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samedi 28 septembre 2024

Le Festin Nuptial.

 

(Matthieu 22, 2 à 14)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à venir festoyer à la table royale, sainte et sacrée du Royaume des Cieux pour nous nourrir non par des aliments périssables, mais de la nourriture essentielle qui est Dieu lui-même dans le « Don de son Corps et de son Sang ».

 

L’Evangile dit « un roi fît un festin de noces pour son fils », les noces signifient ici une invitation donnée par un père qui voulait témoigner de son amour pour son fils et partager cet amour avec tous ceux et celles qui étaient conviés au banquet nuptial...mais les invités ne voulurent pas venir.

 

Ce roi terrestre peut être vu comme une icône du Roi céleste qui nous invite sans cesse lui aussi à venir au festin nuptial et liturgique, et combien sommes-nous à décliner l’invitation pour des motifs futiles et si souvent mondains, le fameux « je n’ai pas le temps », j’ai tant de choses à faire comment pourrais-je être disponible et surtout le dimanche, le « seul jour où je ne travaille pas ».

 

A qui est donc promis le Royaume des Cieux ? Aux « pauvres en esprit et aux persécutés pour la justice », ceux dont l’esprit est riche des pensées et œuvres mondaines se ferment donc eux-mêmes le Royaume tout comme ceux qui cultivent l’injustice. De quelle injustice est-il question ici ? De celle qui consiste à persécuter et à laisser persécuter les « croyants qui viennent librement au festin liturgique », et de tous les actes contraires à la liberté religieuse.  

 

Comment ceux et celles qui refusent les invitations aux festins liturgiques et qui empêchent y compris par la force ceux qui veulent y aller, comment pourraient-ils être parmi ceux dont l’Apocalypse en 19,9 dit « heureux les invités au festin de l’Agneau », comment pourraient-ils se rallier à la parole de l’Ange du Seigneur qui en Apocalypse 19, 17 crie « venez, ralliez le grand festin de Dieu » ? Malheurs donc à tous les faux prophètes qui enseignent à se nourrir des hérésies indigestes véhiculées dans les savoirs partiels et partiaux du monde.

 

Mais Dieu a préparé un festin pré-réparateur qui peut restaurer tout homme ou femme dans sa dignité originelle, c’est ce que nous montre la parabole du « Fils prodigue », là aussi, c’est un « père » plein d’amour qui a toujours espéré le retour de son « fils » et que fait-il après la conversion intérieure de son fils, sinon un » grand festin » pour celui qui était en proie à la mort par le péché et qui aujourd’hui ressuscite dans les bras de son père, « mettez-lui une robe blanche et un anneau d’or au doigt, venez et festoyons, car mon fils qui était mort est vivant ».

 

Cette conversion indispensable et permanente de tout prodigue que nous sommes tous plus ou moins nous prépare à participer avec « crainte de Dieu, foi et amour » à la sainte Cène qui elle-même nous prépare à la communion spirituelle du banquet céleste dans le Royaume des Cieux où nous serons nourris d’Esprit à esprit, car alors « Dieu sera tout en tous », ce « tous » étant le « petit troupeau » qui aura suivi l’Agneau de Dieu tel que prophétisé en Luc 12, 32 qui dit avec force « sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume ».

 

L’Evangile poursuit « le roi entra...aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces et lui dit, mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? L’homme resta muet », il existe un autre passage de l’Ecriture dans lequel le Christ lui-même interpelle un homme en l’appelant « mon ami, fais ce que tu as à faire », « mon ami » parole extraordinaire d’amour du Dieu-Homme adressée à Juda. Le Seigneur ne dit pas à Juda, va me trahir, non, il lui dit « « fais ce que tu as à faire », c’est à dire, fais en esprit de vérité ce qui est justice pour ton salut, Juda avait donc le choix de choisir entre la vie et la mort. Épreuve redoutable que celle du mystère de l’iniquité qui montre à quelle hauteur spirituelle de grâce l’homme uni à Dieu est appelé à s’élever pour ne pas succomber à la tentation.

L’Evangile poursuit « les serviteurs s’en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle des noces fut remplie de convives », voici donc là devant nous, « l’Eglise, salle des noces » dans laquelle sont invités les bons et les mauvais pour festoyer allègrement dans l’Eglise, nous y trouvons différentes sortes de nourritures, par exemple, l’enseignement du Seigneur « Chemin, Vérité et Vie », rien n’empêche un « mauvais » d’être touché par la grâce ou un « bon » d’être déchu de la même grâce, oui, l’ascèse est une nécessité, nous savons que le « Royaume appartient à ceux qui se font violence pour y entrer ».

 

La « tenue de noces » est en relation directe avec l’amour de l’homme pour Dieu et l’amour de l’homme pour son frère, car, il n‘est possible de vivre dans le Royaume que par ce qui dure éternellement, et saint Paul nous enseigne que « l’amour est ce qui reste », ni les savoirs, ni les langues ne resterons, ce qui passe est éphémère et ne peut prétendre à la qualité de « tenue de noces », le Royaume de Dieu n’est pas le royaume du monde des apparences passagères, c’est pourtant paradoxalement « dans le monde sans être du monde » que nous sommes invités à mener le bon combat de la vie spirituelle.

 

Voici que le Roi et Père céleste nous invite à travers les saints, les prophètes et les anges sans cesse au festin eucharistique, mais tout comme la prière personnelle est incomplète sans la prière liturgique, le Seigneur lui-même nous invite à nous rendre dans cette autre salle où nous pourrons participer au festin qui est la communion personnelle avec la Divine Trinité, que nous dit-il ? « si tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, c’est à dire rentre en toi-même et reste uni avec toi-même et non désuni, ferme la porte, c’est à dire sois silencieux, veille, vois et écoute, alors prie ton Père dans le secret de ton cœur et dit Lui « notre Père ».

 

La prière du Notre Père donnée par le Seigneur est la réponse parfaite à notre désir de vivre en Dieu, avons-nous vraiment expérimenté que le Fils a sertie Marie sa Mère comme la pierre précieuse la plus désirable au cœur même du Notre Père, où donc ? Dans le verset « que Ta volonté soit faite », ne partage-t-elle pas ainsi avec son Fils Jésus l’obéissance parfaite au Père. Le Seigneur et Fils unique dit « non pas ma volonté, mais la tienne Père » et l’humble Marie dit à l’Archange Gabriel « qu’il me soit fait selon la volonté du Père », humilité indicible du Fils et de sa Mère. Si Marie est ainsi sertie au cœur du « notre Père », c’est pour que nous allions vers son Fils et notre Dieu et Père par sa médiation, elle qui unit le ciel et la terre dans ses saintes entrailles en la personne de Jésus.

 

Que dirons-nous maintenant devant le mystère des deux festins spirituels qui en vérité ne font qu’un ? Nous pouvons dire, « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur », non pas dans une sorte d’auto-flagellation morbide et masochiste dont Dieu ne veut pas, mais avec la prise de conscience de cette parole immense de saint Paul « il est grand, le mystère du Christ et de l’Eglise », nous pouvons même paraphraser cette parole et dire « il est grand, le mystère du Christ et de l’homme », la pleine révélation de ce mystère est le trésor de grâce déposé par l’Esprit Consolateur au cœur de l’Eglise, lieu saint et sacré du festin ecclésial et personnel.

 

Au Père qui nous invite au festin des noces spirituelles de son Fils unique, au Fils qui est la véritable Manne vivifiante et à l’Esprit qui gémit en nous de manière ineffable, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

samedi 21 septembre 2024

L’Entretien avec Nicodème.

 

(Jean 3, 13 à 17)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Église nous invite à participer à l’entretien de Nicodème et du saint Rabbi Jésus, ceci mérite que nous soyons attentifs et à l’écoute dans un esprit de prière et de communion avec le Christ, d’autant plus que nous sommes vivement encouragés à imiter Nicodème et à demander nous aussi audience à notre Seigneur et Maitre Jésus-Christ avec la bénédiction de lui poser les questions religieuses et spirituelles qui nous préoccupent avec insistance.

 

En amont du texte évangélique de ce jour, le Seigneur dit à Nicodème en 3, 11 «  en vérité, en vérité, Je te le dis, nous parlons de ce que nous connaissons et nous attestons ce que nous avons vu ; mais vous n’accueillez pas notre témoignage », cette incrédulité inhérente à l’homme déchu de sa beauté et grâce première, remonte à Adam et Eve qui se sont détournés de Dieu leur Créateur, pour se tourner vers Satan le faux dieu menteur et meurtrier de l’âme humaine en acceptant son faux témoignage que «  nous sommes comme Dieu ».

 

Cette vérité absolue qui est Jésus, le Fils unique de Dieu incarné parmi nous, les premiers disciples eux-mêmes ont eu des difficultés à le comprendre et à le croire, avant d’arriver à confesser pleinement que le Christ est Dieu et Homme parfait. De même, nous aussi de nos jours, nous pouvons avoir des difficultés à accueillir le témoignage que le Seigneur Christ a déposé dans l’Eglise en mémoire et témoignage de toute son œuvre salvatrice.

 

Saint Marc en 1, 15 nous donne une première ascèse nécessaire à accomplir pour pouvoir espérer accueillir pleinement le message de l’Evangile de vie, à savoir « le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez », ce Royaume spirituel et réel, c’est notre Seigneur incarné, pouvait-IL être plus proche de nous qu’il ne l’était par sa pleine  humanité ? Si donc, IL est le Royaume, il en possède aussi toutes les richesses et peut nous les transmettre si nous croyons en lui dans un repentir sincère avec la confiance de la foi.

 

Dans Jean 3, 12, le Seigneur nous dit encore à travers Nicodème « si vous ne croyez pas quand Je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous, quand Je vous dirai les choses du ciel ? »,

Quelles sont donc les choses de la terre ? Elles sont toutes contenues en plénitude de vie et d’être dans son humanité parfaite unie sans confusion ni séparation avec sa nature divine, dans cette vérité se trouve « l’unique nécessaire » dont nous avons besoin et que nous devons

chercher et demander sans cesse à Dieu, selon cette parole dans les Actes des Apôtres 16, 31 « crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » !

 

L’Evangile de ce jour nous dit « nul n’est monté au ciel, sinon Celui qui en est descendu, le Fils de l’Homme », si donc nous désirons monter au « Ciel », la sagesse voudra que nous cherchions la communion avec Celui qui en est descendu et qui seul connaît parfaitement le chemin saint et sacré pour un tel voyage spirituel, puisqu’IL nous dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », nul autre guide ne pourra satisfaire pleinement notre désir d’union avec Dieu.

 

Le Seigneur dit « ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle », cette élévation du Seigneur sur la Croix sera le « signe » qui va éprouver avec acuité notre foi en Dieu, croire en vérité que Celui qui est le Dieu vivant est le même que Celui qui est pendu sur le bois de l’infamie comme le pire des malfaiteurs, nous donnera le saint fruit spirituel de la vie éternelle.

Ainsi l’éternité se gagne par l’ascèse orthodoxe et la grâce divine dès notre incarnation, dans notre vie d’homme et de femme, si nous confessons le signe de la Croix comme l’annonce lumineuse de notre salut, malgré toutes les épreuves qui peuvent nous crucifier dans le monde.

 

Le Seigneur dit encore à Nicodème en Jean 3, 6 à 7 « ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit, ne t’étonne pas, si Je t’ai dit : il vous faut naître d’en-haut », c’est aussi pourquoi la naissance au monde trouve sa pleine réalisation dans la venue de l’Esprit de toute grâce afin d’accomplir la vocation véritable de l’humanité qui est de « devenir par grâce ce que Dieu est par nature ».

  

Nicodème dans ses questions à Jésus reste bloqué à une compréhension physique du mystère de l’homme créé par Dieu, c’est pourquoi, il dit « comment un homme peut-il naître étant déjà vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? ». Jésus lui répondit « en vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut  entrer dans le saint Royaume de Dieu ».

 

Mais l’homme a besoin d’une médiation spirituelle pour unir en lui la chair avec l’esprit et cette médiation est tout entière l’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ depuis son Incarnation jusqu’à sa Résurrection en passant par l’indispensable Passion salutaire. C’est aussi pourquoi, Jean écrit en 6, 63 « c’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien, les paroles que Je vous ai dites sont esprit et elles sont vie », ce qui signifie que l’homme dont l’esprit n’est pas nourri par l’Esprit de Dieu, ne pourra pas trouver la plénitude de la vie personnelle, pas plus qu’il ne pourra monter vers le Ciel et s’établir dans le Royaume de Dieu.

 

L’homme ou la femme sans l’esprit spirituel entendra le Christ dire « mais il en est parmi vous qui ne croient pas », à qui disait-il cela ? A ses propres disciples, car IL voyait dans le cœur et l’esprit de quelques uns le « doute » qui est un redoutable poison pour la vie intérieure, aussi demande t-il aux Douze « voulez-vous partir, vous aussi ? ». Alors Simon-Pierre au nom des Douze lui répond « Seigneur à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle » !

 

Voilà que le Seigneur tourne vers nous son visage, nous regarde et interpelle chacun et chacune d’entre nous, et nous pose la même question « veux-tu partir toi aussi » ? Que lui répondrons-nous à notre tour ? C’est notre présence fidèle et persévérante dans notre très sainte Eglise orthodoxe pour participer à la Divine Liturgie, qui sera notre manière de dire au Seigneur « vers qui irions-nous Seigneur, Toi qui nous donnes ton Corps et ton Sang justement en vue de la vie éternelle ».

 

A l’exemple de Nicodème qui désire la communion avec le Christ Jésus, nous pouvons nous nourrir de la parole divine et pour cela méditer sur le sens spirituel des saintes Béatitudes : 

« Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux et bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », qui nous invitent à désencombrer notre esprit et notre cœur des  pensées opposées à la volonté divine, et pour cela à cultiver la vie et la voie orthodoxe afin de nous délier Dieu bénissant, de toutes les pensées qui s’opposent à l’existence bienheureuse qui est la seule désirable et conforme à la dignité humaine originelle.

 

Au Père qui ne cesse de nous inviter au Banquet spirituel, au Fils qui se donne sans cesse comme nourriture spirituelle et à l’Esprit-Saint qui nous sanctifie pour communier avec crainte de Dieu, foi et amour au Banquet divino-humain, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

dimanche 15 septembre 2024

Lumière du monde.

 

(Matthieu 5, 14 à 19)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à œuvrer comme sel de la terre et lumière du monde, ce qui nous invite à méditer d’une part sur la Béatitude « bienheureux les doux, car ils hériteront la terre » et d’autre part, sur la Béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». Le sel de la terre doit être semé avec intelligence dans notre cœur afin que puissent fructifier les fruits selon l’homme intérieur, la lumière du monde demande de se tourner vers Celui qui est la Lumière créatrice du monde en qui il n’existe aucune ténèbre.

 

Nous serons donc sel de la terre et lumière du monde, autant que nous serons semblables au Christ qui est la Lumière et la Source de la Lumière selon cette parole en Jean 9, 5 « tant que Je suis dans le monde  Je suis la lumière du monde », voici que Dieu lui-même, nous invite en quelque sorte à prendre le relais et d’assumer en son Nom de devenir lumière du monde, afin d‘être unis par une communion spirituelle selon cette autre parole en 1 Jean 1, 7 « mais si nous marchons dans la lumière, comme IL est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres ».

 

Saint Paul en Romains 13, 12 nous dit « revêtons les armes de la lumière », ces armes sont purement spirituelles et ne peuvent avoir aucune complicité avec les ténèbres engendrées par les passions non purifiées et non converties en lumière. C’est dans la vie et la voie religieuse enseignée par l’Esprit de Sagesse dans l’Eglise que se trouve toutes les grâces divino-humaines qui ferons de nous et avec nous au Nom du Seigneur des porteurs de lumière « car, vous êtes des enfants de la lumière » (Paul en 1 Thessaloniciens 5,5).

 

Dans la Divine Liturgie, au moment de la Communion, le prêtre invite les Fidèles à s’approcher du « très Saint Corps et Sang du Seigneur avec crainte de Dieu, foi et amour », voici énumérées trois œuvres spirituelles à accomplir parce qu’elles portent en elles la grâce de nous unir à Dieu et à sa Lumière. Mais, elles ne seront « lumière du monde et sel de la sagesse divine », que si nous nous approchons avec cette même crainte de Dieu de l’homme « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ».

 

La crainte de Dieu n’a rien à voir avec la peur et encore moins avec la terreur devant Dieu, non, mais elle est le signe qui éprouve notre attitude devant la toute sainteté divino-humaine du Seigneur Jésus, Lui, l’Un de la très sainte Trinité des Personnes divines. L’homme n’est-il pas invité à siéger auprès de Dieu dans le Royaume céleste ? N’est-ce pas ce que nous confessons ? L’homme est donc bien ce « petit dieu » infiniment aimé de Dieu et donc digne de par sa création originelle d’être entouré d’une sainte vénération voulue par Dieu.

 

En Galates 3, 26 Paul écrit « vous êtes tous fils de Dieu par la foi », la foi en qui ? N’est-ce pas en Jésus le Christ que nous croyons, c’est donc bien l’état spirituel de « fils de Dieu par grâce » qui peut par la foi nous donner d’hériter du sel de la sagesse divine et de la lumière qui irradiait de la Transfiguration.

Il nous faut donc crier sans cesse « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », car tout comme la prière du cœur est le couronnement de la prière de Jésus, la foi est l’accomplissement de la croyance en Dieu. L’importance de la foi est soulignée par saint Luc en 18, 8 lorsqu’il dit en parlant du retour du Seigneur pour juger le monde « trouvera-t’IL la foi sur la terre » ? Ainsi, la crainte de Dieu bien vécue et unie à la foi en Dieu pourra illuminer l’esprit de l’homme et faire de lui une « humble mais véritable lumière du monde » pour la seule et unique gloire de Dieu.

 

Mais la lumière plénière se révèlera en l’homme lorsque la crainte de Dieu et la foi en Dieu seront converties en amour pour Dieu et en Dieu pour l’homme, c’est pourquoi saint Paul dans son hymne à

l’amour en 1 Corinthiens 13, 13 nous écrit « maintenant demeurent foi, espérance, amour, mais la plus grande d’entre-elles est l’amour », l’amour est ce qui restera éternellement, car comme l’écrit encore Paul, tout disparaîtra «  les prophéties disparaîtront, les langues se tairont, la science disparaîtra », et pourquoi tout cela disparaîtra ? Parce que le Christ dit lui-même sur la Croix « tout est accompli »,  ce qui signifie que le Seigneur amène à la perfection ultime dans l’homme mais aussi dans la Création, tout ce qui n’était que partiel et partial, « voici, Je fais toutes choses nouvelles » dit le Seigneur.

Voici donc, le bienheureux pauvre en esprit, qui est-il ? C’est celui dont l’esprit est théologien selon nos saints Pères, c’est à dire, qui s’exerce à la contemplation priante, ainsi il pourra Dieu bénissant ensemencer la terre que représente le Corps de l’humanité et s’approcher avec crainte de Dieu, foi et amour de « tout ce qui vie, loue et respire le Seigneur », il cultive la modestie en tout et avec tous et trouve sa joie à être assis au cœur même de la douceur de l’hésychia. N’a t-il pas hérité de la terre céleste qui contient en elle les saintes grâces de la vie spirituelle, c’est ici, le témoignage même dont nous nourrissent tous ceux et celles qui ont reçus l’Esprit de consolation et le répandent en rosée vivifiante sur l’homme et la Création divino-humaine.

 

Voici encore, le bienheureux cœur pur illuminé par la lumière incréée qui donne au bienheureux d’être  lumière du monde et phare spirituel pour celui ou celle qui veut bien y communier par la grâce de la sainte ascèse orthodoxe, cette grâce qui n’est répandue en abondance que dans notre Eglise très aimée de Dieu et que reçoivent tous ceux qui concélèbrent ensembles et qui communient  à l’essentiel qui est la recherche de la relation personnelle et ecclésiale avec la Divine Trinité.

 

Voici le bienheureux doux selon cette parole de saint Paul aux Philippiens en 4, 5 « que votre douceur soit connue de tous les hommes », comment tous les hommes peuvent-ils connaître notre douceur ? Par le mystère de la consubstantialité de la nature humaine, mais ce que Paul souligne ici, c’est que déjà notre douceur soit connue de tous les hommes et femmes que nous rencontrons dans notre existence quotidienne. Saint Jean en 3, 31 nous dit « celui qui est d’en-haut, est au-dessus de tous, celui qui est de la terre est terrestre et parle en terrestre », le bienheureux doux est déjà né d’en-haut, c’est pourquoi il est une icône fidèle de la douceur du Christ et cette terre dont il hérite, c’est lui-même devenu une nouvelle terre spirituelle qui peut produire les fruits de l’Esprit pour la vie éternelle.

 

Chez saint Mathieu, la parabole du « vous êtes sel de la terre et lumière du monde » est précédée du Sermon sur la Montagne dans lequel le Seigneur donne l’immense enseignement des Béatitudes qui peuvent nous façonner pour devenir porteurs de cette « lumière divino-humaine », nous éclairer et nous guider dans la pratique évangélique.

 

C’est dans l’Eglise que nous pouvons trouver tous les trésors vivifiants de la grâce, le goût suave du sel de l’esprit, la lumière qui illumine le monde, soyons sans illusion devant les mirages et les idoles du monde, si nous voulons vraiment nous nourrir spirituellement, il nous est vraiment indispensable d’être présents dans l’Eglise afin de participer tout entier à la célébration de la Divine Liturgie qui est l’expression même de la présence divine. Qui peut penser un seul instant, qu’il est possible pour un chrétien orthodoxe de devenir sel de la terre et lumière du monde en-dehors de l’Eglise « Corps du Christ dont il est la Tête », ce serait vanité, vanité et rien que vanité.

 

Saint Jean nous rappelle en 1, 4 à 5 que « la vie était la lumière des hommes, que la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie », cette lumière qui resplendit dans les ténèbres de nos cœurs  et de nos esprits est voilée par notre foi faible, l’incroyance et l’indifférence d’un monde gouverné par des idoles sans foi ni loi, pourtant cette lumière, c’est le Christ lui-même « doux et humble de cœur » qui nous laisse en héritage la si précieuse Eglise orthodoxe porteuse de la vie divino-humaine qui désire se répandre à profusion dans l’humanité. Allons-nous donner la préférence à César ou à Dieu, rendons à César ce qui lui revient et offrons l’essentiel, c’es à dire nous-mêmes à Dieu et le que signe de cette offrande soit notre « présence » fidèle, régulière et persévérante dans l’Eglise et non dans les fausses promesses du monde que saint Jean dénonce avec force.

 

Vous êtes sel de la terre et lumière du monde de par votre création originelle, Dieu nous a donné dès le principe la possibilité d’accomplir une telle œuvre spirituelle, est-ce difficile, c’est impossible selon cette parole « « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est donc dans l’icône du Paradis, notre Eglise très aimée de Dieu, que nous serons offerts les « outils » religieux nécessaires en particulier par la médiation de la prière liturgique et personnelle.

 

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, notre Lumière éternelle, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

samedi 7 septembre 2024

Le Débiteur impitoyable.

 

(Matthieu 18, 23 à 35)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous transmet la manière juste à mettre en œuvre pour nous libérer du fardeau invalidant que représentent nos passions contraires à l’acquisition de la vie divino-humaine. L’Evangile de ce jour nous montre que le don du Royaume des Cieux est le véritable objet de cette indispensable remise réciproque de nos dettes non seulement envers notre prochain mais encore plus envers Dieu.

 

Dans Matthieu 22, 21 nous lisons que le Seigneur dit « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », si donc nous devons rendre à César tous les biens matériels sous formes d’impôts divers exigés par lui pour être autorisé à vivre dans le monde, combien plus devrons nous nous désendetter de nos passions envers Dieu pour hériter du Royaume des Cieux et y vivre en présence de toute la sainte Cour Céleste autour de la Divine Trinité. Et si César dans sa voracité impitoyable demande surtout le maximum de nos biens matériels, Dieu nous invite à nous soulager mutuellement de nos fardeaux psychiques et spirituels en nous pardonnant du fond du cœur nos mauvaises pensées et nos actes indignes de notre humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Si donc, nous voulons que Dieu nous pardonne nos manquements envers Lui, il nous faudra commencer par pardonner à nos frères et sœurs en humanité leur manquements envers nous. La voie sûre pour acquérir le pardon divin et humain de nos passions pécheresses nous est accessible dans l’ Eglise de Dieu à travers la grâce de la confession de nos péchés, pardon que Dieu seul peut donner en plénitude par l’absolution reçue du prêtre intermédiaire et même intercesseur auprès de Dieu.

 

Nous savons combien nos dettes matérielles peuvent plomber notre existence dans le monde, que dirons-nous alors de nos dettes spirituelles qui peuvent nous priver de l’accès au saint Royaume des Cieux qui concerne la possibilité de la vie éternelle selon cette parole de notre Seigneur Jésus-Christ « bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux », qui seront donc ces bienheureux, sinon ceux qui auront libérés leur esprit de toute pensée contraires à l’Esprit de Dieu. Le péché est un usurier redoutable qui ne nous accordera nul apaisement ni remise, mais au contraire va ajouter le péché au péché au point de nous rendre toujours plus dépendant de nos passions.

 

L’Evangile nous montre l’attitude juste pour obtenir la remise  de nos dettes et le pardon de notre « cœur endurci et de notre nuque raide », si je n’adoucis pas l’entêtement de mon cœur à être impitoyable alors je ne pourrais pas me prosterner devant Dieu pour implorer de lui Sa miséricorde, je resterais inflexible dans mon aveuglement et inaccessible à la souffrance de mon prochain qui m’implore pour lui remettre sa dette envers moi. Pour sortir de cet état de torpeur dans lequel me maintient la dette de mes péchés, je dois apprendre à me prosterner devant Dieu et de le prier de m’accorder son pardon et ainsi retrouver le véritable visage de mon humanité.

 

Dans Matthieu 7, 12 nous lisons « tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faîtes-le vous-mêmes pour eux, voici la Loi et les Prophètes », ceci pour la remise des dettes entre hommes, mais voici encore plus, saint Paul en Colossiens 3, 23 nous enseigne « ce que vous faîtes, faîtes-le de bon cœur pour le Seigneur » et non pour vous-mêmes, afin d’échapper à la vaine gloriole qui voudrait nous faire penser et croire que nous sommes « vraiment quelqu’un d’extraordinaire » et nous faire oublier que le Seigneur lui-même nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire ».

Dans saint Jean 5, 19 nous lisons « le Fils ne peut rien faire de lui-même », lui Dieu et Homme parfait dit cette parole de feu spirituel, cette parole signifie en esprit et en vérité qu’il peut bien sûr faire tout ce qu’il veut, mais qu’IL ne fera rien sans la communion totale avec son Père et notre Père, ceci pour nous dire de ne rien faire sans Lui, car pardonner et remettre les dettes à quelqu’un est une œuvre inaccessible à la seule volonté humaine.

 

Saint Paul nous rappelle à l’humilité lorsqu’il s’agit de remettre leurs dettes à nos débiteurs, que ce soient des biens matériels ou des biens moraux, que dit-il en 2 Romains 2, 1 « toi qui juges l’autre, tu fais les mêmes choses », le langage populaire dirait « commence par balayer devant ta porte, avant de prétendre faire le ménage chez les autres », et dans l’épître aux Philippiens 2, 13 saint Paul ajoute « Dieu produit en vous le vouloir et le faire », non pas que nous soyons des demeurés incapables d’agir selon nos possibilités certes limitées, mais nous ne pouvons de nous-mêmes seuls, décider de « vouloir pardonner et de faire tout ce qui est utile pour remettre les dettes ».

 

Déjà le Psalmiste en 39, 7 proclame « tout le bruit que « l’homme » fait n’est que vanité », ce qui signifie ici, que la remise des dettes se fait au Nom de Dieu et avec Dieu et cela dans la douceur et la discrétion aimante.

 

L’Evangile poursuit «  c’est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur », et pourquoi Dieu lui-même est-il si tendre avec l’homme son bien-aimé malgré ses chutes et rechutes ? Parce que Dieu aime l’homme qu’il a fait à son image et à sa ressemblance, qu’il l’a fait pour un peu de temps inférieur aux anges, un peu de temps seulement, car l’homme par grâce divine devenu « un christ aimant, saint, humble et sage », sera élevé par l’Esprit de toute sainteté à vivre en présence de la Divine Trinité dans le Royaume de Dieu.

 

L’Apocalypse en 21, 1 et 5 nous confirme l’apparence spirituelle de l’homme devenu « un christ » par la divine parole absolument certaine «  je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle » et ainsi « voici, Je fais toutes choses nouvelles », qui peut penser que cette nouveauté divino-humaine puisse accueillir en son sein « le vieil homme pécheur », le temps est court ajoute ailleurs saint Paul d’où une certaine urgence à nous remettre nos manquements les uns envers les autres et à nous prosterner devant Dieu pour implorer sa miséricorde envers nos péchés individuels.

 

Dans la prière de l’absolution, nous entendons «  que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive », non pas qu’il se contente de vivoter pour un peu de temps dans l’espace de ce monde de l’errance désorientée qui oublie Celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie ».

 

Au Père qui remet les dettes à qui le lui demande dans la prière de communion avec le Fils et l’Esprit, soient la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

dimanche 1 septembre 2024

Le démoniaque épileptique.

 

(Matthieu 17, 14 à 23)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous rend témoins de la guérison d’un démoniaque effectuée par le Christ lui-même suite à la supplication du père de l’enfant possédé et devant l’impuissance de ses disciples à guérir cet enfant démoniaque.

 

Le Seigneur s’adresse à ses disciples par des paroles sévères en leurs disant « engeance incrédule et pervertie, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand ai-je à vous supporter ? Amenez-le moi ici ». Pourquoi les traitent-ils d’incrédule et de pervertis ? Ses disciples sont des Juifs connaisseurs avertis de la sainte Thora, mais ils le sont encore selon la lettre dont l’esprit est toujours voilé pour eux. Toutes les merveilles miraculeuses que notre charismatique et saint Rabbi Jésus accompli sans cesse devant eux et tout le Peuple présent ne leur ouvrent pas l’esprit ni le cœur, leur compréhension de l’œuvre salvifique du Seigneur leur reste étrangère dans la profondeur de leur être.

 

Ainsi eux comme nous, nous méritons le reproche de manquer de cette foi qui pourrait enfin déplacer les montagnes de nos cœurs endurcis et pervertis par les illusions du monde sans Dieu et nous faire expérimenter véritablement la vie et la voie spirituelle de l’orthodoxie. Ne sommes-nous pas nous aussi encore des « enfants possédés » par nos possessions éphémères que ce soit nos biens matériels ou immatériels au détriment de l’essentiel qui est cette « Foi »

porteuse de la sagesse divino-humaine.

 

Le Seigneur nous dit en Matthieu 17, 20 à 21 « Je vous le dis, si vous aviez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacerait, et rien ne vous serait impossible » et en Jean 3, 12 « si vous ne croyez pas aux choses terrestres dont je vous parle, comment croirez-vous aux choses célestes », combien de témoins contemporains du Christ ont cru après avoir vu ses œuvres salutaires, combien aujourd’hui croient à ces mêmes œuvres qui pourtant s’accomplissent toujours parmi nous ?

 

Nous voici faibles dans notre foi, nous croyons volontiers en Jésus le Fils unique de Dieu, mais de là à venir avec régularité à l’Eglise par exemple, çà reste un combat contre cette espèce d’inertie qui est une autre manière de désigner la faiblesse de notre foi pratique ? Mais Dieu  bénissant, nous ne sommes ni démunis ni abandonnés à nos états d’âme chaotiques et nous pouvons toujours crier vers notre Seigneur « je crois Seigneur, viens vite au secours de mon manque de foi » (Marc, 3, 24).

 

Nous comprenons que croire est une pratique indispensable pour commencer le chemin spirituel et religieux qui par la grâce divine et la participation fidèle à la Divine Liturgie et de la pratique de la prière personnelle, peut nous aider à édifier et à enraciner notre existence peu à peu sur le socle d’une foi conforme à celle que le Seigneur nous invite à cultiver en bon paysan spirituel.

 

Pourquoi le Seigneur termine-t-il cette péricope évangélique par l’annonce de sa Passion à venir en avertissant ces mêmes disciples que « que le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes, ils le tueront, et, le troisième jour IL ressuscitera. Les disciples en furent tous consternés ». Parce que seule une « grande foi » pourra supporter une telle épreuve indicible, c’est justement une telle foi que Jésus leur demande de nourrir en eux afin de traverser avec lui l’inhumain et l’innommable de la perversion humaine.

Nous voyons les disciples s’approcher de Jésus et lui demander « pourquoi n‘avons-nous pas pu expulser ce démon de l’enfant » ? Là, il s’agit de l’expulsion d’un démon, mais devant combien d’autres choses sommes-nous impuissants dans notre vie, incapables de discerner de manière juste et bénéfique la volonté divine, alors n’hésitons pas à nous tourner vers notre Seigneur pour lui demander pourquoi nous sommes plombés ou bloqués dans telle ou telle situation et selon notre foi, la lumière utile nous seras donnée.

 

Au Père infinie patience aimante, au Fils maitre unique de notre vie spirituelle et à l’Esprit de vérité et de consolation, soient la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon