pour des siècles et des siècles de vie éternelle. 

 

« Dieu sera tout en tous », à Notre Père Céleste, qui nous bénit par le Christ notre unique Grand-Prêtre et nous donne de concélébrer la Divine Liturgie dans l’Esprit de Sainteté, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen. 

 

+ Syméon 

 

 

lundi 21 novembre 2022

Guérison du possédé Gérasénien.

 

(Luc 8, 26 à 39,1)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, L’Evangile nous fait rencontrer un homme possédé par une légion de démons, et qui malgré sa détresse inhumaine vient à la rencontre de Jésus. Voici donc un homme, notre semblable, un être humain créé lui aussi à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui malgré son aspect terrifiant  fait toujours partie de notre humanité. L’Ecriture relève qu’il est nu, dans l’errance et qu’il habite dans les tombeaux.

 

L’homme sans Dieu est un homme nu, errant et enfermé dans une solitude tragique, et comme dit l’Evangile ailleurs « même ce qu’il croyait avoir lui sera enlevé ». L’homme sans Dieu, même riche de tous les biens de ce monde, reste dépossédé de l’essentiel, car en vérité, rien ne lui appartient ni son existence dans ce monde, ni son existence dans le monde à venir. L’homme sans Dieu, est un individu soumis à tout un réseau de pensées qui l’enserrent dans un filet partiel et partial, dans lequel tous les faux dieux de ce monde, cherchent à l’assujettir en lui faisant miroiter dans la lucarne terne des illusions, qu’ils pourront satisfaire tous ses désirs. Ces faux dieux reprennent à leur compte la ruse du malin envers Adam et Eve, et veulent nous faire croire que grâce à eux, nous serons des dieux à la place de Dieu et surtout sans Dieu.  

 

Satan est à l’affût pour isoler les hommes entre eux ou pour leur faire miroiter des alliances illusoires, son seul désir consiste à dépouiller l’homme de son humanité, de lui dérober tout souvenir qui pourrait lui rappeler l’existence de Dieu. Dieu propose à l’homme son bien-aimé, la sainte Eglise comme une communauté de vie, dans laquelle il pourra trouver à la place de la nudité diabolique et du désert brûlant et sans âme, les vêtements spirituels que sont les saints sacrements, pour trouver ou retrouver la guérison de l’âme et du corps. Dieu propose à l’homme la sainte Eglise, qui est le Corps du Christ, dans laquelle l’homme peut devenir vivant et libre, par la communion au très saint Corps et au très saint Sang du Seigneur.

 

Satan lui, impose à l’homme une caricature misérable de l’existence, il cherche à imposer à l’homme une soumission corps et âme à sa volonté perverse, il veut faire de l’homme un mort-vivant et l’enfermer dans le cauchemar du péché. Si Satan arrive à éloigner un orthodoxe de l’Eglise du Christ, alors le malheur de cet homme peut devenir un abîme de souffrances pour lui comme pour ses proches.

 

L’homme doit apprendre à s’habiller de Dieu et pour cela il lui est très utile de venir à l’Eglise où il pourra trouver les vêtements spirituels qui lui permettront non seulement de résister aux démons mais même de les vaincre. Saint Paul nous énumère les vêtements divins proposés aux hommes et aux femmes de bonne volonté, ce sont : « l’amour, la paix, la joie, la patience, la sagesse, la maitrise de soi, etc.». Contre de telles grâces, la clique satanique ressemble à une gesticulation ridicule, stérile et pathétique.  

