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samedi 16 mars 2024

Dimanche du Grand Pardon et de l’Exil d’Adam et Eve.

                                                                  (Matthieu 6, 14 à 21)

                                     Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Aujourd’hui, notre sainte Eglise Orthodoxe nous invite à nous rendre semblable à Dieu, car Dieu est celui qui ne cesse de nous pardonner dans son Amour éternel, nous sommes des icônes de la Divine Trinité et à ce titre nous avons reçu la grâce et le commandement de nous remettre mutuellement les péchés commis les uns envers les autres, une telle œuvre divino-humaine n’est possible que si nous sommes décidés à nous convertir et à nous purifier par une vie orthodoxe, avec la volonté profonde de bénir et d’aimer selon cette parole du Seigneur « aimez-vous comme Je vous ai aimé ».

 

Le Seigneur de Gloire nous enseigne comment doit être un Chrétien orthodoxe qui veut vivre un tel grand pardon en présence non seulement de l’Eglise mais du Père Céleste lui-même et de l’Esprit de Lumière qui illumine le croyant, que dit-il ? « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », parole sublime dans sa limpide simplicité, et saint Paul nous montre l’ascèse qui convient à une telle œuvre spirituelle en disant dans l’épître de ce jour : « mais revêtez le Seigneur Jésus Christ et ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises ». L’Esprit nous invite chacun et chacune en ce temps d’ascèse que représente le saint et grand Carême, à scruter ce qui nous tourmente et enténèbre notre cœur, il ne s’agit pas ici, d’une simple méditation philosophique, mais d’une ascèse de spiritualisation intégrale de tout notre être, par le jeûne des pensées, paroles, actes pour une attention éveillée dans la prière liturgique et personnelle et construire les prémisses de la sainteté qui permet de se « revêtir du Seigneur Jésus-Christ » comme le demande saint Paul.

 

Pour pouvoir contempler son propre cœur dont vous savez qu’il est un abîme spirituel, l’Ecriture inspirée par l’Esprit de Dieu nous pose une condition essentielle, à savoir le pardon sans condition envers notre frère ou notre sœur, selon cette parole de saint Paul « l’amour ne juge pas », afin que nous puissions nous approcher de la communion du Corps et du Sang du Seigneur, pour la vie et non pour notre condamnation. Porter un jugement sur quelqu’un c’est une chose, donner un « conseil avisé » avec discernement et bienveillance est une autre chose, « Dieu seul par l’amour et la vérité est le juste Juge ». Demain nous naîtrons à notre tour au Ciel, que voulons-nous donc y emmener, nous savons pourtant que rien de l’esprit de ce monde ne sera accueilli dans le Royaume de Dieu, seuls les fruits spirituels qui seront engendrés par une ascèse évangélique réelle trouverons grâce devant Dieu et la cour céleste, et non les fantasmes imaginés à partir d’illusions fumeuses engendrées par les tentations du père du mensonge et du vieil homme ignorant et vaniteux. Saint Paul insiste encore et encore et nous encourage à « laisser là les œuvres de ténèbres et de revêtir les armes de lumière », pour mettre en pratique l’Evangile de vie.  

 

Saint Paul ne cesse de dire à Tite « d’enseigner à temps et à contre temps la vérité divine » sans se préoccuper des pensées, des paroles et des actes du monde, de même, l’Eglise notre sainte Mère spirituelle, infiniment sage, ne cesse de nous enseigner la « vérité divine » et quels sont les trésors célestes enracinés en nous par notre baptême et que nous devons cultiver fidèlement. Nous les connaissons, l’apôtre Paul nous les énumèrent, ces biens réels sont les dons du Saint Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la maîtrise de soi...», voilà les vraies perles spirituelles inestimables que nous devons commencer à engendrer en ce monde, dans l’espérance de les amener à leur perfection dans le Royaume de Dieu. Nous savons que la voie parfaite pour cela consiste à célébrer la Divine Liturgie de toute notre présence, et nous préparer ainsi à célébrer la Liturgie éternelle dans le Royaume de Dieu à venir par cette seule et unique œuvre : Aimer et adorer la Divine Trinité…en commençant ici et maintenant, par aimer notre frère et notre sœur créés à « l’image et à la ressemblance » de Dieu.

 

Voici donc devant nous ces trésors spirituels, et qui donc dites-moi nous volera la Joie dont le Christ nous assure que : « Je  vous donnerais la Joie que nul ne pourra vous ravir », serait-ce les hypocrites et les mondains dont les sourires ressemblent à des grimaces et à des menaces ? Le Christ encore de nous promettre que : « Je vous donnerais la Paix qui surpasse toute intelligence », qui donc parmi ceux qui ne pensent qu’à eux-mêmes, par eux-mêmes et pour eux-mêmes, pourrait approcher la Paix du Seigneur et faire la leçon à l’Eglise qui a deux mille ans de sagesse, pauvres fous comme dit l’Ecriture, vanité des vanités, rien que vanité. Qui donc nous enlèveras la « douceur du Christ », certes pas toute la colère psychique et charnelle projetée contre nous, que ce soit dans l’Eglise ou hors de l’Eglise, le Christ nous avertit:  « malheur à celui ou celle par qui le scandale arrive », alors, pardonnons-nous du fond du cœur et cultivons la vie fraternelle comme une vigne très chère au cœur de Dieu et qui portera les raisins non de la calomnie mensongère, mais de l’ivresse spirituelle autour du festin royal qu’est pour nous la très Sainte Cène.

