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dimanche 6 novembre 2022

Le Semeur.

                                                                        (Luc 8, 5 à 15)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.



Aujourd’hui, l’Eglise qui a vocation à être une icône de cette bonne terre dont parle le Seigneur et un terreau fécond capable d’engendrer avec nous et en nous la vie religieuse et spirituelle, nous invite à devenir jardin d’Eden, terre promise et même royaume de dieu, selon cette parole des saints Pères « Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne dieu », car qui parmi les croyants orthodoxes pourrait penser que l’Incarnation du Seigneur a un autre but, c’est pourquoi en Matthieu 13, 38 nous entendons « la bonne semence ce sont les fils du Royaume de Dieu ». 

 

Le Seigneur dit « la semence c’est la parole de Dieu » et un peu plus loin, IL s’écrie « entende, celui qui a des oreilles pour entendre », l’importance de l’écoute pour entendre est soulignée déjà dans la prière du « Shéma Israël » où il est dit « tu écouteras le Seigneur ton Dieu, lui seul tu écouteras », l’apprentissage d’une telle écoute se pratique au sein de la communauté des « Croyants » dans l’attention liturgique, elle est le cœur de la relation avec Dieu depuis les temps anciens de la Synagogue et se perpétue fidèlement aujourd’hui dans l’Eglise ? 

 

Si donc, je veux non seulement écouter la « bonne parole » mais l’entendre au point de la faire mienne, il me devient évident que je dois être là où cette parole se révèle avec plénitude et pour nous orthodoxes ce lieu unique, saint et sacré est notre sainte Eglise du Christ, dont IL est le « Corps et la Tête », elle est l’école de la vie éternelle dans laquelle nous croyons que nous pouvons expérimenter « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ses bien-aimés ».

 

Mais quelqu’un se voulant avisé objectera « n’est-il pas écrit que le semeur sortit pour semer, comment donc sème t’il dans la seule Eglise », ne croyons-nous pas ou plus que la Création dès l’origine est toute entière Eglise et que l’humanité toute entière a vocation à s’unir pour devenir comme un seul être spirituel ?  Dès le début de la Genèse, le « bereshit bara elohim »,  peut « s’entendre » comme « au commencement Dieu créa le ciel, c’est à dire l’Eglise céleste et la terre, c’est à dire l’Eglise terrestre », Dieu n’a pas crée plusieurs humanité ni plusieurs création, la parole divine créatrice est donc « une, sainte, catholique et apostolique » partout et pour tous, tel que nous le confessons dans le Credo, c’est aussi pourquoi saint Jean peut dire avec certitude en Jean 10, 16 « il y aura un seul pasteur et un seul troupeau ». Dieu n’est-il pas sorti de lui-même en s’incarnant comme homme sans pourtant se quitter un seul instant comme Dieu ? Si nous prions dans l’Eglise que « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n’est-ce pas pour témoigner de l’unité de toute l’œuvre divine, c’est aussi pourquoi saint Paul dit « il est grand le mystère du Christ et de l’Eglise ». 

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée sur le bord du chemin, a été foulée aux pieds et les oiseaux du ciel ont tout mangé », l’oiseau ici est une métaphore de l’esprit de par sa volatilité et liberté apparente, mais ici ces oiseaux du ciel peuvent être vus comme des équivalents de ces esprits sous ciel dont parle saint Paul, ces esprits ennemis de toute l’humanité qui n’ont d’autre désir que de dévorer en nous et autour de nous toute nourriture spirituelle, ces mêmes oiseaux symbolisent également en nous la nuée des pensées parasites qui ne cessent de chercher à troubler notre esprit, c’est à dire, nous rendre sourds et ainsi incapables d’entendre la voix de Dieu. La sagesse populaire ne dit-elle pas des porteurs de mauvaises nouvelles que ce sont  « des oiseaux de malheur ou de mauvaise augure » ! L’oiseau est symbole comme l’esprit de ce qui est difficile à saisir, tous ces oiseaux-esprits qui tournent autour de l’homme, pour lui voler les graines de la prière, sont des esprits déchus et pleins de haine envers le Dieu-Homme et l’homme-dieu en devenir. 

