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lundi 10 avril 2023

Dimanche des Rameaux

 (Jean 12, 1 à 18)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à nous joindre à la foule pour venir à la rencontre de Celui que nous confessons comme le Messie d’Israël et le Sauveur du monde, la foule est bigarrée et chaque individu est là, juif ou païen, avec ses propres pensées, paroles et actes devant Celui dont les œuvres et l’enseignement se sont répandues en Israël et dans toute la Palestine.

 

La foule prit « des rameaux de palmier et sortit à la rencontre de Jésus en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Dieu d’Israël », toujours curieuse et même avide de toute nouveauté elle se presse autour de Jésus, le saint Rabbi et Prophète, en criant de toute son âme l’inspiration qui l’habite par ces paroles pleines de sens religieux et spirituel connues comme l’acclamation pour la venue du Messie, Fils de la maison royale de David.

 

Notre être entier ne se resserre t-il pas d’une intense émotion religieuse lorsque nous lisons « voici que Je viens, assis sur un ânon, le petit d’une ânesse », cet ânon porte le Seigneur de gloire qui lui-même « doux et humble de cœur », accepte de voyager ainsi dans une totale et sainte modestie. Cet ânon est aussi la métaphore de l’homme, le petit de l’ânesse c’est à dire de notre sainte et précieuse Eglise, qui a vocation à faire de tout homme ou femme de bonne volonté une « personne porteuse du Christ ».

 

Voici encore cette foule tour à tour ordonnée ou anarchique, enjouée ou révoltée qui se presse autour de Jésus, ce Rabbi puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et parmi les hommes, un spectacle ou l’espérance vivante incarnée dans cette humanité rencontre l’étonnement plus ou moins incrédule qui perce à travers les regards et les cris. Le Seigneur vit dans son âme les drames qui habitent tous ces gens, lui qui est là justement pour les délivrer de toutes leurs aliénations mortifères par la grâce toute puissante de la Passion.

 

N’est-ce pas aussi de cette foule que parle saint Pierre en 1P. 2, 9 lorsqu’il enseigne que « vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, vous qui n’obteniez pas miséricorde et qui aujourd’hui avez obtenu miséricorde ». Ce que proclame saint Pierre, n’est pas réservé au seul peuple d’Israël, mais s’adresse à toute l’humanité autant que celle-ci a le désir de demander une telle bénédiction au Seigneur et de s’engager dans la voie qui commence dans les ténèbres de l’âme et traverse l’existence, icône de la passion inévitable pour l’homme tombé dans les ténèbres du péché qui mène à la mort, cette conversion est le sens même du saint et grand Carême à l’issue duquel l’homme espère la Résurrection avec le Seigneur et Sauveur.

 

Le peuple de Dieu, c’est l’humanité dès sa création originelle, l’effraction par le péché d’Adam et Eve n’invalide en rien cette réalité, et l’incarnation est le signe même qu’il sera toujours possible d’être sauvé, c’est le sens même de toute l’œuvre accomplie par l’Incarnation et la Passion du Seigneur Jésus. C’est aussi pourquoi, le Christ dit « J’ai encore d’autres brebis à visiter », c’est à dire, tout être où qu’il soit et qui se tourne librement vers moi, « Je le sauverais et Je le glorifierais », selon la promesse que l’Esprit a inspiré au Psalmiste.

 

Sans pouvoir développer ici le message de l’Apocalypse 7,9 à12, cette foule à Jérusalem est une préfigure terrestre de la « foule immense, rameaux à la main et de toute nation, race, peuple et langue qui crient : le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône ainsi qu’à l’Agneau »,

vision donnée au voyant de Patmos pour la consolation de l’homme et la gloire de Dieu.

« Vous êtes une race élue », parce que, moi votre Dieu, je vous ai crées dans l’amour, la beauté et la vérité et je vous ai revêtu de toutes mes grâces spirituelles dès l’origine de la Création, afin que dans votre liberté vous puissiez choisir de réaliser votre vocation de « fils et de filles de Dieu », cela nous est rappelé dans Actes 17,28 et 29 « c’est dans la liberté que vous avez la vie, le mouvement et l’être...car nous sommes de sa race », puisque nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

« Vous êtes un sacerdoce royal », c’est à dire que notre manière de vivre dans le quotidien doit être une icône de la célébration liturgique, au sens d’une prise de conscience que Dieu a créé tous les êtres vivants, n’est-ce pas ce que proclame le Psalmiste en chantant » que tout ce qui vie et respire loue le Seigneur », et que donc, il nous appartient de nous approcher du vivant comme des célébrants pour louer la sainteté et la sacralité de l’œuvre divine.

 

« Vous êtes une nation sainte », au sens du Paume 33,12 « heureuses les nations, dont l’Eternel est le Dieu », ceci confirme la qualité d’universalité du message évangélique exprimée dans cette autre parole du Seigneur « allez enseignez et baptisez toutes les nations au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ce qui est manifesté à Israël aujourd’hui a vocation à être répandu comme une semence vivifiante dans le monde entier. Combien parmi cette foule croiront que le Seigneur de gloire est là devant leurs yeux « assis sur un ânon le petit d’une ânesse », qui parmi les religieux et les notables pourront croire que la Thora et la loi mosaïque sont ici incarnées et parfaitement accomplies par ce Jésus à l’apparence si humaine qui vient « doux et humble de cœur » au Nom du Dieu d’Israël.

 

« Vous êtes un peuple acquis, c’est à dire, vous avez un prix inestimable à mes yeux et moi votre Père céleste, je n’ai pas hésité à vous envoyer mon Fils Unique pour vous donner à nouveau votre dignité originelle et cela même par le sacrifice inhumain de la Croix. C’est ce qui nous est rappelé en Actes 20,28 « l’Eglise du Seigneur qu’il s’est acquise par son sang », ce sang répandu sur la Croix de la Passion pour le salut du monde et encore en Ephésiens. 1, 13 à 14 « c’est en lui, le Christ que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l’Evangile de votre salut et y avoir cru, que vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage et qui prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis pour la louange de sa gloire ». Si nous le désirons, nous pourrons méditer sur le sens de ces citations évangéliques et Dieu bénissant y trouver les perles précieuses de la nourriture spirituelle.

 

Nous sommes donc par vocation des élus, des rois, des saints et notre valeur réside dans notre être spirituel créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, le « Salut » de l’homme dans son  mystère divino-humain échappe à la seule imagination ou seule compréhension rationnelle, mais nous pouvons choisir de croire au « Sauveur » et laisser l’Esprit de toute grâce nous guider à travers « Celui qui est la voie, la vérité et la vie ». L’Eglise est la grotte de la Nativité, l’icône du Jourdain et du Baptême de Jésus, la montagne des Béatitudes sur laquelle nous est transmis l’essence de la sagesse divine, le lieu vivant qui nous donne de vivre la sainte Cène, elle est le Jardin de Gethsémani, le tombeau du Seigneur, le Golgotha, et le témoignage de la glorieuse Résurrection, cette expérience de vie est proposée par « l’Eglise, Corps du Christ dont Il est la Tête » à la liberté de tout homme et de toute femme de bonne volonté.

 

L’Église orthodoxe connaît par expérience combien l’ascèse et l’épreuve sont utiles pour convertir le vieil homme à l’homme nouveau, elle sait aussi que ni l’ascèse ni l’épreuve en soi ne suffisent pour sauver l’homme, car, comme le chante le Psalmiste: « en vain te lèves-tu tôt et te couches-tu tard, en vain manges-tu le pain des douleurs, le Seigneur comble son bien-aimé pendant qu’il dort ».

 

« Voici que ton Roi vient à toi, humble et monté sur un ânon, le petit d’une ânesse ». La véritable royauté est la sainte humilité du Christ, qui de tout-puissant qu’il est dans l’éternité, se rend semblable à la créature humiliée et tourmentée par le péché. Jérusalem est l’icône du Royaume à venir, et Jésus nous invite à le suivre pour renouer le dialogue avec le Père Céleste en acceptant de passer par la Croix, par la Pâque du Seigneur dans la foi, l’espérance et le vrai repentir du cœur.

 

Le Dimanche des Rameaux, inaugure le cheminement ascétique proposé à chaque chrétien orthodoxe pour se préparer à vivre avec le Christ sa propre pâque, sa résurrection et sa vie au nom de la Divine Trinité. Cette liturgie du salut présidée par le Christ lui-même est, ce que l’Eglise orthodoxe appelle « l’ascèse de l’amour », seule indispensable pour entrer dans la métanoïa pascale qui fait passer de la mort au monde et aux modes, à la Résurrection pour la vie éternelle.

 

Le monde ne peut pénétrer dans le mystère de la Résurrection, ce n’est pas le regard du monde sur nous qui doit changer, c’est nous qui devons regarder le monde avec l’esprit du Seigneur, Lui seul, peut nous libérer de l’aliénation de ce monde. Dans Matthieu 21, 10-11, quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fût en émoi: « qui est-ce ? », disait-on; et les foules répondaient: « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Combien dans cette foule, ont eu un désir véritable de connaître celui qui est vu comme un prophète, et recevoir par la grâce de l’Esprit la certitude que  ce Jésus, est le Messie d’Israël espéré ?

 

La foule anonyme ne peut confesser la divinité du Christ, seule la foi de ceux dont le Christ dit « bienheureux ceux qui auront cru sans voir », peuvent le reconnaître intérieurement en esprit et en vérité. Le père C. Andronikof écrit « le Christ meurt et l’Eglise naît », cette naissance engendre  l’Eglise comme unique source qui transmet la sagesse qui dansait devant la Face de Dieu et dont Dieu se réjouissait.

 

Gloire au Père inengendré, au Fils engendré et à l’Esprit Saint illuminateur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

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