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dimanche 26 février 2023

Expulsion d’Adam et Eve du Paradis.

                                                                         (Matthieu 6, 14 à 21)

                                              Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, notre Mère l’Eglise, sainte, humble et sage, nous tend à nouveau les bras, elle se penche sur notre cœur pour nous transmettre la céleste bénédiction spirituelle de l’Esprit Saint. L’Eglise nous fait goûter la prière de l’Esprit Saint qui en nous « gémit de manière ineffable », prière qui descend du saint Royaume de Dieu et dont chaque grain est composé d’amour et de lumière divines. L’Eglise, par la voix du Seigneur nous invite à prendre conscience de notre cœur et surtout de ce qu’il contient, est-il déjà porteur un peu du trésor spirituel divino-humain promis à qui vit selon l’Evangile de vie.

 

Pourquoi, l’Eglise met-elle ce dimanche sous le signe d’Adam ? Pour que nous nous souvenions d’où nous venons et pourquoi nous avons perdu notre terre originelle. Ne sommes-nous pas nés en Adam et Eve ? Et n’est ce pas ce même Adam avec Eve qui par immaturité nous ont valu l’expulsion du Jardin d’Eden, suite a leur refus de pratiquer le  « saint jeûne » demandé par Dieu. Ayant ainsi rompu leur sainte alliance avec Dieu, la conséquence immédiate en est que la grâce divine s’est voilée en eux. La preuve en est, qu’ils sont tombés dans  l’incapacité de confesser leur péché au Père Céleste, tout en se rejetant la « faute originelle ».

 

Cette nourriture édénique était pourtant et avant la chute, en vérité, la « première eucharistie spirituelle » offerte à l’homme, oui, Adam et Eve se nourrissait de Dieu, par son Verbe divin et créateur. N’est-il pas écrit, que « l’homme ne se nourrit pas de pain seulement, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » ? Que signifie Dieu parlait avec Adam dans le Paradis à la brise du soir ? Le Seigneur Dieu enseignait le mystère de Son œuvre créatrice à Adam, pour que celui-ci puisse se l’approprier le moment venu dans toute sa plénitude, avec amour, humilité, sagesse et sainteté. Qui d’autre, dites-moi, que le Créateur pouvait enseigner à Sa créature à cultiver la création ?

 

Les textes liturgiques nous montrent Adam et Eve après leur expulsion du Jardin D’Eden assis en face des portes du Paradis avec l’âme inondée des larmes du repentir, ils prennent peu à peu conscience de  la souffrance de leur exil, ne sommes-nous pas comme eux en souffrance lorsque nous méditons notre

éloignement de l’Eglise. L’Eglise est pour nous l’unique et sûr moyen d’accéder à nouveau à la présence divine, Adam se lamente, gémit et pleure, car lui qui voyait Dieu face à face est devenu en se détournant de lui, un aveugle spirituel, de même pour nous si nous nous détournons de l’Eglise.

 

En Math. 13, 44  nous lisons que « le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché » et cette parole fait écho avec cette autre en Col. 3, 3 « votre vie est cachée avec le Christ en Dieu », dans ce Royaume caché, le Seigneur pose une identité entre lui et celui ou celle qui cherche sans cesse à vivre avec lui selon la vérité évangélique qui est la source de la vie et de voie spirituelle de l’orthodoxie. Ce qui est caché est aussi ce qui est le plus précieux pour l’âme orthodoxe, car ce qui est caché va se révéler peu à peu au croyant qui désire sans cesse cultiver sa terre intérieure, qui est l’espérance de la rencontre en esprit et en vérité avec le Seigneur. Existe-t-il une œuvre ou une grâce qui serait supérieure à cette vie du cœur dont le fruit est celui de la Béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », ce trésor dont parle l’Ecriture est ce « Don de Dieu qui nous fait frères et sœurs du Christ et donc héritiers avec lui des biens célestes du Royaume de Dieu ». Dieu n’a rien créé par nécessité ou pour Lui-même, Il a tiré du néant la Création comme un don nuptial offert à l’homme, comme une dot divine donnée pour sceller les saintes fiançailles spirituelles entre la Divine Trinité et l’humanité.

 

Adam et Eve avaient accès à ce trésor dans le Jardin d’Eden, Dieu ne leur parlait-t-il pas face à face ? Si, mais leur désobéissance par impatience entraîna leur chute depuis leur intériorité cachée en Dieu vers la réalité extérieure avec toutes ses conséquences. Depuis, le Serpent diabolique et maudit ne cesse de harceler l’humanité, en essayant de corrompre par sa malignité vénéneuse le cœur de l’homme. Nous pouvons ainsi comprendre que dans notre vie spirituelle, jeûner signifie en vérité obéir à Dieu et à l’Eglise, ne pas jeûner signifie la désobéissance, qui peut nous mener dans l’abîme où nous dit l’Ecriture, seront « les pleurs et les grincements de dents », et ceci n’est pas une image virtuelle mais la réalité. Qui peut penser ou croire que le vieux monde déchu, peut donner à l’homme la nouveauté de l’esprit, quelle rencontre réelle peut-il y avoir entre les limites ratio-intellectuelles des savoirs humains avec la sainte illumination spirituelle déposée par l’Esprit de Dieu dans notre sainte Eglise orthodoxe.

En Math. 6, 20 le Seigneur nous dit « amassez-vous des trésors dans le ciel », il met cela en relation avec la nécessité de nous pardonner réciproquement nos manquements, alors, remettre comment, quoi à qui ? Leurs manquements, dit l’Evangile, à qui ? A notre prochain ! Comment ? En l’aimant ! Que nous enseigne saint Paul ? « l’amour pardonne tout, ne juge pas, ne demande rien pour lui-même, croit tout, espère tout… ». Mais le miracle de ce don de Dieu, qui est l’amour, c’est de nous rendre par la grâce semblable à notre Seigneur, de pouvoir agir comme Dieu, c’est à dire, aimer malgré nos rechutes, aimer malgré nos doutes, aimer malgré nos peurs, c’est l’ascèse de toute une vie. Nous voilà donc malgré nos limites invités par Dieu lui-même, à nous regarder face à face et à nous pardonner réciproquement nos manquements, l’essence spirituelle même de notre Eglise est toute entière comprise dans cette œuvre divino-humaine : « aimer, pardonner et bénir ». Que signifie encore : « mais amassez-vous des trésors dans le ciel » ? Le ciel ici est une métaphore de l’esprit de l’homme, cela signifie que les vrais trésors sont d’abord engendrés dans notre intelligence profonde, et cela n’est possible que si nous demandons à Dieu que notre esprit soit uni à l’Esprit Saint, afin qu’ils deviennent nous dit saint Paul, « un seul Esprit ».

 

Le Christ dit aussi : « ne vous amassez pas de trésors sur la terre » ? Cela signifie, ne nous réduisons pas à être simplement des morceaux d’existence, des individualités aliénés par leurs possessions matérielles, car plus nous posséderons et plus nous pouvons être divisés, rongés par l’angoisse de perdre…ce que de toute façon nous devrons abandonner un jour. Mais le plus tragique est ici que notre cœur d’humanité qui a vocation à être le lieu saint et sacré duquel émane la vie religieuse, risque de devenir un coffre-fort rempli d’ossements si le cœur est détourné de la voie divine qui seule peut engendrer à partir de lui, « l’homme spirituel ».

 

L’Evangile de vie poursuit : « quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme les hypocrites…pour toi, quand tu jeûnes, parfumes ta tête et lave ton visage…pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père, qui est là dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra ». Que signifie, quand vous jeûnez ? Cela signifie se nourrir en premier, corps, âme et esprit de Dieu et non pas du monde déchu, de venir plus que jamais dans la sainte Eglise pour y recevoir la nourriture substantielle du Corps et du Sang du Seigneur. N’est-ce pas là, un jeûne admirable que d’être invité à se nourrir de Dieu, l’Eglise proclame «  bienheureux les invités au repas du Seigneur » !

 

Jeûner, signifie aussi se parfumer de la bonne odeur de la prière liturgique et personnelle, de se laver non seulement le visage de manière extérieure, mais l’être tout entier par la sainte confession. Dire comme le prodigue : « Père, j ‘ai péché contre le ciel et contre toi », et alors, je vous le dis avec toute la foi et la grâce que porte l’Eglise, notre jeûne sera accueilli avec une grande joie par notre Père, et tout le Royaume de Dieu sera dans l’allégresse.

 

Que signifie « mais… connu, de ton Père, qui est là et qui te voit dans le secret » ? « ton Père », dit le Christ, quelle parole, avec quels mots humains exprimer l’indicible ? Le Père est-il là et ne me voit-il seulement que durant les temps où je jeûne ? Non ! Le Père est là à chaque instant, proche de chacun de nous, et non seulement Lui, mais aussi le Fils unique et l’Esprit Saint ! Ne suis-je pas par vocation temple de l’Esprit Saint ? Et qui donc s’étonnera de voir que Dieu habite dans Son temple, c’est à dire dans  l’homme fait à son Image et à sa Ressemblance ! N’est-il pas écrit « voici que Je me tiens à la porte et Je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre,  Nous entrerons et  Nous  dînerons avec lui » ? Qui est ce « Nous » ? Sinon la Divine Trinité, Père, Fils et Saint Esprit !

 

Et où donc, se trouve cette porte à laquelle Dieu frappe, n’est-ce pas l’Eglise, et où pouvons-nous entendre la voix divine, n’est-ce pas dans la Divine Liturgie qui est toute entière parole de Dieu incarnée au milieu de nous. A quel dîner divin sommes-nous invités, n’est-ce pas au festin eucharistique, si nous ne croyons pas cela, alors nous resterons des sourds, des aveugles et des muets spirituels. L’Eglise est le grand mystère de la rencontre entre Dieu et l’homme, voici que notre Dieu frappe à la porte de l’Eglise pour y rencontrer l’homme, et l’homme aussi frappe à cette même porte de l’Eglise pour rencontrer Dieu.

 

 « Car là où est ton cœur, là sera aussi ton trésor » ? Ne serait-il pas dramatique, tragique même pour l’être orthodoxe, de désirer en-dehors du ciel, un trésor qui ne serait que terrestre, et peut-on vraiment appeler cela un trésor ? Se laisser aliéner par la voracité du monde déchu, voilà l’abîme dans lequel voudrait nous précipiter « celui » qui a tenté et fait succomber Adam et Eve dans le Jardin d’Eden. Pourquoi l’homme doit-il être caché avec le Christ en Dieu, caché ici signifie l’intimité aimante qui permet « d’être un seul cœur avec lui », car nous rappelle saint Paul en Col. 2, 3 « en Christ sont cachés les trésors de la sagesse divine », ces trésors ne sont pas éparpillés au hasard mais semés dans la « bonne terre de l’homme » selon la réalité de sa foi et de sa communion avec le Seigneur.

 

Ainsi, nous pouvons comprendre que le jeûne selon Dieu, est celui qui me propose de renoncer à ce que je ne suis pas, c’est à dire à une caricature qui me déforme et à la dictature du péché qui au lieu de laver mon visage le défigure, qui au lieu de parfumer ma tête, la remplit de la mauvaise odeur des pensées inhumaines. Le jeûne selon Dieu, est celui qui me propose de renoncer aux fausses richesses, aux vains mirages hypocrites du monde, aux théories fumeuses et stériles dénoncées par Dieu et qui concernent les « soit disant sages de ce monde », qui pullulent tout particulièrement sur les réseaux sociaux.

 

Au Père qui nous dit « Je ne t’abandonnerais jamais », au Fils qui a mis en œuvre la promesse du Père, et à l’Esprit Saint qui la réalise avec nous, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

                                                                               

 

dimanche 12 février 2023

Lumière du Monde.

 

(Mat, 5, 14 à 19)

Au Nom du père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, le Seigneur nous parle depuis l’Eglise qui est la sainte montagne lumineuse qui a pour vocation d’illuminer l’humanité et même la création afin de glorifier notre Père qui est dans les cieux à travers nos bonnes œuvres, qui pour être telles doivent rayonner la présence divine dans notre existence réelle.  

 

En Jean 8,12 nous entendons le Christ nous dire « Je suis la lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie », et en Matthieu 5, 14 Le Christ nous identifie avec sa lumière en affirmant « vous êtes la lumière du monde », pas du Royaume ni de l’Eglise, car Dieu seul est la lumière originelle et créatrice du Royaume et l’Eglise est une incarnation de cette même lumière puisqu’elle est le Corps et la tête du Christ notre Dieu. Le Christ étant le rayonnement absolu de l’éternelle lumière, il la répand avec effusion non pas seulement dans tout le Royaume céleste à travers Marie, Mère de Dieu, les saints et les saints anges, mais par sa qualité divino-humaine elle est semée sur l’humanité et toute la création.

 

Si donc, nous sommes la lumière du monde, c’est que depuis la chute ce même monde s’est enténébré, mais grâce à l’incarnation de la lumière divine qui est le Christ, nous pouvons à nouveau accueillir cette lumière et la faire resplendir dans l’homme et dans le monde. Mais avant que de vouloir transmettre cette lumière spirituelle au monde, il nous faut imiter par l’intelligence du cœur l’œuvre de Dieu lui-même qui consiste comme nous le voyons dans Genèse 1,4 à « séparer la lumière des ténèbres », sous peine d’épaissir en nous nos propres ténèbres dues à la faiblesse de notre discernement concernant notre état spirituel.

 

C’est pourquoi, le Seigneur nous invite à accomplir les œuvres évangéliques de manière aimante, sainte, humble et sage, en-dehors de cette ascèse orthodoxe, il nous sera malaisé de glorifier notre Père céleste par nos bonnes œuvres comme le demande notre saint Christ dans l’Evangile de ce jour. Ce n’est donc pas par les fragiles clairs obscurs des voies mondaines qui retournent et agitent sans cesse nos âmes dans tous les sens, que nous pouvons acquérir l’esprit du Seigneur et recevoir la lumière qui éclaire tout homme et femme de bonne volonté.

 

En Jean 1, 1 à 4 nous voyons qu’au « commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu. IL était au commencement auprès de Dieu. Tout fut fait par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut fait en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes », nous voyons clairement que pour être éclairé et éclairer le monde, il nous faut commencer par rechercher la communion avec le Verbe qui est vie et lumière. Ainsi, nous pouvons comprendre que notre lumière sera spirituelle, autant que nous serons vivants, c’est à dire, enracinés dans le Verbe créateur qui dès l’origine nous transmet « la vie, le mouvement et l’être ». La source accessible qui contient cette lumière vivifiante sera pour nous la célébration de la Divine Liturgie, qui nous donnera peu à peu « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ceux qui l’aiment », c’est à dire, précise le Christ, « que celui qui m’aime est celui qui pratique mes commandements ».

 

C’est donc avec certitude que nous pouvons rencontrer le Verbe afin d’apprendre directement de lui les mystères vivifiants seuls capables d’illuminer l’humanité et le monde, là où le Verbe se donne avec plénitude, c’est à dire dans la sainte Eglise. La vie est la lumière des hommes affirme saint Jean, c’est par la grâce indicible, très sainte et sacrée que sont le Corps et le Sang du Christ que cette vie nous est donnée afin que nous devenions véritable lumière du monde, à la gloire du Père et pour la joie et la paix du monde.

 

Mais nous rappelle avec force le Seigneur « n’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu abolir mais accomplir. Car je vous le dis en vérité...pas un iota ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé », ce serait une funeste illusion de penser que puisque nous sommes par vocation lumière du monde, nous serions affranchis comme par miracle d’accomplir ce que Dieu a prescrit jusqu’à la fin du monde. Le fruit d’une telle désobéissance serait d’être écrasé par la Loi au lieu de la transformer en grâce lumineuse et spirituelle, afin de ne pas errer encore et encore dans le désert aride et stérile de la vanité dans laquelle se drape le vieil homme psychique.

 

C’est pourquoi, le Seigneur ajoute que « celui qui violera l’un des moindres de ces préceptes divins, et pire enseignera à d’autres de le faire, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des cieux », ici nous est donné une lumière sans concession concernant la « hiérarchie des appelés dans le Royaume », nos œuvres terrestres témoigneront de la justesse de notre existence et de la fidélité à la parole divine, car le Royaume ne sera pas une assemblée de « clones religieux », il y aura pour ainsi dire, des « premiers et des derniers », selon la qualité de l’accomplissement des préceptes évangéliques dans notre monde. Certains penseront peut-être, mais dans le Royaume « il n’y aura ni femme, ni homme, ni juif ni grec, mais nous serons tous comme des anges dans le ciel »,Lucifer l’ange porteur de la lumière n’était-il pas hautement placé dans la création originelle, divine et céleste, et pourtant il a été précipité du ciel plus bas que terre jusque dans le néant, selon la parole du Christ lui-même en Luc, 10, 18 « Je voyais Satan tomber du ciel ».

 

Ainsi, entre celui qui « sera tenu pour le moindre ou le plus grand » dans le Royaume des cieux, la juste mesure sera d’avoir ou non exécuté la volonté divine, d’avoir ou non enseigné avec justesse la volonté divine, mais surtout d’avoir essayé avec simplicité et persévérance sa mise en pratique dans l’état spirituel de « lumière du monde ». C’est aussi pourquoi, nous vénérons nos saints Pères et saintes Mères, qui par leur obéissance libre et volontaire ont pris à corps et à cœur chaque iota du saint Evangile et sont devenus des êtres incandescents dans notre monde par leur amour pour Dieu, ils sont à l’image de notre  Seigneur de gloire, des beaux luminaires qui après avoir été des phares qui nous guident dans l’Eglise et le monde, nous guident aujourd’hui encore tels des astres spirituels par leur communion avec la lumière du Royaume de Dieu.

 

Voici que nous voyons s’accomplir devant nos yeux un des versets du Notre Père qui dit « que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », cette lumière qui se manifeste sur la terre comme par exemple celle de l’étoile lumineuse qui a conduit les rois Mages auprès de l’Enfant Divin, est en vérité un signe spirituel du ciel et qui trouve sa source dans la création originelle avant la chute, là où la voix du Père a dit « voici tout est bon et même très bon ». Voici que l’Esprit Saint a sertie Marie Mère du Seigneur comme une pierre très précieuse au cœur même du notre Père, où direz-vous peut-être, elle est dans le « que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n’est-elle pas celle qui a parfaitement accomplie la divine volonté.  

 

Si donc, nous désirons être sûrs de trouver le Seigneur de lumière, nous pouvons prier la toute sainte et triplement illuminée et signée par les trois étoiles de pureté du corps, de l’âme et de l’esprit. Pour le corps selon le Psaume 139, 14 « tu as fait de mon corps une œuvre si étonnante », pour l’âme selon saint Luc, 1,46 et 47 « mon âme magnifie le Seigneur » et pour l’esprit « mon esprit est ravi de joie en Dieu mon sauveur ». Marie féconde de la grâce spirituelle de l’Esprit de sainteté, a donc non seulement contemplée la lumière de la vie et réalisée la béatitude « bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu », mais elle a engendré celui qui est Dieu et dont l’Ecriture inspirée dit « Tu es le plus beau des fils de l’homme et la grâce est répandue sur tes lèvres », cette grâce est la bénédiction lumineuse que le Seigneur a laissé comme héritage à l’Eglise et à ceux et celles qui auront la simplicité de venir s’y illuminer.

En Jean, 1,9 nous lisons « IL était la lumière véritable, qui éclaire tout homme venant dans le monde » et l’apôtre Jacques, 1, 17 dit « tout don parfait descend du Père des lumières », l’Eglise confesse que ce Don parfait c’est Jésus le Fils unique du Dieu vivant, c’est donc en elle, l’Eglise que le Seigneur se laisse trouver pour mettre fin si nous le voulons, aux ténèbres de nos âmes recouvertes par les mensonges du monde sans Dieu.