Une autre partie de la semence est « tombée sur le roc, a poussé mais s’est desséchée par faute d’humidité », quelle est cette humidité essentielle pour faire pousser et croître la semence, le Psalmiste en Ps. 114, 8 nous donne une première lumière en nous disant « le Seigneur change le roc en source d’eaux » et Moïse lui-même n’a t’il pas frappé sur l’ordre de Dieu avec le bâton 

sur le roc pour en faire jaillir l’eau vivifiante, mais ici, l’eau indispensable pour frapper le roc d’un cœur endurci est non seulement la parole divine, mais l’eau par excellence qui est celle du « très saint Baptême », seul capable de renouveler l’homme. En Samuel 2, 22, 3 nous lisons

« Dieu est le roc où je trouve refuge », roc inébranlable et inaccessible à toute hypocrisie et mensonge qui voudrait entrainer l’homme dans les chemins de la perdition. 

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée au milieu des épines et en poussant avec elles, les épines l’ont étouffée », que font donc des épines ? Elles blessent plus ou moins profondément, déjà en Jérémie 4,3 nous lisons « ne sème pas dans les épines », car dit le texte « elles étouffent » étranges épines, mais si elles étouffent et donc font mourir cela signifie ici qu’elles empêchent le « souffle » icône du Souffle originel insufflé par l’Esprit de Dieu dans les narines de l’homme, non seulement de respirer librement mais de nous laisser inspirer par toute parole qui sort de la « bouche de Dieu ». C’est pourquoi, saint Paul en Galates 6, 8 nous enseigne que « quiconque sème dans la chair, récolte la corruption, mais celui qui sème dans l’esprit récolte de l’esprit la vie éternelle ». En Matthieu 7, 16 nous lisons « cueille-t-on des raisins sur des épines » ?  C’est donc à nous de choisir quelle sorte de vigne nous voulons planter et avec qui nous iront la vendanger pour ensuite ensemble la goûter en rendant grâce et louange au Divin vigneron. 

 

Dans le verbe « entendre », nous pouvons discerner deux qualités incluses, à savoir tendre au sens de « aller vers » et tendre au sens de « tendresse », si donc, nous désirons recevoir ces « oreilles pour entendre la parole divine », il nous sera bénéfique d’apprendre à cultiver de manière liturgique notre relation à Dieu en « tendant vers Lui notre prière avec une vraie tendresse qui est le désir d’aimer Dieu et l’homme », sans la mélanger avec les épines et les rocs de nos états d’âme fluctuants entre dépression et euphorie dont la naturelle, nécessaire et légitime expression devrait trouver sa place dans la confession. 

 

Une autre partie a été « semée dans la bonne terre et porta beaucoup de fruits », cette terre est ici suffisamment bonne parce que l’homme ou la femme en a pris le plus grand soin pour la préparer à donner des fruits savoureux. L’homme lui-même est cette terre précieuse entre toutes, et l’Eglise est la vigne royale dans laquelle il est possible du cultiver avec l’aide de Dieu et de toute la Communauté sa vigne personnelle, en arrosant la terre aride des débuts par l’eau du Baptême et la prière liturgique. Mais si comme le dit le prophète Isaïe en 24, 20 « la terre chancelle comme un homme ivre », alors l’homme lui-même tanguera dans tous les sens et sera incapable de trouver l’équilibre spirituel nécessaire pour cultiver la terre qui doit non seulement le nourrir, mais qu’il devait transmettre saine à sa postérité. 

 

Que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende », que notre Seigneur compatissant nous aide à nous préparer au don de ces oreilles, afin d’entendre les paroles du salut déjà dans ce monde pour la vie éternelle à venir.

 

Au Père créateur, au Fils unique qui veut faire de nous des fils et des filles de la terre sainte et sacrée du Royaume et à l’Esprit semeur de sagesse spirituelle, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen. 

 

+ Syméon 

 

 

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