Calendrier liturgique, Homélies, Galerie Photo, vie saint Milutin tropaire kondakion, blogs

jeudi 28 septembre 2023

La parabole des Talents.

                                                               

                                                                   (Matthieu 25, 14 à 31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Église nous invite à méditer sur la parabole des talents, je nous propose de relever les versets 29 à 30 qui nous disent « car à tout homme qui a, on donnera encore plus et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il croyait avoir. Quant au serviteur inutile, jetez-le dehors dans les ténèbres, là seront les pleurs et les grincements de dents ».

 

Dieu nous a confié à nous-mêmes comme un talent précieux et irremplaçable à tel point que Dieu lui-même a voulu habiter en nous par « Son image et Sa ressemblance » et par Sa sainte présence nous accompagner pour cultiver avec nous, le talent de la vie spirituelle au cœur de notre existence orthodoxe. Et pour que ce talent puisse trouver tout ce dont il a besoin pour être réalisé et ainsi rendre gloire à Dieu, la providence divine nous a donné la sainte Eglise.

 

Les talents dont parle l’Évangile sont un don divin, par l’intelligence du cœur nous pouvons comprendre qu’ils ne sont utiles et ne portent des fruits que dans la mesure où ils sont mis en œuvre au nom du Seigneur. Les talents sont les grâces divino-humaines avec lesquelles, nous apprenons d’abord et peu à peu à nous humaniser par la pratique des commandements divins et nous rapprocher de Dieu et de l’homme. Les talents peuvent nous aider à expérimenter la communion avec la présence divine, si nous cultivons la vie orthodoxe dans l’Eglise du Christ icône du Royaume par la médiation de la prière personnelle et liturgique.

 

Dieu nous a donné les talents que sont la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût, pour les faire fructifier dans le temps et l’espace existentiels de ce monde comme une préparation sainte et sacrée pour le monde à venir et l’infini du Royaume de Dieu. Alors comment ferons-nous fructifier chacun de nos sens ? Les talents nous sont donnés comme une voie spirituelle qui doit avec la bénédiction divine, nous accompagner pour que nous devenions peu à peu, déjà dans ce monde, des « christs aimants, saints, humbles et sages ».

 

Comment allons-nous enrichir et convertir nos sens psychosomatiques en sens spirituels ou comme le dit saint Paul passer « de l’homme psychique à l’homme spirituel » et devenir des êtres accomplis dans la mise en pratique de l’enseignement évangélique ? Quelques outils concrets seront nécessaires pour édifier et révéler l’être spirituel que nous sommes de par notre création originelle.

 

Voici donc le talent de la vue, dans les « Béatitudes », nous lisons « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », la vision de Dieu ne dépend pas de la vue physique, mais du cœur pur, ce qui est vrai de la vue ne le serait-il pas également de tous les autres sens ? La vue biologique doit nous permettre de discerner la réalité du monde physique afin d’y accomplir notre tache d’homme, mais aussi pour nous les croyants la volonté divine. Pour l’aveugle à qui le Seigneur demande que veux-tu que je fasse pour toi, celui-ci répond « que je recouvre la vue », qui parmi nous peut penser que Jésus ne lui rend la vue que pour la limiter à la seule vision du monde matériel ? C’est pourquoi le Seigneur dit ailleurs « celui qui m’a vu a vu le Père », parole inouïe qui montre que le talent de la vue trouve sa plénitude dans la contemplation du visible et de l’Invisible, du monde et du Royaume, du Père à travers le Fils unique par la grâce agissante de l’Esprit-Saint.

 

A « celui qui a, il sera donné encore plus, mais a celui qui n’a pas, il sera enlevé même ce qu’il croyait avoir », celui qui a, c’est celui qui croit en Dieu et qui croit que Dieu veut pour lui le meilleur, de quoi sera donc enrichi celui qui croit, il sera enrichi non seulement des promesses contenues dans les béatitudes, mais de la présence divine en lui pour la vie éternelle. Celui qui n’a pas, c’est celui qui reste indifférent à la voix intérieure originelle qui l’habite et renonce ou même refuse toute expérience religieuse, ce qui fait qu’il ne possède que des petits morceaux, tel un miroir brisé de la réalité de ce monde dont saint Jean nous dit « n’aimez pas le monde ni ce qui vient de ce monde sans Dieu », saint Paul confirme la dépossession qui finira par ruiner celui qui n’a pas, en nous rappelant que « tout passera, sauf l’amour ». L’amour dont parle saint Paul étant Dieu lui-même, car Dieu seul ne passera jamais, Lui qui est éternel et immortel, ainsi l’homme qui cultive la vie orthodoxe recevra le talent des talents, à savoir cultiver pour l’éternité sa communion avec le Dieu aimant et vivant.

 

Voici le talent de l’ouïe, qui pour trouver sa plénitude doit aboutir peu à peu, à réaliser ce qui nous est promis dans Hébreux « si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » et dans l’Apocalypse « si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte », mais où donc pouvons-nous entendre la voix divine ? N’est- ce pas dans l’Eglise, notre maison divino-humaine où résonne sans cesse et en communion la voix de Dieu et celle de l’homme. A quel moment, Dieu nous parle t’IL de manière directe à travers la célébration liturgique, n’est-ce pas à l’écoute du saint Evangile où Dieu nous parle face à face, et à quel moment frappe t’Il avec une divine douceur à la porte de notre cœur si nous l’accueillons, n’est-ce pas au moment de la sainte communion à son Corps et à son Sang ? Qui peut penser, qu’il suffit de posséder les cinq sens fonctionnels, pour faire fructifier le talent de la vie divino-humaine en nous, alors que notre  Seigneur et Maitre nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

 Ailleurs, le Seigneur dit en Matthieu 13, 14, suite à la prophétie d’Isaïe « vous aurez beau entendre de vos oreilles, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas, l’esprit de ce peuple s’est épaissi, ils se sont bouchés les oreilles, ils ont fermés leurs yeux de peur que leurs yeux ne voient, de peur que leurs oreilles n’entendent, que leur esprit ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse », la conversion est donc absolument nécessaire pour que nous puissions faire fructifier nos talents selon la volonté divine. Le talent de l’ouïe répond à cette parole du Seigneur que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende », où donc pensons-nous apprendre non seulement à « entendre », mais à voir, à sentir, à goûter, à toucher, à vivre, n’est-ce pas grâce à la médiation de l’Eglise qui par la célébration liturgique nous rend contemporain des œuvres du Seigneur que nous pouvons acquérir peu à peu la ressemblance à l’image divine en nous.

 

Voici le talent du toucher ou être touché, comme nous pouvons le voir dans Actes, 2, 37 « d’entendre cela, ils eurent le cœur touché et ils dirent à Pierre et aux Apôtres : Frères, que devons-nous faire ? », ici le toucher intérieur comme la vision de Dieu concerne « l’état de pureté du cœur », si donc la parole du Verbe créateur ne touche pas notre cœur, nous risquons d’être  incapables de cultiver notre esprit de manière créatrice et alors comment pourrons-nous espérer une véritable conversion intérieure, d’où l’impérieuse nécessité de purifier notre cœur du vieil homme tyrannique en le convertissant.

 

Si nous nous contentons de cultiver les seuls talents sensoriels, nous faisons de nous un homme incomplet et il nous arrive ce que nous chantons dans le psaume 135 du Polyéléos des Matines du dimanche « les idoles des nations sont faites d’argent et d’or, ouvrages de la main des hommes, elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n’entendent pas, il n’y a pas de souffle dans leur bouche, et ils leur ressemblent ceux qui les fabriquent et se confient en elles ».

Le psaume 135 indique à la suite ce que doit cultiver l’homme pour acquérir la plénitude d’être selon la grâce divine, en nous disant « maison d’Israël, bénissez le Seigneur, maison d’Aaron, bénissez le Seigneur, vous qui cherchez le Seigneur, bénissez le Seigneur », voici nommé le talent véritable, il consiste à « bénir le Seigneur et toutes ses œuvres », n’est ce pas ce que nous essayons d’accomplir dans la vigne du Seigneur, notre sainte Eglise orthodoxe.

 

La culture de nos talents donnera les fruits espérés par la grâce divine et la bonne ascèse de notre vie en Dieu, c’est dans l’Eglise que nous apprendrons à devenir des hommes et des femmes selon le cœur de notre Dieu, le terme d’ascèse ne doit pas nous effrayer, comment la célébration de la Divine Liturgie voulue par Dieu, pourrait-elle être considérée comme une épreuve insurmontable. Certes, nous venons dans l’Eglise avec notre vécu individuel, certes nous sommes partie prenante de notre histoire personnelle, certes nous avons des états d’âmes multiples, mais comme nous le chantons au moment de l’hymne des Chérubins, nous pouvons « déposer maintenant tous les soucis de ce monde, pour accueillir le Roi de gloire, escorté par les chœurs des armées angéliques », voilà la bonne ascèse liturgique par laquelle, l’Esprit de toute consolation et bénédiction, fera de nous des êtres nourris de la bonne sève spirituelle de l’orthodoxie.

 

Si nous voulons avoir la certitude de recevoir les vrais talents pour nourrir et faire fructifier notre existence en Dieu, alors nous devons aller là où se trouve la source de toutes les grâces et bénédictions, là où Dieu vient lui-même nous rencontrer, c’est à-dire, dans la sainte Eglise du Seigneur, cultivons la vie liturgique comme notre talent spirituel le plus précieux dans ce monde et par notre prière personnelle rendons gloire et grâce à notre Dieu.

 

Au Père, source des talents véritables, au Fils qui nous les transmet et à l’Esprit qui les fait fructifier avec nous, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire