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dimanche 6 février 2022

Homélie du 06/02/2022 : Zachée...

 



Zachée

(Luc 19, 1 à 10)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à l’image de Zachée dont le nom signifie « pur, juste » de grimper sur un Sycomore, pour nous élever au-dessus de nous-mêmes, c’est à dire à sortir de la cristallisation du vieil homme qui nous entraine sans cesse vers les bas-fonds d’un monde accablé par des désirs contraires à la liberté humaine. A la fin de l’Evangile, le Seigneur Jésus dit de Zachée qu’il est lui aussi un « fils d’Abraham, le père des croyants », car il avait foi dans une réalité spirituelle qu’il espérait recevoir et ce désir qui l’habite depuis longtemps, il sait qu’il peut commencer à le vivre par sa rencontre avec Jésus.


Voici donc que Dieu lui-même témoigne en faveur de celui que le monde bien-pensant traite de pécheur et de publicain, en soulignant sa pureté, sa justice et son désir tout entier tourné vers Dieu, malgré les pressions d’une foule hostile et sans discernement. Dans l’épitre de ce jour, saint Paul dit à Timothée « prends à cœur le don spirituel qui est en toi », c’est ce que fait Zachée, car il a toujours été à l’écoute de cette voix intérieure, qui est la sobre présence de Dieu en lui par son image dès la création de l’homme. Zachée était dans une dynamique de recherche et de conversion, travaillé de l’intérieur par la quête du sens de son existence, cette attitude engendre une veille et un état de prière qui concerne l’humanité, cette expérience est proposée à tout homme ou femme de bonne volonté qui la désire librement.


Dans les Béatitudes, nous avons l’enseignement qui peut nous permettre d’acquérir comme Zachée la pureté et la justice, n’est-il pas dit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » et « bienheureux les persécutés pour la justice car ils seront consolés », aujourd’hui, Zachée voit Dieu en Jésus et reçoit sa consolation divino-humaine en partageant un repas avec Celui qui a dit « voici je frappe à la porte et celui qui m’ouvre, nous mangerons avec lui ». La foule qui entoure Zachée semble comme obsédée par la pensée que Jésus « accepte de manger chez un pécheur et un publicain », là où Zachée n’a comme seul désir que de voir Jésus, deux attitudes l’une qui empoisonne l’âme humaine, à savoir la curiosité malsaine et qui juge, l’autre, la volonté irrésistible d’acquérir le sens profond de l’existence qui ne peut se trouver que dans la vie spirituelle.


De quelle justice le Seigneur parle t-Il ? De celle qui est mentionnée par le Christ en (Ma. 6, 33) : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Et comment se traduira cette justice divine pour rassasier de manière absolue les affamés et assoiffés spirituels ? Par cette promesse que dans la Jérusalem Céleste : « Dieu sera tout en tous », ainsi seront pleinement rassasiés ceux qui seront devenus par la grâce toute puissante de Dieu, un temple vivant de la Divine Trinité. Le monde sans Dieu, est le chaos infernal où toutes les injustices et toutes les folies se sont données rendez-vous, et cet abîme de la désolation inhumaine et macabre trouve son aboutissement diabolique dans l’outrage, l’insulte et finalement la mise à mort sur la Croix de « Jésus, le seul Juste ».


Quel est donc le grand persécuteur, l’unique persécuteur de l’humanité, n’est-ce pas celui que le Seigneur lui-même appelle « le prince de ce monde » ? Voilà l’ange déchu qui est tout entier devenu mensonge et le père du mensonge, celui qui est tout entier haine de Dieu et haine de l’homme. Voilà, celui qui ne cesse d’inspirer le péché au cœur des hommes, qui les persécute jour et nuit, souvenons-nous de la persécution du patriarche Job. Job a supporté la dure persécution diabolique, celle de son épouse et en plus la persécution de ses soit disant amis, qui se prenant pour des justes et des sages inspirés, étaient venus pour lui donner des leçons de morale. Job a tout supporté pour l’amour de Dieu et par sa foi inébranlable en Dieu, il avait tout perdu mais Dieu lui a tout rendu et même plus que ce qu’il possédait avant.

La béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », est une promesse de Dieu

absolument certaine « Ils verront Dieu », ne signifie pas une durée temporelle ou une situation spatiale, parce que le « cœur pur » est totalement spirituel et ne désire que le seul Royaume de Dieu et la vision du Roi de Gloire qui l’habite. Zachée fait l’expérience de cette vision divine, en la personne de Jésus, son ascèse existentielle cultivée dans une espérance sans faille, lui a donné de voir Dieu en face sans mourir. De même que l’or est l’état le plus parfait ou le règne minéral peut parvenir, mais ensuite ne peut rien faire de plus ou de mieux sans la main de l’homme. De même que la terre peut produire les fruits précieux que sont le blé et la vigne, mais là non plus, ne peut aller au-delà sans l’homme. Ainsi l’homme peut aller par la grâce du Verbe et de l’Esprit jusqu’à la pureté du cœur, mais ensuite « voir Dieu et être fils de Dieu », ne peuvent lui être donnés que par l’amour infini de la Divine Trinité.


« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (Jean1ère ép., 1, 1 à 2.) N’est-ce pas là encore, une icône de ce que Zachée a vécu, certes il lui faudra maintenant approfondir et incarner la grâce spirituelle reçue et devenir peu à peu par sa foi en Jésus, un christ aimant, saint, humble et sage.


Voici à nouveau devant nous, comme une vision divine, la promesse de la sainte Béatitude bienheureuse entre toutes les béatitudes, car en vérité qui ne désire voir Dieu sans la crainte de mourir ? Le psalmiste nous dit « voici que Dieu marche au milieu des dieux », n’est-ce pas ce que fait Jésus veut pour nous, « être comme lui, dieu par sa grâce », ne marche t-il pas avec nous dans l’Eglise et dans le monde ? Ce témoignage de saint Jean est le trésor des trésors spirituels déposé par la Divine Charité au cœur de l’Eglise qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit de Dieu.


L’Eglise comme une mère spirituelle très humble, douce et sage, a reçu de Dieu comme vocation d’accueillir la grâce de la Divine Trinité et de la répandre en bénédictions sacrées et abondantes sur ses enfants et sur le monde entier. L’Eglise à l’image et à la ressemblance de notre très saint Christ, doit au Nom de Dieu proclamer avec une foi inébranlable qu’elle existe avec comme vocation que : « les pauvres deviennent riches, que les affligés soient consolés, que les doux se multiplient, que les affamés et assoiffés soient rassasiés, que les miséricordieux reçoivent miséricorde, que les cœurs purs voient Dieu, que les artisans de paix augmentent, que les persécutés soient accueillis et protégés ». Qui en-dehors de notre Seigneur Jésus-Christ nous

donnera un telle espérance et qui accomplira cette promesse divino-humaine, faire de nous et avec nous des dieux par la puissance de la grâce aimante qui rayonne sans cesse du cœur de la Divine Trinité sur l’humanité.


Pour nos Pères et Mères saints, L’âme orthodoxe est naturellement orientée vers Dieu qui est son soleil spirituel et éternel, elle désire s’unir à Lui, l’âme orthodoxe renonce naturellement à participer à l’agitation éphémères des apparences stériles du monde, l’âme orthodoxe est liturgique et elle trouve son véritable accomplissement dans l’ascèse religieuse au sein de l’Eglise, l’âme orthodoxe est aimante, humble et simple et soupire sans cesse vers la « vie, le mouvement et l’être » qu’elle ne peut trouver que dans le Christ, Lumière qui sauve, illumine, transfigure et déifie, tout croyant orthodoxe aspire à cette même réalité de sainteté.


A Dieu notre Père, au Fils notre Seigneur et Frère aîné et à l’Esprit Saint le divin consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

+Syméon

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