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dimanche 26 février 2023

Expulsion d’Adam et Eve du Paradis.

                                                                         (Matthieu 6, 14 à 21)

                                              Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, notre Mère l’Eglise, sainte, humble et sage, nous tend à nouveau les bras, elle se penche sur notre cœur pour nous transmettre la céleste bénédiction spirituelle de l’Esprit Saint. L’Eglise nous fait goûter la prière de l’Esprit Saint qui en nous « gémit de manière ineffable », prière qui descend du saint Royaume de Dieu et dont chaque grain est composé d’amour et de lumière divines. L’Eglise, par la voix du Seigneur nous invite à prendre conscience de notre cœur et surtout de ce qu’il contient, est-il déjà porteur un peu du trésor spirituel divino-humain promis à qui vit selon l’Evangile de vie.

 

Pourquoi, l’Eglise met-elle ce dimanche sous le signe d’Adam ? Pour que nous nous souvenions d’où nous venons et pourquoi nous avons perdu notre terre originelle. Ne sommes-nous pas nés en Adam et Eve ? Et n’est ce pas ce même Adam avec Eve qui par immaturité nous ont valu l’expulsion du Jardin d’Eden, suite a leur refus de pratiquer le  « saint jeûne » demandé par Dieu. Ayant ainsi rompu leur sainte alliance avec Dieu, la conséquence immédiate en est que la grâce divine s’est voilée en eux. La preuve en est, qu’ils sont tombés dans  l’incapacité de confesser leur péché au Père Céleste, tout en se rejetant la « faute originelle ».

 

Cette nourriture édénique était pourtant et avant la chute, en vérité, la « première eucharistie spirituelle » offerte à l’homme, oui, Adam et Eve se nourrissait de Dieu, par son Verbe divin et créateur. N’est-il pas écrit, que « l’homme ne se nourrit pas de pain seulement, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » ? Que signifie Dieu parlait avec Adam dans le Paradis à la brise du soir ? Le Seigneur Dieu enseignait le mystère de Son œuvre créatrice à Adam, pour que celui-ci puisse se l’approprier le moment venu dans toute sa plénitude, avec amour, humilité, sagesse et sainteté. Qui d’autre, dites-moi, que le Créateur pouvait enseigner à Sa créature à cultiver la création ?

 

Les textes liturgiques nous montrent Adam et Eve après leur expulsion du Jardin D’Eden assis en face des portes du Paradis avec l’âme inondée des larmes du repentir, ils prennent peu à peu conscience de  la souffrance de leur exil, ne sommes-nous pas comme eux en souffrance lorsque nous méditons notre

éloignement de l’Eglise. L’Eglise est pour nous l’unique et sûr moyen d’accéder à nouveau à la présence divine, Adam se lamente, gémit et pleure, car lui qui voyait Dieu face à face est devenu en se détournant de lui, un aveugle spirituel, de même pour nous si nous nous détournons de l’Eglise.

 

En Math. 13, 44  nous lisons que « le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché » et cette parole fait écho avec cette autre en Col. 3, 3 « votre vie est cachée avec le Christ en Dieu », dans ce Royaume caché, le Seigneur pose une identité entre lui et celui ou celle qui cherche sans cesse à vivre avec lui selon la vérité évangélique qui est la source de la vie et de voie spirituelle de l’orthodoxie. Ce qui est caché est aussi ce qui est le plus précieux pour l’âme orthodoxe, car ce qui est caché va se révéler peu à peu au croyant qui désire sans cesse cultiver sa terre intérieure, qui est l’espérance de la rencontre en esprit et en vérité avec le Seigneur. Existe-t-il une œuvre ou une grâce qui serait supérieure à cette vie du cœur dont le fruit est celui de la Béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », ce trésor dont parle l’Ecriture est ce « Don de Dieu qui nous fait frères et sœurs du Christ et donc héritiers avec lui des biens célestes du Royaume de Dieu ». Dieu n’a rien créé par nécessité ou pour Lui-même, Il a tiré du néant la Création comme un don nuptial offert à l’homme, comme une dot divine donnée pour sceller les saintes fiançailles spirituelles entre la Divine Trinité et l’humanité.

