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mardi 30 mai 2023

Prière de Jésus et saints Pères.

 

(Jean 17, 1 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous fait entendre la prière que le Christ adresse à son Père pour nous, afin de contempler ce que le Seigneur est en esprit et en vérité, et ce que nous sommes appelés à devenir au sein de ce monde où nous habitons et dont l’esprit nous est étranger. Les saints Pères que nous célébrons et vénérons aujourd’hui, sont les témoins lumineux, aimants et véridiques de la parole du Seigneur adressée à son Père et notre Père.

 

Jésus levant les yeux vers le ciel dit « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils  te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donné ». Jésus entre en lui-même et s’élève dans son esprit et là, il contemple en plénitude d’amour, son Père et notre Père. Le Père qui avait envoyé son Fils Unique dans le monde ignorait-il tout ce que ce même Fils a réalisé en totale obéissance et cela jusqu’à la mort ignominieuse sur la Croix ? Alors, pourquoi notre Seigneur retrace t-il ce qu’il a accompli pour sauver l’humanité ? Le sens de la prière du Christ au Père est donné dans le verset qui suit « or, la vie éternelle est qu’ils Te connaissent, toi, le seul véritable Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ».

 

La prière splendide que le Christ offre à Dieu notre Père, est en vérité offerte pour nous, afin que nous puissions nous aussi à la suite des Pères vénérables, accueillir la vie éternelle qui est la connaissance du Père céleste. En quoi consiste la vie éternelle ? Connaître Dieu notre Père ! Comment ? En croyant à cette parole du Christ « que nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et ceux à qui le Fils veut bien le révéler ». A la question posée par Philippe « montres-nous le Père », Jésus répond « celui qui m’a  vu, a vu le Père », ainsi pour connaître le Père en esprit et en vérité, il faut avoir vu le Fils unique. Non pas d’une vision superficielle, car celle-ci, ne peut ni voir ni connaître le Christ et encore moins le Père. Que signifie alors, qui m’a vu, a vu le Père ? Cela signifie que celui qui a cru en moi, « a vu et connu par la foi » que l’origine de mes œuvres sont divines, « parce que le Père et moi nous sommes Un ». Et pourquoi le Christ prie-t-il ainsi ? Pour que nous ayons en nous « la joie parfaite », cette joie qui doit en nous s’unir à la « vérité parfaite » qui est le Don du Saint Esprit, afin que se réalise cette promesse du Seigneur « Je vous enverrais l’Esprit de vérité et la vérité vous rendra libre ».

 

Le Seigneur dit « J’ai manifesté ton Nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner…et ils ont gardé ta parole… ils ont cru que tu m’as envoyé…c’est pour eux que je prie »,

quel est donc le « Nom » que le Christ a manifesté aux hommes ? C’est celui de « Père » c’est à dire, celui qui nous engendre sans cesse spirituellement à « la vie, au mouvement et à l’être » par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. Et où s’accomplit cette œuvre divino-humaine, si ce n’est dans l’Eglise, splendeur et lumière au cœur du monde et icône du royaume de Dieu. C’est bien dans l’Eglise que le Père invite « ceux qui ont cru à son Fils unique », et c’est dans l’Eglise que seront désormais gardés ceux qui resteront fidèles au Seigneur, selon cette parole « Père saint, garde-les dans ton Nom que tu m’as donné », pourquoi ? « Pour qu’ils soient un comme nous ».

 

Au chap. 17, verset 12, le Seigneur précise « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le  fils de perdition », fils de perdition peut s’entendre aussi comme une expression générique qui englobe tous ceux qui ont  commencé par confesser le Christ comme leur Seigneur et Maitre, qui sont même baptisés, mais qui au lieu de cultiver avec persévérance leur vie religieuse au sein de l’Eglise, s’éloignent peu à peu de Lui par leur mode d’existence calquée sur le monde et qui finit par engendrer le « cœur endurci et la nuque raide », provoquant une rupture avec la source spirituelle de la vie et de l’être et une résistance à l’invitation divine de venir se nourrir spirituellement et avec régularité au Banquet eucharistique donné dans l’Eglise.

 

C’est pourquoi, chaque croyant doit à l’image du Seigneur veiller sur lui-même, afin de ne pas se perdre, nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes le « temple de l’Esprit Saint », nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes des « êtres liturgiques », nous pouvons nous perdre si nous oublions à nouveau que nous « sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu », nous nous perdons si nous sommes en-dehors de l’Eglise, car elle seule possède toutes les grâces essentielles pour notre existence orthodoxe au cœur du monde. L’adage populaire dit « il n’est pas de pire sourd ou aveugle que celui ou celle qui ne veut ni entendre ni voir », nous allons fêter bientôt la sainte Pentecôte qui célèbre la descente de l’Esprit Saint dans l’Eglise, Il nous appelle à venir l’accueillir dans l’Eglise, alors soyons tous présents à cette grâce vivifiante qui est le Don de l’Esprit de Dieu.

 

En chap. 17, 8 à 10, le Seigneur témoigne de ceux et celles qui ont cru en lui par cette parole « ils ont cru et reconnu que Je viens de Toi, que tu m’as envoyé...c’est pour eux que Je prie, je ne prie pas pour le monde », le monde mondain détourne les âmes de la précieuse grâce divine semée dans l’humanité depuis les origines de la Création, l’attention du monde déchu est centrée sur une dépendance hypnotique envers toutes les nourritures fallacieuses que sont les séductions qui chantent des fausses louanges à la gloire de l’égo, en faisant miroiter et gober aux « fan(s)-atiques » qu’ils seront libres et pourront crier « ni Dieu ni Maitre ».

 

Le Seigneur nous montre que nous pouvons en communion avec l’Eglise, imiter avec sobriété la prière adressée à son Père et à notre Père, en nous tournant vers le ciel à travers notre esprit et dire en toute simplicité et confiance « Notre Père, par le pardon de nos passions et de nos transgressions,  glorifie-nous de la gloire de ton Fils unique en faisant de nous et avec nous, par grâce des christ aimants, saints, humbles et sages ». Le Seigneur dit « Père glorifie-moi…J’ai manifesté ton Nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner » et ailleurs « car nul ne peut venir à moi, si le Père ne l’appelle », est-ce à dire que tous ne sont pas appelés ? Bien sûr que si, « mais beaucoup d’appelés et peu d’élus ». Les élus sont donc tous ceux qui sont dans l’Eglise et ont « reconnu que tout ce que Tu m’as donné vient de Toi…que mes paroles viennent de Toi…ils les ont accueillies et ont cru que je suis sorti de Toi et que Tu m’as envoyé ».

 

Le Christ poursuit « et maintenant Père, glorifie-moi auprès de Toi, de la gloire que j’avais auprès de Toi, avant que le monde fût crée ». Que signifie glorifie-moi auprès de Toi ? Le Fils aurait-il perdu par son incarnation la gloire qui était la sienne auprès du Père ? Bien sûr que non, mais voilà l’admirable, qui nous révèle qu’en vérité, Jésus demande cette gloire pour l’homme incarné qu’il est, et comme la nature humaine nous est consubstantielle et une, il demande cette même gloire pour l’humanité sauvée en Lui. C’est donc, la gloire divino-humaine du Fils unique, déposée dans l’homme sauvé qui sera la robe nuptiale qui lui permettra de siéger dans le Royaume de Dieu en présence du Dieu Vivant ? Cette présence de l’homme dans le Royaume de Dieu sera le couronnement spirituel et le fruit de l’amour divin selon la parole du Seigneur « tout est accompli ».

 

L’Eglise est le lieu divino-humain où se réunit l’assemblée de ceux qui ont cru et accueilli les paroles du Christ, ces paroles ne sont pas justes des mots, elles portent en elles la puissance créatrice du Verbe éternel, et cette puissance est ce qui peut restaurer tout homme et toute femme de bonne volonté dans la « beauté lumineuse des enfants de Dieu ». C’est pourquoi le Seigneur nous rappelle « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition », cette veille est confiée maintenant à l’Eglise qui a pour vocation de ne perdre aucun de ceux qui viennent demander au Nom de Dieu, « leur salut et la vie bienheureuse à venir », encore faut-il qu’ils soient présents dans l’Eglise.

 

 

Maintenant, « Je viens vers Toi dit le Christ à son Père » mais ailleurs le Seigneur dit aussi « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », comment donc retourne-t’IL vers son Père et notre Père tout en restant avec nous jusqu’à la fin du monde ? C’est le mystère et la grâce religieuse de l’Ascension, le Seigneur ne s’élève t’IL pas avec notre nature humaine sauvée pour être déifiée, cette union divino-humaine est indissoluble, alors comment ne serait-IL pas toujours avec nous.

 

Mais si la nature humaine est consubstantielle, cela signifie qu’elle engendre toujours selon la libre volonté humaine les fruits de l’arbre du bien et du mal, c’est pourquoi la grâce qui donne la joie ou toute autre don spirituel, ne s’incarne dans l’homme que dans la mesure ou celui-ci fait œuvre de conversion. Si nous avons du mal à nous faire violence pour aller à l’Eglise, comment entendre et obéir à la demande du Christ qu’il faut « se faire violence pour entrer dans le Royaume de Dieu », pour cela commençons par entrer dans le royaume de l’Eglise porte spirituelle incontournable pour nous diriger avec sagesse vers le Royaume de Dieu!  

 

Cette prière rayonnante de beauté, de sagesse et d’amour que Jésus adresse à notre Père Céleste, est en vérité grâce sur grâce en faveur de l’humanité, afin que s’accomplissent les noces spirituelles dans la Cana céleste autour du banquet divino-humain, pacifique et joyeux sur l’Autel d’en-haut. La célébration de la très Sainte Cène liturgique trouvera son parfait  couronnement dans la prière qui est la béatitude des cœurs purs « Abba Père » !

 

Saint Léon le Grand nous enseigne que « la nature humaine recevrait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes, elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges, les êtres les plus sublimes ne peuvent mesurer son degré d’élévation, car la nature humaine allait être admise à trôner auprès du Père éternel et être associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils unique ».

 

Je suis donc invité par le Seigneur lui-même, à veiller sur moi par la grâce reçue dans l’Eglise, en me nourrissant de la vie et de la voie de la spiritualité orthodoxes, pourquoi ? Pour glorifier notre Père céleste et devenir une icône véridique de notre unique modèle « Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit ». Par le « Notre Père » la prière sainte reçue de notre Seigneur, nous pouvons cultiver cette veille spirituelle sur nous-mêmes, d’autant plus et mieux, qu’il est habité par Marie, Mère de Dieu, dans le verset « que ta volonté soit faite », habité par nos pères et mères saints dans le verset « sur la terre comme au ciel », n’ont-ils pas accompli sur terre ce qu’ils ont vu dans le ciel, c’est à dire à travers leur ascèse unie à leur esprit, habité par notre veille dans le verset « ne nous laisse pas succomber à la tentation ». Et quelle est contre nous, la tentation la plus redoutable, c’est tout mensonge du monde qui veut détourner l’homme de lui-même et rendre ainsi impossible la conversion de son cœur vers sa vocation véritable, qui est de vivre en communion avec notre Père, par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint.  

 

Allons-nous oublier encore la parole du Seigneur « n’en avez-vous pas assez d’éprouver la patience des hommes par votre entêtement, voulez-vous aussi mettre à l’épreuve la patience de Dieu ? » Que par les prières de nos saints Pères, dont nous célébrons la mémoire vivifiante, Dieu nous accorde toute grâce utile pour notre vie orthodoxe et pour déjouer la perversité des idoles frelatées et ténébreuses qui non seulement cherchent à nous éloigner de l’Eglise mais pullulent pour asservir l’humanité.  