 

Au Père de la Lumière incréée, au Fils Lumière incarnée et à l’Esprit lumière de l’intelligence, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.   

+ Syméon

 

 

dimanche 5 février 2023

Le Pharisien et le Publicain.

 

(Luc, 18, 10 à 14)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen. 



Aujourd’hui, le Seigneur nous enseigne au sein de l’Eglise, l’attitude bénie par l’Esprit de toute grâce pour sanctifier celui ou celle qui « monte » dans la maison de Dieu et des hommes, pour y faire l’offrande de la prière liturgique ou même personnelle, avec l’espérance d’y récolter abondance de fruits spirituels, selon cette parole « demandez et vous recevrez ».

 

Le Seigneur dit « quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé », cette parole de feu spirituel est adressée à chacun et chacune d’entre nous qui « montons » dans l’Eglise pour rechercher la  communion personnelle avec Dieu et une relation bénie avec la communauté des croyants.

 

Quel sera donc, celui ou celle qui s’abaisse avec intelligence du cœur, sagesse et simplicité ? N’est-ce pas celui qui se souvient de cette autre parole du Seigneur, « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », l’Ecriture sainte et sacrée donnée par la divine providence à l’humanité, ne fait pas acception de personnes, le Pharisien comme le Publicain sont invités à se nourrir de l’étude et de la méditation de la Torah. Ce que le Christ souligne ici, c’est l’appel à faire œuvre spirituelle dont la base pratique et sanctifiante est la prière, la religion est une œuvre commune dont le témoignage est celui d’une rencontre réelle entre Dieu et l’homme.

 

Le nom des Pharisiens, en hébreu sont des Péruchim ce qui signifie « séparés » non pas du reste des hommes fussent-ils des Publicains considérés comme des «  gens de mauvaise vie », mais appelés à se séparer de l’esprit du monde dans ce qu’il a de superficiel par ses idoles et ses apparences trompeuses, pour rechercher sans cesse la communion en esprit et en vérité avec Dieu et avec les hommes sans porter de jugements extérieurs et souvent faux. Ce qui frappe ici dans l’attitude du Pharisien, c’est qu’il est bien monté au Temple, mais en vérité, il ne parle pas à Dieu, il prend Dieu à témoin de son auto satisfaction, il est dans un monologue à travers lequel, il énumère ses qualités religieuses tout en méprisant tous les hommes qui ne sont pas comme lui.  

 

La lignée des Pharisiens se rapprochent volontiers de celle des « Keduchim », ce qui signifie les « saints », ils ne peuvent donc pas envisager de prier avec ceux qui à leurs yeux ne sont que des « pécheurs » indignes du moindre intérêt et même vus comme des êtres inaccomplis et des hérétiques. Comment les Pharisiens qui d’ailleurs peuvent également exister dans l’Eglise, justifient-ils leur attitude de refus de l’autre qui est différent ? Ils invoquent le témoignage de Dieu lui-même en leur faveur par une interprétation erronée et restrictive de la sagesse de l’Ecriture sainte pour imposer leur vision religieuse, vision qui s’oppose à la conversion intérieure et vivante de l’homme, au profit d’une pratique figée dans une tradition humaine qui ne peut évoluer vers un renouveau spirituel.

 

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, le Pharisien qui se considère comme « saint » et qui s’autorise à juger le Publicain, trouve la justification de son esprit critique destructeur dans la parole que Dieu lui-même prononce, à savoir « vous serez saints car moi, Yahvé, votre Dieu, je suis saint », (2 Lev. 20, 26), s’identifiant ainsi à la sainteté divine, il ne ressent aucune compassion pour le Publicain. Il ne voit pas qu’il est non pas séparé au sens biblique pour Dieu, mais qu’il s’est isolé non seulement de la communauté humaine mais qu’il a élevé un mur infranchissable entre lui et ce Dieu qu’il prétend prier.

 

Ce pharisaïsme entraîne un formalisme religieux et une pensée insensée sur la vie spirituelle et la rétrécie à la seule lettre de la loi mosaïque qui finit par étouffer la grâce divine déposée dans la richesse infinie de l’esprit. La lettre seule résonne mais ne trouve aucun écho dans le cœur profond, l’esprit s’enténèbre et ne discerne plus la volonté divine, il s’égare et perd le sens de l’intelligence et de la véritable compréhension de l’Ecriture sainte, limitation qui rend quasi impossible l’accès fécond à la véritable profondeur de l’orthodoxie.

 

Le Publicain « monte » pourtant lui aussi au Temple de Jérusalem, le verbe monter est ici à entendre comme le désir qui habite tout homme et toute femme de bonne volonté et qui l’encourage à une élévation personnelle au sens d’une transfiguration existentielle. Cette montée est celle dont parle le Christ en Luc, en 14, 10 « mon ami, monte plus haut », c’est l’expérience de l’amitié divine qu’en vérité le Seigneur propose à ce Publicain en le disant justifié, et en l’appelant à s’approcher du ciel lui qui prie Dieu depuis la dernière place dans la Synagogue. C’est ce désir là que Jésus voit dans le cœur du Publicain, c’est dans ce sens qu’il le bénit et qu’il le proclame justifié, car ce désir est le premier pas humain indispensable sur le  chemin ascétique qui est celui de la conversion qui mène comme le rappelle saint Paul de  « l’homme psychique jusqu’à l’homme spirituel ».

 

Le Seigneur ne valorise pas l’accomplissement des commandements divins pour eux-mêmes, mais pour ce qu’ils portent comme grâces existentielles inestimables et qui sont ontologiques à la liberté, à la beauté et à la dignité de l’homme crée à l’origine par Dieu. Le Seigneur ne valorise pas plus l’attitude de peur qui étreint le Publicain, car « l’amour bannit la crainte », il souligne simplement sa qualité de modestie qui peut lui permettre de s’enrichir avec raison dans sa quête des biens spirituels réels qui lui manquent aujourd’hui, alors que le Pharisien ne peut pas évoluer puisqu’il est persuadé qu’il possède déjà la plénitude religieuse grâce à sa pratique zélée et pourtant inhumaine de tous les commandements divins.

 

Le Seigneur nous montre quelle est la véritable voie religieuse qui peut porter des fruits divins et en rassasier les affamés et assoiffés de Dieu, cette voie est celle qui unit toujours par la célébration liturgique la « lettre avec l’esprit », le croyant est invité à cultiver l’humilité au sens d’humus spirituel qui engraisse la terre intérieure de son intelligence, il est encouragé à oser s’engager dans une relation divino-humaine équilibrée tournée vers Dieu et aussi vers l’homme.

 

Le Pharisien a raison de ne pas s’identifier au Publicain ou à qui que ce soit d’autre, car Dieu n’est pas à court de créativité et il a créée chaque être humain comme une personne unique éternellement, c’est pourquoi, nous pouvons croire et dire avec conviction que notre « Dieu préfère chacun », il n’y a donc pas lieu de se comparer les uns aux autres, de se jalouser les uns les autres, mais réjouissons-nous là où nous sommes égaux pleinement, à savoir par notre « nature humaine commune » à tous les humains, tout comme la nature divine est commune à la Trinité des Personnes.

 

En Genèse, nous lisons que Dieu dit « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance », nous connaissons donc parfaitement à qui nous devrions avoir naturellement le désir profond de ressembler, cette quête est la vocation éternelle qui habite le cœur de l’homme et palpite dans tout son être, mais pour autant, elle ne s’impose jamais, c’est pourquoi saint Paul peut proclamer sa foi en la « liberté glorieuse des enfants de Dieu »,venons Pharisiens, Publicains ou autres « montons et gravissons la montagne de l’humanité, afin que Dieu couronne l’homme son bien-aimé du don de la déification ».

A notre Dieu Ami de l’homme, Père, Fils et Saint Esprit, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen. + Syméon