 

Adam et Eve avaient accès à ce trésor dans le Jardin d’Eden, Dieu ne leur parlait-t-il pas face à face ? Si, mais leur désobéissance par impatience entraîna leur chute depuis leur intériorité cachée en Dieu vers la réalité extérieure avec toutes ses conséquences. Depuis, le Serpent diabolique et maudit ne cesse de harceler l’humanité, en essayant de corrompre par sa malignité vénéneuse le cœur de l’homme. Nous pouvons ainsi comprendre que dans notre vie spirituelle, jeûner signifie en vérité obéir à Dieu et à l’Eglise, ne pas jeûner signifie la désobéissance, qui peut nous mener dans l’abîme où nous dit l’Ecriture, seront « les pleurs et les grincements de dents », et ceci n’est pas une image virtuelle mais la réalité. Qui peut penser ou croire que le vieux monde déchu, peut donner à l’homme la nouveauté de l’esprit, quelle rencontre réelle peut-il y avoir entre les limites ratio-intellectuelles des savoirs humains avec la sainte illumination spirituelle déposée par l’Esprit de Dieu dans notre sainte Eglise orthodoxe.

En Math. 6, 20 le Seigneur nous dit « amassez-vous des trésors dans le ciel », il met cela en relation avec la nécessité de nous pardonner réciproquement nos manquements, alors, remettre comment, quoi à qui ? Leurs manquements, dit l’Evangile, à qui ? A notre prochain ! Comment ? En l’aimant ! Que nous enseigne saint Paul ? « l’amour pardonne tout, ne juge pas, ne demande rien pour lui-même, croit tout, espère tout… ». Mais le miracle de ce don de Dieu, qui est l’amour, c’est de nous rendre par la grâce semblable à notre Seigneur, de pouvoir agir comme Dieu, c’est à dire, aimer malgré nos rechutes, aimer malgré nos doutes, aimer malgré nos peurs, c’est l’ascèse de toute une vie. Nous voilà donc malgré nos limites invités par Dieu lui-même, à nous regarder face à face et à nous pardonner réciproquement nos manquements, l’essence spirituelle même de notre Eglise est toute entière comprise dans cette œuvre divino-humaine : « aimer, pardonner et bénir ». Que signifie encore : « mais amassez-vous des trésors dans le ciel » ? Le ciel ici est une métaphore de l’esprit de l’homme, cela signifie que les vrais trésors sont d’abord engendrés dans notre intelligence profonde, et cela n’est possible que si nous demandons à Dieu que notre esprit soit uni à l’Esprit Saint, afin qu’ils deviennent nous dit saint Paul, « un seul Esprit ».

 

Le Christ dit aussi : « ne vous amassez pas de trésors sur la terre » ? Cela signifie, ne nous réduisons pas à être simplement des morceaux d’existence, des individualités aliénés par leurs possessions matérielles, car plus nous posséderons et plus nous pouvons être divisés, rongés par l’angoisse de perdre…ce que de toute façon nous devrons abandonner un jour. Mais le plus tragique est ici que notre cœur d’humanité qui a vocation à être le lieu saint et sacré duquel émane la vie religieuse, risque de devenir un coffre-fort rempli d’ossements si le cœur est détourné de la voie divine qui seule peut engendrer à partir de lui, « l’homme spirituel ».

 

L’Evangile de vie poursuit : « quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme les hypocrites…pour toi, quand tu jeûnes, parfumes ta tête et lave ton visage…pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père, qui est là dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra ». Que signifie, quand vous jeûnez ? Cela signifie se nourrir en premier, corps, âme et esprit de Dieu et non pas du monde déchu, de venir plus que jamais dans la sainte Eglise pour y recevoir la nourriture substantielle du Corps et du Sang du Seigneur. N’est-ce pas là, un jeûne admirable que d’être invité à se nourrir de Dieu, l’Eglise proclame «  bienheureux les invités au repas du Seigneur » !

 

Jeûner, signifie aussi se parfumer de la bonne odeur de la prière liturgique et personnelle, de se laver non seulement le visage de manière extérieure, mais l’être tout entier par la sainte confession. Dire comme le prodigue : « Père, j ‘ai péché contre le ciel et contre toi », et alors, je vous le dis avec toute la foi et la grâce que porte l’Eglise, notre jeûne sera accueilli avec une grande joie par notre Père, et tout le Royaume de Dieu sera dans l’allégresse.

 

Que signifie « mais… connu, de ton Père, qui est là et qui te voit dans le secret » ? « ton Père », dit le Christ, quelle parole, avec quels mots humains exprimer l’indicible ? Le Père est-il là et ne me voit-il seulement que durant les temps où je jeûne ? Non ! Le Père est là à chaque instant, proche de chacun de nous, et non seulement Lui, mais aussi le Fils unique et l’Esprit Saint ! Ne suis-je pas par vocation temple de l’Esprit Saint ? Et qui donc s’étonnera de voir que Dieu habite dans Son temple, c’est à dire dans  l’homme fait à son Image et à sa Ressemblance ! N’est-il pas écrit « voici que Je me tiens à la porte et Je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre,  Nous entrerons et  Nous  dînerons avec lui » ? Qui est ce « Nous » ? Sinon la Divine Trinité, Père, Fils et Saint Esprit !

 

Et où donc, se trouve cette porte à laquelle Dieu frappe, n’est-ce pas l’Eglise, et où pouvons-nous entendre la voix divine, n’est-ce pas dans la Divine Liturgie qui est toute entière parole de Dieu incarnée au milieu de nous. A quel dîner divin sommes-nous invités, n’est-ce pas au festin eucharistique, si nous ne croyons pas cela, alors nous resterons des sourds, des aveugles et des muets spirituels. L’Eglise est le grand mystère de la rencontre entre Dieu et l’homme, voici que notre Dieu frappe à la porte de l’Eglise pour y rencontrer l’homme, et l’homme aussi frappe à cette même porte de l’Eglise pour rencontrer Dieu.

 

 « Car là où est ton cœur, là sera aussi ton trésor » ? Ne serait-il pas dramatique, tragique même pour l’être orthodoxe, de désirer en-dehors du ciel, un trésor qui ne serait que terrestre, et peut-on vraiment appeler cela un trésor ? Se laisser aliéner par la voracité du monde déchu, voilà l’abîme dans lequel voudrait nous précipiter « celui » qui a tenté et fait succomber Adam et Eve dans le Jardin d’Eden. Pourquoi l’homme doit-il être caché avec le Christ en Dieu, caché ici signifie l’intimité aimante qui permet « d’être un seul cœur avec lui », car nous rappelle saint Paul en Col. 2, 3 « en Christ sont cachés les trésors de la sagesse divine », ces trésors ne sont pas éparpillés au hasard mais semés dans la « bonne terre de l’homme » selon la réalité de sa foi et de sa communion avec le Seigneur.

 

Ainsi, nous pouvons comprendre que le jeûne selon Dieu, est celui qui me propose de renoncer à ce que je ne suis pas, c’est à dire à une caricature qui me déforme et à la dictature du péché qui au lieu de laver mon visage le défigure, qui au lieu de parfumer ma tête, la remplit de la mauvaise odeur des pensées inhumaines. Le jeûne selon Dieu, est celui qui me propose de renoncer aux fausses richesses, aux vains mirages hypocrites du monde, aux théories fumeuses et stériles dénoncées par Dieu et qui concernent les « soit disant sages de ce monde », qui pullulent tout particulièrement sur les réseaux sociaux.

 

Au Père qui nous dit « Je ne t’abandonnerais jamais », au Fils qui a mis en œuvre la promesse du Père, et à l’Esprit Saint qui la réalise avec nous, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

                                                                               

 

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