(Luc 6, 31 à 36)
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à mettre en œuvre « l’amour des ennemis »
en cultivant et en unissant à l’image du Seigneur l’ascèse de la
miséricorde et de la bienfaisance, les racines de cette attitude
spirituelle trouvent leur sève dans les paroles évangéliques que sont « bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » et « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », être miséricordieux et bienfaisant nous demandera donc non seulement d’imiter le Christ mais surtout d’agir avec Lui.
Saint Luc en 6, 36 nous montre le modèle divin absolument parfait du miséricordieux bienfaisant en nous disant « soyez compatissant comme votre Père est compatissant »,
compatir signifie surtout accompagner l’éprouvé atteint par les
tourmentes existentielles qui brisent l’âme et le corps, c’est pourquoi
saint Luc ajoute en chapitre 6, 31 une clé spirituelle pour prévenir et
se prémunir de l’épreuve du « retour du coup de bâton » ou du « on récolte toujours ce qu’on sème » comme dit le langage populaire. Que nous dit-il ? «e que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux ». Dans sa 1ère épître saint Pierre complète la parole de saint Luc en écrivant « soyez donc miséricordieux et humbles », n’est-ce pas là le
visage même de notre Samaritain spirituel Jésus-Christ, l’homme
miséricordieux est le véritable compatissant, pourquoi ? Parce que
lui-même a fait une vraie expérience de la miséricorde divine et qu’il
se remémore cette parole du Seigneur « qu’as-tu que tu n’aies reçu, et si tu l’as reçu pourquoi faire comme si tu n’avais pas reçu et t’en enorgueillir », alors maintenant « va et fais de même ».
Dans
la suite de son évangile saint Luc en 6, 37 et 38 précise l’ascèse
pratique qui convient à celui ou celle qui veut acquérir l’état de « miséricordieux bienheureux », que dit-il « ne
pas juger, ne pas condamner, remettre les fautes, donner avec
générosité, car de la mesure dont vous mesurerez l’autre, vous serez
mesuré vous-même en retour », si déjà nous avons des difficultés à mesurer de manière juste nos proches, quelle mesure nous faudra t-il pour mesurer « nos ennemis »
? L’amour des ennemis ne pourra pas se mesurer à l’aune extérieure des
valeurs du monde individualiste d’un César, mais ne peut trouver sa
force et sa justesse que dans le discernement qui vient de la grâce
divino-humaine.
La
miséricorde du Père céleste se révèle dans l’incarnation de son Fils
unique, Lui le Visage visible de l’invisible, Lui qui est venu pour
sauver l’homme et non le juger, Lui qui est venu pour pardonner et non
condamner, Lui qui est venu pour remettre les péchés et non les garder
pour nous en accuser, Lui qui a donné sa vie pour le salut de
l’humanité, Lui qui aime sans mesure et accueille avec joie le peu que
nous lui offrons, Lui qui nous dit « aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour », Lui non plus n’attend rien en retour de notre part, Il nous invite à l’imiter et à vivre selon cette parole « venez et voyez »
en communion avec Lui et avec l’Eglise du mieux que nous le pouvons et
en augmentant avec sa grâce peu à peu notre mesure d’aimer Dieu,
l’Eglise et le prochain.
« Ne pas juger », déjà en 1 Samuel 2, 25 il est dit « si un homme pèche contre un homme », Dieu le jugera, pourquoi ? Parce qu’il n’appartient pas à l’homme de juger même si celui-ci à reçu le don de « l’intelligence du cœur »,
Dieu seul est le juste Juge qui connaît parfaitement le passé, le
présent et l’avenir de tout homme et de toute femme qui naît en ce
monde. Saint Paul exprime cette réalité du jugement divin en 1
Corinthiens 4, 4 en écrivant « celui qui me juge, c’est le Seigneur »,
le jugement a été remis par le Père au Fils unique en qui Il a mis
toute sa complaisance afin que nous l’écoutions selon ce qu’Il jugera
utile pour nous et notre salut. C’est ce que saint Pierre confirme dans
sa 1ère épître en 1, 17 « Dieu jugera selon l’œuvre de chacun », le jugement est universel mais son application restera personnelle.
« Ne pas condamner », saint Luc en 6, 37 nous donne cet avertissement « ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés », cela
se rapporte à cette folie humaine qui a culminée dans la condamnation
du Seigneur lui-même et que nous rappelle saint Marc en 14, 64 « tous le condamnèrent à mort » pas un seul des accusateurs à commencer par le Grand-Prêtre n’était qualifié ni pour juger et encore moins pour condamner, mais
là où l’Esprit de Vérité est absent le mensonge abonde et la justice
humaine se perd dans une mascarade grimaçante qui déforme la réalité, il
advient alors ce que saint Jacques écrit en 2, 9 « vous avez condamné, vous avez tué le Juste ».
« Remettre les fautes », saint Paul en Colossiens 2, 13 témoigne « vous étiez morts du fait de vos fautes...IL vous a fait revivre avec Lui, et Il nous a pardonné toutes nos fautes », et en Galates 6, 1 «
frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les
spirituels, remettez-lui en esprit de douceur sa faute, te surveillant
toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté », voilà
comment Paul parle aux spirituels, comment alors des non spirituels
pourraient-ils oser retenir les fautes de leur frère, eux qui
connaissent et commettent aussi les mêmes fautes ? Saint Paul complète
sa pensée en Galates 6, 3 « car si quelqu’un estime être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion ».
Saint Luc, 6, 35
« au contraire, aimez vos ennemis...votre récompense sera alors grande,
et vous serez les fils du Très-haut, car Il est bon, Lui, pour les
ingrats et les méchants », les saintes Béatitudes nous dévoilent le chemin de « l’ascèse bienheureuse » qui peut nous aider à « aimer nos ennemis » et faire de nous Dieu bénissant des « christs aimants, saints, humbles et sages ».
C’est Marie, la très sainte Mère du Seigneur qui nous montre comment devenir un bienheureux qui sera surtout un « bienfaisant » à l’image du Christ qui proclame « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi », que dit-elle ? « Faites ce qu’IL vous dira » et que nous dit le Seigneur Jésus, « tu aimeras le Seigneur ton Dieu...et ton prochain comme toi-même » et pour cela le Seigneur ajoute le sel spirituel indispensable en me disant « si tu veux prier ton Père...rentre en toi-même...ferme la porte...et la suite »
rien de bon, de juste ou de vrai ne se fera selon Dieu sans notre
prière personnelle adressée avec humilité au Père céleste, n’est-il pas
écrit « demandez et vous recevrez », alors nous pourrons demander dans l’espérance la grâce d’aimer même nos ennemis.
Au
Père qui pardonne et qui a remis le jugement au Fils qui nous aime et à
l’Esprit Consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles,
amen.
+ Syméon
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