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dimanche 26 novembre 2023

Le Bon Samaritain.

 

(Luc 10, 25 – 37)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe nous invite à recevoir la connaissance de la voie royale qui mène à la vie éternelle. Cette Voie unique mais universelle, c’est le Seigneur lui-même et pour y cheminer avec certitude, malgré nos états d’âme, accomplir cette œuvre si simple en apparence et pourtant si complexe à réaliser dans notre existence, « aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos pensées et de toutes nos forces… et notre prochain comme nous-mêmes », n’est-ce pas là, l’œuvre même de tout « bon samaritain » !

 

Comme l’a dit le Christ à la Samaritaine, il nous dit aussi aujourd’hui : « si vous saviez le Don de Dieu et qui est Celui qui vous parle », vous vous précipiteriez vous aussi de tout votre désir de vie et d’amour dans mes bras à moi, votre Dieu. Et moi, votre Père, je vous porterai dans mes entrailles jusqu’à engendrer chacun et chacune d’entre vous comme un saint Christ, alors s’accomplirait pour vous aussi la prophétie du Psalmiste : « voici que Dieu se promène au milieu des dieux », car l’amour serait devenu votre nature par ma grâce et la communion réelle avec moi, votre Dieu.

 

Notre cœur se serre et nos yeux s’inondent de larmes, car cet homme « roué de coups et à moitié mort » dont nous parle aujourd’hui le saint Evangile, oui, cet homme allongé là au milieu de nous, c’est aussi chacun d’entre nous, frappé plus ou moins violemment par ces brigandes que sont les passions destructrices. C’est pourquoi L’Esprit Saint lui-même, le divin Consolateur, nous a transporté ici dans cette auberge hospitalière, notre humble, petite mais si précieuse chapelle orthodoxe, pour y rencontrer le Bon Samaritain divin, notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu’il nous guérisse et nous restaure dans la pleine beauté divino-humaine qui est la véritable nature de la personne crée à l’image et à ressemblance de Dieu.

 

Comment pouvons-nous être un bon Samaritain les uns pour les autres, ici et maintenant, dans notre petite chapelle ? D’abord et paradoxalement, en commençant par la compassion évangélique envers nous-mêmes, car si nous ne veillons pas sur nous-mêmes au Nom de Jésus, comme Marie a veillé sur le trésor vivifiant qu’elle portait, alors notre ascèse est inutile et notre « foi » est vaine. Cette veille spirituelle est le don divin déposé par l’Esprit Saint dans l’Eglise orthodoxe, dans laquelle œuvre la communauté des croyants, affamée et assoiffée de l’essentiel, pour engendrer une existence qui vaille la peine d’être vécue.

 

Ne sommes-nous pas « sel de la terre et lumière du monde » ? Nous sommes ici, chacun et chacune le corps et le cœur, la prière et la pierre vivante, la foi et l’espérance de notre sainte petite Eglise, oui, nous sommes le « petit troupeau » très aimé de Dieu. Si nous connaissions en esprit et en vérité ce qu’est l’Eglise, des fleuves d’eaux vives couleraient en nous et de nous vers le monde, pour abreuver d’amour et de sagesse l’humanité désorientée, saint Paul nous rappelle que « l’Eglise est le Corps du Christ dont il est aussi la Tête », elle est la graine infiniment précieuse semée dans la terre de l’humanité afin d’y produire avec abondance les fruits de la grâce divine et de nourrir ainsi tous les affamés et assoiffés de la véritable justice.

 

Alors, ne laissons pas nos états d’âme parasiter la célébration liturgique, déposons ce qui nous tourmente dans la confession devant Dieu. Donnons-nous comme une offrande à notre Dieu, en célébrant la Divine Liturgie ensemble dans l’amour et la vérité avec Dieu et parmi les hommes. Pour aimer Dieu de tout notre être, il faut nous souvenir de la parole du Seigneur qui nous dit « sans moi, vous ne pouvez rien faire », et donc le prier de nous donner la communion réelle avec Lui pour espérer

l’union parfaite à venir, dire au Seigneur sans nous lasser « ô Christ, donne-moi ton esprit ».

 

 

 

Nous sommes élus pour vivre comme des êtres liturgiques dont la vocation est d’emprunter le chemin qui mène à la vie éternelle. Ne voyons-nous pas combien le temps nous est compté, combien les modes du monde sont éphémères, que rien de ce monde ne nous accompagnera dans le Royaume de Dieu, sinon ce que nous aurons semé et récolté spirituellement dans notre vie personnelle en nous comportant comme des bons samaritains les uns envers les autres. Allons-nous ignorer l’appel de Dieu « Adam, où es-tu », et continuer à dévorer l’arbre du bien et du mal qui mène à la mort, alors que l’Arbre de la vie qui est le Seigneur nous tend sans cesse les mains de la compassion selon sa parole sainte et sacrée « Je suis la Résurrection et la Vie » ?  

 

Cet homme parterre à demi-mort, c’est aussi une image de l’Eglise martyrisée par toutes les tyrannies politiques extérieures, mais c’est encore plus le témoignage des blessures que reçoit le Corps du Christ qui est aussi le Temple de l’Esprit Saint comme l’enseigne l’apôtre Paul, blessures cruelles que peuvent lui infliger ses propres enfants, lorsqu’ils oublient qu’ils sont fils et filles de la Lumière divine. Si nous laissons nos états d’âme prendre le dessus, alors le risque est réel que l’Eglise devienne un lieu de ténèbres psychiques qui s’opposent consciemment et inconsciemment à la volonté de Dieu. Alors la nouveauté de l’Esprit de Dieu est occultée ou défigurée, et les esprits mondains viennent non seulement se délecter de nos blessures, mais accusent l’Eglise d’être un repaire de démons et de marchands du temple.

 

L’Eglise terrestre représente les portes saintes qui donnent accès à l’Eglise céleste dont Marie est la porte spirituelle, tout comme notre cœur est la porte sainte et sacrée qui permet le passage vers le saint des saints de notre temple intérieur qui se trouve au cœur de notre cœur. Là se trouve le Christ, l’Epoux de notre âme pour nous unir à lui, en présence des deux Témoins divins que sont le Père et l’Esprit Saint. Mais ces noces célestes se préparent de manière liturgique par des fiançailles terrestres que nous scellons avec notre Bien-Aimé dans l’Eglise orthodoxe, en présence, des anges et des saints pour construire notre vie et notre unité en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.

 

Etre prêtre, lévite ou même samaritain ne sauve personne, « Dieu seul est le Sauveur », mais il nous appartient si nous désirons devenir orthodoxes d’accomplir les œuvres évangéliques, afin de nous accompagner mutuellement pour traverser au mieux les épreuves existentielles et les nombreux barrages édifiés en permanence par les esprits mauvais en nous et autour de nous, en nous souvenant toujours de cette parole du Seigneur « ne crains pas petit troupeau, crois seulement ».

 

Prions donc Jésus, notre saint Dieu, de nous unir à lui seul pour nous préparer à recevoir par une vie orthodoxe et l’intelligence du cœur, la grâce sanctifiante qui nous donnera « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ceux qui l’aiment ». Ce grand mystère spirituel nous sera donné à vivre avec la Nativité, que nous nous préparons à concélébrer avec les saints et les anges de Dieu, avec les humbles pasteurs et les sages mages, avec l’étoile qui illumine la grotte de Bethléem et toute la Création. Que l’Eglise, étoile divino-humaine, grotte sainte et sacrée, illumine et transfigure l’univers par la célébration liturgique et se prépare à chanter bientôt « Christ est né, venez, adorons-Le » !

 

Que la très sainte Mère de Dieu, dont nous célébrons aujourd’hui la présentation au Temple de Jérusalem, intercède pour nous et avec nous auprès de son divin Fils pour le salut de l’humanité et la restauration de la création dans sa pleine beauté originelle.

 

Au Père du bon Samaritain, au Fils qui est le véritable Samaritain pour l’humanité et à l’Esprit qui nous bénit et nous sanctifie, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

dimanche 19 novembre 2023

La Fille de Jaïre.

 

(Luc 8, 41 à 56).
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
 
 
Aujourd’hui, notre sainte Eglise orthodoxe nous invite à être les témoins vivants et vivifiants de la Grâce divine qui habite le saint prophète Jésus devenu par son incarnation, l’un d’entre nous. Cette grâce n’est pas inaccessible pour nous, il nous suffit de la demander sans discours théologique ou philosophique, comme si nous devions prouver à la Divine Trinité combien nous sommes cultivés. Ce que notre Seigneur doux et humble de cœur nous propose, c’est de cultiver la Foi en Lui et son corollaire indispensable la confiance en nous, car depuis toujours et pour toujours Dieu aime l’homme sans conditions aucune, sinon l’amour réciproque.
Dans l’Evangile de ce jour quelqu’un dit au chef de la Synagogue : ta fille est morte, n’ennuie plus le Maître », mais le Maître répond « sois sans crainte, crois seulement et elle sera sauvée », c'est-à-dire que le Christ nous invite à ne pas écouter les discours pessimistes du monde déchu, à ne pas nous laisser détruire par des paroles sans issue possible, mais à nous tourner encore et encore vers la Vie, c'est-à-dire vers Dieu qui peut l’impossible. L’Eglise à travers le récit de la fille de Jaïre, nous invite chacun et chacune, à questionner notre foi, est-elle proche de celle que le Seigneur espère en nous invitant à croire que « celui qui croit en Lui, fera les mêmes choses que Lui et même de plus grandes ». Notre manque de foi nous est plus ou moins palpable et déjà le prophète Isaïe
proclamait en 53, 1 « qui a cru a ce que nous avons annoncé » ? Ainsi le fruit de la foi en Dieu nourrit l’espérance de la résurrection, qui commence déjà en ce monde, c’est ce dont témoigne aujourd’hui pour nous le récit concernant la fille de Jaïre.
Le Maître nous enseigne aussi que la mort dans ce monde qui engendre la naissance au ciel, demande à la Communauté des Croyants dans l’Eglise du Christ, de continuer à prier avec ardeur et ferveur pour l’âme défunte, qui continue de cheminer avec l’aide de sa foi cultivée dans ce monde, vers une des nombreuses demeures qui sont dans le Royaume du Père Céleste. Ce cheminement de l’âme est un mystère aussi grand et profond que la personne humaine elle-même, car il doit conduire l’âme qui continue à chercher Dieu jusqu’au cœur même du Royaume de Dieu, dans le Saint des Saints qui est la Chambre nuptiale, spirituelle et mystique dans laquelle est célébrée l’éternelle noce de Dieu avec l’humanité sauvée.
La fille de Jaïre est aussi une icône de l’âme et de la vie qui est unique, perdre son âme s’oppose à la vie dont saint Jean dit que « « que dans le Verbe était la vie et que la vie est la lumière des hommes », le refus de la vie lumineuse engendre alors les ténèbres qui voilent tout discernement spirituel. Perdre son âme, revient à expérimenter cette parole du Seigneur « à quoi bon posséder le monde entier si tu perds ton âme », dans cet état contre nature, la vie évangélique devient inaccessible et s’oppose à toute résurrection spirituelle.
« Ne crains pas, crois seulement et elle sera sauvée », cette parole du maître éternel devrait-elle engendrer de la tristesse ou du désespoir dans le cœur de l’homme, au point de dire comme cet homme insensé et sans sagesse selon Dieu, « n’ennuie plus le Maître » ? Le Seigneur de Gloire, le Christ notre vrai Dieu nous invite au contraire à faire la Fête à la vie, la Fête dans l’Eglise et cette Fête, c’est la célébration des très saints mystères du Christ, à savoir la Divine Liturgie qui nous transmet la plénitude de la grâce divine par laquelle justement nous pouvons espérer nous éveiller à la vie en Dieu, à la vie avec Dieu, à la vie pour Dieu et à la communion avec notre frère. Ne nous lassons pas de demander à notre Maître, de nous exaucer selon cette parole « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », « croire » est l’ascèse de l’homme, être dans la « foi » est un don de Dieu.
L’esprit du monde inspire à l’homme de clamer « ta fille est morte, n’importune plus le maitre », mais ailleurs le Seigneur dit « laissez venir à moi les petits, ne les empêchez pas », qui donc sont ces petits ? Ce sont tous ceux qui quelque soit leur âge, demandent avec simplicité de cœur, à recevoir la paternité divine. Sortons sans hésiter des illusions mortifères et morbides distillées par les esprits sous ciel et dont le vieil homme en nous se fait le complice pour nous susurrer « n’ennuie pas le Maître ».
L’Eglise du Christ, c'est-à-dire nous les Fidèles, nous le Peuple royal, où chacun est roi, prêtre et prophète nous avons comme vocation de cultiver la vie et l’être selon Dieu, et l’apôtre Paul nous en montre la condition sine qua non dans l’épître de ce jour, en nous demandant d’être un « seul cœur et une seule âme pour l’amour de Dieu et de notre prochain ».
La résurrection de la fille de Jaïre est accomplie par le Maître Céleste dans ce monde, mais dans le monde à venir que ferons-nous, allons-nous également ressusciter ? Non puisque dans le Royaume de Dieu nous ne mourrons plus et donc nous ne ressusciterons pas non plus, alors que ferons-nous ? Nous vivrons par la foi parfaite qui est le signe certain de l’accomplissement dans le Royaume de Dieu du « Père, qu’ils soient un comme nous sommes Un » et son fruit immédiat « Dieu sera tout en tous », comme nous le promet l’Ecriture sainte et sacrée. Par notre communion sans confusion ni séparation avec Dieu, nous serons dans l’absolue « liberté des enfants de Dieu » et coparticipants avec la Divine Trinité pour accomplir l’union éternelle et indissoluble de « l’amour qui est ce qui reste » lorsque le monde aura disparu, cet amour divino-humain unira les personnes ressuscitées avec les très saintes Personnes Divines, œuvre indicible et incompréhensible selon l’esprit du monde déchu.
Jaïre signifie « Yahvé rayonne », le rabbi Jésus qui est Dieu est venu vers Jaïre et vers sa fille et a fait resplendir sur eux son « rayonnement divino-humain », car IL est comme nous le confessons le médecin de nos âmes et de nos corps, Il est le Verbe créateur de l’humanité et peut donc restaurer sa créature aimée dans la plénitude de la vie et de l’être. Jésus est nous dit saint Paul celui qui « loin des préceptes de la Loi mosaïque avec toutes ses ordonnances, peut créer en sa Personne un homme nouveau », aujourd’hui, la fille de Jaïre ressuscitée est une icône et un témoignage de cette nouveauté accomplie ici au milieu de nous par le Dieu et Homme parfait.
Nous sommes, chacun et chacune « Jaïre » qui avons vocation à laisser Dieu rayonner en nous, nous avons reçu pour cela un talent unique un temple saint et sacré, c’est à dire nous-mêmes, dont nous sommes les responsables liturgiques, dans lequel habite notre fille, c’est à dire notre âme, afin qu’elle puisse y être restaurée et ressuscitée pour le Royaume de Dieu. C’est pourquoi saint Paul dans l’épître de ce jour nous rappelle que « nous avons comme fondations les apôtres et les prophètes et pour pierre d’angle le Christ lui-même…afin de devenir une demeure de Dieu dans l’Esprit ».
Le Seigneur notre Dieu, le saint Christ Jésus, nous révèlera pleinement qui Il est comme Homme parfait et Dieu parfait en nous faisant comme Il le montre avec la résurrection de la fille de Jaïre, passer de la mort totale à ce monde à la vie éternelle du Royaume de Dieu. IL nous révèlera aussi pleinement à nous-mêmes dans Sa grâce divine et cela engendrera la contemplation émerveillée de la Divine Trinité par l’humanité sauvée. Alors à nouveau, l’homme sera rempli non seulement du rayonnement divin et restauré dans la beauté éternelle qui était celle de sa création originelle, mais il sera aussi un « christ et recevra de Dieu un nom nouveau » connu seulement de celui qui reçoit ce nom, et ce nom sera unit indissolublement avec le Nom de Dieu, pour des siècles et des siècles de vie éternelle.
« Dieu sera tout en tous », à Notre Père Céleste, qui nous bénit par le Christ notre unique Grand-Prêtre et nous donne de concélébrer la Divine Liturgie dans l’Esprit de Sainteté, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon

dimanche 12 novembre 2023

Guérison du possédé Gérasénien.

 

(Luc 8, 26 à 39,1)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

  

Aujourd’hui, L’Evangile nous fait rencontrer un homme possédé par une légion de démons, et qui malgré sa détresse inhumaine vient à la rencontre de Jésus. Voici donc un homme, notre semblable, un être humain créé lui aussi à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui malgré son aspect terrifiant  fait toujours partie de notre humanité. L’Ecriture relève qu’il est nu, dans l’errance et qu’il habite dans les tombeaux.

 

L’homme sans Dieu est un homme nu, errant et enfermé dans une solitude tragique, et comme dit l’Evangile ailleurs « même ce qu’il croyait avoir lui sera enlevé ». L’homme sans Dieu, même riche de tous les biens de ce monde, reste dépossédé de l’essentiel, car en vérité, rien ne lui appartient ni son existence dans ce monde, ni son existence dans le monde à venir. L’homme sans Dieu, est un individu soumis à tout un réseau de pensées qui l’enserrent dans un filet partiel et partial, dans lequel tous les faux dieux de ce monde, cherchent à l’assujettir en lui faisant miroiter dans la lucarne terne des illusions, qu’ils pourront satisfaire tous ses désirs. Ces faux dieux reprennent à leur compte la ruse du malin envers Adam et Eve, et veulent nous faire croire que grâce à eux, nous serons des dieux à la place de Dieu et surtout sans Dieu.  

