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mardi 16 mai 2023

La Samaritaine

 

(Jean : 4, 5 à 42)

Au Nom du PERE, du FILS et du SAINT-ESPRIT, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par la Théotokos. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie espéré qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et espère des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses, une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant, nous dit va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine. A l’opposé, la mauvaise réponse est celle qui nous fait croire que nous sommes des êtres déjà spirituels, que nous pouvons nous passer de l’Eglise ou du moins venir quand nous le décidons, que nous pouvons prendre nos petits savoirs partiels et partiaux pour de la théologie, nos péchés pour des vertus, notre auto satisfaction comme le signe de l’Esprit Saint en nous. 

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création de Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a crée Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas une fois de plus pouvoir comprendre avec la seule raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui humblement de nous enseigner comment pratiquer le saint Evangile en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, ceci signifie que les sages et les intelligents de ce monde que dénonce le Christ lui-même, n’auront jamais, je dis bien jamais accès en esprit et en vérité non seulement à la sagesse créatrice divine, mais pas même aux miettes du festin que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment sans calcul, ceux qui l’aiment comme cette samaritaine dont l’innocence et la confiance sont infiniment supérieures à toutes les spéculations psychologiques ou rationnelles. 

 

Ainsi comme le dit encore notre Seigneur, seuls « ceux qui ont des oreilles pour entendre, des yeux pour contempler, un cœur aimant et silencieux, ceux qui sont disponibles non quand ils le décident mais quand Dieu les appelle », oui, à ceux-là la Divine Trinité révèle l’amour du Père, la grâce du Fils, la communion du Saint Esprit, frémissement indicible de la Présence de Dieu dans l’Eglise et dans le cœur de tout samaritain, cette expérience est l’entrée dans l’intimité divine que beaucoup désirent, et que bien peu réalisent. Oui, la bonne question, la vraie question, l’unique question qui doit nous transporter en nous-mêmes et vers Dieu est, comment à l’image de la Samaritaine « puis-je te rencontrer et entendre de toi Seigneur, les paroles de la vie éternelle et surtout les vivre » ? 

 

Voici alors, que cette simple demande, même à minima, même tremblante, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence.

 

Le Christ est la « Voie » mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles qui ne mènent pas à Lui seul, Il est la « Vérité » mais en quoi est-il responsable de mes ignorances qui sont le fruit d’un esprit non purifié par L’Esprit de Dieu, Il est la « Vie » mais en quoi est-il responsable si je me contente de vivoter, c’est pourquoi beaucoup l’ont déclaré coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux », la Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le « désir de vivre, d’aimer et de connaître » qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable, qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ?

 

Ne sommes nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur, l’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial, IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit comme l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les Offices de l’Eglise orthodoxe possèdent comme un trésor ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, encore faut-il « être présent dans l’Eglise », ces saints mystères du Christ nous sont donné pour que nous devenions roi, prêtre et prophète, et que nous passions peu à peu de l’état de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu.  

 

Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller vous aussi comme la Samaritaine, voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu ? Qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis « la sainteté ».

 

 

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à la rencontre personnelle avec le Christ, cela peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma bien-aimée », à nous de répondre « me voici mon Seigneur et mon Dieu avec toi dans notre maison commune, l’Eglise éternelle », pour célébrer ensemble la splendeur vivifiante de tes saints mystères.  

Avec quels mots nous transmettre l’Amour de Dieu, sinon ceux de l’Evangile de vie pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu fait autre chose que d’aimer son prochain, ce prochain qui est l’humanité, oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire accueillir comme « ami », selon la parole du Seigneur lui-même « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ».

 

Prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde. Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise. Mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Venir ou non à l’Eglise et une question de vie ou de mort spirituelle, le Seigneur nous dit que celui ou celle qui « désire le Royaume de Dieu doit se faire violence », cela signifie que nous devons lutter contre cette inertie qui nous paralyse et nous empêche d’aller vers l’essentiel qui est notre présence concrète et régulière à la célébration liturgique. Nous devons transformer « notre cœur endurci et notre nuque raide » en cœur ouvert à la volonté divine et notre nuque raide en obéissance à la sainte Eglise du Christ. Depuis 2000 ans, l’Eglise nous invite à venir participer au banquet spirituel avec Notre Seigneur, mais pourquoi résistons-nous à cet appel, parce que la vocation de l’Eglise nous échappe dans sa vraie profondeur, nous ne comprenons pas que nous sommes « l’Eglise avec le Christ » qui nous interpelle et nous dit « allez, debout, partons d’ici », c’est à dire quittez vos vieilles habitudes dictées par l’ignorance engendrée en nous par le vieil homme psychique et charnel et les illusions fumeuses diffusées sans cesse par un monde sans Dieu.

 

Etre orthodoxe sans l’Eglise est aussi impossible que de vivre sans son corps, alors incarnons en nous la grâce déposée par l’Esprit Saint dans l’Eglise, nourrissons-nous et désaltérons-nous encore et encore de l’essentiel don indispensable pour notre existence orthodoxe, à savoir la célébration de la Divine Liturgie qui répand sur nous les bénédictions divines. Revêtons-nous des vêtements lumineux de la sagesse de l’Eglise qui est le « corps du Christ dont IL est aussi la tête », si notre Seigneur Jésus qui est parfaitement saint n’a jamais cessé de fréquenter la Synagogue, n’est-ce pas pour témoigner combien il nous est  nécessaire de l’imiter et de fréquenter son Corps-Eglise avec assiduité, selon cette parole du Psalmiste « je me suis réjouis lorsqu’on m’a dit, allons à la Maison du Seigneur, dans les parvis de notre Dieu », il nous appartient de cultiver cette ascèse religieuse avec l’Eglise dans un esprit et un cœur de louange à la Divine Trinité.

 

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie compassion de nous pécheurs, qui sommes plus ou moins pris dans les filets mensongers du monde, change notre tiédeur en ferveur et notre inertie en ardeur envers toi par la médiation de notre sainte Eglise orthodoxe.

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous toutes les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen. + Syméon

 

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