 

Le Christ nous dit : « Je Suis le Chemin, la Vérité et la Vie » et Satan qui est tout entier menteur et père du mensonge, veut nous faire croire qu’il n’existe aucun chemin qui puisse sauver l’homme, pire, il veut nous faire croire qu’il est « lui » l’unique et véritable chemin pour l’humanité. Pour cela, il nous promet monts et merveilles, alors qu’il n’est rien devant Dieu et qu’il ne possède aucun bien pas même le plus petit, sa richesse c’est le néant absolu. Satan s’enrichit sur notre dos et exploite toutes nos faiblesses, il essaye de pomper notre âme, il veut en faire son objet pour nous manipuler et nous soumettre à sa domination diabolique. Il connaît chacun de nos manques et ne cesse de nous tendre piège après piège, pour nous faire tomber sous l’esclavage de sa haine absolue envers Dieu et envers l’humanité. Il est le mal absolu, il ne peut trouver un semblant d’existence qu’à travers nous, si nous avons le malheur de succomber à ses tentations perverses et mortifères.

 

Le Christ est la «  Vérité » et il propose à l’homme de se nourrir de cette vérité pour acquérir la parfaite sagesse créatrice, qui lui permettra d’être une personne libre et spirituelle, une personne nouvelle engendrée par l’amour, la grâce et la lumière divine. Satan est le grand hérétique, l’Anti-Christ, celui qui essaye sans cesse d’inoculer le poison mortel du péché dans le cœur des hommes, il ne cesse de tenter l’humanité depuis les jours d’Adam jusqu’à aujourd’hui.

 

Le Christ est la « Vie » et il propose à l’homme cette vie en plénitude non seulement dans ce monde mais pour l’éternité, car comme le dit saint Irénée de Lyon « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Satan est la puissance maléfique et mortifère, qui pour nous tromper n’hésite pas à mettre les masques de la séduction ténébreuse, et là où Dieu nous donne la vie, Satan veut nous entrainer vers la mort.

 

Les « soi-disant sages de ce monde », que dénonce avec force et justesse saint Paul, sont les premiers à se précipiter dans les abîmes de leur ignorance et se croient quelque chose lorsqu’ils arrivent à entraîner dans leur chute, les humbles et les simples qui eux possèdent, cachée en eux la vraie sagesse divine. La sagesse de Dieu est donnée à tout homme et toute femme de bonne volonté qui la demande au Seigneur, cette sagesse Dieu l’a déposée comme un trésor inestimable dans l’Eglise du Christ. Nous sommes bien sûr, libres d’accepter ou de refuser ce don de lumière et de vie, mais qui peut penser un seul instant que l’état naturel de la personne humaine, ce sont les ténèbres de l’âme, qui ont pour seul programme, de détruire l’humanité et la création.

 

Il n’est pourtant pas besoin d’être un grand prophète inspiré pour constater dans quel état est justement l’humanité et le monde, et c’est ce possédé qui presque malgré lui, vient nous montrer le chemin à suivre, chemin qui le conduit jusqu’au Christ Jésus. Car l’Evangile nous montre que malgré cette légion de démons qui le parasitent et qui font de lui un individu incontrôlable, il est toujours possible de trouver le salut.

 

L’Ecriture sainte nous dit : « ils trouvèrent l’homme, dont étaient sortis les démons, assis aux pieds de Jésus, vêtu et dans son bon sens ». Que signifie, ils le trouvèrent assis ? Cela signifie, que nous ne pouvons trouver aucune paix dans l’agitation extérieure qui ne cesse de nous secouer dans tous les sens, il nous faut absolument savoir nous arrêter et méditer sur notre existence, sur le sens réel que nous désirons donner à notre vie et à nos œuvres. L’Eglise est le lieu unique où rencontrer Jésus devient possible, le lieu où nous pouvons nous asseoir auprès de lui, pour entendre les paroles de la vie éternelle. Je ne cesse de le répéter, venir à l’Eglise et faire la fête spirituelle, c’est à dire célébrer ensemble la Divine Liturgie, voilà ce qui pourra peu à peu, nous donner l’assise profonde au cœur de nous-mêmes, nous rendre pleinement humain, nous transfigurer et nous préparer à « être fils et fille du Père céleste » pour la déification dans le Royaume de Dieu.  

 

Que signifie, ils le trouvèrent vêtu ? Cela signifie, qu’il avait retrouvé toute son humanité, il était redevenu une personne humaine, Satan l’avait dépouillé de son humanité, mais Dieu l’a revêtu à nouveau de « splendeur et de majesté » comme dit le Psalmiste. Car en vérité, que voulons-nous donc rajouter à l’homme crée par Dieu ? Existe-t-il donc des pensées, des paroles ou des actes qui feraient l’homme plus grand, plus sage ou plus beau, que l’homme créé à l’origine par Dieu !

Seul Satan, un hérétique ou un fou, peut fantasmer et délirer au point de croire qu’il est un dieu capable de créer un être humain. Satan ne crée rien, il ne sait que détruire, et si comme dit l’Ecriture la « folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes », à quoi ressemble alors la « folie démoniaque », à rien, absolument rien qui ne soit digne de la « personne humaine ».

 

 

 

Que signifie, ils le trouvèrent dans son bon sens ? Cela signifie, qu’il a retrouvé à nouveau le vrai discernement, car « être dans le bon sens, c’est être orienté vers Dieu à travers le Seigneur Jésus, c’est être à nouveau guidé par l’Esprit-Saint ». Etre dans le bon sens, c’est apprendre à s’approprier la vie en esprit et en vérité, être dans le bon sens, c’est vivre selon l’Evangile du Christ, être dans le bon sens, c’est venir dans la Maison du Père qui est la sainte Eglise.

 

L’Evangile de ce jour termine en nous disant : « l’homme dont les démons étaient sortis  priait Jésus de le garder avec lui, mais Jésus le renvoya libre en disant : Retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. L’homme s’en alla et proclama par la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui ». Que signifie ce passage de l’Ecriture ? Il nous montre comment Dieu et Dieu seul agit envers l’homme son bien-aimé, il commence par restaurer l’homme dans toute sa dignité humaine, puis IL le laisse libre de vivre sa vie au milieu des siens et de son quotidien habituel.

 

A l’opposé, Satan détruit la dignité humaine et veut maintenir sa possession, en emprisonnant l’homme dans le désert et la solitude qui finit par engendrer la folie et le désespoir. Jésus lui dit « retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi », c’est à dire sois un témoin de la miséricorde divine au milieu des hommes, mais cela signifie aussi et surtout, « reste en toi-même, ne te laisse plus disperser et dépersonnaliser par les pensées malignes ».

 

Cette dernière parole du Christ, donne en vérité le sens spirituel et religieux de la vocation unique et véritable de l’Eglise, témoigner de la présence et de l’œuvre de Dieu parmi les hommes. C’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit ailleurs, « Dieu a posé l’Eglise au cœur du monde, l’homme au cœur de l’Eglise et enfin Dieu s’est posé au cœur de l’homme ». Alors, peut se réaliser la vocation divino-humaine qui engage Dieu et l’homme, et qui est la communion et l’union indicible du témoignage qui confesse l’amour absolu de Dieu pour l’homme et la possibilité pour l’homme d’aimer Dieu de toute son âme, de tout son esprit et de toutes ses forces.

 

Au Père qui a crée l’homme, au Fils qui as sauvé l’homme et à L’Esprit Saint qui déifie l’homme, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

dimanche 13 novembre 2022

Le mauvais riche et le pauvre Lazare

(LUC : 16, 19 à 31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe nous invite à une méditation sur les œuvres de notre existence ainsi que sur leurs fruits et sur ce que sera notre destinée après la mort à ce monde en nous proposant le témoignage suivant, le Seigneur dit : « Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de lin fin, et qui faisait jour après jour des festins somptueux, et à côté, le pauvre Lazare qui gisait là près de son portail, tout couvert de plaies ».

 

L’Ecriture sainte nous dresse un tableau réaliste de la situation de ces deux hommes et nous dit : « Lazare mourut et fut transporté dans le sein d’Abraham, c’est à dire, dans le cœur du père des Croyants authentiques, dans le Royaume des Cieux, le riche mourut à son tour et se retrouva en proie aux tourments de son propre enfer », qui en réalité ne sont que les fruits indigestes et amers de son existence égocentrée », il n’y a là aucune volonté de juger, dramatiser ou de relativiser l’expérience humaine, non, c’est le constat de l’évidence et de ses conséquences selon les choix que nous faisons tout au long de notre vie.

 

Ne croyons pas que le Seigneur ne parle ici que de banquets des seules nourritures matérielles ou intellectuelles, où les belles paroles et les promesses dues aux ivresses psychiques, physiques et passagères jamais tenues sont légion. Non, ce que notre Seigneur montre, c’est la rêverie vide et désincarnée que nous distille le monde dans son éloignement pathétique de la source unique et divine de la vie. Cette rêverie infantile ne peut recevoir aucune racine dans le Royaume de Dieu qui est le pays réel. Les oripeaux d’inhumanité dont se parent avec ridicule les mauvais riches, seront consumés au feu du jugement de Dieu, ainsi que l’existence sans aucune compassion de tous ces aveugles qui guident d’autres aveugles.

 

Le riche s’écria : « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car dans ces flammes, je souffre cruellement ». Incapable de prendre conscience de sa réalité, ce riche qui n’a acquis aucune intelligence de la vie spirituelle durant son pèlerinage terrestre, continue à vouloir imposer sa volonté propre y compris à Dieu, en apostrophant le noble et saint Patriarche Abraham. Le Seigneur Christ ne reproche pas au riche sa richesse mais propose aux riches de méditer comment il peuvent en faire un bien véritable pour eux-mêmes et pour les autres, il ne dit pas non plus au pauvre Lazare, pourquoi es-tu si pauvre, non, le Christ accueille l’un et l’autre en tant qu’ils sont créés tous les deux comme les enfants du même et unique Père Créateur, il n’y aucune allusion négative dans ce monde à être riche ou pauvre, l’essentiel est enraciné dans la vie et l’être humain et désire se révéler à son intelligence et en porter les fruits.  

 

Mais, écoutons avec quelle douceur pourtant Abraham, le Père des Croyants répond à ce mauvais riche, comment l’appelle-t-il ? « mon enfant », car tout homme reste le fils prodigue dont le Père céleste espère toujours le repentir, la conversion du cœur est une ascèse nécessaire, car autrement, nous rappelle Abraham : « il n’y aura pas de passerelle entre vous et nous, mais toujours un abîme qui est infranchissable ». De même, il n’existe aucune passerelle magique entre l’homme et Dieu, pas plus qu’entre l’homme et l’homme, sans l’intelligence du cœur, l’homme n’est pas à même de dissoudre seul le mur de la séparation entre lui et Dieu. L’Eglise en vérité, ne cesse d’accueillir et de dire  avec douceur « mon enfant », à toute personne qui désire se libérer du joug aliénant de ses propres péchés et de la corruption perverse des rois de pacotille qui persécutent l’humanité. Mais, ô terrible aveuglement et endurcissement du cœur de ce mauvais riche, qui par son attitude bornée reste plongé dans la fournaise de feu, « là où sont les pleurs et les grincements de dents », là où les ténèbres s’épaississent encore plus pour lui, pourquoi ? Parce qu’il persévère à vouloir imposer sa volonté du fond même de l’abîme de sa désolation, sa seule obsession se porte maintenant sur les siens, en vérité sur sa volonté propre, pourquoi ne s’est-il pas inquiété plutôt de son propre mode de vie en vue d’édifier ses frères et sœurs et leur montrer la bonne et belle voie.

 

Et voici donc le donneur de leçons, ici, sous le masque de ce riche, et ailleurs sous la forme  séduisante de tous ces docteurs de la loi et autres je sais tout, car que dit-il toujours dans son obsession : « père Abraham, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères » et la suite que je vous invite à relire et à méditer par vous-mêmes.

 

Abraham lui répond : « Ils ont Moïse et les Prophètes, qu’ils les écoutent ». Mais ce riche qui se croit plus sage qu’Abraham, que dit-il : « non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va les trouver, ils se repentiront ». Mais dites-moi, et lui ce riche, quand va-t-il enfin se décider à rentrer en lui-même, à se lamenter sur lui-même, à pleurer sur sa situation désespérée, et qui sait, peut-être obtenir la grâce du pardon par la douce miséricorde infinie du Père du Ciel ? Mais combien aujourd’hui, à l’image de ce riche, ne cessent de provoquer, par leurs paroles et leurs œuvres non pas Abraham, mais le Seigneur lui-même, au risque de s’entendre dire: « engeance mauvaise et incrédule, jusque à quand, devrais-je encore vous supporter » ?

 

Le riche dit « si quelqu’un des morts va trouver mes frères, ils se repentiront », mais pourquoi croiraient-ils un « mort », alors qu’ils n’ont pas cru au Dieu Vivant qui s’est incarné en Jésus au milieu d’eux pour parler à l’humanité ? Les vraies richesses sont spirituelles et si nous voulons devenir de bons riches, alors il nous faut imiter notre Seigneur et de ses richesses divines nourrir, revêtir et accueillir ce pauvre Lazare que nous sommes en vérité nous-mêmes.

 

 Ô folie furieuse de l’âme désorientée, ô stérilité des forces physiques qui ne sont pas mises au service de Dieu et de mes frères, ô ténèbres du cœur dont pourtant le Seigneur lui-même témoigne que : « c’est du cœur que sortent tous les péchés, haine, convoitise, jalousie, avarice … ». Abraham dit qu’il faut écouter Moïse et les prophètes, mais que nous dit le Seigneur lui-même : « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende », entendre qui et quoi ? Ce que l’Esprit dit dans l’Eglise, amen.

 

Qui nous donnera de telles oreilles, pour entendre, sinon le Seigneur ! Qui sont ceux qui jamais n’auront une « oreille pour entendre », ce sont ceux dont les pensées sont le reflet des bruits et des agitations du monde, alors que ceux qui désirent vraiment entendre, recherchent d’abord selon la parole du Seigneur « le Royaume des cieux et le reste leur sera donné par surcroît ». Ce surcroît contient toutes les promesses divino-humaines, y compris le don inestimable de « l’oreille pour entendre », entendre qui ? La voix du Père, par le Verbe incarné dans l’Esprit Saint ! Où ? Dans l’Eglise.  

 

Dieu veut faire de nous et avec nous des vivants, des personnes qui apprennent à discerner qui elles sont et qui savent que c’est à la porte de l’Eglise, qu’il est bon de frapper et d’entrer pour acquérir les biens célestes. C’est pourquoi, notre Seigneur  n’a pas honte de s’asseoir comme le pauvre Lazare à la porte de notre cœur, afin d’entrer avec nous dans la profondeur de notre être et là, de nous nourrir dans l’Eglise du festin spirituel proposé autant aux riches qu’aux pauvres, nourriture qu’IL est lui-même pour la vie et le salut éternels de tous ceux et celles qui le désirent librement, et qu’aucune richesse matérielle ni même spirituelle ne saurait acheter.

 

Saint Paul dit dans l’épître de ce jour « pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde », c’est dans cette ascèse que l’homme peut devenir un christ et s’affranchir intérieurement des contraintes inhumaines qui cherchent sans cesse à dominer l’humanité. Il ne s’agit pas ici pour nous de juger le monde, car Dieu seul est le juste Juge, mais de refuser tout compromis avec les ténèbres toxiques véhiculées par les mensonges du vieil homme.

 

Au Père des richesses éternelles, au Fils qui nous les donnent sans compter et à L’Esprit Saint qui les fait pleinement fructifier, soit la gloire, dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon