Retour en Galilée.
(Mat. 4, 12 à 17.)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à méditer pour la vivre, la parole du Seigneur en Mat 4, 17 « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » et saint Paul dans l’épître de ce jour, nous montre comment nous en approcher selon Dieu pour l’acquérir en nous disant « je vous dis et vous adjure dans le Seigneur, de ne plus vous conduire comme des païens avec leur vain jugement et leurs pensées enténébrées ».
L’Evangile nous rapporte cette prophétie d’Isaïe « terre de Zabulon et terre de Nephtali…Galilée des nations…le peuple qui demeurait dans les ténèbres de la mort, a vu une grande lumière se lever sur lui ». Zabulon signifie temple, maison et aussi par sa racine le verbe rester, Nephtali signifie celui qui combat, notre Seigneur lui-même souligne que le Royaume appartient à ceux qui se font violence, c’est à dire qui combattent selon la sagesse évangélique. Galilée veut dire cercle, figure qui représente une plénitude, un contenant dont le centre est la présence de Jésus le Christ, autour duquel se sont regroupés tous ceux qui par la prédication des premiers disciples à travers le temps et l’espace, seront peu à peu la sainte communauté ecclésiale et spirituelle, c’est à dire l’Eglise. Dieu est celui qui propose à notre liberté, l’amitié divino-humaine et l’initiation réelle à la sagesse créatrice originelle qui donne la connaissance en esprit et en vérité du sens véritable de la création de l’humanité et de l’univers.
Cette grande lumière se révèle dans la Galilée des nations païennes et non comme nous aurions pu l’espérer dans les lieux saints qui avaient pourtant comme vocation sacrée de rayonner cette lumière dans le monde. Le passage scripturaire qui nous est donné met en opposition « les ténèbres et l’ombre de la mort » avec « une grande lumière », le tentateur impur guette dans ces ténèbres l’homme comme une proie à ravir et à détruire, mais Dieu nous dit à travers saint Jean évangéliste et théologien véritable, qu’au « commencement était le Verbe qui est la Vie et que la Vie était la lumière des hommes », il appartient à l’homme de convertir les ténèbres païennes qui squattent son âme par cette lumière vivifiante qui donne la vie et illumine l’être.
Le Psalmiste nous rappelle que les « idoles des nations païennes sont faites d’or et d’argent, œuvres de la main des hommes, qu’elles ont une bouche et ne parle pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des mains et ne touchent pas, des nez et ne sentent pas… », idoles mortes et privées de « toute vie, de tout mouvement et de l’être », idoles inertes qui ne peuvent en rien aider et encore moins sauver l’humanité. C’est pourquoi saint Paul nous demande de veiller à ne pas cultiver des pensées enténébrées, capables de nous déshumaniser et nous réduire à une individualité qui idolâtre le monde des apparences mensongères.
L’Evangile de ce jour, nous révèle que la voie et la vie orthodoxes ne peuvent se réaliser que dans le refus des tentations ténébreuses opposées à notre vocation divino-humaine qui est d’incarner la lumière de la vie spirituelle. Si le Seigneur nous demande de nous repentir, c’est pour ne pas nous laisser dérober la grâce divine qui seule peut faire avec nous des personnes à la ressemblance de Dieu, par la lumière de l’Esprit Saint.
La conversion spirituelle est le fruit béni du don de la grâce divine, qui peut nous permettre de discerner la volonté divine et d’acquérir peu à peu une plénitude de vie et d’être au cœur de notre existence réelle, et cette sagesse pratique ne s’oppose en rien à notre présence concrète, éclairée et pragmatique dans la réalité de ce monde.
Pour aller vers cette ascèse du repentir et de la conversion du cœur, saint Paul nous avertit d’être attentif et de veiller sur nous avec simplicité, en nous aidant de toute la sagesse déposée par l’Esprit de Dieu dans l’Eglise et surtout de ne pas « nous fiez à tout esprit, mais de discerner d’où il vient », car nombreux sont les électrons libres et autres prophètes auto-proclamés sages parmi les sages, qui tout en ne participant en rien à la vie religieuse et liturgique de l’Eglise, se jugent qualifiés pour dire ce que l’Eglise est, devrait être, n’est pas, de ceux-là, la sainte Ecriture inspirée peut dire « vanité rein que vanité, rien de nouveau sous le soleil » et « leur bouche est un sépulcre béant ».
Aux tentations stériles et insensées du Malin, Jésus notre Seigneur donne par son incarnation une réponse divino-humaine, qui glorifie Dieu tout en bénissant
l’homme, Dieu a expulsé le tentateur du Paradis et le Christ l’a expulsé hors de l’homme, et depuis, le Malin rôde dans la Création avec comme seule obsession de séduire l’homme et la femme pour les séduire et les détruire.
La Galilée des nations exilée et convertie est devenue l’Eglise sainte et sacrée du Christ, lumineuse et très aimée de Dieu, elle a vocation à rayonner cette sainte lumière divino-humaine dans le cœur universel de l’humanité et à bénir la création, afin de guider ses enfants des ténèbres morbides du Malin vers la lumière éternelle de la Divine Trinité.
Le Seigneur est notre Vie incomparablement au-dessus de toute mort et notre Lumière illuminant les ténèbres les plus noires, il nous dit « repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » et « le Royaume est au-dedans de vous », alors ne le recherchons pas dans l’idolâtrie façonnée par des esprits malades et imbus d’eux-mêmes qui voudraient nous entraîner dans une errance dont la finalité sera la mort sans espérance de résurrection pour la vie éternelle.
Au Père qui nous a envoyé son Fils unique, au Fils qui nous enseigne le repentir salutaire et à l’Esprit qui nous sanctifie, soit la gloire éternelle, amen.
+ Syméon
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