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dimanche 29 janvier 2023

Zachée

 Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à l’image de Zachée dont le nom signifie « pur, juste » de grimper sur un Sycomore, pour nous élever au-dessus de nous-mêmes, c’est à dire à sortir de la cristallisation du vieil homme qui nous entraine sans cesse vers les bas-fonds d’un monde accablé par des désirs contraires à la liberté humaine. A la fin de l’Evangile, le Seigneur Jésus dit de Zachée qu’il est lui aussi un « fils d’Abraham, le père des croyants », car il avait foi dans une réalité spirituelle qu’il espérait recevoir et ce désir qui l’habite depuis longtemps, il sait qu’il peut commencer à le vivre par sa rencontre avec Jésus.

 

Voici donc que Dieu lui-même témoigne en faveur de celui que le monde bien-pensant traite de pécheur et de publicain, en soulignant sa pureté, sa justice et son désir tout entier tourné vers Dieu, malgré les pressions d’une foule hostile et sans discernement. Dans l’épitre de ce jour, saint Paul dit à Timothée « prends à cœur le don spirituel qui est en toi », c’est ce que fait Zachée, car il a toujours été à l’écoute de cette voix intérieure, qui est la sobre présence de Dieu en lui par son image dès la création de l’homme. Zachée était dans une dynamique de recherche et de conversion, travaillé de l’intérieur par la quête du sens de son existence, cette attitude engendre une veille et un état de prière qui concerne l’humanité, cette expérience est proposée à tout homme ou femme de bonne volonté qui la désire librement.

 

Dans les Béatitudes, nous avons l’enseignement qui peut nous permettre d’acquérir comme Zachée la pureté et la justice, n’est-il pas dit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » et « bienheureux les persécutés pour la justice car ils seront consolés », aujourd’hui, Zachée voit Dieu en Jésus et reçoit sa consolation divino-humaine en partageant un repas avec Celui qui a dit « voici je frappe à la porte et celui qui m’ouvre, nous mangerons avec lui ». La foule qui entoure Zachée semble comme obsédée par la pensée que Jésus « accepte de manger chez un pécheur et un publicain », là où Zachée n’a comme seul désir que de voir Jésus, deux attitudes, celle de la foule et celle de Zachée, l’une qui empoisonne l’âme humaine, à savoir la curiosité malsaine et qui juge, l’autre, la volonté persévérante d’acquérir le sens profond de l’existence qui ne peut se trouver qu’en Dieu par l’ascèse de la vie religieuse et spirituelle.

 

De quelle justice le Seigneur parle t-Il ? De celle qui est mentionnée par le Christ en (Ma. 6, 33) : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Et comment se traduira cette justice divine pour rassasier de manière absolue les affamés et assoiffés spirituels ? Par cette promesse que dans la Jérusalem Céleste : « Dieu sera tout en tous », ainsi seront pleinement rassasiés ceux qui seront devenus par la grâce toute puissante de Dieu, un temple vivant de la Divine Trinité. Le monde sans Dieu, est le chaos infernal où toutes les injustices et toutes les folies se sont données rendez-vous, et cet abîme de la désolation inhumaine et macabre trouve son aboutissement diabolique dans l’outrage, l’insulte et finalement la mise à mort sur la Croix de « Jésus, le seul Juste ».

 

Quel est donc le grand persécuteur, l’unique persécuteur de l’humanité, n’est-ce pas celui que le Seigneur lui-même appelle « le prince de ce monde » ? Voilà l’ange déchu qui est tout entier devenu mensonge et le père du mensonge, celui qui est tout entier haine de Dieu et haine de l’homme. Voilà, celui qui ne cesse d’inspirer le péché au cœur des hommes, qui les persécute jour et nuit, souvenons-nous de la persécution du patriarche Job. Job a supporté la dure persécution diabolique, celle de son épouse et en plus la persécution de ses soit disant amis, qui se prenant pour des justes et des sages inspirés, étaient venus pour lui donner des leçons de morale. Job a tout supporté pour l’amour de Dieu et sa foi inébranlable en Dieu, il avait tout perdu mais Dieu lui a tout rendu et même plus que ce qu’il possédait avant.

La béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », est une promesse de Dieu

« Ils verront Dieu », ne signifie pas une durée temporelle ou une situation spatiale, parce que le « cœur pur » est totalement spirituel et ne désire que le seul Royaume de Dieu et la vision du Roi de Gloire qui l’habite. Zachée fait l’expérience de cette vision divine, en la personne de Jésus, son ascèse existentielle cultivée dans une espérance sans faille, lui a donné de voir Dieu en face sans mourir. De même que l’or est l’état le plus parfait ou le règne minéral peut parvenir, mais ensuite ne peut rien faire de plus ou de mieux sans la main de l’homme. De même que la terre peut produire les fruits précieux que sont le blé et la vigne, mais là non plus, ne peut aller au-delà sans l’homme. Ainsi l’homme peut aller par la grâce du Verbe et de l’Esprit jusqu’à la pureté du cœur, mais ensuite « voir Dieu et être fils de Dieu », ne peuvent lui être donnés que par l’amour infini de la Divine Trinité.

 

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (Jean1ère ép., 1, 1 à 2.) N’est-ce pas là encore, une icône de ce que Zachée a vécu en rencontrant le Messie, certes il lui faudra maintenant approfondir et incarner la grâce spirituelle reçue et devenir peu à peu par sa foi en Jésus, un christ aimant, saint, humble et sage.

 

Voici à nouveau devant nous, comme une vision divine, la promesse de la sainte Béatitude bienheureuse entre toutes les béatitudes, car en vérité qui ne désire voir Dieu sans la crainte de mourir ? Le psalmiste nous dit « voici que Dieu marche au milieu des dieux », n’est-ce pas ce que fait Jésus veut pour nous, « être comme lui, dieu par sa grâce », ne marche t-il pas avec nous dans l’Eglise et dans le monde ? Ce témoignage de saint Jean est le trésor des trésors spirituels déposé par la Divine charité au cœur de l’Eglise qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit de Dieu.

 

L’Eglise comme une mère spirituelle très humble, douce et sage, a reçu de Dieu comme vocation d’accueillir la grâce de la Divine Trinité et de la répandre en bénédictions sacrées et abondantes sur ses enfants et sur le monde entier. L’Eglise à l’image et à la ressemblance de notre très saint Christ, doit au Nom de Dieu proclamer avec une foi inébranlable qu’elle existe avec comme vocation que : « les pauvres deviennent riches, que les affligés soient consolés, que les doux se multiplient, que les affamés et assoiffés soient rassasiés, que les miséricordieux reçoivent miséricorde, que les cœurs purs voient Dieu, que les artisans de paix augmentent, que les persécutés soient accueillis et protégés ». Qui en-dehors de notre Seigneur Jésus-Christ nous

donnera une telle espérance et qui accomplira cette promesse divino-humaine sinon lui, faire de nous et avec nous des dieux par la puissance de la grâce aimante qui rayonne sans cesse du cœur de la Divine Trinité sur l’humanité.

 

Pour nos Pères et Mères saints, L’âme orthodoxe est naturellement orientée vers Dieu qui est son soleil spirituel et éternel, elle désire s’unir à Lui, l’âme orthodoxe renonce naturellement à participer à l’agitation éphémères des apparences stériles du monde, l’âme orthodoxe est liturgique et elle trouve son véritable accomplissement dans l’ascèse religieuse au sein de l’Eglise, l’âme orthodoxe est aimante, humble et simple et soupire sans cesse vers la « vie, le mouvement et l’être » qu’elle ne peut trouver que dans le Christ, Lumière qui sauve, illumine, transfigure et déifie, et conduit à la sainteté de la vie orthodoxe .

 

A Dieu notre Père, au Fils notre Seigneur et Frère aîné et à l’Esprit Saint le divin consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

+Syméon

 

 

dimanche 15 janvier 2023

La voix de Celui qui crie dans le désert

 (Marc 1, 1 à 8)

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre de saint Jean-Baptiste le précurseur et du Seigneur Jésus que nous confessons comme le Messie prophétisé par Israël pour le salut de l’humanité et la pleine restauration de la création divine, suite au péché ancestral d’Adam et Eve.

 

Jean ne dit pas : « je crie dans le désert », mais « je suis la voix de Celui qui crie dans le désert »,  c’est Dieu lui-même qui crie dans le désert à travers Jean, mais vers qui Dieu crie-t-il avec une telle puissance ? Quel est donc ce désir divin que Dieu porte dans son cœur de Père et auquel son Amour ne peut résister, à qui s’adresse-t-il et que crie-t-il ? Ce cri divin dans le désert est en vérité, l’écho de celui du Père céleste dans le Paradis : « Adam où es-tu ? », Dieu ne cesse de rechercher l’homme son bien-aimé, que ce soit dans le paradis ou dans le désert. Oui, l’amour de Dieu pour l’homme  est tel qu’il en témoigne à nouveau aujourd’hui dans le désert de ce monde aride, tourmenté et dans l’errance avec l’espérance que l’homme lui réponde amen.

 

L’Evangile nous dit « voici que j’envoie mon messager vers toi pour préparer ta route, voix de celui qui crie dans le désert : préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers », l’Evangile de toute grâce ne peut vivifier notre existence que s’il reste cette Bonne Nouvelle qui rejoint chacun et chacune dans son quotidien, qu’il fasse sens là où je mets à l’œuvre mon existence concrète. Les sentiers tortueux qui mettent à mal notre vie, sous lesquels nous nous cachons aux yeux de Dieu comme Adam et Eve se cachaient dans le Paradis, sont nos pensées, paroles et actes, que nous devons aplanir et rendre droits pour engendrer avec Dieu, « l’homme nouveau », dont le modèle unique et absolu est le Messie qui s’avance vers Jean pour être baptisé par lui. C’est pourquoi aucune ascèse n’est meilleure pour chacun d’entre nous que l’acceptation confiante des évènements de sa vie, car c’est dans notre existence réelle que le « « Messie » vient à notre rencontre. C’est ainsi, que notre quotidien existentiel peut devenir une icône fidèle du désert symbolique, où se renouvelle jour après jour cette expérience de la rencontre avec Dieu, pour être baptisé spirituellement au cœur même du monde, par l’onction de l’Esprit de toute grâce.

 

Donc le désert pour Jean c’est d’abord quoi ? C’est tout simplement, le lieu où il vit, là où il prend conscience peu à peu de sa vocation de voix du Seigneur, qu’il s’y prépare et la réalise. Le désert est donc d’abord pour chacun et chacune d’entre nous, là où nous sommes, vivons et découvrons notre vocation selon Dieu. Le désert c’est aussi une figure de nous-même, de notre individualité, à travers laquelle Dieu veut se frayer un passage pour nous élever à notre réalité de personne unique, c’est pourquoi comme Jean, nous devons apprendre à entendre et à discerner la Parole que Dieu nous adresse au cœur de notre être, et qui se donne tout particulièrement dans l’Eglise par la médiation sainte et sacrée de la Divine Liturgie. Une autre figure du désert, c’est le monde lui-même, et dans ce monde la voix de Celui qui crie dans le désert, c’est l’Eglise, qui à l’image de Jean appelle l’humanité au baptême de conversion qui prépare au baptême de l’Esprit de Dieu.

 

Marie, Mère de Dieu, est celle qui a su parfaitement se nourrir spirituellement dans le Saint des Saint du Temple de Jérusalem, à travers la Liturgie Synagogale à laquelle elle assistait, et ainsi, préparer les voies du Seigneur, aplanir et rendre droit en elle les chemins de l’âme, du corps et de l’esprit, pour accueillir le messager de Dieu annoncé par Israël et Jean Baptiste, c’est à dire le Seigneur Jésus. Mais le désert de notre existence devient stérile lorsqu’aucune parole n’y circule pour dire que vivre et vivre ensemble est possible, ou si nous renonçons à croire que le Messie qui est Dieu, vient et préfère chacun, il n’y a donc pas lieu d’envier l’autre. Notre désert devient stérile lorsque par une fausse ascèse nous renonçons à donner à notre « corps » ce qui lui est naturel et bon, c’est à dire lorsque nous oublions qu’il est par vocation le Temple de l’Esprit Saint.

Notre désert existentiel devient stérile lorsque sous prétexte de vie spirituelle, nous refusons à notre « âme » de cultiver le goût de la « beauté » dans notre vie quotidienne, cette beauté dont Dostoïevski nous dit qu’elle sauvera le monde, il parle ici de la beauté divino-humaine du Christ, Dieu incarné. Les fausses œuvres, fruits amers et indigestes des égo malades, finissent trop souvent par transformer l’âme de ceux qui les admirent en annexe psychiatrique, et leur vie en litanie continue de plaintes, de larmes et de frustrations. Le désert devient stérile lorsque nous ne donnons pas à notre « esprit » sa nourriture vitale qui est la bonne nouvelle de l’Evangile de vie, et qu’à sa place nous nous laissons hanter par des phantasmes et des fantômes sans consistance, œuvres du vieil homme et désert aride où finissent par pousser les mauvaises  herbes de toutes les hérésies.

 

Aujourd’hui, l’Eglise messagère de Dieu, nous est donnée pour préparer tout homme et femme de bonne volonté qui le désire, à éviter les chemins tortueux de la perdition mondaine, non en jugeant le monde, mais en y cheminant sur la voie étroite mais royale qui est le Christ Messie. Et tout comme Jean le Précurseur a tressailli dans le sein de sa mère Elisabeth en entendant la voix de Marie enceinte de Jésus et qui la saluait, de même, nous pouvons tressaillir en entendant la sagesse divino-humaine de l’Eglise nous saluer, car par la foi nous savons que l’Eglise est enceinte de la présence du Seigneur.

 

Jean ascète évangélique, est bien celui que la tradition appelle « homme céleste et ange terrestre » et saint Paul dit qu’un tel homme est « caché avec le Christ en Dieu », Jean a vu ce que l’œil inhumain ne voit pas, il vu en « Jésus, le Saint Messie d’Israël », il a entendu ce que l’oreille mondaine ne peut entendre, il a entendu la voix divine lui dire de Jésus « Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur », il a ressenti la très sainte présence de « l’Esprit de Dieu descendu sur Jésus », au moment du baptême dans le Jourdain, expérience inaccessible à l’incroyant au cœur enténébré. Jean s’est recueilli et unifié par sa communion avec le Christ dans l’humilité de son cœur, il témoigne de la réalité des grâces divines que reçoivent ceux qui aiment Dieu.

 

Jean le Baptiste et précurseur du Seigneur, le dernier prophète de l’ancienne alliance, s’efface et se dit indigne de dénouer les lacets des pieds de Jésus, mais ce n’est plus une prophétie à venir qui nous est promise, mais Dieu lui-même qui réalise sa parole divine en s’incarnant pour être avec nous jusqu’à la fin des temps. Voici donc que l’Eglise, émerveillée et merveilleuse, resplendit de la présence rayonnante du saint Messie d’Israël et Fils unique du Dieu vivant et nous pouvons chanter avec les saints et les anges, « aujourd’hui le Roi des cieux s’est incarné d’une Vierge » et « ta naissance ô Christ notre Dieu a fait resplendir dans le monde la lumière de l’intelligence, ceux qui servaient les astres sont instruits par l’astre de t’adorer soleil de justice et te contempler, orient venant des hauteurs, Seigneur gloire à Toi ».

 

Alors, prions Dieu pour que Sa Grâce, bénisse nos œuvres et que notre désert devienne ce lieu vivant et vivifiant, où dans l’humilité et la simplicité, l’homme apprend à devenir dieu, où le monde devient Eglise, où l’Eglise devient Royaume de Dieu, et que la Gloire soit au Père, au Fils et à l’Esprit qui gouvernent ce Royaume et nous y offrent Leur hospitalité éternelle, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 7 janvier 2023

La Nativité du Seigneur.

 (Matthieu 2, 1 à 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous montre comment la Lumière Divine qui s’incarne dans un petit enfant, est refusée par ceux qui préfèrent trafiquer dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Saint Jean dans son prologue ne dit-il pas : « la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue ». Hérode est Juif, il n’ignore rien de l’espérance messianique du peuple d’Israël. Mais Hérode le sanguinaire est possédé par le goût du pouvoir, et cette obsession le vide de toute humanité et de toute compassion, rien alors ne le retiendra plus pour ordonner après le départ des rois mages, le massacre des « saints innocents ».

 

L’Evangile nous dit : « Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient se présentèrent à Jérusalem en disant : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Le Royaume de Dieu est le véritable et unique « Orient spirituel », qui aujourd’hui devant nos yeux, s’incarne pleinement dans l’orient de notre monde, par l’Enfant divin, Jésus le Fils béni de Marie.  

 

N’est-il pas étrange que Dieu nous envoie les rois mages, alors que les synagogues étaient les îlots lumineux qui avaient pour mission d’annoncer et d’accueillir la lumière éternelle, c’est à dire le « Messie » espéré? L’étoile qui guide les rois mages depuis l’Orient, symbolise dans l’homme la « lumière de l’intelligence » qui a pour vocation d’illuminer l’être humain afin de le guider vers le saint des saints qui est son propre cœur pour s’y prosterner et y adorer, l’Enfant Jésus. Offrir notre cœur à Dieu comme une grotte spirituelle, pour que l’Esprit Saint en fasse un sanctuaire, un lieu de vie aimant, vivant et liturgique, pour que notre personne entière puisse recevoir la grâce divine et accueillir l’Enfant Divin incarné. La Nativité est le commencement de notre salut selon cette parole de notre saint Père Athanase « Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne dieu », l’univers entier ne peut être comparé à cette immense vocation humaine, « naître au ciel et devenir dieu ».

 

L’Ecriture poursuit : « le roi Hérode, ayant appris la naissance de Jésus, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui ; il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple et s’enquit auprès d’eux du lieu où devait naître le Christ ». Etre un roi mage, c’est être une lumière sur le chemin de l’humanité, qui a pour vocation de transmettre la grâce divine, c’est à dire la bonne nouvelle de la naissance du Roi des rois, l’humble Enfant divin, pour le salut de l’humanité.

 

Hérode lui, est un roi de pacotille et de comédie, une caricature misérable de la véritable royauté qui est spirituelle, un bouffon ridicule et insensé, affamé et assoiffé non de justice mais de pouvoir, en vérité il ne représente rien ni personne, car son royaume est celui des vaines apparences, du néant. Mais si Hérode n’est rien, qui alors lui donne un tel pouvoir sur nous et en nous? Hérode par analogie, c’est le vieil homme en nous, qui se trouble lui aussi, à chaque fois qu’il est visité par un envoyé de Dieu. Hérode, c’est sa majesté l’égo, qui hurle moi, moi et encore moi, qui ne connait d’autre dieu que lui même, d’autre œuvre que de faire sa volonté partout, toujours, en tout et avec tous. Il est l’homme entêté jusqu’à l’absurde, emmuré dans ses petites certitudes ridicules et stériles, et qui refuse de se convertir à la seule nouveauté absolue que représente l’Enfant qui vient de naître à Bethléem. Hérode, homme imbu de lui-même devient esclave et complice de Satan, le séducteur et prince des ténèbres, dont l’unique désir est la destruction totale de l’humanité. C’est pourquoi les hordes sataniques, se griment volontiers de masques qui caricaturent le visage de l’humanité, et s’associent avec tous les Hérode impies de ce monde, pour persécuter l’Eglise et massacrer celui qui est le Sauveur unique de l’humanité, « l’Enfant Dieu ».  

Les scribes et les prêtres en réponse à Hérode dirent : « l’enfant est né à Bethléem de Judée, car voici ce que le prophète a écrit : « et toi, Bethléem, pays de Juda, tu n’es certes pas le moindre parmi les clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël ». Voici donc que les prêtres et les scribes savent dire où naitra le Messie attendu, quant à y aller eux-mêmes, hélas, trois fois hélas, leur vanité et leur soumission aveugle à la lettre de la Loi, les empêche d’accéder à la vie en plénitude, à l’Enfant Divin annoncé, qui naît aujourd’hui ici parmi nous, et que pourtant ils prophétisent, espèrent et attendent tous. Mais nous savons que la soit disant sagesse de ce monde, incapable de reconnaître le « Sauveur incarné dans un nouveau-né », reste incrédule et incapable de s’émerveiller devant l’espérance que représente l’Enfant Jésus, cette non sagesse que saint Paul dénonce comme une folie aux yeux de Dieu.

 

Que signifient ici, les « clans de Juda » ? Seule la vie spirituelle inspirée par l’Esprit de Dieu peut emmener l’homme vers « Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie », c’est à dire, l’Enfant Jésus qui vient de naître pour illuminer justement tous les clans dont parle le saint Evangile ? Les clans sont toutes les tribus d’Israël et les Synagogues où est annoncée la parole divine et prophétique du Très-Haut. Parole qui ne cesse d’annoncer la naissance du Divin Rédempteur espéré par Israël, et que l’Israël de Dieu devait donner à l’humanité. C’est pourquoi plus tard, l’enfant Jésus devenu le « Serviteur Souffrant » contemplé par le prophète Isaïe, dira dans l’angoisse de son âme : « ô mon peuple que t’ai-je fait » et « qui a connu la pensée du Seigneur en esprit et en vérité » ?

 

Mais voici l’humble merveille, la bonne nouvelle, voici que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a élu parmi tous ces clans fiers et prestigieux, l’humble « Bethléem », qui deviendra l’Eglise très sainte et très aimée de Dieu. Bethléem la maison du Pain, qui annonce que cet Enfant qui vient de naître n’est plus la simple « manne céleste » reçue par les Israélites dans le désert, mais le « Pain Vivant descendu lui-même du Ciel », pour se donner comme nourriture à l’humanité affamée et assoiffée à cause du néant spirituel qui recouvre le monde de ténèbres. Bethléem, la maison du Pain, est le signe divin et prophétique de l’Eucharistie, du Corps et du Sang que l’Enfant Divin versera librement lorsque devenu adulte, IL accomplira pleinement le mystère de la Nativité, en donnant Sa vie pour le salut du monde.

 

L’Ecriture poursuit « Hérode alors appela les mages en secret et se fit préciser par eux la date de l’apparition de l’étoile, puis ils les dirigea sur Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur cet enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui ».

 

De nouveau, l’Evangile nous montre l’ambiguïté du fonctionnement mental de Hérode, qui tout comme le tentateur maudit dit des choses qui semblent bonnes et justes, mais comment agit-il ? Il agit en secret, en faisant semblant de bénir le voyage des rois mages, en leur faisant croire qu’il a le même projet qu’eux, qu’il veut le meilleur pour l’Enfant, qu’il a les moyens de combler tous leurs désirs, y compris spirituels. Et pour arriver à ses fins, il ne veut surtout pas d’autres témoins que des grands-prêtres et des scribes, ses complices incapables de discerner le saint et véritable sens prophétique et spirituel de l’Ecriture Sainte.

 

En vérité, c’est le Temple de Jérusalem qui devait accueillir l’Enfant Divin, il était par vocation la Grotte mystique que Dieu désirait illuminer par sa naissance. Mais Hérode va se détruire lui-même parce que son mensonge est pathétique, dans sa folie comme tant d’autres hommes, il pense pouvoir tromper Dieu lui-même, mais en réalité, son marchandage hypocrite avec les saints rois mages, ne lui rapportera rien, sinon faire de lui le « bourreau des innocents » et son propre bourreau.

 

L’Evangile poursuit : « sur ces paroles du roi, les mages  se mirent en chemin. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient se mit à les précéder jusqu’à ce qu’elle vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant ». Les mages se mettent donc en route sur les ordres du roi Hérode, et l’étoile qui ne pouvait briller en présence d’Hérode qui représente les ténèbres du monde sans Dieu, peut à nouveau resplendir de toute sa luminosité divine, pour accompagner et guider le saint voyage non seulement des rois mages, mais de toute personne qui décide de dire « amen », à l’appel providentiel de Dieu et de se prosterner devant Jésus, l’Enfant Dieu.

 

L’Ecriture poursuit : « la vue de l’étoile remplit les mages d’une grande joie ; ils entrèrent dans la grotte, trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, le front contre terre, ils se prosternèrent devant lui ; puis ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Que signifie : « la vue de l’étoile les remplit d’une grande joie ? Cela signifie leur communion réelle  à la lumière incréée dont cette étoile est le signe manifeste dans la création, cela signifie que la lumière est le fruit de la vie en Dieu et que cette vie lumineuse engendre cette grande Joie dont le Seigneur dit : « Je vous donnerais la Joie que nul ne pourra vous ravir ». Seule la joie divine est la joie véritable, joie qui nous donne de danser intérieurement devant la Divine Trinité, joie vécue par les rois mages, joie que celui à qui le Seigneur donne de la goûter, même une seule fois, ne pourra plus jamais oublier ni dans ce monde ni dans l’autre.

 

Que signifie, « ils entrèrent dans la grotte et la suite »…cette grotte est l’Eglise intérieure, spirituelle et mystique, icône de la grotte de Bethléem, c’est le lieu de Dieu dans l’homme, la rencontre personnelle de l’homme avec Dieu, là où tout naturellement, l’homme se prosterne au cœur de son cœur, dans l’adoration en esprit et en vérité de la Divine Trinité. Que signifie encore, ils Lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ? Cela signifie que l’homme, roi, prêtre et prophète, a retrouvé par la grâce de Dieu sa vocation divino-humaine, et peut réaliser le grand œuvre d’amour, les signes de cet état spirituel retrouvé sont ceux de la nature divine elle-même, offrir l’or c’est confesser que la nature de Dieu est Lumière, offrir l’encens c’est confesser que la nature de Dieu est la Sainteté, offrir la myrrhe c’est confesser que la nature de Dieu est en vérité l’Immortalité. Alors Dieu, le Roi Mage Divin, à son tour offre à l’homme non l’or, l’encens ou la myrrhe, mais la « déification », l’adoption filiale, la communion sans confusion ni aucune séparation avec la Divine Trinité, qui est la vie éternelle dans le Royaume de Dieu.

 

L’Ecriture dit : « ensuite, avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, les rois mages  regagnèrent leur pays par un autre chemin ». L’Evangile de ce jour nous révèle ainsi le pèlerinage religieux et spirituel proposé à l’être orthodoxe, cette ascèse de vie qui doit transformer peu à peu l’homme, et faire de lui un être liturgique qui célèbre son Seigneur à travers toute son existence quotidienne. Cette vie en Dieu est d’abord une vie en soi avec Dieu, parce que la relation à Dieu est toujours personnelle, mais aussi une vie avec l’autre, c’est-à-dire une vie en Eglise. Alors nous aussi, nous « regagnerons notre pays par un autre chemin », c’est à dire, non plus par les sentiers de perdition du monde hérodien ou ceux chaotiques du vieil homme, mais par le « chemin unique qui est le Christ », pour arriver par grâce dans notre pays réel qui est le Royaume de Dieu.

 

Au Père Roi de l’Univers, au Fils qui nous veut cohéritiers de Son Royaume et à l’Esprit Saint qui nous intronise dans le Royaume, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

vendredi 6 janvier 2023

MESSAGE DE NOËL 2022 du Patriarche Porphyre et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes

  LA PAIX DE DIEU – CHRIST EST NÉ !

…Un enfant nous est né, un fils nous a été donné,

Il a reçu le pouvoir sur Ses épaules et on Lui a donné ce nom :

Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince de la paix ! (Is 9, 5)

 Chers enfants spirituels,

Réjouissons-nous en ce jour de grande et merveilleuse fête de la Nativité du Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, par laquelle s’est accompli le salut du monde et de l’homme ! Joignons-nous aux anges en chantant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes qu’Il aime ! (Lc 2, 14) Les rayons de gloire du Seigneur nous ont révélé la grotte qui est devenue pour le monde, la source du Chemin, de la Vérité et de la Vie ! (Jn 14, 6) Réjouissons-nous avec toute la création, en entonnant un chant nouveau (Ps 98, 1), car le grand, hautement loué et Seigneur au-dessus de tout, est devenu un petit enfant ! Réjouissons-nous et, comme les bergers dans cette nuit toute lumineuse, plus éclatante que le jour, embrassons Celui qui a rassemblé les cieux dans une mangeoire ! Soyons dans l’allégresse et à la suite des sages venus d’Orient, prêchons sans crainte l’Étoile brillante qui a chassé les ténèbres de la mort et nous a conduits à la Lumière éternelle et au Sens éternel !

Le mystère de Noël est contenu dans l’humilité infinie du Prééternel qui est né comme un petit enfant et nous a permis de Le toucher, et selon le plan perfide d’Hérode, il s’en est fallu de peu qu’Il fut mis à mal. Mais sans se soucier des faiblesses des hommes, le Fils de Dieu attend notre amour et nous permet même de L’embrasser. C’est ainsi qu’à Noël nous sommes appelés à prendre part à Son développement dans ce monde afin de parvenir nous-mêmes à l’état adultes, à la taille du Christ dans Sa plénitude (Ep 4, 13). Dans cette connexion divino-humaine, nous adoptons les vertus évangéliques, les valeurs éternelles que le Fils de Dieu apporte sur terre.

En vivant selon les commandements de Dieu, sous la protection de la sainte Église, nous commençons à regarder avec Ses yeux, à respirer avec Ses poumons et à réfléchir avec Son esprit. Ainsi nous adoptons progressivement l’esprit du Christ, l’éthique évangélique, les valeurs éternelles, devenant des hommes en train de renaître, des citoyens du Royaume céleste et des membres de la Maison de Dieu.

Frères et sœurs, si nous choisissons d’être façonnés par le mystère de l’amour et de l’humilité qui s’est manifesté dans l’événement de la Nativité du Christ, tout sera transfiguré autour de nous. Si pour nous, la mesure de toutes les valeurs devient l’Enfant Divin qui gît emmaillotté dans une mangeoire, nous entendrons la même voix fortifiante des anges qui dans la première nuit de Noël a réconforté les bergers : Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur (Lc 2, 10-11). Cet encouragement éternel et impérissable des anges transforme avec son message plein de grâce et de force, le monde souffrant et déchiré par des troubles en un lieu de paix et de joie de Noël. Pour que la paix qui nous a été ainsi donnée, soit mise en œuvre dans notre temps et dans notre vie, nous devons rassembler nos efforts, nous devons non seulement adhérer à cette paix mais aussi en faire un élément essentiel de notre vie.

Les guerres fratricides et destructrices qui sèment la mort aujourd’hui tout autour de la terre, montrent que la paix véritable n’est pas seulement l’absence de conflit armé mais le fruit du sacrifice d’auto-immolation que le Seigneur Lui-même a semé parmi les hommes et qu’Il a scellé par Son Incarnation. La paix de Dieu se révèle à nous dans la Personne divino-humaine du Christ, elle frappe à la porte de notre liberté et nous invite à l’accueillir dans nos demeures et nos écoles, dans nos lieux de travail, dans les coins et recoins de nos vies. Elle nous appelle à nous joindre à ceux qui partagent avec nous le même éthos éternel, saint et immuable, un système de valeurs défini par ce que nous aimons et ce que nous sommes, ce en quoi nous croyons et ce que nous savons. Alors, même dans nos proches, nous reconnaîtrons le Divin Enfant et pourrons leur offrir aussi l’or de la joie de vivre, l’encens de l’amour sincère et la myrrhe de l’humilité véritable.

Chers enfants spirituels, la Nativité du Christ a depuis toujours été respectée par tous comme une fête familiale, la fête du foyer domestique et de la chaleur qui s’y trouve. C’est pourquoi il est erroné qu’au réveillon de Noël, à la veille d’une Fête joyeuse, on n’accueille pas le Divin Enfant, qui est le Dieu prééternel et un Enfant né pour nous, dans l’atmosphère familiale qui autour du Badnjak (morceau de chêne traditionnel), de la paille répandue et de tout le reste, rappelle la modeste grotte dans laquelle Lui, le plus humble parmi les humbles, est né, emmaillotté et déposé dans la plus simple des mangeoires – et qu’au lieu de cela, on fasse la fête dans les rues et sur les places d’une manière quasi païenne et dans une atmosphère imbibée d’alcool.

