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lundi 13 mars 2023

Le Paralytique et le bon Pasteur.

 

 (Jean 10, 9 à 16)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à entrer par la Porte unique et éternelle qui seule par la rencontre avec le Bon Pasteur, notre Seigneur Jésus-Christ, peut nous donner le salut et la vie éternelle.  Comment ? Nous pouvons nous inspirer de la réalité spirituelle de la Déisis, pour trouver l’attitude juste et être en prière avec Marie, Mère de Dieu et le saint prophète Jean, qui ne cessent d’intercéder pour le salut de l’humanité, et demander avec eux au Seigneur de nous guider dans l’Eglise vers cette Porte divino-humaine et salutaire du Royaume de Dieu.

 

A l’image de la guérison de ce paralytique, nous aussi, comme lui, portés par la grâce divine, nous sommes venus dans l’Eglise pour y rencontrer le Médecin des âmes et des corps. Etrange cortège de ceux qui portent le paralytique, et dont le Christ loue la Foi, étrange procession silencieuse qui vient d’on ne sait où, qui traverse la foule et qui se retrouve sur le toit d’une terrasse du haut duquel ils font descendre le paralytique jusqu’à Jésus. Quelle est donc la métaphore du toit dans l’homme ? C’est son esprit, écrin du noüs comme lieu de l’intelligence spirituelle qui a vocation à accueillir les bénédictions célestes et les faire descendre comme une sorte d’épiclèse dans la profondeur du cœur de l’homme.

 

Marie est le signe lumineux d’une œuvre spirituelle majeure, profonde et nécessaire que nous devons mettre en pratique, que dit-elle et que fait-elle ? Elle nous dit aux saintes noces de Cana « faites tout ce qu’IL vous dira », c’est à dire, pratiquez  de manière assidue l’obéissance ascétique envers l’enseignement évangélique, les noces humaines préfigurent par la présence de Jésus, le mystère des noces spirituelles que nous espérons vivre dans le Royaume de Dieu.   

 

Marie, nous montre tout ce qu’elle fait elle-même pour se nourrir et s’enraciner de manière vivifiante dans l’enseignement de son Fils et son Seigneur, et nous invite à l’imiter, que fait-elle ? L’Ecriture nous dit « elle méditait toutes ces choses dans son cœur », quelles choses, si ce n’est les œuvres accomplies par le saint Rabbi Jésus au milieu d’Israël et de l’humanité, afin que tout homme ou femme témoin de ces œuvres du Christ, puisse s’en inspirer et selon la parole même du Seigneur, ne pas se laisser séduire et suivre « tous ceux qui sont venus avant Lui, car ce sont des brigands et des voleurs ».

 

Méditer dans son cœur, n’est ce pas la plus belle et véritable icône de ce que notre sainte Tradition orthodoxe nomme « l’hésychia », c’est à dire l’acquisition, de la « Paix du Seigneur qui dépasse toute intelligence ».  Marie nous donne ainsi, elle qui parle si peu dans le saint Evangile, une pratique spirituelle précieuse, qui est « l’obéissance et la méditation priante ». Pourquoi la recherche de l’hésychia ? Parce que la Porte divino-humaine qui ouvre vers notre Seigneur se trouve dans notre cœur, et que c’est là que Dieu bénissant se réalise le passage pascal vers notre Père Céleste et le Royaume de Dieu.

 

Le Père Andronikoff rappelle que saint Grégoire Palamas dit que le péché consiste en la perte de la ressemblance avec l’unique modèle transcendant et incarné, le Christ Dieu-Homme. Sans cette prise de conscience profonde de la perversion du cœur du vieil homme suite à son aliénation pathologique aux ténèbres, l’anthropologie originelle selon la création divine, devient inaudible et donc aussi incompréhensible. Devant l’homme créé par Dieu, aucune doctrine humaine trop humaine, qu’elle soit philosophique, psychanalytique ou autre, ne possède l’outil spirituel pour révéler en « esprit et en vérité » le mystère de « l’être personnel ».

 

 

La Chute adamique a rendu l’humanité profondément apathique et incapable de se porter d’elle-même vers Dieu, de vivre spirituellement les Promesses divines. Seul le Messie-Christ annoncé par l’ancienne Alliance, peut remettre en mouvement l’humanité paralysée par la solitude spirituelle dans laquelle les âmes sont plus ou moins pétrifiées. Mais le Christ met en relation la paralysie qui frappe cet homme avec ses propres péchés, puisque Jésus lui dit «  tes péchés te sont remis », il souligne ainsi notre responsabilité personnelle dans notre existence quotidienne, et nous encourage à nous bénir mutuellement, en intercédant les uns pour les autres. Pas par des discussions pseudo-spirituelles ou des disputes soit disant théologiques, mais en agissant avec discernement dans l’Eglise pour que la vie selon Dieu puisse nous nourrir et nous désaliéner de toutes nos paralysies existentielles.

 

Si donc, nous voulons entrer par la porte de notre Bon Pasteur, il nous faut apprendre à rencontrer et à connaitre le Seigneur là où il se laisse trouver de manière sûre, ce lieu est pour nous l’Eglise orthodoxe, icône de l’éternité dans notre monde et « Corps du Christ dont Il est la Tête ». C’est aussi dans l’Eglise que nous sommes invités à devenir ce que nous enseigne saint Paul, à savoir cet « homme ou cette femme intérieurs caché avec le Christ en Dieu », grâce à la vie liturgique et en communion avec nos Pères et Mères saints qui ne cessent d’œuvrer avec nous.

 

Le Seigneur dit « si quelqu’un entre par Moi, il sera sauvé » et plus loin cette autre parole de feu spirituel « Moi, je suis venu, pour donner la vie en surabondance », là où les mercenaires et les suppôts du père du mensonge affamés et assoiffés de domination, finissent par entrainer ceux qui les suivent dans les abymes de la désolation existentielle.

 

Le Seigneur dit en Jean 10, 15 « le Père me connaît, comme Je connais le Père » et en Jean 14, 7 « si vous Me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père », nous ne pouvons ni connaître le Fils et encore moins le Père, si nous ne commençons par confesser en vérité que Jésus est le Fils Unique du Dieu vivant et si nous ne mettons pas en pratique l’enseignement du Seigneur Jésus dans notre existence réelle, et non dans une représentation imaginaire envahie par des hordes de pensées, de paroles ou d’actes dépourvues de la sève spirituelle dont se nourrit notre vie dans l’Eglise du Seigneur. Le monde nous gave volontiers de miroitements qui aveuglent, alors que l’âme humaine créée par Dieu, désire fondamentalement la lumière de la vie qui illumine.

 

L’ascèse évangélique est l’incarnation dans notre vie de la volonté divine de notre Bon Pasteur et non la vaine recherche « d’exploits ascétiques » fantasmés à la suite des mensonges des faux prophètes et autres mercenaires ennemis de la sainte Eglise du Seigneur. Ne soyons pas des imitateurs des esprits du monde, mais réjouissons-nous et soyons humbles dans le Seigneur, rendons gloire à notre Dieu, ne tenons pas de discours inutiles et stériles dans notre cœur comme les scribes et les pharisiens, mais agissons selon la bonne ascèse du salut qui est la vie selon l’Evangile et la sagesse de l’Eglise.

 

C’est pourquoi saint Paul dans Hébreux 2, 3 nous dit « attachons-nous avec plus d’attention aux enseignements que nous avons entendus, de peur d’être entraînés à la dérive », en Hébreux 8, 1 à 2 « nous avons un Grand Prêtre assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, vrai ministre du Sanctuaire céleste dressé par Dieu et non par des mains humaines ». Dans cette foi et vision de grande espérance, demandons, supplions et prions le Christ de donner sa sainte bénédiction éternelle à l’humanité, qu’IL la renouvelle et la fasse resplendir de grâce et de beauté et que cela commence, dans la sainte Eglise et dans ce temps propice du retournement du cœur blessé et de l’élévation de tout l’homme vers Dieu par la grâce du Carême.

 

 

 

Notre Pasteur n’est pas un guide aveugle qui nous entraîne vers le fossé de la destruction de notre existence, mais le Dieu et Homme parfait et vivifiant, l’humble serviteur de l’humaine condition et celui qui seul fait « toute chose nouvelle », car « tout pouvoir lui a été donné, au ciel sur terre et en enfer », sauf celui de forcer notre liberté du choix de le suivre ou non, mais si nous décidons de le suivre, alors il nous faut « renoncer à nous-mêmes et porter notre croix... car sera sauvé celui qui tiendra jusqu’au bout ».

 

Prions avec saint Silouane, le Christ d’envoyer l’Esprit Saint dans le monde et de donner Sa bénédiction éternelle à l’humanité, qu’Il la renouvelle et la fasse resplendir de grâce et de beauté et que cela commence, ici et maintenant dans notre sainte et vénérable petite Eglise. Car nous sommes dans ce temps béni et particulièrement saint du grand Carême, propice à la conversion de notre cœur, à l’illumination de notre esprit, au renouvellement de notre âme, à la purification de notre corps, pour nous unifier et nous élever tout entier vers Dieu, afin qu’IL nous fasse don de notre résurrection pour la vie éternelle. 

 

Saint Pierre dans sa 1ère épître en 5, 4 nous révèle le divin don que nous recevrons à la fin des temps si nous sommes restés fidèles à notre vocation orthodoxe, et qui est « lorsque paraîtra le souverain Pasteur des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas », que pourrait donc espérer de plus désirable le serviteur ou la servante de Dieu, lorsque sera venu la réalité universelle du Jugement dernier et la fin définitive de tout mensonge, car non seulement « tout sera accompli, mais tout sera révélé ».

 

En Deutéronome 30, 19 nous lisons « choisis la vie afin que tu vives », si donc nous aspirons à recevoir à la fin des temps la couronne d’immortalité et d’éternité, venons dans la sainte Eglise afin de recevoir la connaissance du cheminement spirituel et religieux indispensable pour une telle œuvre impossible sans la grâce divine, où notre viatique essentiel sera la communion au « très saint Corps et au Sang du Seigneur ».

 

Gloire au Père qui nous attend, au Fils Porte céleste et au Saint Esprit qui nous guide vers elle, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

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