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dimanche 23 avril 2023

Dimanche de Thomas

(Jean, 20 : 19-31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 



Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de Thomas, la Résurrection du Seigneur a eu lieu, plusieurs ont vu le Ressuscité et en ont témoigné, le Christ apparaît aux disciples présents dans le Cénacle, mais Thomas ne peut ni ne veut y croire sans preuves formelles. Thomas n’était pourtant inférieur en rien aux autres apôtres, mais il veut mettre en œuvre sa liberté personnelle et discerner par lui-même la réalité de cette nouvelle bouleversante : « nous avons vu le Seigneur Ressuscité ».

 

Cette attitude de sagesse spirituelle est pour nous un enseignement précieux, elle nous met en face de nous-même par rapport à l’annonce de la Résurrection du Christ, elle révèle notre pensée et notre foi et éprouve notre croyance réelle concernant la Résurrection. Nous désirons comme Thomas, voir entendre et toucher le Seigneur Ressuscité, mais cela exige une initiation à Sa Présence intérieure, puisque le Seigneur nous dit ailleurs que « Dieu est Esprit et demande des adorateurs en esprit et en vérité ». Cette ascèse de vie en Dieu et selon Dieu nous est donnée dans l’Eglise, par la promesse de la descente de « l’Esprit Saint à la Pentecôte », qui va rendre possible la vie orthodoxe et peut faire de chacun d’entre nous, un « christ aimant, saint, humble et sage ».

 

Cette rencontre avec le Christ, demande d’être en état d’éveil dans le Cénacle, c’est à dire dans l’Eglise, il était naturel pour eux de se tenir en présence du Seigneur, malgré ce fait étrange de le voir traverser les portes fermées et se tenir soudain au milieu d’eux ? N’en est-il pas de même pour nous, ne sommes-nous pas comme des portes fermées, que le Christ traverse avec amour et douceur pour se donner à nous durant la Communion. Pour réaliser spirituellement ce chemin de conversion qui engage chacun tout entier, Dieu permet le doute religieux comme une ascèse pour accéder peu à peu à la Vérité révélée qui est le Christ Ressuscité, afin qu’un jour nous puissions nous aussi nous écrier, comme l’apôtre Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ».

 

L’Eglise est le lieu spirituel, le Cénacle apostolique où le Seigneur est invisiblement présent dans les saints Dons, elle nous initie à travers les saints mystères du Christ, à fermer les portes de nos sens aux esprits sous ciel, pour les tourner vers l’intérieur de notre être le plus profond. Le Seigneur ne donne t’il pas à plusieurs reprises Sa Paix durant la Divine Liturgie, à travers le prêtre qui proclame « paix à tous », pour que nous puissions ainsi nous préparer à recevoir la bénédiction éternelle ? Imitons Marie, qui déposait dans son cœur les bénédictions divines et préparons-nous sans nous lasser à la venue du Roi de Gloire, car Sa Paix ne concerne pas des individus isolés et solitaires, mais tout le Corps du Christ qui est l’humanité entière, c’est pourquoi dans ce même Evangile le Seigneur ajoute : « c’est pourquoi je vous envoie…vers les nations et les peuples ».

 

Le Ressuscité qui vient ainsi dans l’Eglise pour y faire Don de Sa Paix, donne aussi le Saint-Esprit qui est la Grâce des grâces aux disciples présents, cette grâce est transmise par exemple, aux prêtres afin qu’ils puissent dans l’Esprit, accomplir l’œuvre spirituelle qui consiste à remettre ou à retenir les péchés pour aller vers la liberté intérieure et entendre et vivre nous aussi cette parole divine : « la Paix soit avec vous ». Ainsi dans l’Eglise, le Seigneur donne le Saint-Esprit afin que nous puissions faire face au mystère de l’iniquité, qui est aussi le plus redoutable pourvoyeur du doute spirituel, celui auquel justement est confronté l’apôtre Thomas et contre lequel, en père aimant il nous met charitablement en garde. Osons exprimer à Dieu nos doutes et nos peurs, osons le prier et demander sa grâce pour notre vie religieuse, afin de pouvoir lui dire avec foi « mon Seigneur et mon Dieu ». Le doute de Thomas permet l’émergence de sa confession et son témoignage que Jésus est bien le Messie annoncé à Israël pour accomplir les prophéties de l’Ancienne Alliance envoyées par Dieu pour le Salut de toute l’humanité.

 

 

Eglise du Christ, frères et sœurs, qui parmi nous peut imaginer ce que l’apôtre Thomas a dû traverser jusqu’au tréfonds de lui-même, quelle souffrance spirituelle a été la sienne dans ce doute qui est comme le couronnement de tous les doutes exprimés par les disciples à différents moments de leur vie avec le Prophète et Messie Jésus de Nazareth.

 

Le Seigneur lui-même dit à ses disciples et cela à plusieurs fois : « pourquoi doutez-vous, hommes de peu de foi », Thomas qui a pourtant vécu dans l’intimité du Christ avec les autres disciples, n’a pu leur accorder sa confiance concernant leur témoignage sur la Résurrection du Seigneur, avant de voir et toucher le Ressuscité. La rencontre avec le Seigneur doit être et personnelle et ecclésiale afin de restaurer l’homme et l’enraciner dans ses origines divino-humaines qui sont le resplendissement de la vie orthodoxe. L’Eglise n’aurait pu s’édifier sans la confession de tous les apôtres présents, la présence de Thomas complète le plérôme apostolique, et souligne la nécessité de la conciliarité en esprit et en vérité des disciples, ce qui permettra à l’Eglise de proclamer en toute confiance à travers le temps et l’espace que : « l’Esprit-Saint et nous avons décidé que… ».

 

Demandons au saint apôtre Thomas de prier avec et pour nous dans le temps parfois redoutable des doutes intérieurs, et continuons envers et contre tout à cheminer ensemble dans l’Eglise vers le Royaume de Dieu. Ne doutons pas que ce temps pascal, nous est particulièrement propice pour rencontrer personnellement et ecclésialement le Seigneur Ressuscité. Le doute comme désir de rechercher et de recevoir la plénitude de la vérité révélée, c’est à dire la connaissance de la Divine Trinité par la médiation du Christ, est une ascèse qui amène le croyant par sa vie avec et dans l’Eglise, à la confession authentique et à l’expérience pratique de l’enseignement des huit saints conciles œcuméniques reconnus par l’Eglise orthodoxe, sans rien en retrancher ni rien y rajouter.

 

La nécessité de répondre aux interrogations multiples concernant la vie et l’enseignement de l’Eglise naissante, a permis au doute salutaire d’accueillir la grâce de l’Esprit Saint pour illuminer l’intelligence de l’esprit et du cœur de nos Pères saints, pour nous donner en héritage les fruits de la sagesse divino-humaine, dont l’icône véridique est la théologie orthodoxe.

 

La sagesse à l’œuvre dans l’Eglise est la même que celle par laquelle Dieu à crée l’homme et la création, et c’est notre Seigneur Jésus-Christ qui a incarné cette sagesse créatrice pour la donner comme une dot spirituelle à transmettre à l’humanité à travers la médiation de l’Eglise orthodoxe. Cette sagesse originelle est bien celle dont la Genèse nous dit « la sagesse dansait devant Dieu qui prenait plaisir à contempler ses œuvres », et lors du baptême du Christ, sagesse et verbe créateur, la voix du Père se laisse entendre par cette parole « celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », nous savons donc de manière certaine que le Christ, Dieu incarné pour le salut de l’homme, est la cause de cette sagesse divino-humaine.

 

Pour convertir le doute en confession orthodoxe vécue et espérer le don de la Foi telle que transmise par nos saints Pères, le Seigneur nous a promis et donné « l’Esprit de vérité, qui nous conduira dans la plénitude de la vérité, et cette vérité nous rendra libres », cette vérité est la connaissance de la Divine Trinité qui vit et règne dans l’Eglise orthodoxe « selon la grâce de notre seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu notre Père et la communion du Saint-Esprit », seule cette liberté divino-humaine peut engendrer l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Prions le Père Céleste à travers Celui qui dans son humanité a connu le doute douloureux au point de crier : «  mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », avant de chanter de toute notre âme : « je me couche et je m’endors en paix, car toi seul Seigneur, tu me donnes la sécurité dans ma demeure ».

 

Saint Gabriel de Géorgie nous dit « de celui dont l’Eglise n’est pas la Mère, Dieu ne sera jamais le Père », si donc nous voulons être entendu et recevoir la grâce divino-humaine pour guide de notre vie en Dieu, alors venons célébrer, prier, chanter et vivre dans notre Eglise orthodoxe.

Saint Jean nous rappelle en chap. 20, 30 à 31 que « Jésus a fait encore beaucoup de signes non écrits dans le saint Evangile, mais ceux qui ont été écrits le sont pour que nous croyons que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant nous ayons la vie en nous ». Cette vie est notre ascèse existentielle orthodoxe au long des jours et des nuits que la divine providence nous accorde et dont le couronnement sera notre résurrection personnelle, les signes non écrits sont ceux que l’Esprit Saint inspire à notre intelligence spirituelle afin de pouvoir suivre le Seigneur qui nous mène vers son Père et notre Père.

 

Nous voici invité à être poète de notre existence, non un poète limité à un imaginaire de belles ou grandes pensées, mais à œuvrer dans notre vie réelle ici et maintenant pour y accomplir les saints commandements évangéliques avec l’aide de Dieu et de l’Eglise. Le croyant tout comme le poète ont vocation à être des contemplatifs de l’œuvre divine que représente la Création, et dont l’Eglise est une icône fidèle qui transmet avec une grande plénitude la vie et l’enseignement spirituel de notre Seigneur ressuscité.

 

La poésie créatrice et religieuse de l’Ecriture sainte et en particulier des Psaumes, n’est-elle pas la célébration liturgique de la beauté divino-humaine incarnée en Jésus-Christ, « Lui, le plus beau des fils de l’homme né d’une femme, avec la grâce répandue sur ses lèvres », la Résurrection est cette splendeur spirituelle et éternelle et le témoignage même de cette beauté originelle qui s’exprime à Pâques dans l’amour et la vérité, ainsi l’Eglise terrestre et céleste une et unique chante d’un seul Chœur « Christ est Ressuscité, en vérité, IL est Ressuscité ».  

 

Au Père Créateur qui nous espère, au Fils qui nous appelle à ressusciter avec lui et à l’Esprit souffle vivifiant, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

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