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samedi 28 décembre 2024

INTRODUCTION A LA TRADITION ORTHODOXE :

 

 

INTRODUCTION A LA TRADITION ORTHODOXE :

L’EGLISE

« Je crois en l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique. »

 


La contemplation du Mystère de l’Eglise de Dieu est vitale pour le Chrétien parce qu’elle est aussi son propre « mystère », lieu de sa libération de tout esclavage en Jésus-Christ. Nul ne peut confesser que Jésus est Seigneur sans l’Esprit-Saint, de même, nul ne peut méditer le Mystère de l’Eglise et le vivre réellement sans ce même Esprit-Saint.

 

L’Eglise est au cœur du monde, elle est le cœur du monde, elle contient le monde et transcende le monde, qualités que nous reconnaissons à Dieu lui-même, ce faisant, nous confessons la grandeur de l’Eglise. L’Eglise de Dieu est Icône de l’économie divine dans le monde, miroir où chacun  peut acquérir la grâce de voir la Face de Dieu sans mourir. Ce don nous est accessible d’abord en Christ, par la médiation de Marie Mère de Dieu, des Apôtres et de tous les Saints à travers l’œuvre liturgique qui engage tout l’homme. L’Eglise est le lieu vivant où avec Moïse, nous devons nous déchausser, Terre Sainte où tout l’univers retrouve son unité. Elle est l’Epouse du Christ et notre épouse, Corps du Christ et notre corps, et nul ne hait son propre corps.

 

Rien ne peut s’incarner sans exister d’abord en Dieu, ne disons-nous pas que « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », ainsi l’Eglise terrestre est dans sa nature spirituelle semblable à l’Eglise céleste, construite non selon une vision  humaine limitée, mais selon le modèle révélé par Dieu dans le Christ et l’Esprit. Tout ce qui a vie reçoit son être de Dieu et l’existence est d’amener cette vie divino-humaine à sa perfection dans le respect et la vocation reçue à incarner à  en vue de sa déification ultime par la grâce de Dieu.

 

Il est inscrit dans l’homme créé par Dieu une économie spirituelle qui lui permet d’aller librement vers la réalisation parfaite de sa vocation qui est d’être déifié et de s’unir à la Divine Trinité. De même, le cosmos est appelé à être transfiguré et spiritualisé mais non déifié. Autrement dit, chaque créature créée par Dieu a une vocation spécifique selon son essence, sa semence et son espèce qui consiste en ce que cette « tout ce qui existe loue le Seigneur » car vivre c’est louer la Divine Trinité. (Ps. 103)..

 

 Je crois en l’Eglise :

Cet acte de foi  que nous confessons concernant l’Eglise procède du même Esprit avec lequel nous confessons au début du Credo : Je crois en Dieu le Père, en Jésus-Christ, en l’Esprit -Saint… Il est donc aussi essentiel de croire en l’Eglise qu’en Dieu lui-même, car nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre. Certes, il y a une hiérarchie dans notre confession puisque nous commençons par le Père, le Fils et l’Esprit Saint ...mais le Credo est un tout indissociable.

 

La première attitude qui nous est demandée est de croire en l’Eglise. Nous ne disons pas « nous croyons », mais «  je crois ». Il s’agit là d’une responsabilité personnelle à assumer, dans un même esprit que celui dans lequel nous nous donnons le baiser de paix et disons « paix à toi et à l’Eglise », mais en ayant toujours présent à l’esprit l’inséparabilité de l’homme et de la communauté.

 

Nous confessons par l’Eglise une réalité qui est d’abord spirituelle mais qui désire s’incarner selon la bénédiction du Christ dans l’histoire du monde et dans l’humanité. L’Eglise d’invisible est devenue visible, elle est créée, là et à venir dans le devenir liturgique divino-humain. L’Eglise est le Corps du Christ mais ce corps contient la plénitude de la divinité en Lui. C’est pourquoi nous affirmons que l’Eglise peut être contemplée comme incréée selon la divinité du Christ et créée selon l’humanité du Christ.

 

Ce « Je crois » pour confesser véritablement doit être l’Icône du « Je Suis » par lequel le Christ affirme son antériorité et sa supériorité par rapport à Abraham devant les Pharisiens et les Juifs. Est-il nécessaire de confesser et de croire en une réalité qui serait déjà pleinement présente ? Nous croyons donc en une réalité certes palpable et expérimentable dans l’Eglise incarnée, puisque nous chantons « goûtez combien le Seigneur est doux », signe réel et précurseur du monde à venir.

 

 Une

La première qualité que nous reconnaissons à cette Eglise que nous confessons est qu’elle est « Une », ce qui est tout simplement un des noms attribués à Dieu. Concernant l’Eglise historique, nous voyons bien qu’elle est non pas Une mais multiple, non pas unie mais désunie.

Dans l’unique Eglise du Christ, sont contenues des églises particulières qui ne reçoivent pas leur unité d’elles-mêmes  mais de leur confession orthodoxe fixée au sein de la Tradition et des Conciles et proclamée dans les Actes des Apôtres sous la forme de : « L’Esprit- Saint et nous… », elle est donc Une dans l’unité de la Foi. Toute Eglise locale, quelle que soit son importance, qui ne confesse  pas la Foi de l’Eglise « Une  et Universelle » s’exclue elle-même du Corps du Christ ce qui est vrai aussi pour tout Chrétien.

 

Nous devons confesser l’Eglise par la foi et les œuvres, « en vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais et même de plus grandes ». La Vérité qui est le Christ lui-même nous enseigne ici que la foi et les œuvres doivent êtres unies et présentes dans la vie de l’homme comme un témoignage à la Vérité et à la Lumière et comme étant faites en Dieu.

 

Sainte :

 

L’Ecriture témoigne tout particulièrement de la Sainteté de Dieu et l’Eglise incarnée est appelée à témoigner de celle-ci par le Christ dans l’Esprit -Saint et au sein des chrétiens. Lorsque nous pénétrons dans l’Eglise de Dieu, Corps du Christ, nous entrons dans la Vie en Dieu, nous sommes en contact de manière immédiate avec Sa Sainteté que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non.

 

Dans la confession de la Sainteté de Dieu, nous ne pouvons trouver de meilleur témoignage que celui de l’Eglise lorsque nous chantons en son sein : « Saint, Saint , Saint est le Seigneur Tout – Puissant, le ciel et la terre sont remplis de Ta gloire, Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux  ».

 

A ce chant magnifique répond en unisson celui des chœurs célestes qui proclament : «  Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout- Puissant, celui qui était, qui est et qui vient ! », de la terre au ciel et du ciel à la terre, de ce monde au monde à venir est proclamée la Sainteté de Dieu.

 

Catholique :

 

L’Eglise est catholique c’est à dire  universelle au sein de laquelle naissent toutes les Eglises historiques en leur temps et lieu par l’œuvre de l’Esprit-Saint et des hommes. L’universalité de l’Eglise réside et prend sa source dans la réalité spirituelle qui est le Christ lui-même, ce qui s’exprime premièrement dans l’unité de la Foi de laquelle découlent les pratiques rituelles particulières.

 

La catholicité répond à la parole du Christ que les vrais adorateurs du Père, voulus par Lui, L’adorent en esprit et en vérité  fondement de l’incarnation de la Foi. Dans cette optique, le mono ritualisme que parfois on entend exiger pour toute la chrétienté, apparaît non seulement utopique mais encore comme une déformation hérétique de l’esprit des Conciles œcuméniques.

 

L’Eglise n’est pas catholique parce qu’elle serait prêchée dans le monde entier, mais elle le devient dans l’unité de la Foi, reçue et transmise par le Christ et dans l’Esprit-Saint au sein de la Tradition apostolique.

 

L’Eglise est catholique-universelle également dans le sens où le Corps du Christ qui comprend premièrement tous les Chrétiens, contient aussi en lui toute l’humanité. La catholicité du salut est proposée à tout homme, bien que non imposée, car en Christ nous sommes affranchis de toute servitude et appelés à lui répondre en homme libre.

 

Ainsi, au sein même du Corps du Christ, le Chrétien est co-responsable du devenir de toute l’humanité et de toute la création, ce qui est  souligné tout particulièrement par la parole du Christ : « vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde »

 

Apostolique.

 

L’Eglise possède toutes les qualités divines précitées, mais il est indispensable qu’elle soit reconnue et reçue à travers la Tradition Apostolique, ces hommes qui ont confessé et témoigné par leur vie et leur mort que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Depuis vingt siècles, les Chrétiens confessent la Foi reçue par le Christ  à travers les Apôtres, les Pères de l’Eglise, la succession ininterrompue des Evêques. C’est pourquoi notre Credo commence par : « Je crois ».

 

Cette Tradition Apostolique est indispensable et incontournable au point où Saint Paul nous prévient que même si un ange nous apparaissait pour nous annoncer un autre Evangile, nous devrions le refuser. La Tradition Apostolique par son enseignement nous rend conforme si nous la vivons à la réalité spirituelle dont elle est issue elle-même et qui remonte toujours au Christ.

 

Les douze Apôtres représentent douze voies de réalisation spirituelle par lesquelles le Chrétien peut expérimenter concrètement, ici et maintenant le Royaume des cieux. Marie, Mère de Dieu, peut-être appelée Apôtre des Apôtres car elle représente la synthèse en plénitude des Douze.

 

Il n’existe pas d’autre Nom sous le ciel… Tout nom reçu dans une tradition religieuse est une icône de ce Nom unique qui nous sauve et nous fait participer à Lui. Citons simplement sans les développer deux exemples concernant le don d’un nouveau nom en vue d’une réalisation spirituelle : 1 : Celui que l’on reçoit ou demande lors de la confession de la Foi orthodoxe. 2 : Celui que l’on reçoit lors de l’engagement monastique ou de la prêtrise. Pour conclure brièvement, citons le Christ  qui dit : «  et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit. »

 

Pour terminer cette très sommaire étude sur le  Mystère de l’Eglise, nous pouvons contempler l’Eglise comme au cœur du monde. En elle l’homme comme son cœur et au cœur de l’homme la Divine Trinité par Qui tout a été fait, par Qui tout subsiste et en Qui tout s’accomplit.

 

 

LA TRADITION

 

La Tradition authentique est une et vivante et porte en elle toutes les traditions particulières. Nous nommons la nôtre chrétienne parce qu’elle est spécifique et par excellence le lieu où tout s’accomplit selon le Christ qui est la Tradition en chair et en os.

 

La Tradition chrétienne s’enracine dans la Divine Trinité et c’est de  là qu’elle nous est transmise à travers la Révélation dans l’Eglise de Dieu. Certainement, le Christianisme ne peut d’aucune manière récuser ce qu’il reçoit du Judaïsme en tant que  celui-ci est le précurseur qui annonce la venue et l’œuvre du Messie.

 

En remontant toujours plus vers la source de toute vie et par là de toute tradition, nous nous retrouvons en Adam qui est le Prototype créé de la Tradition originelle. Et par le Nouveau Adam, nous sommes tournés vers la Face de Dieu.

 

Ainsi la Tradition ne se limite pas au peuple chrétien, mais contient la totalité principielle des existences passées, présentes et à venir. Autrement dit, il n’existe de Tradition qu’en Dieu et toute  tradition dont le principe serait ailleurs est fausse et limitée.

 

Nous devons contempler et vivre la  Tradition, l’Eglise et la Révélation comme un être unique. On peut dire qu’il y a là une Icône de la Divine Trinité où chacune est tournée vers l’autre tout en gardant sa totale valeur personnelle. La Tradition est le Christ lui-même, l e Verbe créateur qui se prononce sans cesse avec l’Esprit au sein de l’Eglise, de la Création et de l’homme.

 

L’Eglise reçoit sa légitimité par le témoignage de la Tradition mais aussi par tous ceux qui la confessent et la vivent en Elle au Nom de la Divine Trinité.

 

Dans ce sens, ce qui est dit hors de l’Eglise est également dit hors du Christ, c’est à dire hors de la Tradition. En réalité, on peut nuancer un peu, car si le Corps du Christ comprend toute l’humanité, celle-ci par là-même se trouve au sein de l’unique Tradition. La seule question qui se pose alors est au fond celle de la confession et de la reconnaissance de l’identité entre le Christ et la Tradition.

