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dimanche 2 janvier 2022

Homélie du 02/01/2022 : Dimanche des Saints Pères...

 



 

Les Saints Pères.

(Matthieu 1, 1 à 25)

   Au Nom du Père, du Fils, du Saint Esprit, amen.

Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe nous rend témoins de cette œuvre inouïe pour la raison humaine ordinaire, qui consiste à voir que le Dieu Vivant et inaccessible vient s’inscrire sur le livre des générations humaines. Dans le livre de l’Apocalypse, il est écrit réjouissez-vous de ce que vos noms soient inscrits dans le livre de Vie, ainsi l’Esprit de toute sainteté nous prophétise toute l’économie divine, la descente du Seigneur auprès de l’humanité, c’est à dire la Nativité, et l’ascension de l’homme, auprès de la Divine Trinité, c’est à dire la déification. Le Dieu Vivant s’incarne au sein de l’humaine condition dans le temps et l’espace de notre monde, par la médiation de tous les Ancêtres que l’Evangile nous présente aujourd’hui, et en particulier par celle qui couronne cette lignée généalogique, Marie qui deviendra la Mère de Dieu..

 

Mais comment la seule raison humaine ordinaire pourrait-elle comprendre, le mystère spirituel saint et si désirable, qui consiste à engendrer l’homme dans le Royaume de Dieu, selon la parole du Seigneur qui nous dit: « celui qui croit en moi, fera les mêmes choses que moi et même de plus grandes ». Eh bien, la naissance de l’homme dans le Royaume pour la vie éternelle est cette réalité sublime et unique dont parle notre Seigneur, et cette œuvre divino-humaine nécessite au préalable la Nativité, l’Incarnation de Dieu. Ce Dieu éternel et Tout-Puissant, naîtra demain parmi nous comme un tout petit enfant semblable à tout autre nouveau-né, sera adoré par les sages rois mages, les humbles bergers et la multitude des saints anges, sous le regard émerveillé et vigilant de sa mère selon la chair, sous le silence et le regard songeur de celui qui lui servira de père dans l’humanité, Joseph le bienheureux. Mais déjà, Hérode le suppôt de Satan avec les grands-prêtres et les scribes, rôde comme un lion rugissant, autour de l’Enfant prophétisé, afin de mettre fin à ses jours.

 

Nous voyons Joseph plongé dans une profonde méditation, comme frappé de sidération et rempli d’incompréhension devant Marie enceinte, et ne sachant que faire devant un tel mystère, il se propose de la renvoyer chez elle en toute discrétion. Mais voici que l’ange du Seigneur lui apparaît en songe et lui ordonne de prendre Marie auprès de lui, et lui apprend que Marie est enceinte par la grâce de l’Esprit de Dieu et que l’Enfant qui naîtra d’elle est le Messie d’Israël annoncé par les prophètes, qui peut imaginer l’état intérieur dans lequel se trouvait Joseph ? La vie évangélique est donnée pour être incarnée par l’homme et devenir chair de sa chair, c’est pourquoi nous pouvons comprendre, que nous devons contempler  « l’Eglise–Crèche », comme une mère spirituelle qui doit enfanter en son sein, l’homme spirituel en vue du Royaume de Dieu. Ne sommes-nous pas nous aussi songeurs lorsque nous contemplons ce que Dieu accomplit en nous, avec nous et pour nous ? Dieu descend vers l’homme, l’homme monte vers Dieu !  Marie est la plus belle icône de l’Eglise et par conséquent nous sommes aussi Joseph, appelés à épouser spirituellement l’Eglise corps du Christ, et la garder précieusement dans notre cœur comme un Don de Dieu. Mais si Marie est celle qui a engendré le Christ unique, l’Eglise aura pour vocation de nous engendrer à notre tour comme des christs, et cela malgré tous les Joseph stupéfaits, songeurs voire incrédules qui nous habitent.

 

Que de fois entendons-nous des paroles de lamentations, non sur nos péchés, mais sur le fait que nous n’avons pas de père ou mère spirituels qui pourraient nous conduire par la main en toute sûreté ; pourtant aucun spirituel n’est plus saint ni plus sage que l’Eglise du Seigneur, l’Eglise est la mère spirituelle véritable. L’Eglise est le très précieux lien qui unit toute la généalogie religieuse, spirituelle et mystique, qui depuis Adam, Eve et nos Ancêtres, nous emmène à la rencontre du Messie, qui lui-même nous emmène à la rencontre de la Divine Trinité. Nous pouvons observer que l’ange parle à Joseph en songe, mais il faut que celui-ci se réveille et accepte pour un temps de ne pas comprendre le mystère qui habite Marie, pour enfin pouvoir accomplir la volonté divine. Il en est de même pour nous, tant que nous sommes endormis, nous faisons volontiers des rêves, et parfois aussi des cauchemars mais plus rarement des « songes visionnaires » au sens évangélique du terme. La seule manière de nous éveiller et de veiller en Dieu et avec Dieu en nous, pour accueillir l’Enfant Divin, c’est de cultiver la sagesse des mages, l’humilité des bergers, la sainteté des anges, de vivre par la foi, l’espérance et l’amour les promesses divines, que nous transmet l’Evangile de Vie.

 

Nous ne sommes pas seulement dans l’Eglise, nous sommes l’Eglise, et seule l’Eglise a reçue de Dieu la vocation de donner Dieu à l’humanité et au monde, et cela s’appelle la Nativité. Que nous soyons appelés à être pasteurs, mages ou anges terrestres, nous avons pour vocation d’incarner et de réaliser les prophéties annoncées, nous nous inscrivons dans la lignée ancestrale qui certes remonte à Abraham, et au-delà à Adam et à Eve, mais notre véritable origine remonte à la Divine Trinité elle-même.

Certes nous pouvons être troublés devant le mystère de l’Eglise, comme l’était Joseph devant Marie enceinte, et d’ailleurs les anges, y compris les chérubins et les séraphins eux-mêmes, ne connaissent pas ce qu’est l’Eglise en esprit et en vérité, ils en sont les serviteurs obéissants et humbles, et ont choisi d’aimer Dieu et son Eglise sans en comprendre la véritable dimension divino-humaine. Dans l’Eglise, le monde angélique reçoit avec nous les croyants, l’enseignement de l’Esprit Saint autant que cela leur est utile pour accomplir leur vocation, certes les anges de Dieu sont d’une immense pureté et sainteté, mais pourtant le mystère de l’économie du salut de l’humanité leur est inconnu. Leur sagesse et leur connaissance consistent en une obéissance totale à la Divine Trinité, qui les envoie en mission, par exemple au-dessus de la Crèche, ils sont au service de Dieu pour le salut de l’humanité, et concélèbrent avec l’Eglise les mystères de Notre Seigneur  Jésus-Christ. Ne chantons-nous pas : « toi plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins », Marie n’est-elle pas l’une d’entre nous ? Voici donc le trône-église élevé au-dessus de tous les mondes angéliques, sur lequel la Divine Trinité désire faire asseoir, l’homme son bien-aimé !

 

Le Seigneur est venu librement s’incarner en Marie pour être enfanté à notre monde et à notre humanité, pour devenir l’un d’entre nous et l’un avec nous ; de même, nous devons nous inscrire librement dans la lignée spirituelle des Ancêtres et des Saints qui nous précèdent dans le Royaume de Dieu pour y devenir l’un d’entre eux et l’un avec eux. Alors, peut battre ensemble comme un seul cœur, la nature humaine et la nature angélique, la lignée ancestrale depuis l’aube de l’humanité avec toutes les créatures, et dans ce frémissement vivifiant où s’unissent l’humilité de Dieu avec l’espérance de l’humanité, peut s’accomplir ici-bas ce qu’ont annoncé les Prophètes au peuple d’Israël : la venue d’Emmanuel, Dieu avec nous.

 

Exultons de joie dans l’Eglise du Seigneur, revêtons-nous de lumière comme d’un manteau, que tout ce qui vit et respire loue le Seigneur, bénissons-nous les uns les autres, car Il vient le désiré des croyants, Il est là le bien-aimé, celui que l’humanité et toute la création attend et espère ardemment, et en vérité IL se révèle à celui ou à celle qui lui ouvre la grotte d’un cœur aimant, humble et doux. Dieu s’incarne t-il pour lui-même ? Non, il s’incarne pour être aimé dans tout petit enfant qui naît parmi nous, pour être aimé dans toute personne humaine que nous rencontrons, pour être aimé dans l’Eglise afin que l’Eglise donne cet amour divin au monde. L’Ecriture poursuit : « or, cela se produisit pour que fut accompli cet oracle prophétique du Seigneur : « voici que la Vierge concevra, elle enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel » ce qui signifie : Dieu avec nous ».

 

Que signifie Dieu avec nous ? N’est-il pas déjà en nous et donc avec nous par Son Image ? Eh bien, Dieu s’incarne pour accomplir avec nous ce que ni Lui ni nous, ne pouvons réaliser tout seul, de quoi s’agit-il ? De la Ressemblance à Dieu! De l’union entre l’image et la ressemblance, ce pèlerinage extraordinaire que propose Dieu et l’Eglise orthodoxe à notre liberté de dire amen ou non à la Divine Trinité. Quels mots trouver pour dire l’indicible, l’essentiel et l’ineffable, pour dire « ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que l’œil n’a pas vu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu pourtant a réservé pour ceux qui l’aiment » ! Si donc Dieu est avec nous, sommes-nous pour autant avec Lui ? Comment connaîtrais-je de manière absolument certaine que je suis avec Lui ? C’est saint Jean qui va me donner la réponse, il écrit : « celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment aimera t-il Dieu qu’Il ne voit pas » ! Comprenons-nous maintenant un peu le sens profond de la Nativité, la nativité se réalise non seulement lorsque Dieu naît en moi, mais aussi lorsque le Frère et la Sœur naissent en moi, ici, la Nativité du Seigneur nous dévoile un peu le mystère indicible de la personne humaine qui a reçue la grâce d’accueillir en elle, « Dieu et l’homme ».

 

Que signifie à la ressemblance ? Cela signifie que maintenant que Dieu s’est incarné pour nous, nous pouvons commencer réellement à préparer notre naissance au Royaume de Dieu, notre incarnation spirituelle dans le Saint des Saints céleste, notre nativité non dans une crèche terrestre, mais dans le cœur du Père Céleste lui-même. Mais comment ? L’Enfant Divin ne se laisse t-il pas élever par Marie, Joseph et la Synagogue, de même, cultivons l’enfance évangélique et laissons-nous élever de la terre au ciel par la Divine Trinité, la Divine Liturgie et l’Eglise dans laquelle Dieu nous dit l’apôtre : « a déposé infiniment plus que ce que nous pouvions imaginer ou désirer », alors « éveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné : il prit chez lui Marie son épouse ; et sans qu’il l’eût connue, elle enfanta son fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus ».

 

Que signifie éveillé de son sommeil ? Cela signifie entre autres, que Joseph est sorti du strict cadre de la Loi mosaïque, qu’il s’est affranchi de la seule lettre qui au mieux endort et au pire tue toute vie spirituelle, n’est-il pas  écrit : « l’esprit est vif, mais la chair est faible », Joseph a choisi d’obéir et d’accompagner la vie que Marie portait en elle, il a pris chez lui mais aussi en lui, une réalité qui le dépassait, qui est le mystère de cette conception incompréhensible pour la raison humaine, il a dit amen à l’ange du Seigneur, c’est à dire aussi à la personne spirituelle qu’il est lui-même et donc à la vérité divine qui l’habite, puisque créée à l’image et à la ressemblance de la Divine Trinité.

 

De même donc, que Joseph obéit à l’ange du Seigneur, nous sommes invités à obéir à l’Eglise du Seigneur pour réunir en nous les pasteurs, les mages et les anges. L’Ecriture sainte n’est pas un livre qui parle de Dieu, cela signifie que l’Evangile est le livre de l’homme, l’homme est le premier-né par la grâce de Dieu dans l’ordre de l‘humanité créée. Dieu aurait t’IL  inspiré l’Ecriture sainte pour se connaître lui-même ou pour y apprendre quelque chose qu’IL ignorerait ? Cela signifie aussi que tout comme Dieu incarné reçoit un nom, celui de Jésus, pour accomplir son œuvre du salut dans ce monde, l’homme recevra son nom pour accomplir son œuvre dans le royaume de Dieu, et quel sera ce nom ? L’Apocalypse nous dit : « que l’homme recevra un nom que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit et que ce nom sera écrit sur une pierre blanche » !

 

N’est-il pas dit, que de joie dans le ciel parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur repenti, une seule âme sauvée, mais ce qui n’est pas écrit parce que la parole humaine est incapable de l’exprimer en plénitude, c’est « quelle Joie au sein de la Divine Trinité pour un seul homme qui devient « un saint » ! La sainteté, voici la grâce bienheureuse qui couronne l’homme aimé de Dieu, grâce qui fait d’un Théodule, qui signifie serviteur de Dieu, un Théodidacte, ce qui signifie homme enseigné par Dieu lui-même, oui, la Nativité du Seigneur est le commencement de cette œuvre divino-humaine.

 

Au Père qui envoie son fils dans l’humanité, au Fils qui emmène l’humanité auprès du Père, à l’Esprit Saint qui sanctifie l’humanité, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 


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