Comme les puissants de cette époque avaient persécuté et voulu détruire le Divin Enfant, ceux qui leur ont succédé au pouvoir aujourd’hui, élèvent la voix contre la famille fondée sur les valeurs chrétiennes. La réponse de l’Église à une telle agression publique et permanente ne peut être qu’évangélique, apostolique et dans l’esprit de Noël. Cela signifie que l’Église demeure inébranlable sur ses convictions éternelles et immuables, protégeant les frontières de la Loi donnée par Dieu dans Sa miséricorde, sans chercher à imposer ses valeurs à quiconque, mais en même temps sans en dévier d’un iota. Nous ne cherchons à traduire aucune personne placée sous la voûte céleste devant un tribunal des hommes, ni ne jetons la pierre à ceux qui ne partagent pas notre foi, mais nous refusons catégoriquement de mettre sur le même plan un choix libre mais erroné de qui que ce soit avec notre liberté et la responsabilité qui l’accompagne.

Pour que, dans une société profondément blessée, les enfants puissent résister à l’avalanche d’appels à la violence dans les écoles, sur les réseaux sociaux, dans les stades et les terrains de sport, il est nécessaire de les éduquer dans un environnement familial sain fondé sur l’amour et non sur la haine et l’agressivité. L’apparition de comportements violents et destructeurs dans nos écoles s’accompagne d’efforts insistants et inadmissibles pour imposer dans le système d’instruction et d’éducation, depuis le jardin d’enfants jusqu’à l’université, des enseignements, une idéologie, des pratiques et des habitudes tout à fait contraires à l’éthique chrétienne et à la vie pieuse, non seulement des orthodoxes serbes, mais aussi de tous ceux avec qui nous partageons notre espace vital.

En ces jours marqués par la joie de Noël, la paix et la chaleur familiale, nous portons dans nos prières ceux chez qui brûle le feu de la guerre, et d’abord nos frères et sœurs dans la foi en Ukraine et en Russie. C’est avec tristesse que nous observons les conflits meurtriers et leurs victimes, auxquels participent, publiquement ou secrètement, divers acteurs. Les conséquences du tragique conflit fratricide russo-ukrainien, encouragé chaque jour de l’étranger, sont terribles et l’incendie de la guerre menace, comme jamais auparavant, le monde entier. C’est pourquoi nous adressons une prière particulièrement fervente au Divin Enfant le Christ, et nous envoyons un appel sincère et fraternel à tous les participants directs et indirects à cette guerre, afin qu’ils trouvent en eux-mêmes des forces pour mettre fin aux souffrances, pour que les exilés puissent revenir dans leurs villes et villages, que leurs demeures soient reconstruites et que la paix revienne dans les zones touchées par le feu de la guerre.

Depuis le milieu de l’année qui s’achève, c’est aussi sur la terre natale dont nous avons hérité, au Kosovo et en Métochie, que ceux qui sont nos voisins séculaires adressent des ultimatums, lancent des provocations, exercent la terreur et ne cessent de menacer les Serbes restés sans défense sur place, de mesures de bannissement et de cruauté, au milieu du silence inquiétant, voire même nous semble-t-il, du soutien implicite de certains États puissants. Nous rappelons à tous les acteurs concernés que pour les Serbes du Kosovo et de Métochie aussi, doivent s’appliquer les droits humains universels et les droits à la liberté, à l’instar de ceux des Albanais et de tous les hommes à travers le monde. La sécurité des personnes, la sûreté des biens et la liberté de mouvement appartiennent à tous de façon égale, et comme tels ils doivent être inviolables.  

En nous prosternant devant la Nativité du Christ, nous prions pour qu’au milieu de nous, mais aussi chez tous ceux avec qui nous partageons notre espace et les moments de l’existence, ainsi que chez tous les peuples de la terre, règnent l’amour, la compréhension, la bonne volonté de Noël et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (Ph 4, 7). Animés par la joie de la fête de la Nativité, avec une préoccupation et une responsabilité archiépiscopales particulières, nous disons à tous nos frères et sœurs, membres de notre communauté nationale serbe orthodoxe, où qu’ils vivent, que leur Mère Église est toujours à leurs côtés et qu’elle les appelle à être en éveil pour entendre et mettre en œuvre l’Évangile du Christ, et donc être prêts à annoncer pacifiquement la bonne nouvelle de paix et d’amour à tous les hommes et au monde entier.

En vous adressant nos meilleurs vœux pour Noël et une Nouvelle Année 2023 pleine de la bonté du Seigneur, nous vous souhaitons toutes les bonnes choses authentiques dans la joie inaliénable apportée par le Divin Enfant Christ, avec notre salutation très joyeuse de Noël :

La paix de Dieu, Christ est né !

 

Au patriarcat serbe, à Belgrade – Noël 2022.

 

Le patriarche serbe PORPHYRE, avec tous les évêques de l’Eglise orthodoxe serbe  

et Mgr Justin, évêque d’Europe occidentale.