 

Satan est à l’affût pour isoler les hommes entre eux ou pour leur faire miroiter des alliances illusoires, son seul désir consiste à dépouiller l’homme de son humanité, de lui dérober tout ce qui pourrait lui rappeler l’existence de Dieu. Dieu propose à l’homme son bien-aimé, la sainte Eglise comme une communauté de vie, dans laquelle il pourra trouver à la place de la nudité diabolique et du désert brûlant et sans âme, les vêtements spirituels que sont les saints sacrements, pour trouver ou retrouver la guérison de l’âme et du corps. Dieu propose à l’homme la sainte Eglise, qui est le Corps du Christ, dans laquelle l’homme peut devenir vivant et libre, par la communion au très saint Corps et au très saint Sang du Seigneur.

 

Satan lui, impose à l’homme une caricature misérable de l’existence, il cherche à imposer à l’homme une soumission corps et âme à sa volonté perverse, il veut faire de l’homme un mort-vivant et l’enfermer dans le cauchemar du péché. Si Satan arrive à éloigner un orthodoxe de l’Eglise du Christ, alors le malheur de cet homme peut devenir un abîme de souffrances pour lui comme pour ses proches.

 

L’homme doit apprendre à s’habiller de Dieu et pour cela il lui est très utile de venir à l’Eglise où il pourra trouver les vêtements spirituels qui lui permettront non seulement de résister aux démons mais même de les ignorer ou les vaincre avec la grâce de Dieu. Saint Paul nous énumère les vrais vêtements spirituels proposés aux hommes et aux femmes de bonne volonté, que sont : « l’amour, la paix, la joie, la patience, la sagesse, la maitrise de soi, etc.». Contre de telles grâces, la clique satanique ressemble à une gesticulation ridicule, stérile et pathétique.  

 

Le Christ nous dit : « Je Suis le Chemin, la Vérité et la Vie » et Satan qui est tout entier menteur et père du mensonge, veut nous faire croire qu’il n’existe aucun chemin qui puisse sauver l’homme, pire, il veut nous faire croire qu’il est « lui » l’unique et véritable chemin pour l’humanité. Pour cela, il nous promet monts et merveilles, alors qu’il n’est rien devant Dieu et qu’il ne possède aucun bien pas même le plus petit, sa richesse c’est le néant absolu. Satan s’enrichit sur notre dos et exploite toutes nos faiblesses, il essaye de pomper notre âme, il veut en faire son objet pour nous manipuler et nous soumettre à sa domination perverse. Il connaît chacun de nos manques et ne cesse de nous tendre piège après piège, pour nous faire tomber sous l’esclavage de sa haine absolue envers Dieu et envers l’humanité. Il est le mal absolu, il ne peut trouver un semblant d’existence qu’à travers nous, si nous avons le malheur de succomber à ses tentations impures et mortifères.

Le Christ est la «  Vérité » et il propose à l’homme de se nourrir de cette vérité pour acquérir la parfaite sagesse créatrice, qui lui permettra d’être une personne libre et spirituelle, une personne nouvelle engendrée par l’amour, la grâce et la lumière divine. Satan est le grand hérétique, l’Anti-Christ, celui qui essaye sans cesse d’inoculer le poison mortel du péché dans le cœur des hommes, il ne cesse de tenter l’humanité depuis les jours d’Adam jusqu’à aujourd’hui.

 

Le Christ est la « Vie » et il propose à l’homme cette vie en plénitude non seulement dans ce monde mais pour l’éternité, car comme le dit saint Irénée de Lyon « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Satan est la puissance maléfique et pathologique, qui pour nous tromper n’hésite pas à mettre les masques de la séduction mensongère, et là où Dieu nous donne la vie, Satan veut nous entrainer vers la mort.

 

Les « soi-disant sages de ce monde », que dénonce avec force et justesse saint Paul, sont les premiers à se précipiter dans les abîmes de leur ignorance et se croient quelque chose lorsqu’ils arrivent à entraîner dans leur chute, les humbles et les simples qui eux possèdent, cachée en eux la vraie sagesse divine. La sagesse de Dieu est donnée à tout homme et toute femme de bonne volonté qui la demande au Seigneur, cette sagesse Dieu l’a déposée comme un trésor inestimable dans l’Eglise du Christ. Nous sommes bien sûr, libres d’accepter ou de refuser ce don de lumière et de vie, mais qui peut penser un seul instant que l’état naturel de la personne humaine, ce sont les ténèbres de l’âme, qui ont pour seul programme, de détruire l’humanité et la création.

 

L’Ecriture sainte nous dit : « ils trouvèrent l’homme, dont étaient sortis les démons, assis aux pieds de Jésus, vêtu et dans son bon sens ». Que signifie, ils le trouvèrent assis ? Cela signifie, que nous ne pouvons trouver aucune paix dans l’agitation extérieure qui ne cesse de nous secouer dans tous les sens, il nous faut nous asseoir, nous arrêter et méditer sur notre existence, sur le sens réel que nous désirons donner à notre vie et à nos œuvres. L’Eglise est le lieu unique où rencontrer Jésus devient possible, le lieu où nous pouvons nous asseoir auprès de lui, pour entendre les paroles de la vie éternelle. Je ne cesse de le répéter, venir à l’Eglise et faire la fête spirituelle, c’est à dire célébrer ensemble la Divine Liturgie, voilà ce qui pourra peu à peu, nous donner l’assise profonde au cœur de nous-mêmes, nous rendre pleinement humain, nous transfigurer et nous préparer à « être fils et fille du Père céleste » pour la déification dans le Royaume de Dieu.  

 

Que signifie, ils le trouvèrent vêtu ? Cela signifie, qu’il avait retrouvé toute son humanité, il était redevenu une personne humaine, Satan l’avait dépouillé de son humanité, mais Dieu l’a revêtu à nouveau de « splendeur et de majesté » comme dit le Psalmiste. Car en vérité, que voulons-nous donc rajouter à l’homme crée par Dieu ? Existe-t-il donc des pensées, des paroles ou des actes qui feraient l’homme plus grand, plus sage ou plus beau, que l’homme créé à l’origine par Dieu ! Seul Satan, un hérétique ou un fou, peut fantasmer et délirer au point de croire qu’il est un dieu capable de créer un être humain. Satan ne crée rien, il ne sait que détruire, et si comme dit l’Ecriture la « folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes », à quoi ressemble alors la « folie démoniaque », à rien, absolument rien qui ne soit digne de la « personne humaine ».

 

Que signifie, ils le trouvèrent dans son bon sens ? Cela signifie, qu’il a retrouvé à nouveau le vrai discernement, car « être dans le bon sens, c’est être orienté vers Dieu à travers le Seigneur Jésus, c’est être à nouveau guidé par l’Esprit-Saint ». Etre dans le bon sens, c’est apprendre à s’approprier la vie en esprit et en vérité, être dans le bon sens, c’est vivre selon l’Evangile du Christ, être dans le bon sens, c’est venir dans la Maison du Père qui est la sainte Eglise.

 

L’Evangile de ce jour termine en nous disant : « l’homme dont les démons étaient sortis  priait Jésus de le garder avec lui, mais Jésus le renvoya libre en disant : Retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. L’homme s’en alla et proclama par la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui ».

Que signifie ce passage de l’Ecriture ? Il nous montre comment Dieu et Dieu seul agit envers l’homme son bien-aimé, il commence par restaurer l’homme dans toute sa dignité humaine, puis IL le laisse libre de vivre sa vie au milieu des siens et de son quotidien habituel.

 

A l’opposé, Satan détruit la dignité humaine et veut maintenir sa possession, en emprisonnant l’homme dans le désert et la solitude qui finit par engendrer la folie et le désespoir. Jésus lui dit « retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi », c’est à dire sois un témoin de la miséricorde divine au milieu des hommes, mais cela signifie aussi et surtout, « reste en toi-même, ne te laisse plus disperser et dépersonnaliser par les pensées malignes ».

 

Cette dernière parole du Christ, donne en vérité le sens spirituel et religieux de la vocation unique et véritable de l’Eglise, témoigner de la présence et de l’œuvre de Dieu parmi les hommes. C’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit ailleurs, « Dieu a posé l’Eglise au cœur du monde, l’homme au cœur de l’Eglise et enfin Dieu s’est posé au cœur de l’homme ». Alors, peut se réaliser la vocation divino-humaine qui engage Dieu et l’homme, et qui est la communion et l’union indicible du témoignage qui confesse l’amour absolu de Dieu pour l’homme et la possibilité pour l’homme d’aimer Dieu de toute son âme, de tout son esprit et de toutes ses forces.

 

Au Père qui a crée l’homme, au Fils qui as sauvé l’homme et à L’Esprit Saint qui déifie l’homme, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon