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lundi 6 mars 2023

Triomphe de l’Orthodoxie

                                                                              (Jean  1, 43 – 51)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


 

Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe célèbre le « Triomphe de l’Orthodoxie », elle nous transmet le témoignage de ceux et celles qui étaient autour du Christ, qui ont accueilli  son enseignement, l’ont mis en pratique et ont parfois donné leur vie par le Martyre dans leur certitude intérieure que le Christ était la Vérité Absolue incarnée. Le Christ à travers l’Eglise, nous invite à entendre comme pour Philippe cette parole « suis-moi » et Philippe prolonge cette parole du Seigneur et nous dit à son tour à travers Nathanaël « viens et vois ». Cette invitation divine qui consiste à « suivre, venir et voir » où habite le Seigneur Jésus, est une œuvre spirituelle qui nécessite de notre part, un désir de connaître Jésus et une volonté de vivre avec lui au sein même de l’Eglise qui est la maison de Dieu et de l’homme. La Tradition iconographique que nous célébrons aujourd’hui, témoigne de la grâce engendrée par la présence vivifiante du Seigneur, qui illumine par l’icône sanctifiée de la lumière du Thabor céleste, l’Eglise, notre âme et le monde.

 

Pour contempler en esprit et en vérité, ce triomphe de l’Orthodoxie, il nous faut garder à l’esprit  « que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », ce triomphe ne concerne pas une victoire guerrière extérieure, mais l’accomplissement de la conversion du cœur par l’ascèse de la vie et de la voie orthodoxe. Si par la grâce divine et la conversion de notre esprit, nous accueillons avec foi notre vocation à être déifié en accomplissant Dieu bénissant les œuvres évangéliques, nous serons des témoins réels et fidèles de la vocation divino-humaine de l’Eglise, pour laquelle nos saints Pères et saintes Mères ont subit des violences inouïes et inhumaines, c’est d’eux que saint Paul témoigne en disant « que le monde en était indigne ».

 

Si être orthodoxe, c’est glorifier et louer Dieu dans la justesse, alors en vérité, seul est orthodoxe dans toute sa plénitude divino-humaine, Celui qui a dit : « Père du ciel et de la terre, Je te loue de ce que tu as caché cela aux yeux des sages et des intelligents de ce monde, et que tu l’ai révélé aux petits ». Chacun d’entre nous est invité à devenir un de ces petits, que l’Eglise du Christ engendre et doit faire croître spirituellement en dehors de l’esprit du monde, en « taille, en grâce et en sagesse devant Dieu et parmi les hommes ».

 

Nous voilà invités à acquérir la sainteté et à devenir dieu par la « grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit », pourquoi ? Pour  offrir à notre tour, sur le modèle unique du Seigneur Jésus, personnellement et ecclésialement la louange juste à la Divine Trinité. Etre orthodoxe, c’est croire que l’Eglise est cette terre sainte et sacrée dont je suis une pierre précieuse, ciselée par l’humilité, l’amour et la vérité à travers la célébration liturgique. Croire qu’au cœur de l’Eglise se trouve la personne et qu’au cœur de la personne habite la Divine Trinité, contempler l’Eglise comme l’icône véritable et parfaite qui contient toutes les icônes particulières.

 

L’Eglise orthodoxe est la maison de l’être orthodoxe, son lieu de vie, où le croyant fidèle et de bonne volonté, reçoit toutes les grâces et bénédictions utiles pour accomplir son existence de chrétien orthodoxe au cœur même du monde mais non selon les modes éphémères du monde. L’Eglise seule peut tenir sa promesse au Nom de Dieu et donner à tout homme et à toute femme qui le désire vraiment, la certitude et la plénitude du salut dans l’amour, la vérité et la sainteté.

 

Si j’aime quelqu’un, alors je suis prêt à faire tout ce que je peux pour cette personne, je veux être avec elle le plus et le mieux possible, il en est de même pour la sainte Eglise, si je l’aime ou si j’ai le désir d’apprendre à l’aimer, alors je vais tout faire pour la connaître, je la considère comme ma bien-aimée et je veux savoir qui elle est, ce qu’elle fait, en un mot vivre avec elle.

 

Comment concrètement se réalise pour nous ce triomphe de l’orthodoxie ? Par notre prière liturgique et personnelle au sein de l’Eglise et dans notre existence au cœur du monde. En acquérant ainsi peu à peu avec Celui qui nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire » la qualité de « christ, aimant, saint, humble et sage », les prémisses pour un tel accomplissement spirituel nous ont été donnés par l’onction reçue dans l’Esprit Saint à notre baptême et dont le couronnement est l’acquisition de cet état de christ. L’ascèse qui convient ici, présuppose la foi que notre Seigneur veut cet état spirituel pour nous, afin que à son image, nous puissions accomplir la seule et unique volonté de « son Père et notre Père ». Il nous faut donc apprendre à aimer, à nous sanctifier, à devenir humble et sage, c’est à dire, à pratiquer la vie selon l’enseignement de la voie religieuse de l’orthodoxie.

 

L’Oint du Seigneur est le Messie prophétisé par Israël et que nous avons reconnu et confessé en la personne du saint Rabbi Jésus de Nazareth, le Fils de Marie, il est le Sauveur unique et divino-humain pour toute l’humanité. Mais si nous aussi, nous sommes « oints », qui donc devons-nous sauver ? D’abords nous-mêmes, en mettant en œuvre l’enseignement évangélique qui est la vocation reçue par Dieu pour participer avec Lui à notre salut et à la prière pour le salut de l’humanité selon cette prière de saint Silouane l’Athonite « Seigneur, envoie ton Esprit Saint au monde, afin qu’il te connaisse et sois sauvé ».

 

Le prophète Jérémie déjà dénonce l’attitude insensée de ceux qui ne cessent de « suivre les pensées de leur cœur mauvais » et le Seigneur de dire « c’est du cœur que sortent toutes les mauvaises passions », l’Ecriture sainte nous rappelle que « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive », cette conversion demande notre confession à Dieu dans l’Eglise, de tout ce qui plombe notre âme, désoriente notre esprit et épuise notre corps.

 

Saint Luc, 5, 11 nous dit « ils laissèrent tout et le suivirent », ce tout ne signifie pas renoncer à toute vie socio-professionnelle, ni même aux biens matériels, il s’agit de se délaisser des vieilles pensées, paroles ou actions qui cristallisent chaque jour un peu plus en nous la pesanteur du vieil homme et qui finissent par nous inoculer cette pensée perverse « à quoi bon ». C’est aussi pourquoi saint Paul dans Ephésiens. 4, 17 dit que « les païens suivent la vanité de leurs pensées », et que même dans l’Eglise la tentation d’une attitude païenne peut nous tourmenter.

 

Nos saints Pères et nos saintes Mères, nous encouragent à cultiver la sainteté, la goûter, la toucher, la sentir, la regarder et l’entendre et cela très concrètement par l’expérience personnelle, ici et maintenant. Où direz-vous peut-être ? Dans ce lieu saint et béni qu’est l’Eglise, comment ? Par la pratique assidue, religieuse et spirituelle de la Divine Liturgie qui nous donne « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ceux qui l’aiment et qui croient de tout leur cœur en lui ».

 

L’un des commandements pour un orthodoxe, c’est sa présence dans l’Eglise, selon cette parole du Christ « venez et voyez », pour apprendre à connaître comment Dieu se révèle à nous, selon la réalité de notre foi en lui, selon la qualité de notre désir de le connaître et de l’aimer. Ne pas venir avec régularité et persévérance dans la sainte maison de Dieu, est incompatible avec être orthodoxe. Sans l’Eglise, nous les orthodoxes nous nous dépouillons nous-mêmes de l’essentiel, et nous privons nos enfants de leur identité religieuse profonde, le Christ ne dit-il pas « laisser venir à moi les enfants, ne les empêchez pas », alors comment justifierons-nous notre absence ?

 

Le Seigneur nous promet à travers Nathanaël « en vérité, en vérité, Je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme », le Fils de Dieu est sans cesse entouré par la multitude des armées angéliques, cette contemplation du monde angélique, nous est promise à nous Fidèles de bonne volonté qui croyons fermement à cette promesse du Seigneur. Cette vision n’est pas une sorte de récompense d’une vie vertueuse, non, elle est naturelle à l’homme sanctifié, sauvé et déifié par la grâce de la divine charité. Tout comme le Seigneur a vu en Nathanaël debout sous le Figuier un « véritable israélite », de même, IL nous voit debout sous la grâce de l’Eglise dans l’espérance que nous devenions de « véritables orthodoxes ».

 

Etre orthodoxe, c’est apprendre à « aimer sans conditions imposées à l’autre », fussent-elles spirituelles, semer, cultiver, vivre et transmettre en nous et autour de nous l’enseignement évangélique. Mais pour aimer sans condition, je dois apprendre auprès de l’Amour qui est Dieu comment L’aimer « de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces…», afin d’espérer un jour « aimer mon prochain comme moi-même ». Le Seigneur nous a clairement montré comment lui témoigner réellement notre amour, en disant : « celui qui m’aime, c’est celui qui garde Mes commandements et les mets en pratique », celui qui croit aimer sans Dieu ne serre dans ses bras que ses illusions et se prépare une existence de déceptions amères.

 

Au Père Source unique de l’Amour, au Fils qui a donné Sa vie par Amour et à l’Esprit qui nous gardent dans l’Amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

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