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samedi 7 septembre 2024

Le Débiteur impitoyable.

 

(Matthieu 18, 23 à 35)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous transmet la manière juste à mettre en œuvre pour nous libérer du fardeau invalidant que représentent nos passions contraires à l’acquisition de la vie divino-humaine. L’Evangile de ce jour nous montre que le don du Royaume des Cieux est le véritable objet de cette indispensable remise réciproque de nos dettes non seulement envers notre prochain mais encore plus envers Dieu.

 

Dans Matthieu 22, 21 nous lisons que le Seigneur dit « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », si donc nous devons rendre à César tous les biens matériels sous formes d’impôts divers exigés par lui pour être autorisé à vivre dans le monde, combien plus devrons nous nous désendetter de nos passions envers Dieu pour hériter du Royaume des Cieux et y vivre en présence de toute la sainte Cour Céleste autour de la Divine Trinité. Et si César dans sa voracité impitoyable demande surtout le maximum de nos biens matériels, Dieu nous invite à nous soulager mutuellement de nos fardeaux psychiques et spirituels en nous pardonnant du fond du cœur nos mauvaises pensées et nos actes indignes de notre humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Si donc, nous voulons que Dieu nous pardonne nos manquements envers Lui, il nous faudra commencer par pardonner à nos frères et sœurs en humanité leur manquements envers nous. La voie sûre pour acquérir le pardon divin et humain de nos passions pécheresses nous est accessible dans l’ Eglise de Dieu à travers la grâce de la confession de nos péchés, pardon que Dieu seul peut donner en plénitude par l’absolution reçue du prêtre intermédiaire et même intercesseur auprès de Dieu.

 

Nous savons combien nos dettes matérielles peuvent plomber notre existence dans le monde, que dirons-nous alors de nos dettes spirituelles qui peuvent nous priver de l’accès au saint Royaume des Cieux qui concerne la possibilité de la vie éternelle selon cette parole de notre Seigneur Jésus-Christ « bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux », qui seront donc ces bienheureux, sinon ceux qui auront libérés leur esprit de toute pensée contraires à l’Esprit de Dieu. Le péché est un usurier redoutable qui ne nous accordera nul apaisement ni remise, mais au contraire va ajouter le péché au péché au point de nous rendre toujours plus dépendant de nos passions.

 

L’Evangile nous montre l’attitude juste pour obtenir la remise  de nos dettes et le pardon de notre « cœur endurci et de notre nuque raide », si je n’adoucis pas l’entêtement de mon cœur à être impitoyable alors je ne pourrais pas me prosterner devant Dieu pour implorer de lui Sa miséricorde, je resterais inflexible dans mon aveuglement et inaccessible à la souffrance de mon prochain qui m’implore pour lui remettre sa dette envers moi. Pour sortir de cet état de torpeur dans lequel me maintient la dette de mes péchés, je dois apprendre à me prosterner devant Dieu et de le prier de m’accorder son pardon et ainsi retrouver le véritable visage de mon humanité.

 

Dans Matthieu 7, 12 nous lisons « tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faîtes-le vous-mêmes pour eux, voici la Loi et les Prophètes », ceci pour la remise des dettes entre hommes, mais voici encore plus, saint Paul en Colossiens 3, 23 nous enseigne « ce que vous faîtes, faîtes-le de bon cœur pour le Seigneur » et non pour vous-mêmes, afin d’échapper à la vaine gloriole qui voudrait nous faire penser et croire que nous sommes « vraiment quelqu’un d’extraordinaire » et nous faire oublier que le Seigneur lui-même nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire ».

Dans saint Jean 5, 19 nous lisons « le Fils ne peut rien faire de lui-même », lui Dieu et Homme parfait dit cette parole de feu spirituel, cette parole signifie en esprit et en vérité qu’il peut bien sûr faire tout ce qu’il veut, mais qu’IL ne fera rien sans la communion totale avec son Père et notre Père, ceci pour nous dire de ne rien faire sans Lui, car pardonner et remettre les dettes à quelqu’un est une œuvre inaccessible à la seule volonté humaine.

 

Saint Paul nous rappelle à l’humilité lorsqu’il s’agit de remettre leurs dettes à nos débiteurs, que ce soient des biens matériels ou des biens moraux, que dit-il en 2 Romains 2, 1 « toi qui juges l’autre, tu fais les mêmes choses », le langage populaire dirait « commence par balayer devant ta porte, avant de prétendre faire le ménage chez les autres », et dans l’épître aux Philippiens 2, 13 saint Paul ajoute « Dieu produit en vous le vouloir et le faire », non pas que nous soyons des demeurés incapables d’agir selon nos possibilités certes limitées, mais nous ne pouvons de nous-mêmes seuls, décider de « vouloir pardonner et de faire tout ce qui est utile pour remettre les dettes ».

 

Déjà le Psalmiste en 39, 7 proclame « tout le bruit que « l’homme » fait n’est que vanité », ce qui signifie ici, que la remise des dettes se fait au Nom de Dieu et avec Dieu et cela dans la douceur et la discrétion aimante.

 

L’Evangile poursuit «  c’est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur », et pourquoi Dieu lui-même est-il si tendre avec l’homme son bien-aimé malgré ses chutes et rechutes ? Parce que Dieu aime l’homme qu’il a fait à son image et à sa ressemblance, qu’il l’a fait pour un peu de temps inférieur aux anges, un peu de temps seulement, car l’homme par grâce divine devenu « un christ aimant, saint, humble et sage », sera élevé par l’Esprit de toute sainteté à vivre en présence de la Divine Trinité dans le Royaume de Dieu.

 

L’Apocalypse en 21, 1 et 5 nous confirme l’apparence spirituelle de l’homme devenu « un christ » par la divine parole absolument certaine «  je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle » et ainsi « voici, Je fais toutes choses nouvelles », qui peut penser que cette nouveauté divino-humaine puisse accueillir en son sein « le vieil homme pécheur », le temps est court ajoute ailleurs saint Paul d’où une certaine urgence à nous remettre nos manquements les uns envers les autres et à nous prosterner devant Dieu pour implorer sa miséricorde envers nos péchés individuels.

 

Dans la prière de l’absolution, nous entendons «  que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive », non pas qu’il se contente de vivoter pour un peu de temps dans l’espace de ce monde de l’errance désorientée qui oublie Celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie ».

 

Au Père qui remet les dettes à qui le lui demande dans la prière de communion avec le Fils et l’Esprit, soient la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

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