 

La Tradition n’est pas seulement pour les hommes mais elle est aussi le lieu de vie du monde angélique, de la communauté des Saints, la synthèse du monde visible et invisible, des morts et des vivants et même de toute la création.

 

Mais il ne suffit pas que tout ce qui existe soit inclus dans le corps vivant de la Tradition de manière passive, il est indispensable que l’homme vive celle-ci consciemment en y accomplissant ce qui y est donné par la Révélation du Seigneur.

 

Cette nécessité de vivre en conformité avec l’enseignement de la Tradition n’enlève ni n’infirme la liberté de l’homme. Au contraire, il reçoit là tous les moyens pour acquérir la liberté authentique en esprit et en vérité.

 

Ainsi à chaque instant nous recevons au sein de la Tradition, dans l’Eglise et dans la vie, la révélation qui nous est personnellement proposée pour réaliser notre vocation de fils de Dieu. Cela ne doit pas nous isoler mais au contraire fortifier et cimenter notre communion avec les hommes et la création en Dieu.

 

La Tradition ne justifie en rien l’existence individuelle mais elle pousse vers l’universalisme des personnes qui est l’union de tous en Dieu. La Tradition n’est pas un passé mort ou devenu inopérant mais un passé-présent qui nous actualise dans notre vie en Christ, dans l’Eglise et dans le monde.

 

La Tradition chrétienne est comme le cri de Dieu : Souviens-toi qui tu es et ce à quoi tu es appelé, ô homme ! Au fond, ce cri que chaque homme entend dans la profondeur de ses entrailles et qu’il cherche à apaiser, même par la fuite.

 

Dans son fond et sa réalité ontologique, la Tradition échappe à tout rationalisme analytique ou synthétique, elle est du domaine du Mystère, pas du mystérieux. Mais le Mystère est ce qui paradoxalement veut le plus se donner à connaître et de fait est connaissable et reconnu en le vivant.

 

Ainsi, dans la mesure où nous sommes unis au Christ, nous pouvons dire avec confiance que la Tradition témoigne de nous et annonce notre devenir d’homme par la grâce surabondante vers l’homme déifié.

C’est pourquoi le Chrétien orthodoxe ne peut absolument pas accepter le moindre compromis concernant sa foi avec une autre tradition, mais son attitude doit être véritable, fraternelle et respectueuse.

 

La Tradition primordiale dans son principe n’est ni orale ni écrite, elle est vivante et s’enseigne ou mieux «  s’enseigne » comme vie. Par suite du péché adamique, cette première réalité ne disparaît pas mais se voile sous la Parole et sous l’Ecriture. Mais la Parole n’est pas faite pour être écrite et l’Ecriture n’a de sens que parlée.  Ces deux possibilités sont  plus pauvres dans leur forme que la révélation originelle.

 

La Tradition et l’Ecriture sont l’endroit et l’envers d’une seule et même réalité, l’Eglise du Christ. La Tradition et l’Ecriture n’ont pas pour but de se vérifier l’une l’autre, mais de s’unir pour témoigner de l’amour du Christ pour l’homme.

 

La Tradition n’est pas vécue dans l’Eglise comme une série de dogmes pétrifiés et pétrifiants, mais comme levain de renouvellement du Chrétien en Christ par l’Esprit – Saint.

 

La Tradition s’adresse dans ce sens à l’homme qui est un être vivant appelé à s’épanouir en elle et à l’élargir de génération en génération vers toujours plus de plénitude. La Tradition est ce qui se maintient dans les générations successives de Chrétiens en Christ et dans l’Eglise, par une épiclèse permanente à l’Esprit Saint.

 

Dans son sens plénier, la Tradition est le patrimoine spirituel de toute l’humanité où celle-ci puise toute son évolution réelle.

 

Dans la Tradition se révèle la richesse infinie des bienfaits divins, ce qui contribue à l’enrichissement permanent du Chrétien et à travers lui du monde entier.

 

Nous arrêtons là notre réflexion sur  la Tradition, malgré ses lacunes inévitables. Nous proposons simplement de la spécifier un peu plus à travers la Tradition Apostolique et Patristique ce qui nous permettra de renforcer notre structure de travail tout en nous situant au sein de la Tradition ininterrompue.

 

 

 

 

 

 

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