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dimanche 13 février 2022

Homélie du 13/02/2022 : Le publicain et le pharisien...

 



Publicain et Pharisien

(Luc 18,10 à 14)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène au Temple de Jérusalem à la suite d’un Pharisien et d’un Publicain pour prier. Le Pharisien loue Dieu de l’avoir choisi de préférence à beaucoup, il est persuadé d’être juste, grâce à sa connaissance et pratique fidèle des mitsvot, c’est à dire des commandements de la loi mosaïque, que tout Juif pieux doit accomplir de manière rituelle chaque jour. Pharisien signifie celui qui est « séparé » et fier de l’être, mis à part et pour qui, il est impensable de se mélanger avec d’autres croyants et encore moins avec des païens ou des publicains, ce faisant, il confond l’unicité de la personne qui est universelle avec la séparation qui est individuelle. Le Publicain ne prie pas de manière rituelle, mais dans l’angoisse de son âme, il devient contemporain de la prière hésychaste, et laisse libre cours à son ressenti cordial et existentiel de pécheur et supplie « O Dieu, aie pitié de moi pécheur ».


Jésus écoute l’un et l’autre, il ne dit pas que le Publicain est meilleur que le Pharisien, car il rappelle « qu’IL n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir », le Publicain est justifié mais n’est pas du tout exonéré de la pratique des commandements divins. La loi mosaïque reste une bénédiction si elle est fidèle à sa vocation, accomplir la volonté divine et préparer Israël à reconnaître et à accueillir le saint Messie prophétisé. Le Pharisien nous rappelle le « riche notable » disant à Jésus avoir suivi scrupuleusement la loi, mais alors que le Christ lui propose de vendre ses biens et de le suivre, il n’en est pas capable et s’éloigne dans la tristesse de l’âme. Le Pharisien de ce jour, affirme avec autorité être un homme pieux et fidèle à la loi, ce qui est certainement vrai, mais lui aussi tourne le dos au Christ-Messie et s’éloigne, trop riche des préceptes de la loi, il ne saurait y renoncer, alors que le Messie pour lequel, il prétend accomplir la loi est là face à face avec lui, au milieu du Temple de Jérusalem, d’Israël et du Peuple. La « loi » dont ce Pharisien s’est enrichi de manière purement rituelle et extérieure est devenue pour lui une source d’obsession, qui au lieu de le libérer a fini par le posséder par la crainte de ne plus l’appliquer en toute rigueur, de la même manière le monde sans Dieu, devient une « loi » inique qui met sous son joug une humanité désorientée.


La stricte application de la loi mosaïque donne un contenant nécessaire pour le temps de l’expérience religieuse, mais ne peut à elle seule emmener vers la vie éternelle sans la conversion spirituelle intérieure que donne la foi qui reconnaît en Jésus celui que saint Thomas illuminé appelle « mon Seigneur et mon Dieu ». Dans le livre de l’Ecclésiastique 9, 1 nous lisons « le juste est dans la main de Dieu » et chez Mat 25, 46 « le juste ira vers la vie éternelle », être dans la main de Dieu, c’est une métaphore du Verbe et de l’Esprit, qui sont les mains divines du Père céleste pour accomplir le salut de l’humanité. Appartenir à tel ou tel mouvement religieux Pharisien, Publicain ou autre peut se justifier, mais cela ne saurait remplacer pour les croyants orthodoxes la sainte Eglise, Corps du Christ et Temple de l’Esprit, le salut pour l’être orthodoxe s’enracine dans la foi absolue en Emmanuel, Dieu avec nous et incarné dans le Jésus le Messie.


A partir de là, je me tourne vers nous et je demande quel désir nous pousse à monter vers l’Eglise, que voulons-nous dire à Dieu, que voulons-nous y faire ? L’essentiel est-il vraiment pour nous de venir prier, chanter et célébrer simplement les Saints Mystères du Christ, chacun et chacune malgré ses états d’âme. Faisons-nous vraiment nôtre l’exclamation du Psalmiste : « je me suis réjouis lorsqu’on m’a dit, allons à la Maison du Seigneur » et « pour l’amour de la Maison du Seigneur, notre Dieu, je fais des vœux pour ton bonheur », le bonheur de qui ? De l’Eglise et donc de l’humanité.


Nous voici donc face au mystère de la grâce divine proposée à la bonne volonté de l’homme, pour accomplir l’ascèse religieuse des œuvres liturgiques avec comme espérance d’engendrer en nous la vie spirituelle pour devenir une « personne orthodoxe ». Voulons-nous être guidé par l’Esprit Saint, unir le terrestre et le céleste, l’Eglise et le Royaume de Dieu ? Alors fuyons la vanité du pharisien comme la pusillanimité du publicain, accueillons la présence divine, qui se révèle à travers la célébration de la Divine Liturgie, célébrons vraiment les Mystères du Christ, ne pensons pas la Liturgie mais vivons là, sans tension ni laxisme, réjouissons-nous les uns avec les autres et rendons grâce d’être les invités à la table sainte et sacrée du Seigneur.



Mais, revenons à nous-mêmes, il ne suffit pas d’entendre parler des merveilles divines dans l’Eglise, il nous faut œuvrer Dieu bénissant à devenir orthodoxe. Nous le savons, nous sommes chacun et chacune temple du Saint-Esprit, et que sommes-nous invités à célébrer dans un temple ? Si ce n’est la communion avec Dieu selon notre possibilité, dans l’espérance de goûter combien « le Seigneur est doux, bon et humble de cœur », d’apprendre à vivre la liturgie religieuse avec l’aide de la prière de Jésus sur nos lèvres dans l’espérance qu’elle devienne par la grâce de l’Esprit le couronnement de la sainte prière du cœur. Alors, « notre esprit sera une vraie icône de l’Esprit de Dieu et notre prière une véritable icône du Verbe de Dieu ».



Alors, peu à peu, nous pourrons retrouver l’émerveillement de l’enfance évangélique, non pas dupe de nous-mêmes ou dans l’illusion naïve d’une fausse spiritualité, mais dans la réalité de la vie en Christ, « ascèse au cœur de l’humble quotidien qui édifie la Personne, l’Eglise et toute l’Humanité ».


Que Dieu nous accorde par Sa Grâce, de devenir des êtres liturgiques, qu’Il fasse de nous des personnes vivantes, saintes et spirituelles et qu’Il nous dépose chacun et chacune comme « un christ sur l’Autel de Son Cœur de Père », et à Lui ainsi qu’à Son Fils Unique et à Son Esprit Très Saint, soit la Gloire dans les siècles des siècles, Amen.


+ Syméon







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