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lundi 17 janvier 2022

Homélie du 16/01/2022 : La voix de celui qui crie dans le desert...







La voix de Celui qui crie dans le désert

                                      (Marc 1, 1 à 8)

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre de saint Jean-Baptiste le précurseur et du Seigneur Jésus que nous confessons comme le Messie prophétisé par Israël, pour le salut de l’humanité et la pleine restauration de la création divine, suite au péché ancestral d’Adam et Eve.


Jean ne dit pas : « je crie dans le désert », mais « je suis la voix de Celui qui crie dans le désert », c’est Dieu lui-même qui crie dans le désert à travers Jean, mais vers qui Dieu crie-t-il avec une telle puissance ? Quel est donc ce désir divin que Dieu porte dans son cœur de Père et auquel son Amour ne peut résister, à qui s’adresse-t-il et que crie-t-il ? Ce cri divin dans le désert est en vérité, l’écho de celui du Père céleste dans le Paradis : « Adam où es-tu ? », Dieu ne cesse de rechercher l’homme son bien-aimé, que ce soit dans le paradis ou dans le désert. Oui, l’amour de Dieu pour l’homme est tel qu’il en témoigne à nouveau aujourd’hui dans le désert de ce monde aride, tourmenté et dans l’errance avec l’espérance que l’homme lui réponde amen.


L’Evangile nous dit « voici que j’envoie mon messager vers toi pour préparer ta route, voix de celui qui crie dans le désert : préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers », l’Evangile de toute grâce ne peut vivifier notre existence que s’il reste cette Bonne Nouvelle qui rejoint chacun et chacune dans son quotidien, qu’il fasse sens là où je mets à l’œuvre mon existence concrète. Les sentiers tortueux qui mettent à mal notre vie, sous lesquels nous nous cachons aux yeux de Dieu comme Adam et Eve se cachaient dans le Paradis, sont nos pensées, paroles et actes, que nous devons aplanir et rendre droits pour engendrer avec Dieu, l’homme nouveau, dont le modèle unique et absolu est le Messie qui s’avance vers Jean pour être baptisé par lui. C’est pourquoi aucune ascèse n’est meilleure pour chacun d’entre nous que l’acceptation confiante des évènements de sa vie, car c’est dans notre existence réelle que le Messie vient à notre rencontre. C’est ainsi, que notre quotidien humble mais vécu peut devenir une icône fidèle du désert symbolique, où se renouvelle jour après jour cette expérience de la rencontre avec Dieu, pour être baptisé spirituellement au cœur même du monde.


Donc le désert pour Jean c’est d’abord quoi ? C’est tout simplement, le lieu où il vit, là où il prend conscience peu à peu de sa vocation de voix du Seigneur, qu’il s’y prépare et la réalise. Le désert est donc d’abord pour chacun et chacune d’entre nous, là où nous sommes, vivons et découvrons notre vocation selon Dieu. Le désert c’est aussi une figure de nous-même, de notre individualité, à travers laquelle Dieu veut se frayer un passage pour nous élever à notre réalité de personne unique, c’est pourquoi comme Jean, nous devons apprendre à entendre et à discerner la Parole que Dieu nous adresse au cœur de notre être, et qui se donne tout particulièrement dans l’Eglise par la médiation sainte et sacrée de la Divine Liturgie. Une autre figure du désert, c’est le monde lui-même, et dans ce monde la voix de Celui qui crie dans le désert, c’est l’Eglise, qui à l’image de Jean appelle l’humanité au baptême de repentance qui prépare au baptême de l’Esprit de Dieu.


Marie, Mère de Dieu, est celle qui a su parfaitement se nourrir spirituellement dans le Saint des Saint du Temple de Jérusalem, à travers la Liturgie Synagogale à laquelle elle assistait, et ainsi, préparer les voies du Seigneur, aplanir et rendre droit en elle les chemins de l’âme, du corps et de l’esprit, pour accueillir le messager de Dieu annoncé par Israël et Jean Baptiste, c’est à dire le Seigneur Jésus. Mais le désert de notre existence devient stérile lorsqu’aucune parole n’y circule pour dire que vivre et vivre ensemble est possible, ou si nous renonçons à croire que le Messie qui est Dieu, vient et préfère chacun, il n’y a donc pas lieu d’envier l’autre. Notre désert existentiel devient stérile lorsque par une fausse ascèse nous renonçons à donner à notre corps ce qui lui est naturel et bon, c’est à dire lorsque nous oublions qu’il est par vocation le Temple de l’Esprit Saint.

Notre désert existentiel devient stérile lorsque sous prétexte de vie spirituelle, nous refusons à notre âme de cultiver le goût de la beauté dans notre vie quotidienne, cette beauté dont Dostoïevski nous dit qu’elle sauvera le monde, il parle ici de la beauté divino-humaine du Christ, Dieu incarné. Les fausses œuvres, fruits amers et indigestes des égo malades, finissent trop souvent par transformer l’âme de ceux qui les admirent en annexe psychiatrique, et leur vie en litanie continue de plaintes, de larmes et de frustrations. Le désert devient stérile lorsque nous ne donnons pas à notre esprit sa nourriture vitale qui est la bonne nouvelle de l’Evangile de vie, et qu’à sa place nous nous laissons hanter par des phantasmes et des fantômes sans consistance, œuvres du vieil homme et désert aride où finissent par pousser les mauvaises herbes de toutes les hérésies.


Aujourd’hui, l’Eglise messagère de Dieu, nous est donnée pour préparer tout homme et femme de bonne volonté qui le désire, à éviter les chemins tortueux de la perdition mondaine, non en jugeant le monde, mais en y cheminant sur la voie étroite mais royale qui est le Christ Messie. Et tout comme Jean le Précurseur a tressailli dans le sein de sa mère Elisabeth en entendant la voix de Marie enceinte de Jésus et qui la saluait, de même, nous pouvons tressaillir en entendant la sagesse divino-humaine de l’Eglise nous saluer, car par la foi nous savons que l’Eglise est enceinte de la présence du Seigneur.


Jean ascète évangélique, est bien celui que la tradition appelle « homme céleste et ange terrestre » et saint Paul dit qu’un tel homme est « caché avec le Christ en Dieu », Jean a vu ce que l’œil inhumain ne voit pas, il vu en « Jésus, le Saint Messie d’Israël », il a entendu ce que l’oreille mondaine ne peut entendre, il a entendu la voix divine lui dire de Jésus « Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur », il a ressenti la très sainte présence de « l’Esprit de Dieu descendu sur Jésus », au moment du baptême dans le Jourdain, expérience inaccessible à l’incroyant au cœur enténébré. Jean s’est recueilli et unifié par sa communion avec le Christ dans l’humilité de son cœur, il témoigne de la réalité des grâces divines que reçoivent ceux qui aiment Dieu.


Jean le Baptiste et précurseur du Seigneur, le dernier prophète de l’ancienne alliance, s’efface et se dit indigne de dénouer les lacets des pieds de Jésus, mais ce n’est plus une prophétie à venir qui nous est promise, mais Dieu lui-même qui réalise sa parole divine en s’incarnant pour être avec nous jusqu’à la fin des temps. Voici donc que l’Eglise, émerveillée et merveilleuse, resplendit de la présence rayonnante du saint Messie d’Israël et Fils unique du Dieu vivant et nous pouvons chanter avec les saints et les anges, « aujourd’hui le Roi des cieux s’est incarné d’une Vierge » et « ta naissance ô Christ notre Dieu a fait resplendir dans le monde la lumière de l’intelligence, ceux qui servaient les astres sont instruits par l’astre de t’adorer soleil de justice et te contempler, orient venant des hauteurs, Seigneur gloire à Toi ».


Alors, prions Dieu pour que Sa Grâce, bénisse nos œuvres et que notre désert devienne ce lieu vivant et vivifiant, où dans l’humilité et la simplicité, l’homme apprend à devenir dieu, où le monde devient Eglise, où l’Eglise devient Royaume de Dieu, et que la Gloire soit à Celui qui gouverne ce Royaume et qui veut nous y offrir Son hospitalité éternelle, amen.


+ Syméon


 

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