 

Le Seigneur nous conseille « si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste, vous remettra les vôtres, si vous ne remettez pas, vous ne serez pas pardonnés » et vous resterez englués dans vos manquements, je ne remets pas aux hommes leurs manquements si j’oublie l’enseignement fondamental du Christ, qui me dit « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent », ceci nous demande de sortir des agitations stériles dont se servent tous ceux qui voudraient nous asservir à leur pensée de néant en nous menant avec une allégresse perverse par le bout du nez.

 

Pourquoi, l’Eglise met-elle ce dimanche sous le signe d’Adam ? Pour que nous nous souvenions d’où nous venons et pourquoi nous avons perdu notre terre originelle. Ne sommes-nous pas nés en Adam et Eve ? Et n’est ce pas ce même Adam avec Eve qui par immaturité nous ont valu l’expulsion du Jardin d’Eden, suite a leur refus de pratiquer le  « saint jeûne » demandé par Dieu. Ayant ainsi rompu leur sainte alliance avec Dieu, la conséquence immédiate en est que la grâce divine s’est voilée en eux. La preuve en est, qu’ils sont tombés dans l’incapacité de confesser leur péché au Père Céleste, tout en se rejetant la « faute originelle ». Mais quel jeûne devait donc observer Adam et Eve ? Leur jeûne, quel paradoxe, consistait à se nourrir de l’abondance des nourritures spirituelles que Dieu leur offrait librement, et pour un temps seulement, ils devaient « jeûner » et s’abstenir de manger de « l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal ». Mais par leur désobéissance au commandement de Dieu, leur chute a commencé dans le Jardin d’Eden, et l’esprit dans la confusion, ils se sont rendus incapables de faire le bien comme de renoncer à faire ce qui est mal.

 

Cette nourriture édénique était pourtant avant la chute, en vérité, la « première eucharistie spirituelle » offerte à l’homme, oui, Adam et Eve se nourrissait de Dieu, par son Verbe divin et créateur. N’est-il pas écrit, que « l’homme ne se nourrit pas de pain seulement, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » ? Que signifie Dieu parlait avec Adam dans le Paradis à la brise du soir ? Le Seigneur Dieu enseignait le mystère de Son œuvre créatrice à Adam, pour que celui-ci puisse se l’approprier comme « roi, prêtre et prophète » et devenir ainsi le moment venu le « pasteur » de l’humanité dans toute sa plénitude, avec amour, humilité, sagesse et sainteté. Qui d’autre, dites-moi, que le Créateur pouvait enseigner à Sa créature à cultiver la création ? Notre ancêtre Adam était ainsi le premier « théodidacte », ce qui signifie être enseigné directement par Dieu, il était comblé dans son existence de grâce sur grâce.

 

Les textes liturgiques nous montrent Adam et Eve après leur expulsion du Jardin d’Eden assis en face des portes du Paradis avec l’âme inondée des larmes du repentir, ils prennent peu à peu conscience de la souffrance de leur exil, ne sommes-nous pas comme eux en souffrance lorsque nous revenons à nous et ressentons notre éloignement de l’Eglise. L’Eglise est pourtant l’unique et sûr moyen d’accéder à nouveau à la présence divine, Adam se lamente, gémit et pleure, car lui qui voyait Dieu face à face est devenu en se détournant et en se séparant de lui, un aveugle spirituel. Mais la compassion divine, la vue de notre Seigneur face à face et le dialogue avec lui, nous sont à nouveau accessibles par la célébration liturgique dont le beau couronnement est le don inestimable du Corps et du Sang du Seigneur, qui nous redonnent « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu donne à ceux qui l’aiment ».

 

Que signifie encore : « ne vous amassez pas de trésors sur la terre » ? Cela signifie, ne nous réduisons pas à être simplement des morceaux d’existence, des individualités aliénés par leurs possessions matérielles, car plus nous posséderons et plus nous pouvons être divisés, rongés par l’angoisse de perdre…ce que de toute façon nous devrons abandonner un jour. Mais le plus tragique est ici que notre cœur d’humanité qui a vocation à être le lieu saint et sacré duquel émane la vie religieuse, risque de devenir un coffre-fort rempli d’ossements, si le cœur est détourné de la voie divine qui seule peut engendrer à partir de lui « l’homme spirituel ».

 

 Que signifie : « mais amassez-vous des trésors dans le ciel » ? Le ciel ici est une métaphore de l’esprit de l’homme, cela signifie que les vrais trésors sont d’abord engendrés dans notre intelligence profonde, et cela n’est possible que si nous demandons à Dieu que notre esprit soit uni à l’Esprit Saint, afin qu’ils deviennent nous dit saint Paul, « un seul Esprit ».

 

Que le Père, le Fils et le Saint Esprit à qui nous demandons pardon de tout notre cœur, nous donne de nous pardonner nos péchés commis les uns envers les autres, et à la Divine Trinité soit la Gloire dans siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

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