Dimanche, 15 décembre 2024.
(Luc 10, 25 – 31)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe nous invite à recevoir la connaissance de la voie royale qui mène à la vie éternelle. Nous savons déjà que cette Voie, c’est le Seigneur lui-même et que l’unique manière d’y cheminer avec certitude, est d’accomplir cette œuvre si simple en apparence et pourtant si complexe, qui est le commandement du Christ : « d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos pensées et de toutes nos forces, et notre prochain comme nous-mêmes ».
Si je dois aimer Dieu de tout mon être et par toute ma vie, est-il encore possible d’aimer quelqu’un d’autre et surtout d’aimer en plus ce fameux prochain dont parle le Seigneur ? Nous savons que Dieu seul aime parfaitement, puisque l’Amour est Sa nature même et que Dieu ne peut se renier lui-même, alors me direz-vous peut-être comment faire ? Nous pouvons même si nous n’en avons pas encore l’expérience, comprendre au moins intellectuellement que celui ou celle qui aime Dieu de tout son être, n’aura aucune peine à aimer son prochain, car un tel amour pour Dieu rend l’homme semblable à Dieu. Et cet homme acquiert ainsi des qualités divines qui dans un même mouvement de vie, l’unissent indissolublement à Dieu et tout naturellement le tournent vers le prochain, car nous connaissons que les Personnes Divines sont éternellement tournées les unes vers les autres et en même temps dans l’éternité libres entre elles et librement tournées vers l’homme.
Comme l’a dit le Christ à la Samaritaine, il nous dit aussi aujourd’hui : « si vous saviez le Don de Dieu et qui est Celui qui vous parle », vous vous précipiteriez vous aussi de tout votre désir de vie et d’amour dans mes bras à moi, votre Dieu et je vous porterai dans mes entrailles jusqu’à faire de chacun d’entre vous un saint Christ, et alors s’accomplirait pour vous aussi la prophétie du Psalmiste : « voici que Dieu se promène au milieu des dieux », car l’amour serait devenu votre nature par Ma grâce.
Ne voyons-nous pas que cet homme allongé parterre là au milieu de nous, c’est chacun d’entre nous, qui a été frappé plus ou moins violemment par ces bandits maudits que sont nos péchés et nos passions destructeurs, que cette auberge est la si précieuse Eglise Orthodoxe. Quand comprendrons-nous enfin, non avec la tête seule ou avec l’affectif seul, mais avec notre être tout entier que nous sommes indispensables les uns aux autres, pour œuvrer ensemble au salut de chacun.
Comment pouvons-nous être un bon Samaritain les uns pour les autres, ici et maintenant, dans notre petite chapelle-auberge ? Saint Paul dit à Thimotée : « enseigne et insiste à temps et à contre temps ce que tu as reçu dans l’Eglise ». Permettez-moi d’insister à temps et à contre temps sur la grâce des grâces que l’Esprit de Dieu a déposé dans la Création pour y couver d’amour chaque Fidèle, qui est le cœur même de cette Eglise. Si nous connaissions en esprit et en vérité ce qu’est l’Eglise, nous lui donnerions sans aucune hésitation le meilleur de nous-mêmes.
Ecoutons de tout notre être, ce que l’Esprit de gloire et de splendeur nous donne pour que chacun puisse se pencher humblement et avec une véritable compassion vers son frère blessé par les épreuves de la vie. Expérimentons de l’intérieur – du cœur de notre cœur – que la Divine Liturgie est la thérapie parfaite pour restaurer l’humanité blessée à mort dans l’homme et défigurée par la voracité du vieil homme et du Malin.
Voulons-nous connaître et surtout nous mettre à l’œuvre comme le bon samaritain pour obtenir de Dieu la guérison de notre être tout entier, et ne pas oublier si vite ce que ce même Dieu ne cesse de nous rappeler avec douceur et une infinie patience ? Cette œuvre de recréation de nous-mêmes passe par la mise en pratique des dons et des fonctions que Dieu a donnés sans retenue à chacun d’entre nous dans l’Eglise, et c’est à cette réalité concrète que nous sommes appelés à répondre, car elle est la condition sine qua non pour engendrer les bénédictions divines pour la guérison de notre âme, et au-delà de la restauration progressive de la Création dans sa véritable vocation paradisiaque.
Prions Dieu de nous accorder de réaliser au mieux notre vocation spécifique, car c’est ainsi que chacun participe au salut de chacun, autrement dit, que le prêtre le soit pleinement, que le chef de Chœur le soit pleinement, que chaque Choriste le soit pleinement, que le peuple Royal le soit pleinement. Si chacun est ainsi présent à sa vocation, comment ne pas espérer alors une célébration de la Divine Liturgie dans toute sa plénitude et avec naturellement les grâces qui y sont offertes.
Ne mettons pas nos états d’âme ailleurs qu’à leur juste place, c'est-à-dire dans la confession de nos péchés devant Dieu. Donnons le meilleur de nous-mêmes comme offrande à la Divine Trinité, en célébrant la Divine Liturgie ensemble dans l’amour et la vérité devant Dieu et parmi les hommes, et dans ce même mouvement spirituel donnons aussi le meilleur à notre prochain. Vous comprenez sans peine que pour aimer Dieu de tout son être, il faut cultiver par la prière et l’ascèse évangélique la communion avec Dieu dans l’espérance de l’union parfaite à venir dans le Royaume, refuser la division et la séparation en nous et entre nous pour ne pas engendrer la mort spirituelle et parfois la haine de Dieu et de l’Eglise.
Le Christ dit clairement au légiste ce qu’il doit faire pour recevoir en partage la vie éternelle, mais nous qui nous disons Chrétiens et orthodoxes, quelle responsabilité que la nôtre devant Dieu et l’humanité. Nous sommes élus pour vivre comme des êtres liturgiques et des précurseurs qui savent montrer le chemin qui mène à la vie éternelle et qui est la seule réalité désirable pour un Chrétien orthodoxe. Ne savons-nous toujours pas combien le temps nous est compté, combien les modes du monde sont éphémères, que rien de ce monde ne nous accompagnera dans le Royaume de Dieu, sinon ce que nous aurons semé et récolté spirituellement dans notre vie personnelle et ecclésiale.
Nous savons que l’Eglise terrestre représente les portes saintes qui donnent accès à l’Eglise céleste dont Marie est la porte spirituelle, tout comme notre cœur est la porte sainte et sacrée qui permet le passage vers le saint des saints de notre temple intérieur qui se trouve au cœur de notre cœur, et c’est là que se trouve l’Epoux pour nous unir à lui, en présence des deux Témoins que sont le Père et l’Esprit. Mais ces noces célestes se préparent par des fiançailles terrestres que nous scellons avec notre Bien-Aimé dans l’Eglise orthodoxe, ce qui nécessite aussi que nous nous unissions spirituellement entre nous, mais aussi avec les anges et les saints pour construire cette unité en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.
Cet homme parterre à demi-mort, c’est une image de l’Eglise martyrisée par toutes les tyrannies politiques, mais c’est encore plus le témoignage des blessures que reçoit le Corps du Christ qui est aussi le Temple de l’Esprit Saint comme l’enseigne l’apôtre Paul, blessures cruelles que peuvent lui infliger ses propres enfants, lorsqu’ils oublient qu’ils sont fils et filles de la Lumière divine. Si nous laissons nos états d’âme prendre le dessus, alors le risque est réel que l’Eglise devienne un lieu de ténèbres psychiques qui s’opposent consciemment et inconsciemment à la volonté de Dieu. Alors la nouveauté de l’Esprit de Dieu est occultée ou défigurée, et les esprits mondains viennent non seulement se délecter de nos blessures, mais accusent l’Eglise d’être un repaire de démons et de marchands du temple.
Voilà ce que l’Esprit Saint nous donne à méditer aujourd’hui pour le mettre en œuvre ici et maintenant, sans attendre que nous nous estimions être enfin prêts à nous soumettre à l’inspiration divine. Pardonnez-moi, mais s’il avait fallu attendre que l’humanité donne un « accord » unanime et d’une seule voix à la venue de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, celui-ci ne serait toujours pas là. Alors disons amen à la volonté de Dieu et venons à l’Eglise pour le rencontrer avec nos frères et sœurs, secouons-nous pour ne plus accepter les pensées psychiques qui nous mentent et nous donnent des faux arguments pour ne pas venir à l’Eglise, assumons pleinement notre désir religieux, car « être orthodoxe, c’est le devenir » dans la persévérance spirituelle quotidienne malgré nos états d’âme.
Au Père de l’Epoux, au Fils qui est le véritable Epoux de l’humanité et à l’Esprit qui bénit et sanctifie pour l’éternité cette union divino-humaine, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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