 

Que le Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soit adoré, loué et glorifié, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

dimanche 21 mai 2023

L’aveugle-né.

 

(Jean, 9, 1 à 38)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à nous abandonner avec confiance à la compassion et à la tendresse infinie de notre Père céleste, et ceci en particulier par la célébration de la Divine Liturgie en communion avec le Christ grand-prêtre, avec l’Esprit de toute consolation promis et les uns avec les autres, dans l’espérance d’acquérir la « lumière spirituelle » qui est la grâce reçue comme un don par l’aveugle-né, grâce qui donne de venir, de voir et de confesser en Jésus, le Dieu vivant face à face.

 

Le Seigneur nous dit « tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé ; la nuit vient où nul ne peut travailler, tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », quelles sont donc les œuvres auxquelles le Christ nous encourage à travailler ? En vérité, elles peuvent toutes s’unir en une seule réalité, ces œuvres accomplies par le Christ et que nous avons vocation à vivre avec Lui de manière orthodoxe, sont toutes celles qui nous permettent d’adorer le Père en esprit et en vérité, en esprit par l’Esprit Saint et en vérité par le Seigneur, cette adoration est la couronne de sainteté et le fruit spirituel des Béatitudes.

 

Nous pouvons accueillir tous les miracles accomplis par le Christ comme le signe, y compris celui pour l’aveugle-né, de la nécessité de la conversion du cœur, sans laquelle, nul ne verra le Seigneur, nul ne pourra adorer le Père en esprit et en vérité, nul ne saura prier l’Esprit Saint donateur de vie et de sagesse spirituelle. Nous sommes appelés à suivre dans la lumière Celui qui nous dit « tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », alors fuyons cette incrédulité sournoise et hypocrite cachée dans le vieil homme pour nous détourner de notre Seigneur Jésus et de ses œuvres salutaires.

 

Quel est donc ce « jour » à partir duquel, il nous est bénéfique et précieux de travailler aux œuvres du Seigneur, n’est-ce pas celui de la Résurrection du Seigneur, celui d’où découlent et ruissellent en nous tous les dons spirituels pour accomplir la volonté divine. N’est-ce pas par la célébration liturgique assidue et par le « Don du Corps et du Sang du Seigneur », que nous recevons la lumière et la mémoire pour pratiquer les œuvres du Seigneur qui nous dit « faites ceci en mémoire de Moi », à savoir vivre toute l’économie divine pour le salut de l’homme. Le jour de la Résurrection est celui du Don de la vie éternelle au cœur de l’histoire, du temps et de l’espace dans notre humanité, il est notre lumière spirituelle pour pratiquer les œuvres divino-humaines au Nom du Seigneur.

 

Quelle est donc cette « nuit » où nul ne peut travailler, c’est-à dire mettre en pratique les œuvres évangéliques, n’est-ce pas celle de l’âme désorientée par le doute de l’incroyance concernant la personne de Jésus et qui provoque une paralysie existentielle qui rend difficile voire même impossible le désir de suivre Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie », n’est ce pas là, cette attitude pharisienne répandue au sein de l’humanité, opposée à toute révélation qui pourrait nourrir et abreuver l’esprit de tout homme ou femme de bonne volonté.

 

L’Ecriture Sainte est un tout indivisible, auquel il ne faut rien ajouter ou enlever, pas même un « iota » sous peine de s’amputer soi-même des énergies incréées contenues dans la parole divine, ceci devrait faire réfléchir tous les « inventeurs de théories hérétiques caricaturales au mépris de la théologie de nos saints Pères », la seule réalité sur laquelle, nous pouvons apprendre à agir avec l’aide de Dieu, car « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est de cultiver l’ascèse de « l’unique nécessaire », à l’image de Dieu créateur et qui consiste à « séparer la lumière des ténèbres en nous », car comme dit saint Paul dans 2 Cor. 6,14  « quoi de commun entre la lumière et les ténèbres », combien d’hommes dialoguent avec les ténèbres du monde par le « net ».

Dire que la piscine de Siloé est une préfigure du saint baptême est un enseignement reconnu par nos saints Pères en Dieu, Siloé signifie « envoyé » en hébreu, mais tout comme il ne suffit pas d’être baptisé pour être orthodoxe, il ne suffira pas non plus de confesser du bout des lèvres la divino-humanité de Jésus notre Seigneur pour être sauvé. N’est-IL pas « l’Envoyé du Père », en qui il nous est essentiel d’être plongé tout entier afin d’espérer retrouver non seulement la vue mais notre vocation originelle à devenir par grâce ce que Dieu est par nature. Dans les œuvres religieuses, notre « Siloé spirituelle », c’est à dire « l’Eglise orthodoxe » est l’unique lieu saint et sacré de la vie de l’être orthodoxe, elle est la porte royale, par laquelle nous pouvons-nous diriger par la grâce et notre ascèse religieuse vers le Royaume de Dieu.

 

En parlant de l’aveugle-né, les parents témoignent « qu’il est leur fils né aveugle, mais qu’ils ne savent pas comment il voit maintenant, ni qui lui a ouvert les yeux », la puissance de ce miracle les trouble et dépasse leur entendement, le fils confesse après avoir retrouvé la vue que « si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire », puis poursuit son existence avec sa nouvelle vision de lui-même et du monde qui l’entoure. Ne sommes-nous pas nous-mêmes, un fils ou une fille aveugle spirituellement pour ne pas dire un total infirme spirituel depuis notre naissance, quelqu’un parmi nous serait-il né dans un état de christ parfait, le Psalmiste nous rappelle que  « ma mère m’a conçue sous le joug du péché », alors courrons vers Celui qui seul peut et veut nous sauver, réjouissons-nous de cette grâce inestimable que représente notre Eglise, pleine de sagesse, de beauté et de vérité. 

 

Jésus rencontrant l’aveugle-né lui dit « crois-tu au Fils de l’homme » ? Il répondit « et qui est-il Seigneur, pour que je croie en lui » ?  Jésus lui dit « tu le vois, celui qui te parle, c’est lui », alors le « clairvoyant » déclara « je crois Seigneur et il se prosterna devant Lui ». Sans développer ici plus en profondeur ce merveilleux passage de l’homme aveugle-né à celui d’homme spirituel et clairvoyant, ce dialogue montre la progression intérieure qui fait émerger la lumière du sein même des ténèbres, mais soyons sans illusion aucune, sans désir réel de recevoir la vraie lumière ou tout autre don spirituel, les ténèbres du cœur non purifié et sanctifié engendreront d’autres ténèbres.

 

Croire au Fils de l’homme est le fondement initial nécessaire pour commencer à élaborer la vie orthodoxe, disons avec le Centurion « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », et pour cultiver et féconder en nous notre terre religieuse, il est nous est très bon de venir, de voir et de participer avec assiduité à la vie liturgique de l’Eglise qui nous donne de contempler la vie et les œuvres du Seigneur. Suivons le Seigneur Jésus et selon sa promesse, il nous sera donné « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a réservé à ceux qui l’aiment ».

 

L’amour du Dieu et Homme parfait pour sauver l’humanité tombée sous les coups morbides et mortifères des passions mondaines, se révèle dans l’humilité indicible de son incarnation comme homme parmi les hommes, si saint Paul déclare « s’être fait grec avec les grecs et juifs avec les juifs, pour en sauver quelques uns », notre Seigneur Jésus-Christ s’est fait « homme parmi les hommes pour proposer le salut à tous », voici dit le saint et charismatique Rabbi Jésus que « Je viens à toi Jérusalem, assis sur un ânon le petit d’une ânesse », cette promesse est la gloire et la vocation que « l’Eglise nouvel ânon » porte au cœur de l’humaine condition.

 

Zacharie XVI 4. 7 « ce sera un Jour unique, connu du Seigneur ; il n’y aura ni jour ni nuit », ce jour unique est celui de notre existence entière que nous devons consacrer, puisque nous sommes de confession « orthodoxe », à la recherche persévérante de la relation avec le Seigneur, selon cette parole de notre Seigneur « cherchez d’abord le Royaume de Dieu, le reste vous sera donné par surcroît », cette relation est impossible sans notre présence dans l’Eglise, qui est pour nous une Mère spirituelle aimante, inspirante, vivifiante, sage et sainte.

Nous pouvons lire toutes les homélies du monde, écouter mille et une conférences sur la vie religieuse, parler de Dieu jour et nuit, cliquer avec « j’aime voire j’adore » sur les sites religieux orthodoxes et rester chez soi le dimanche matin, ne nous laissons pas piéger par nos illusions car c’est notre « présence régulière » dans l’Eglise et notre mise en pratique au quotidien de son enseignement, qui témoignera et validera de la vérité et de la réalité divino-humaine de notre cheminement spirituel.

 

Ne sommes-nous pas nous-mêmes des aveugles nés par rapport à la vie spirituelle orthodoxe, existe-t-il parmi nous des hommes et des femmes qui se seraient rendus « voyants » par leurs propres œuvres en-dehors de l’Eglise « Corps du Christ ». Existe-t-il parmi nous des hommes et des femmes, qui seraient passés du vieil homme à l’homme nouveau, de l’homme psychique à l’homme spirituel, par leurs propres forces et volontés, le Seigneur Christ ne nous dit-il pas  « sans Moi, vous ne pouvez rien faire » !!!

 

Combien voyons-nous d’hommes et de femmes séduits par le « net », cet instrument des temps modernes qui répand une « foultitude » d’infos qui promettent monts et merveilles aux âmes crédules livrées aux illusions ternes et à la voracité d’arnaqueurs sans scrupules, sur lequel pullulent les « maitres des voyances » qui promettent la résolution certaine et rapide de toutes les préoccupations existentielles, des soit disant « oracles infaillibles » qui encouragent à coups de pubs à cliquer sur telle « image ou symbole » pour recevoir la connaissance du passé, du présent et de l’avenir, toutes ces agitations provoquent un chaos insensé et sans âme qui ridiculise ceux qui s’y prêtent selon la parole de l’Ecclésiaste en 1, 14 « vanité, vanité,  rien que vanité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Le « net » utilisé sans discernement peut favoriser notre méconnaissance sur l’état réel du monde et dans cette profusion d’images, d’écrits et de paroles, provoquer en nous une cécité hypnotique de l’intelligence et comme le dit l’adage populaire nous faire prendre des « vessies pour des lanternes » et des « torchons pour des serviettes ».

 

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, par ta compassion de nous et du monde que tu as créé pour être un lieu de célébration liturgique de la vie par la médiation de ton Eglise, que par ta sainte grâce vivifiante nous puissions nous convertir et retrouver la ressemblance à ton image divino-humaine pour incarner et accomplir notre humanité dans la beauté et la vérité de la création originelle et dans la joie de l’humanité sauvée.  

 

Au Père de la Lumière, au Fils Lumière incarnée et à l’Esprit d’illumination éternelle, soit la gloire dans les siècles de siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

mardi 16 mai 2023

La Samaritaine

 

(Jean : 4, 5 à 42)

Au Nom du PERE, du FILS et du SAINT-ESPRIT, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par la Théotokos. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie espéré qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et espère des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses, une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant, nous dit va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine. A l’opposé, la mauvaise réponse est celle qui nous fait croire que nous sommes des êtres déjà spirituels, que nous pouvons nous passer de l’Eglise ou du moins venir quand nous le décidons, que nous pouvons prendre nos petits savoirs partiels et partiaux pour de la théologie, nos péchés pour des vertus, notre auto satisfaction comme le signe de l’Esprit Saint en nous. 

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création de Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a crée Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas une fois de plus pouvoir comprendre avec la seule raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui humblement de nous enseigner comment pratiquer le saint Evangile en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, ceci signifie que les sages et les intelligents de ce monde que dénonce le Christ lui-même, n’auront jamais, je dis bien jamais accès en esprit et en vérité non seulement à la sagesse créatrice divine, mais pas même aux miettes du festin que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment sans calcul, ceux qui l’aiment comme cette samaritaine dont l’innocence et la confiance sont infiniment supérieures à toutes les spéculations psychologiques ou rationnelles. 

 

Ainsi comme le dit encore notre Seigneur, seuls « ceux qui ont des oreilles pour entendre, des yeux pour contempler, un cœur aimant et silencieux, ceux qui sont disponibles non quand ils le décident mais quand Dieu les appelle », oui, à ceux-là la Divine Trinité révèle l’amour du Père, la grâce du Fils, la communion du Saint Esprit, frémissement indicible de la Présence de Dieu dans l’Eglise et dans le cœur de tout samaritain, cette expérience est l’entrée dans l’intimité divine que beaucoup désirent, et que bien peu réalisent. Oui, la bonne question, la vraie question, l’unique question qui doit nous transporter en nous-mêmes et vers Dieu est, comment à l’image de la Samaritaine « puis-je te rencontrer et entendre de toi Seigneur, les paroles de la vie éternelle et surtout les vivre » ? 

 

Voici alors, que cette simple demande, même à minima, même tremblante, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence.

 

Le Christ est la « Voie » mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles qui ne mènent pas à Lui seul, Il est la « Vérité » mais en quoi est-il responsable de mes ignorances qui sont le fruit d’un esprit non purifié par L’Esprit de Dieu, Il est la « Vie » mais en quoi est-il responsable si je me contente de vivoter, c’est pourquoi beaucoup l’ont déclaré coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux », la Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le « désir de vivre, d’aimer et de connaître » qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable, qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ?

 

Ne sommes nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur, l’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial, IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit comme l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les Offices de l’Eglise orthodoxe possèdent comme un trésor ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, encore faut-il « être présent dans l’Eglise », ces saints mystères du Christ nous sont donné pour que nous devenions roi, prêtre et prophète, et que nous passions peu à peu de l’état de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu.  

 

Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller vous aussi comme la Samaritaine, voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu ? Qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis « la sainteté ».

 

 

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à la rencontre personnelle avec le Christ, cela peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma bien-aimée », à nous de répondre « me voici mon Seigneur et mon Dieu avec toi dans notre maison commune, l’Eglise éternelle », pour célébrer ensemble la splendeur vivifiante de tes saints mystères.  

Avec quels mots nous transmettre l’Amour de Dieu, sinon ceux de l’Evangile de vie pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu fait autre chose que d’aimer son prochain, ce prochain qui est l’humanité, oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire accueillir comme « ami », selon la parole du Seigneur lui-même « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ».

 

Prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde. Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise. Mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Venir ou non à l’Eglise et une question de vie ou de mort spirituelle, le Seigneur nous dit que celui ou celle qui « désire le Royaume de Dieu doit se faire violence », cela signifie que nous devons lutter contre cette inertie qui nous paralyse et nous empêche d’aller vers l’essentiel qui est notre présence concrète et régulière à la célébration liturgique. Nous devons transformer « notre cœur endurci et notre nuque raide » en cœur ouvert à la volonté divine et notre nuque raide en obéissance à la sainte Eglise du Christ. Depuis 2000 ans, l’Eglise nous invite à venir participer au banquet spirituel avec Notre Seigneur, mais pourquoi résistons-nous à cet appel, parce que la vocation de l’Eglise nous échappe dans sa vraie profondeur, nous ne comprenons pas que nous sommes « l’Eglise avec le Christ » qui nous interpelle et nous dit « allez, debout, partons d’ici », c’est à dire quittez vos vieilles habitudes dictées par l’ignorance engendrée en nous par le vieil homme psychique et charnel et les illusions fumeuses diffusées sans cesse par un monde sans Dieu.

 

Etre orthodoxe sans l’Eglise est aussi impossible que de vivre sans son corps, alors incarnons en nous la grâce déposée par l’Esprit Saint dans l’Eglise, nourrissons-nous et désaltérons-nous encore et encore de l’essentiel don indispensable pour notre existence orthodoxe, à savoir la célébration de la Divine Liturgie qui répand sur nous les bénédictions divines. Revêtons-nous des vêtements lumineux de la sagesse de l’Eglise qui est le « corps du Christ dont IL est aussi la tête », si notre Seigneur Jésus qui est parfaitement saint n’a jamais cessé de fréquenter la Synagogue, n’est-ce pas pour témoigner combien il nous est  nécessaire de l’imiter et de fréquenter son Corps-Eglise avec assiduité, selon cette parole du Psalmiste « je me suis réjouis lorsqu’on m’a dit, allons à la Maison du Seigneur, dans les parvis de notre Dieu », il nous appartient de cultiver cette ascèse religieuse avec l’Eglise dans un esprit et un cœur de louange à la Divine Trinité.

 

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie compassion de nous pécheurs, qui sommes plus ou moins pris dans les filets mensongers du monde, change notre tiédeur en ferveur et notre inertie en ardeur envers toi par la médiation de notre sainte Eglise orthodoxe.

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous toutes les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen. + Syméon

 

mardi 9 mai 2023

Dimanche du Paralytique

 

                                                                                                             

(Jean 5, 1 – 15)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

 

Aujourd’hui, notre sainte et humble Eglise Orthodoxe est la piscine miraculeuse, dans laquelle le Dieu Vivant, notre Seigneur Ressuscité est présent au milieu de l’humaine condition, pour guérir un paralytique. Cette piscine nous le savons de manière prophétique, est la préfigure de ce qui deviendra le « très saint Baptême par immersion » et qui contient en promesse toutes les grâces que la Divine Trinité a déposé dans l’eau, cette si humble et merveilleuse créature. L’eau, sanctifiée par la prière, l’huile sainte et le saint Chrême à travers l’œuvre liturgique du prêtre et de l’assemblée des Croyants, devient icône céleste et porteuse du don de guérir.

 

Notre Seigneur doux et humble de cœur, ne cesse de tout mettre en œuvre pour nous donner la guérison parfaite de l’âme et du corps, mais nous, dans notre enfance religieuse et dans notre ignorance de l’essentiel, nous sommes souvent attachés à des acquis amassés dans le monde. Ce faisant, nous répétons comme des automates le péché des incrédules qui ne savent que murmurer des interdits à l’image des Juifs dont nous parle l’Evangile de ce jour. Au lieu de s’émerveiller du miracle accompli là sous leurs yeux, par le Rabbi Jésus, les Juifs ne savent que réprimander le malade, en lui disant : « c’est le Shabbat, tu n’as pas le droit de porter ton propre grabat ».

 

Nous le savons, le Christ ne s’impose pas et ne nous impose absolument rien aussi longtemps que nous ne Lui demandons rien ; mais si nous venons dans la piscine, c'est-à-dire dans la « sainte Eglise orthodoxe », alors nous sommes responsables de notre présence en ce haut lieu saint et sacré. Dès lors, nous pouvons nous attendre à entendre, le Seigneur nous demander : « veux-tu guérir ?» non pas ‘voulez-vous guérir’, mais : veux-tu guérir, toi ? ». Le Médecin céleste s’adresse à moi personnellement, car le salut est une œuvre spirituelle qui est proposée à chaque « personne unique », cette guérison n’est pas le fruit d’un état de transe mentale, ni le résultat d’un marchandage intellectuel, mais le don d’une grâce spirituelle, donnée par l’amour de Dieu à l’homme son bien-aimé.

 

Cette question du « Maître Eternel » et notre réponse à celle-ci sont nécessaires pour que nous puissions espérer sortir peu à peu des limbes de notre paralysie intérieure et existentielle. Si je veux guérir, alors je peux répondre : « Seigneur, à qui irai-je, Tu as les paroles de la vie éternelle, que Ta volonté soit faite pour moi ». Je m’en remets à Toi seul, à Toi tout entier, car Tu es mon Ami éternel et Toi seul Tu connais ce que je suis et ce que Tu veux réaliser avec moi. N’est-il pas écrit, la « folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes », alors revêtons-nous de la « folie divine » comme d’un vêtement spirituel, afin de devenir un « christ » rempli de l’Esprit-Saint et soumis librement à la volonté de notre Père céleste.

 

Voici donc un homme, notre semblable qui est infirme depuis trente-huit ans, le Seigneur son Créateur lui rend la parfaite santé et cela devant tous les Juifs présents ; ils sont témoins de la puissance extraordinaire du mystère de la grâce divine qui s’accomplit devant leurs yeux, et que font-ils ? Ils se détournent de « Celui » qui vient d’accomplir ce miracle, c’est à dire du Seigneur Dieu, pour se tourner et se concentrer sur l’homme qui vient d’être guéri, dans le seul but de lui reprocher d’oser porter son grabat un jour de Shabbat. Ils oublient, que le Shabbat et même toute la Création est faite pour l’homme et non le contraire, cette attitude est celle « d’individus », pour qui la religion doit rester sous le joug intransigeant de la « loi mosaïque », alors que le Christ a placé toute l’humanité sous le « signe de la liberté et de la grâce ».

 

Permettez-moi de nous supplier de cesser de cultiver des attitudes opposées à la miséricorde divine, de cesser de nous focaliser sur des « choses » inutiles devant la « Sainteté de Dieu, devant la sainte Eglise orthodoxe et devant ce qu’est en esprit et en vérité la personne, l’hypostase selon la théologie vivifiante de nos saints Pères ». Demandons humblement au Seigneur de Gloire éternelle, la grâce de ne pas répéter dans nos pensées, nos paroles et nos actes, des œuvres qui font de nous des religieux infirmes, des individus paralysés et isolés par les tentations du vieil homme en nous et qui nous rendent incapables de « vivre comme des personnes en communion au Nom de Dieu ».

Nous sommes comme cette piscine, porteurs par grâce des miracles de la bonté divine, parce que nous sommes baptisés au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et nous sommes les enfants lumineux de l’Eglise, si réellement nous vivons selon l’Evangile de vie du Christ. Saint Jean nous rappelle dans son Prologue qu’en Lui, le Verbe éternel est « la vie, et que la vie est la lumière des hommes ». Nous pouvons par la grâce divine et l’Eglise, nous immerger dans les eaux vives de notre cœur pour y recevoir la « vie, la lumière et la guérison spirituelle par une vie selon l’évangile du Seigneur ».

 

Pour guérir, ne recherchons pas les choses compliquées où je ne sais quelle ascèse impossible, mais laissons-nous plonger au fond de nous-mêmes jusqu’en Dieu par la célébration de la Divine Liturgie de tout notre être. Immergeons-nous dans les très saints Mystères du Ressuscité, revêtons-nous de prières et de louanges, de chants spirituels et de la lumière des icônes, du parfum d’encens et d’agréable odeur pour Dieu et surtout « soyons présents » dans l’Eglise pour  « une véritable communion fraternelle ».

 

Si nous faisons cela d’un seul « cœur et d’un seul esprit », alors j’ose témoigner avec toute la puissance que Dieu donne dans la grâce sacerdotale et ecclésiale, que nous recevrons peu à peu la guérison de nos infirmités religieuses et si Dieu veut, nous danserons devant Lui comme le fit la « sagesse créatrice au principe de la Création », nous connaîtrons la « sainte et sobre ivresse de l’Esprit de Dieu ».

 

Soyons vigilants et surtout soyons modestes devant la Divine Trinité dans l’espérance d’entendre un jour nous aussi cette parole du Seigneur : « te voilà bien portant : ne pêche plus… ». Alors prions-Le avec encore plus d’ardeur et de ferveur de nous garder de retomber dans le péché, car nous le savons, le « temps est court et le Royaume de Dieu est déjà là », nous dit saint Paul.

 

La guérison du paralytique n’est pas une « vieille histoire arrivée autrefois », non ce miracle dont nous sommes les témoins, se réalise ici et maintenant au milieu de nous dans l’Eglise, notre vocation n’est pas d’être des voyeurs, mais des « voyants » qui par leur foi en Jésus-Christ, reçoivent le don de « l’intelligence du cœur pour s’émerveiller des œuvres de Dieu parmi nous ».

 

Si nous ne croyons pas que l’Eglise célèbre par la présence très sainte et très sacrée du Christ, le seul et unique « Grand Prêtre », le Mystère de la vie divino-humaine qui unit spirituellement et religieusement en un seul « corps, cœur et esprit la Communauté ecclésiale avec la Divine Trinité », alors notre présence dans l’Eglise devient insensée, inutile et stérile. Saint Paul nous rappelle cette parole de feu spirituel que : « L’Eglise est le Corps du Christ dont IL est aussi la Tête », nous sommes donc bien en communion dans l’Eglise avec Dieu notre Père et L’Esprit Saint à travers notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Que l’Ange du Seigneur descende en nous comme il descend dans la piscine de Bethesda, pour y agiter l’eau spirituelle de nos âmes, c’est à dire les énergies incréées, afin de nous restaurer dans la « beauté des saints » pour nous nourrir des promesses divines et devenir ainsi des christ pour l’éternité.

 

Que l’Ange de Dieu nous rappelle à temps et a contre temps que la place naturelle d’une personne  « orthodoxe », est dans sa communion avec son corps religieux et spirituel qui est l’Eglise, pour célébrer la Divine Liturgie le plus souvent possible et ainsi rendre grâce du fond de l’âme pour tous les biens  inestimables que Dieu nous accorde sans cesse.

 

Que l’Ange du Seigneur nous inspire à l’esprit et au cœur cette parole du Seigneur lui-même « laissez venir à Moi les enfants, ne les en empêchez pas », les enfants peuvent-ils venir par eux-mêmes dans la sainte  Eglise, comment nos enfants apprendront-ils ce qu’est la splendeur de l’Eglise orthodoxe s’ils ne sont pas présents, venons avec nos enfants afin qu’ils reçoivent la connaissance progressive de la vie et de la voie de l’expérience existentielle de l’orthodoxie.

A Dieu notre Père qui espère toujours notre présence liturgique, par notre véritable Médecin de l’âme et du corps, le Christ notre Dieu, soit la Gloire avec l’Esprit très Saint, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

 

lundi 1 mai 2023

Dimanche des Myrrhophores.

(Marc 15,43 à 47 et 16, 1 à 8)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, L’Eglise nous emmène du tombeau vide du Ressuscité jusqu’en terre de Galilée, suite à cette parole de l’Ange du Seigneur aux myrrophores « ne vous effrayez pas, c’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : Il est Ressuscité, il n’est pas ici...mais annoncez à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée, où vous le verrez ».

 

« Ne vous effrayez pas », cette consolation angélique renvoie à saint Luc 21, 9 qui avait prophétisé ce qui nous arrive aujourd’hui par cette parole « ne soyez pas effrayés, il faut que ces choses arrivent », mais déjà le Prophète Isaïe en 41, 10 disait « ne t’effraies pas, car Je suis ton Dieu » et en 44, 11 « les faiseurs d’idoles seront tous effrayés et confus ».

 

De qui devrions-nous donc nous effrayer ? Des faiseurs d’idoles répond l’Ecriture sainte. Et qui sont depuis toujours les pourvoyeurs d’idoles, ce sont les hérétiques qui prétendent posséder la vérité et voudrait l’imposer de gré ou de force si possible à toute l’humanité. Que fait donc l’Ange du Seigneur, enseigne-t-il quelque chose ? Non, il renvoie les Myrrhophores aux disciples et à Pierre et eux-mêmes vont en Galilée à la rencontre du Seigneur qui a dit « tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirais mon Eglise ».

 

Nous voici invités à venir et à rester fidèle à l’Eglise-Galilée, qui seule est dépositaire de la plénitude de la révélation divine et dont la Résurrection que nous venons de célébrer est le saint couronnement qui précède le salut promis à « celui ou celle qui tiendra jusqu’au bout ». L’espérance de connaître le Christ est une réalité légitime qui habite l’âme du croyant, qui pourrait penser que l’Eglise et l’Ecriture sont autre chose que la grâce de rencontrer en esprit et en vérité, Celui qui dit « ne t’effraies pas, car Je suis ton Dieu ».

 

Voici que les Myrrhophores qui ont suivies le Christ tout au long de son existence, sont le prolongement de la parole divine en transmettant aux disciples et à Pierre la parole angélique, parole que résume admirablement notre grande et très sainte Myrrhophore, Marie, la Mère du Seigneur en nous disant « faites tout ce qu’il vous dira ». Nous ne sommes pas disciples de tel ou tel maitre auto-proclamé sage, certes nous bénissons et ne maudissons pas, mais notre seul et unique Maitre absolu est le Fils de Dieu et de la Vierge, telle est notre Prophétie révélée et accomplie que nous confessons et accueillons pour nous enraciner dans l’orthodoxie, icône vivifiante, sainte et sacrée du Royaume de Dieu.

 

« C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié, il est Ressuscité, il n’est pas ici », avec quels mots dirent l’indicible concernant le Dieu-Homme parfait, l’Evangile de vie nous dit que nous ne devons pas rester planté auprès du tombeau, le Ressuscité nous attend en Galilée qui signifie en hébreu « cercle », ce cercle ne tourne pas en rond sur lui-même, il symbolise le lieu nouveau où nous recevons « la vie, le mouvement et l’être », il est cette réalité divino-humaine qui va de l’œuvre de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, de l’Incarnation à la Résurrection, de la Galilée à l’Eglise, le cercle image prophétique de cette parole du Seigneur « tout est accompli ».

 

L’Eglise nous invite « encore et sans cesse » à venir pleurer au tombeau, à être stupéfait par la force de la Résurrection, à courir en Galilée, mais surtout à revivre cette parole « vous ferez ceci en mémoire de moi », à savoir vous célèbrerez et vous vous réjouirez avec Moi de la fête des fêtes, la Divine Liturgie qui est la splendeur et le reflet spirituel du Royaume.

 

Saint Gabriel de Géorgie dit « si vous saviez combien la Divine Liturgie apporte de grâces et de bénédictions, vous n'hésiteriez pas à ramasser la poussière du sol de l'église pour vous en laver le visage », nous voici à nouveau devant et au cœur de ce feu spirituel de la Divine Liturgie, notre âme se serre et nos yeux se remplissent de larmes non de désespoir, mais comment rendre grâce, sinon en venant célébrer encore et encore l’union spirituelle et sacrée entre Dieu et l’homme. 

 

« Mais dites aux disciples et à Pierre qu’il est en Galilée et que là vous le verrez », c’est donc en Galilée, que nous le verrons, c’est en Galilée que le Seigneur enseigne les grandes lignes de sa vision spirituelle et religieuse, là, il se révèle comme « Pain vivant descendu du Ciel », là où il « envoie ses disciples après sa Résurrection », là où il commence à « évangéliser et à annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume ». L’Eglise orthodoxe est un corps spirituel divino-humain et une icône lumineuse, humble et fidèle du Christ, Eglise dont chacun d’entre nous est comme le cœur dans lequel ce n’est plus Joseph, mais l’Esprit de Dieu qui dépose avec amour, spirituellement et sacramentellement le « Christ Crucifié et Ressuscité ».

 

Dans l’Eglise, le Seigneur ne descend plus de la Croix du Golgotha, mais du Royaume de Dieu, Il vient librement se déposer sur son Autel Saint et accomplir comme Grand-Prêtre et comme Agneau consacré tous ses saints mystères liturgiques. IL nous invite à concélébrer avec lui comme personne et comme communauté, non à l’embaumer Lui qui est la Vie par une myrrhe matérielle, mais à lui offrir de tout cœur et de manière spirituelle le nard pur de notre prière à travers la célébration de la Divine Liturgie, qui est la réalisation parfaite de ce que désiraient déjà avec espérance les femmes Myrrhophores, Joseph et Nicodème, la « venue du Royaume de Dieu sur terre ».

 

Nous sommes venus aujourd’hui dans la sainte Eglise pour y concélébrer ensemble la Divine Liturgie, pour envelopper le Ressuscité non d’un linceul, mais de notre présence aimante, humble et douce. Alors fermons notre corps, notre âme et notre esprit aux soucis de ce monde et tournons-nous vers Dieu seul pour Le recevoir en nous par la sainte Eucharistie. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer dans l’éternité au cœur du temps et de l’espace, cela mérite que nous nous y préparions avec « crainte de Dieu, foi et amour », le mystère de l’Eglise est indicible et restera voilé dans sa vérité divino-humaine à tout « homme psychique endurci de cœur et à la nuque raide » qui se laisse encore et encore parasiter par l’agitation vaine et pathologique du monde sans Dieu.

 

Aller dans la sainte Eglise, qui est le lieu du renouvellement de notre être, nous demande de sortir de nous-mêmes, d’abandonner nos pensées, paroles et actes du quotidien, au moins pour le temps sacré de la célébration liturgique. Nous ne pouvons pas quitter le monde, si notre écoute, notre vision, notre odorat, notre toucher, notre goût, restent imprégnés de ce même monde étranger à la sainteté divine. Nous ne pouvons pas vivre spirituellement le mystère de l’Eglise, comme le dit le Père Aimilianos, si nous restons encombrés dans notre cœur et dans notre esprit par les cacophonies bruyantes des crises qui perturbent l’équilibre de l’humanité et de la création, notre vie spirituelle pour être en harmonie avec la grâce divine exige que nous renoncions aux illusions du vieil homme, pour œuvrer à notre conversion véritable.

 

L’Eglise de Dieu nous apprendra à déposer le Ressuscité dans notre cœur et à ouvrir notre esprit pour entrer dans la vraie vie en vue de notre résurrection personnelle au Nom de la Divine Trinité. Mais pourquoi déposer le Seigneur de gloire dans notre être le plus profond ? Afin qu’il descende jusqu’au cœur de notre enfer intérieur envahi par les passions depuis notre Chute en Adam. L’enfer est là où nous nous laissons crucifier par nos états d’âme, là où nous ouvrons la porte aux pensées des ténèbres dont les œuvres constituent notre mort spirituelle, là où Satan veut nous emprisonner dans sa haine de Dieu et de l’homme avec la complicité du vieil homme en nous.

 

Que le Ressuscité nous donne par grâce et selon sa Promesse, l’Esprit Saint, qui seul peut réaliser avec nous, déjà ici et maintenant, si nous le désirons vraiment, notre sainte et éternelle vocation qui est de devenir ce que nous sommes par la volonté de notre Père Céleste, des « personnes divino-humaines », dont la seule et unique raison d’être est la « vie éternelle dans le Royaume de Dieu ».

 

Bénissons les Myrrophores et tous les Disciples du Seigneur qui nous ont transmis leur témoignage de la Résurrection du Christ, et clamons autour de nous, cette prière du cœur le : « Christ est Ressuscité, en vérité IL est Ressuscité ».

 

+ Syméon