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samedi 2 mars 2024

Le Fils Prodigue.

(Luc 15, 11 à 32)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre du fils prodigue dont l’histoire semble répéter celle d’Adam et d’Eve dans le Paradis, à savoir la relation avec le Père/père que ce soit dans le Paradis ou dans la Paroisse, car dans l’un comme dans l’autre le Malin est à l’œuvre pour nous faire miroiter dans son miroir brisé et assombri des lendemains qui chantent mais qui dans la réalité de notre quotidien deviennent très vite une cacophonie inaudible à nous rompre la tête.

 

Voici donc un fils qui réclame sa part de l’héritage paternel pour aller découvrir le vaste monde dont saint Jean nous dit « n’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde », ce monde  n’est pas celui de la Création originelle créé par Dieu dans l’amour vivifiant, mais de celui qui a été édifié sans Dieu et sans vision spirituelle par des générations d’hommes et de femmes qui ne cessent de le défigurer en se défigurant.

 

Tout comme Adam et Eve s’étaient précipités sans demander la bénédiction divine dans leur  impatience pour goûter à « l’arbre du bien et du mal », de même, le fils prodigue voulait sans attendre goûter et expérimenter les choses inconnues du vaste monde qui occupaient son esprit au point de devenir insensé et indifférent à la maison de son père et de tous ses biens. L’Ecriture nous dit qu’il demandait non un éventuel conseil avisé à son père mais uniquement l’héritage de l’argent dont il se jugeait l’héritier indiscutable et qui lui revenait donc de droit avec le libre arbitre d’en disposer selon sa volonté.

 

Le père ne discute pas et ne cherche pas à le dissuader de partir, car il sait qu’il est déjà trop tard pour faire entendre raison à son fils, le père sait aussi qu’une fois l’euphorie de cette fausse liberté passée la confrontation au réel sera probablement dans ce cas, le meilleur des remèdes pour comprendre que le chemin ne mènera nulle part sans une prise de conscience intérieure, sinon à la mort de l’âme et même du corps, n’est-ce pas l’expérience même du prodigue ?

 

Voici un autre fils, lui n’exige pas la part d’une fortune paternelle, non, il est déjà riche du projet qu’il porte et ce qui le motive c’est de recevoir la bénédiction de son père spirituel, et pour le reste il s’en occupera lui-même, il vient donc vers son père spirituel Hiéromoine qui vivait dans l’ascèse et la prière depuis des décennies, il lui demande : Père bénis, voici ce que je veux faire, il explique son projet, le père lui dit, « ne le fait pas mon fils », mais le fils fort mécontent répond : Père bénis, je t’explique à nouveau, car je vois que tu ne comprends pas mon projet, le père lui dit, « ne le fait pas mon fils », le fils agacé répond : Père bénis, je suis venu de loin pour avoir ta bénédiction, mais tu me comprends mal, et il exprime encore une fois sa volonté, le père lui dit « mon fils ne le fait pas », le fils en colère répond : Père, tu ne veux donc pas me comprendre, alors le père fait une métanie et lui dit « pardonnes-moi mon fils tu as raison, fais donc ce que tu veux ».

 

Nous voyons que l’homme a été tenté dans la Paradis céleste, que l’homme continue à être tenté dans les paradis artificiels de ce monde, mais le « fils prodigue » est un témoin que Dieu nous envoie pour montrer que le retour vers le salut par la conversion reste toujours possible, car l’orientation vers la vie est naturellement au cœur de l’être et palpite toujours telle une litanie silencieuse au plus profond de notre âme, « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » ce que l’Esprit lui inspire afin qu’il « vive ».

La vérité, la beauté et la bonté sont co naturelles à l’humanité créée à l’image et pour la ressemblance de Dieu et c’est bien cette réalité que le « fils prodigue a retrouvé en lui et qui lui a redonnée l’éveil de son esprit » pour se tourner résolument vers le désir de revenir à la maison de son père et de tous ceux qui l’habitent, cette maison sainte et sacrée n’est-elle pas pour nous l’humble et si belle Eglise orthodoxe. N’est-ce pas en elle, que le Père nous invite à venir ou à revenir par le Fils Unique et L’Esprit Saint pour nous revêtir de la lumineuse et splendide tunique de l’amour divino-humain pour manger ensembles non le veau gras, mais l’indicible grâce incarnée qui est le « Corps et le Sang du Seigneur » pour la vie éternelle ?

 

Comment pensons-nous que l’humanité puisse guérir de ses maladies qui l’affament et l’assoiffent et mettent sans cesse à mal sa vie et son être, si nous ne pouvons pas lui donner le remède souverain que propose l’Église et qui est la Fête des fêtes où l’homme est nourri par l’Amour de Dieu autour de la Table mystique où trône la Divine Trinité. Certes chacun d’entre nous peut connaître l’expérience du « prodigue » et dilapider plus ou moins par oubli de l’essentiel les « richesses reçues du Père par le saint Baptême », nous pouvons abandonner même notre Mère l’Eglise si l’esprit du monde déchu nous aveugle et nous oblige à le servir comme un esclave au service de ses ambitions illusoires. Alors, comme nous le recommande saint Paul « veillons et prions » pour ne pas succomber aux tentations mondaines et nous retrouver affamés, assoiffés et privés de la communion avec Dieu notre Père. Avançons dans l’esprit des Béatitudes au sein de l’Église tournés vers notre Père qui espère notre retour, car l’Eglise est la médiatrice précieuse entre toutes que la divine providence nous donne pour notre liberté spirituelle et personnelle.

 

L’Église est comme une icône du char nuptial sur lequel Dieu et l’homme s’élèvent et célèbrent leur rencontre pour n’être plus qu’un seul Esprit, qu’une seule Vie, qu’un seul Amour. N’est-ce pas sur la « patène spirituelle » élevée par le prêtre au cours de la Divine Liturgie que trône le Seigneur et autour de lui les « noms » de tous ceux et celles qui ont cru que Jésus est le Fils unique du Dieu vivant ? Cette élévation ne s’arrête pas au Mont-Thabor de la Transfiguration mais emmène l’humanité sauvée en Christ jusqu’à la droite du Père céleste. C’est ainsi que le Seigneur, le Christ qui monte et qui descend accomplit sa promesse et dit cette prière : « afin que tous soient Un, comme toi Père et Moi nous sommes Un », la nature de l’Église toute entière et son essence sont nuptiales et royales, sa vocation est la célébration spirituelle de l’union par amour entre Dieu et l’homme, elle appelle tous les « prodigues » à venir pour jouir et se réjouir des richesses divino-humaines que Dieu a « préparées pour ceux qui l’aiment ».

 

L’Église est le lieu et l’espace de l’âme orthodoxe, et Jésus nous y invite à le suivre pour renouer le dialogue avec le Père Céleste en acceptant de passer par la Croix, par la Pâques du Seigneur dans la « foi, l’espérance et le vrai repentir du cœur ». Qui croyons-nous donc être devant l’absolue sainteté divine, quelqu’un parmi nous au sein de l’humanité, serait-il le créateur du Créateur, le créateur du monde ou de lui-même ? ô folie de l’humanité désorientée, ô souffrance et fruit stérile de la vanité humaine, ô combien pathétique est l’humanité sans Dieu, et nous alors, qui chantons « hosannah au Fils de David, hosannah au plus haut des cieux », quels désirs poursuivons-nous, avec quelles pensées sur Dieu, sur l’Église et sur nous-mêmes vivons-nous ? Que L’Esprit nous guide tout « prodigues » que nous sommes vers notre origine qui est la Maison du Père à travers l’Eglise qui est le chemin le plus sûr pour accéder au Royaume de Dieu.

 

Au Père qui espère notre retour, au Fils qui est le Chemin pour ce retour et à l’Esprit qui nous guide, soit la gloire, maintenant dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

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