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lundi 3 avril 2023

Le Pharisien et Marie la Pécheresse.


(Luc, 7, 36 à 50)

Au Nom du Père, du fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous rends témoins de ce que devrait être la compassion selon notre Seigneur, et qui consiste à apprendre à agir envers notre prochain comme le Christ agit envers nous. L’Eglise nous invite à suivre le Christ chez Simon le Pharisien, pour y découvrir à travers la femme pécheresse, que la grâce divine ne fait pas la discrimination des personnes, là où les hommes inféodés à la dureté de la Loi religieuse sont prompts à juger, lui notre Seigneur ne juge pas, mais élève la personne et le pardon au-dessus du péché.

 

Le Pharisien ici, est à l’opposé du véritable compatissant, que lisons-nous dans l’Ecriture de ce jour à propos du Pharisien sur le Christ « si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une grande pécheresse ». En vérité, le Pharisien n’invite pas le Christ chez lui parce qu’il l’aime, mais parce qu’il a entendu toutes sortes de rumeurs étranges et forts troublantes sur celui qui fait figure «  d’hérétique et faiseur de miracles ». A travers cette attitude du Pharisien, le Christ nous invite à rentrer en nous-mêmes et à nous poser la question de savoir ce qu’en vérité nous pensons du Christ, et si nous aussi nous serions enclins à des pensées de jugement sur le prochain dont en réalité nous ne savons la plupart du temps que peu de choses.

 

L’Evangile nous montre qu’à l’évidence la «  loi mosaïque » seule, ne peut suffire à convertir le cœur de l’homme, parce qu’elle est basée sur une vision limitée à une obéissance rituelle et extérieure de la religion. Le Seigneur ne dit-il pas en toute clarté « Je ne suis pas venu abolir la Loi mais l‘accomplir », la Loi a été donnée pour prophétiser la venue du Messie, là était sa mission mais aussi sa limite, car l’accomplissement spirituel de la Loi ne pouvait se réaliser en esprit et en vérité, que par la guidance de Celui qui l’a inspiré pour l’humanité à travers la médiation de l’Israël de Dieu et que la Synagogue devait transmettre.

 

Voici donc que se tient devant Dieu en Jésus cette femme pécheresse, image de scandale pour tous les zélateurs divins qui de par leur fonction se croient tous investis du pouvoir de vie ou de mort sur celle qui ne mérite que haine et rejet puisqu’elle ne respecte pas la Loi.

 

Simon le Pharisien fin connaisseur de la Thora, enferme cette femme dans ses actes contraires à la morale religieuse de son temps, il ne voit pas en elle une personne et donc ne lui adresse aucune parole. Mais pour comprendre l’attitude de Simon, et éviter nous-mêmes de le juger, nous devons nous souvenir que la Loi est accueillie par Israël comme l’expression absolue de la volonté divine, elle est vécue comme « parole et alliance qui vient de Dieu et mène à Lui, elle est sa voix et la voie ». Mais le Seigneur rappelle et éclaire le sens de la Loi en soulignant « qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir », il déclare donc la Loi bonne mais inachevée, elle dit la vérité divine mais elle doit aussi donner l’amour divin, l’œuvre du Messie par son incarnation est de réaliser « l’union de la loi et de la vérité par la grâce de l’amour divino-humain ».

 

Simon le Pharisien, docteur de la loi mosaïque et pratiquant zélé des préceptes religieux, ne peut pourtant comprendre qui est ce Jésus devant lui, toute la connaissance littérale de la Thora donne certes des savoirs précieux, mais se révèle incapable d’engendrer une vraie contemplation spirituelle et donc de reconnaître que ce Jésus, là devant lui est vraiment le Saint Messie prophétisé et espéré par Israël. Le jugement selon l’apparence extérieure du prochain interdit ici et ailleurs aussi, de recevoir l’intelligence du cœur qui est le véritable discernement spirituel.

Et nous les enfants de l’Eglise orthodoxe, invités non par des hommes fussent-ils des religieux, mais par Dieu lui-même, pourquoi n’imiterions-nous pas avec simplicité et confiance cette femme pécheresse, en déposant aux pieds du Seigneur notre demande de pardon pour nos péchés ? A chaque fois que nous osons juger un homme ou une femme, nous devenons des pharisiens durs de cœur et sans esprit, nous rendant indignes de communier à la table spirituelle qui nous propose de goûter combien le « Seigneur est bon et doux ».

 

Ainsi Simon le Pharisien juge t-il cette pécheresse comme perdue et indigne de pardon, car pour lui, la Loi mosaïque est au-dessus de tout et de tous, elle est pour lui la sagesse spirituelle absolue, à laquelle ce Rabbin Jésus devrait lui aussi se plier, c’est pourquoi sectateur de la Loi, il est sans compassion envers la femme pécheresse et sans justesse envers Jésus et ose se dire en lui-même « si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche ». Là où la femme pécheresse reconnaît Jésus comme un Prophète de Dieu, Simon lui doute de ce Jésus, et le rabaisse au niveau d’un individu sans discernement. Malheur donc à nous, si sous prétexte que nous sommes « orthodoxes », nous jugeons le monde comme corrompu, en nous autorisant à mépriser les autres, sur la seule foi de notre ressenti non purifié par l’amour et la vérité divines. L’Ecriture sainte nous invite au contraire à imiter cette femme, et à venir nous prosterner aux pieds du Christ, pour y verser les larmes d’un repentir sincère qui est celui qui nous est demandé en ce temps du grand Carême.

 

Il ne suffira pas d’être baptisé et nourrit de l’Evangile, pour espérer devenir conforme à ce que nous dit saint Paul dans l’Epître de ce jour « vous avez revêtu le Christ, il n’y a ni Juif ni Grec, ni homme ni femme, ni homme libre ni esclave », tout cela est encore selon les figures du monde qui ne reflètent pas le mystère de la personne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous savons que cette image parfaite est la personne du Christ, et que sans la foi en lui et la vie en son Nom, il sera éternellement impossible de réaliser la métanoia qui fait de l’homme psychique un homme spirituel, car dit encore saint Paul en 1 Cor 2, 14 à 15 « l’homme qui est psychique n’accueille pas ce qui est de l’Esprit de Dieu, c’est folie pour lui, l’homme spirituel au contraire, juge de tout et lui-même n’est jugé par personne ».

 

Dans le livre des 2 Chroniques 30, 7 il est déjà écrit « ne soyez pas comme vos pères, qui ont péché contre l’Eternel » et encore en 1 Rois 8, 31 « si quelqu’un pèche contre son prochain », ne sommes-nous pas à notre tour encore parmi ceux qui pèchent contre l’Eternel et contre notre prochain ? En 1 Jean 3, 9 nous lisons « quiconque est né de Dieu ne pèche pas », ne lisons-nous pas aussi dans les Psaumes que « le juste pèche sept fois par jour », paradoxal certes mais pas contradictoire, la naissance selon Dieu est engendrée dans le temps et selon l’ascèse qui consiste à s’approcher du divin avec « crainte de Dieu, foi et amour », qui a dit que c’était facile ? C’est pourquoi, le Seigneur nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est à dire, laissez-moi agir avec vous et je ferais de vous et avec vous un « christ aimant, saint, humble et sage » qui ne sera plus dans le jugement mais dans l’amour qui rénove et transfigure tout pour faire « toute chose nouvelle ».

 

Dieu ne bénit jamais le péché mais il accueille toujours le pécheur selon cette parole que le prêtre dit après la confession au moment de l’absolution « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». C’est pourquoi, nous croyons avec une pleine confiance que « Dieu aimera toujours infiniment plus le plus grand des pécheurs, que le plus grand des saint ne pourra aimer Dieu », méditons cette parole de profonde consolation.

 

Au Père, au Fils et au Saint-Esprit, soit la gloire éternelle, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

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