(Luc 12, 16 à 21)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, L’Évangile nous donne de méditer sur l’attitude immature d’un thésauriseur et d’en tirer un profit spirituel pour éviter de sombrer dans la même attitude qui ne porte aucun fruit spirituel dans ce monde où les divers avoirs prennent la place au détriment de l’être créé
par Dieu. Le Seigneur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté, et il se demandait en lui-même : Que vais-je faire ? Car je n’ai pas d’entrepôt où loger ma récolte ».
Saint Paul dit dans l’épître de ce jour: « Jadis vous étiez ténèbres, mais aujourd’hui vous êtes lumière dans le Seigneur », l’homme de cette parabole est toujours enlisé dans les ténèbres, pourquoi ? Parce que son âme est attachée passionnément à la terre, Il s’ampute ainsi de sa dimension spirituelle et en oublie sa vocation contemplative qui pourrait le relier à Dieu et à sa propre et véritable humanité. Il reproduit à sa manière l’antique adoration du veau d’or dans le désert. Quel est en vérité, le péché engendré par le veau d’or ? C’est l’adoration des idoles sans vie de ce monde, la quête exagérée de l’argent et des plaisirs éphémères qui s’opposent à la rencontre de l’homme avec Dieu, de l’homme avec l’Eglise, et par extension de l’homme avec lui-même.
Il nous faudra donc si nous voulons vivre selon l’esprit de l’Orthodoxie, apprendre à discerner avec l’intelligence du cœur quelle richesse nous devons cultiver sans jamais nous lasser, et cette richesse divino-humaine, ce trésor de grâce éternelle, c’est de cultiver « l’amour de Dieu et du prochain ». Acquérir la « grâce d’aimer », personne ne dira que c’est facile, mais telle est pourtant l’œuvre spirituelle et existentielle de « l’être orthodoxe ». Ouvrage à remettre sans cesse sur le métier de l’humaine condition comme une icône de la vie du Christ, car nous ne serons jamais plus grand que « L’Amour, c’est à dire la Divine Trinité ». Non, les richesses de ce monde ne sont pas du tout maudites mais bien bénies, si elles sont mises au service de notre humanité au nom de Dieu, et non perverties par des pensées insensées, soumises aux peurs et réactions irrationnelles de nos âmes désorientées et de nos désirs impératifs et insatiables.
Mais la véritable et unique richesse que Dieu lui-même désire, n’est-ce pas tout simplement « l’homme lui-même », aussi unique que Dieu lui-même, notre vocation n’est-elle pas de devenir par grâce ce que Dieu est par nature, à savoir une « personne déifiée » ! La très sainte nativité approche, alors préparons-nous à apporter à « L’Enfant Divin, non seulement la myrrhe, l’encens et l’or », mais offrons lui notre corps pour qu’il en fasse son temple, notre âme pour qu’il en fasse sa prière, notre esprit pour le contempler et notre cœur pour l’aimer. Voilà les richesses qui ne seront perdues ni en ce monde ni dans le Royaume de Dieu.
Le Seigneur nous dit encore et encore que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende » pour entendre en esprit et en vérité, il faut commencer par appendre à écouter vraiment ce que l’Esprit de Dieu dit à l’Eglise, à quel moment l’Esprit-Saint nous parle t’il ? Dans la sainte célébration de la Divine Liturgie qui contient tous les mystères du Royaume des Cieux, mais pour écouter il nous faut faire silence dans nos pensées et participer avec concentration à l’œuvre liturgique. Être présent dans l’Église sans tension ni laxisme, cultiver un esprit de prière communautaire et personnel pour glorifier la sainteté absolue de Dieu qui est avec nous et au milieu de nous et qui se donne pleinement à chacun et chacune par « son Corps et son Sang divino-humain » comme nourriture essentielle et éternelle.
L’Eglise est la plus belle icône du Royaume de Dieu, rien ne peut lui être comparé, elle est la grande grâce proposée à l’humanité aujourd’hui comme elle l’était par le passé et comme elle le sera pour l’avenir, prions Dieu de nous donner l’expérience concrète de cette immense et sainte réalité, afin que nous connaissions l’œuvre salutaire du Seigneur Jésus.
Mais notre saint Dieu, que dit-il à cet homme sans intelligence spirituelle : « insensé, cette nuit même, tu vas mourir et ce que tu as amassé, qui l’aura » ? Le Seigneur nous montre ici, que celui qui est riche à l’image de cet homme, est en vérité dans une grande misère et déjà près de la mort, que son âme est malade et déjà agonisante, pourquoi ? Parce que ce qui nourrit un tel « individu », ce sont de fausses nourritures incapables de le préparer à la vie éternelle, afin que Dieu le sauve. Ainsi se vérifie cette autre parole du Christ : « à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il croyait avoir », à sa mort cet homme aura tout perdu en se perdant lui-même, seul ce qui est donné par Dieu durera et ce « Don », n’est ce pas Dieu lui-même, Dieu seul ? Et où Dieu se donne t’il ? Je le répète encore et encore, IL se donne dans l’Église, alors soyons avec Lui dans l’Église.
C’est pourquoi saint Paul nous écrit : « éveille toi, toi qui dors, lève toi d’entre les morts, et sur toi resplendira le Christ ». C’est à dire, sors de tes modes de fonctionnement morbides et mortifères, cesse de te complaire dans tes richesses matérielles ou faussement spirituelles, libère-toi de tes illusions infantiles et va vers l’unique source de la vie notre Seigneur Christ qui t’illuminera de sa beauté et de sa vérité.
Au Père Créateur de l’Univers, au Fils qui nous fait cohéritiers de tous ses biens divino-humains et au Saint Esprit qui fait fructifier en nous les richesses célestes, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon