7 janvier 2025.
(Matthieu 2, 1 à 12)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous montre comment la Lumière Divine qui s’incarne dans un petit enfant, est refusée par ceux qui préfèrent les ténèbres et l’ombre de la mort, l’Evangile témoigne de la lutte impitoyable que Satan et ses serviteurs mènent contre Dieu, l’Humanité et l’Eglise. Saint Jean dans son prologue ne dit-il pas : « la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue ». Hérode est Juif, il n’ignore rien de l’espérance messianique du peuple d’Israël, mais Hérode le sanguinaire est possédé par le Malin, et cette possession le vide de toute humanité, étant comme vidé de lui-même, rien ne le retiendra plus pour ordonner après le départ des rois mages, le « massacre des innocents ».
L’Evangile nous dit : « Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient se présentèrent à Jérusalem en disant : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Que signifie, ils sont venus d’Orient ? Le prophète Ezéquiel ch. 43, 2 écrit : « la gloire du Seigneur s’avance de l’Orient », Orient est un des noms donnés au Seigneur, ainsi nous est signifié que les mages sont les inspirés et les envoyés de Dieu lui-même et de Son Royaume, de Dieu qui est l’Orient de la Lumière absolue qui va s’incarner par l’Enfant divin. N’est-il pas étrange que Dieu nous envoie les rois mages, alors que les synagogues étaient les îlots lumineux qui avaient pour mission d’annoncer et d’accueillir la lumière éternelle, c’est à dire le Messie ? Les trois rois mages sont bien réels, et ce que l’Ecriture dit d’eux est parfaitement vrai, mais ils sont aussi une métaphore de ce qui se passe dans l’homme, ce que les mages montrent dans leur cheminement extérieur, est par analogie ce que l’homme est appelé à vivre à l’intérieur.
L’étoile est ici une icône spirituelle de l’esprit de l’homme qui le guide depuis l’Orient, c’est à dire depuis la lumière de l’intelligence qui illumine l’être humain, afin de le guider vers le saint des saints qui est son propre cœur pour s’y prosterner et y adorer, l’Enfant Divin, notre Seigneur. Nous sommes donc appelés à offrir notre corps pour que l’Esprit Saint en fasse son temple, notre âme pour que l’Esprit Saint en fasse sa prière, notre esprit pour que l’Esprit Saint en fasse sa contemplation, pour que notre personne entière puisse recevoir la grâce d’accueillir la Divine Trinité.
L’Ecriture poursuit : « le roi Hérode, l’ayant appris, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui ; il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple et s’enquit auprès d’eux du lieu où devait naître le Christ ». Que signifient ici les innocents sur un plan spirituel et intérieur? Eh bien, ce sont toutes les pensées, toutes les paroles et toutes les actions divines et saintes inspirées par l’Esprit Saint et qui nous sont envoyées par la médiation de l’Eglise, pour faire de chacun d’entre nous un roi mage, qui a pour vocation de transmettre la grâce divine, c’est à dire la bonne nouvelle de la naissance du Roi des rois, pour le salut de l’humanité. Mais si les personnages évangéliques existent aussi en nous, le roi Hérode, qui est-il, que représente t-il dans l’être humain ? Hérode est un roi de pacotille et de comédie, une caricature misérable de la véritable royauté qui est spirituelle, un bouffon ridicule et insensé, affamé et assoiffé non de justice mais de pouvoir, en vérité il ne représente rien ni personne, car son royaume est celui des apparences, du néant. Mais s’il n’est rien, qui alors lui donne un pouvoir sur nous et en nous?
Hérode par analogie, c’est le vieil homme en nous, qui se trouble lui aussi, comme Hérode à chaque fois que l’homme est visité par la vérité de Dieu, Hérode, c’est le vieil homme, sa majesté l’égo, qui hurle moi, moi et encore moi, qui ne connaît d’autre dieu que lui même, d’autre œuvre que de faire sa volonté partout, toujours, en tout et avec tous. Le vieil homme qui refuse de se convertir à la nouveauté absolue que représente l’Enfant qui vient de naître à Bethléem, il est le serviteur et le complice de Satan, le séducteur et prince des ténèbres, dont l’unique désir est la destruction totale de l’humanité. C’est pourquoi les hordes sataniques s’associent avec tous les Hérodes de ce monde, pour persécuter l’Eglise et massacrer celui qui est le Sauveur unique de l’humanité, « l’Enfant Dieu ».
L’Evangile poursuit : « Ils dirent à Hérode : l’Enfant est né à Bethléem de Judée, car voici ce que le prophète a écrit : et toi, Bethléem, pays de Juda, tu n’es certes pas le moindre parmi les clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël ». Voici donc que les prêtres et les scribes savent dire où naitra le Messie espéré, quant à y aller eux-mêmes, hélas, trois fois hélas, leur vanité et leur soumission aveugle à la lettre de la Loi, les empêche d’accéder à la vie en plénitude, c’est à dire, l’Enfant-Messie annoncé, que pourtant ils prophétisent, espèrent et attendent tous.
Que signifient ici, les « clans de Juda » ? Seule la vie spirituelle inspirée par l’Esprit de Dieu peut emmener l’homme vers Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, c’est à dire, l’Enfant Jésus qui vient de naître pour illuminer justement tous les clans dont parle le saint Evangile ? Les clans sont toutes les tribus d’Israël et toutes les Synagogues où est annoncée la parole prophétique du Très-Haut, cette parole qui ne cesse d’annoncer la naissance du Divin Rédempteur espéré par Israël, et que l’Israël de Dieu devait donner à l’humanité. C’est pourquoi plus tard, l’enfant devenu le « Serviteur Souffrant » contemplé par le prophète Isaïe, dira dans l’angoisse de son âme : « ô mon peuple que t’ai-je fait » ? Et ailleurs « qui a connu la pensée du Seigneur » ?
Mais voici l’humble merveille, la bonne nouvelle, voici que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a élu parmi tous ces clans fiers et prestigieux, l’humble « Bethléem », qui deviendra l’Eglise très sainte et très aimée de Dieu, Bethléem la maison du Pain, qui annonce que cet Enfant qui vient de naître est non plus la Manne reçue par les Israélites dans le désert, mais le Pain Vivant descendu lui-même du Ciel, pour se donner comme nourriture vivifiante à l’humanité. Bethléem, la maison du Pain, est le signe prophétique de l’Eucharistie, du Corps et du Sang que l’Enfant Divin versera librement lorsque devenu adulte, il accomplira pleinement le mystère de la Nativité, de l’Incarnation, en donnant sa vie pour le salut du monde.
« Hérode alors appela les mages en secret et se fit préciser par eux la date de l’apparition de l’étoile, puis ils les dirigea sur Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur cet enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui ». De nouveau, l’Evangile nous montre l’ambiguïté du fonctionnement mental de Hérode le vieil homme, Hérode tout comme le tentateur dit des choses qui semblent bonnes et justes, mais comment agit-il ? Il agit en secret, par l’intermédiaire du vieil homme, en faisant semblant de bénir le voyage des rois mages, en leur faisant croire qu’il a le même projet qu’eux, qu’il veut le meilleur pour eux et pour l’Enfant, qu’il a les moyens de combler tous les désirs, y compris spirituels. En vérité, c’est le Temple de Jérusalem qui devait accueillir l’Enfant divin, il était par vocation la Grotte mystique que Dieu désirait illuminer par sa naissance.
L’Evangile dénonce toute pratique religieuse qui serait tramée en secret, toute décision qui serait prise par une seule personne au nom de l’Eglise, la justesse spirituelle est dans la réalisation conciliaire et fraternelle de la volonté divine. Le Seigneur nous averti de ne pas œuvrer seuls en nous-mêmes et avec comme seuls témoins nous-mêmes, c’est à dire nos pensées du cœur non purifiées. Hérode va se détruire lui-même parce que son mensonge est pathétique et tragique, dans sa folie, il pense pouvoir tromper Dieu lui-même, mais en réalité, son marchandage hypocrite avec les saints rois mages, ne lui rapportera rien, sinon faire de lui le monstrueux bourreau de l’enfance innocente.
L’Evangile poursuit : « sur ces paroles du roi, ils se mirent en chemin. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient se mit à les précéder jusqu’à ce qu’elle vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant ».
L’Esprit Saint nous initie au véritable discernement spirituel en nous invitant à vivre en nous mêmes le saint Evangile, les témoignages que les divers personnages y manifestent nous représentent plus ou moins, d’une manière ou d’une autre. Les mages se mettent donc en route sur les ordres du roi Hérode, et l’étoile qui ne pouvait briller en présence d’Hérode qui représente les ténèbres du monde sans Dieu, peut à nouveau resplendir de toute sa luminosité divine, pour accompagner le voyage intérieur et extérieur non seulement des rois mages, mais de toute personne qui décide de dire amen, à l’appel providentiel de Dieu.
L’Ecriture poursuit : « la vue de l’étoile les remplit d’une grande joie ; ils entrèrent dans la grotte, trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, le front contre terre, ils se prosternèrent devant lui ; puis ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Que signifie : « la vue de l’étoile les remplit d’une grande joie ? ». Cela signifie leur communion réelle à la lumière incréée dont cette étoile est le signe manifeste dans la création, cela signifie que la lumière est le fruit de la vie en Dieu et que cette vie lumineuse engendre cette grande Joie dont le Seigneur dit : « Je vous donnerais la Joie que nul ne pourra vous ravir ». Seule la joie divine est la joie véritable, joie qui nous donne de danser intérieurement devant la Divine Trinité, joie vécue par les rois mages, joie vécue par les humbles bergers, joie de toute la création qui unit le ciel et la terre, joie que celui à qui le Seigneur donne de la goûter, même une seule fois, ne pourra plus jamais oublier ni dans ce monde ni dans l’autre.
Que signifie, ils entrèrent dans la maison et la suite…cette maison est l’Eglise intérieure, spirituelle et mystique, icône de la grotte de Bethléem, c’est le lieu de Dieu dans l’homme, la rencontre personnelle de l’homme avec Dieu, là où tout naturellement, l’homme se prosterne au cœur de son cœur, dans l’amour et l’adoration en esprit et en vérité devant l’Enfant éternel avec lequel l’homme peut lui aussi grandir en toute grâce et s’élever vers la Divine Trinité.
Que signifie encore, ils Lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ? Cela signifie que l’homme, roi, prêtre et prophète, a retrouvé par la grâce de Dieu son origine divine, et peut réaliser le grand œuvre d’amour, et les signes de cet état spirituel retrouvé sont ceux de la nature divine elle-même, offrir l’or c’est confesser que la nature de Dieu est Lumière absolue, offrir l’encens c’est confesser que la nature de Dieu est le parfum de la Sainteté absolue, offrir la myrrhe c’est confesser que la nature de Dieu est en vérité l’Immortalité absolue. Alors Dieu, le Roi Mage Divin, à son tour offre à l’homme non pas l’or, l’encens ou la myrrhe, mais la « déification, l’adoption filiale, la communion sans confusion ni séparation avec le Père éternel, qui est la vie éternelle dans le Royaume de Dieu ».
L’Ecriture poursuit : « ensuite, avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ».
L’Evangile de ce jour nous révèle ainsi le pèlerinage religieux et spirituel proposé à l’être orthodoxe, cette ascèse de vie qui doit transformer peu à peu l’homme, et faire de lui un être liturgique qui célèbre son Seigneur à travers toute son existence quotidienne, cette vie en Dieu est d’abord une vie en soi avec Dieu, parce que la relation à Dieu est toujours personnelle, mais aussi une vie avec l’autre, c’est-à-dire une vie en Eglise. Alors nous aussi, nous « regagnerons notre pays par un autre chemin », c’est à dire, non plus par les sentiers de perdition du monde hérodien ou ceux chaotiques du vieil homme, mais par le « Chemin unique qui est le Christ, pour arriver dans notre pays réel qui est le Royaume de Dieu ».
Au Père Roi de l’Univers, au Fils qui nous veut cohéritiers de Son Royaume et à l’Esprit Saint qui nous intronise dans le Royaume, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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