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dimanche 13 novembre 2022

Le mauvais riche et le pauvre Lazare

(LUC : 16, 19 à 31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe nous invite à une méditation sur les œuvres de notre existence ainsi que sur leurs fruits et sur ce que sera notre destinée après la mort à ce monde en nous proposant le témoignage suivant, le Seigneur dit : « Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de lin fin, et qui faisait jour après jour des festins somptueux, et à côté, le pauvre Lazare qui gisait là près de son portail, tout couvert de plaies ».

 

L’Ecriture sainte nous dresse un tableau réaliste de la situation de ces deux hommes et nous dit : « Lazare mourut et fut transporté dans le sein d’Abraham, c’est à dire, dans le cœur du père des Croyants authentiques, dans le Royaume des Cieux, le riche mourut à son tour et se retrouva en proie aux tourments de son propre enfer », qui en réalité ne sont que les fruits indigestes et amers de son existence égocentrée », il n’y a là aucune volonté de juger, dramatiser ou de relativiser l’expérience humaine, non, c’est le constat de l’évidence et de ses conséquences selon les choix que nous faisons tout au long de notre vie.

 

Ne croyons pas que le Seigneur ne parle ici que de banquets des seules nourritures matérielles ou intellectuelles, où les belles paroles et les promesses dues aux ivresses psychiques, physiques et passagères jamais tenues sont légion. Non, ce que notre Seigneur montre, c’est la rêverie vide et désincarnée que nous distille le monde dans son éloignement pathétique de la source unique et divine de la vie. Cette rêverie infantile ne peut recevoir aucune racine dans le Royaume de Dieu qui est le pays réel. Les oripeaux d’inhumanité dont se parent avec ridicule les mauvais riches, seront consumés au feu du jugement de Dieu, ainsi que l’existence sans aucune compassion de tous ces aveugles qui guident d’autres aveugles.

 

Le riche s’écria : « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car dans ces flammes, je souffre cruellement ». Incapable de prendre conscience de sa réalité, ce riche qui n’a acquis aucune intelligence de la vie spirituelle durant son pèlerinage terrestre, continue à vouloir imposer sa volonté propre y compris à Dieu, en apostrophant le noble et saint Patriarche Abraham. Le Seigneur Christ ne reproche pas au riche sa richesse mais propose aux riches de méditer comment il peuvent en faire un bien véritable pour eux-mêmes et pour les autres, il ne dit pas non plus au pauvre Lazare, pourquoi es-tu si pauvre, non, le Christ accueille l’un et l’autre en tant qu’ils sont créés tous les deux comme les enfants du même et unique Père Créateur, il n’y aucune allusion négative dans ce monde à être riche ou pauvre, l’essentiel est enraciné dans la vie et l’être humain et désire se révéler à son intelligence et en porter les fruits.  

 

Mais, écoutons avec quelle douceur pourtant Abraham, le Père des Croyants répond à ce mauvais riche, comment l’appelle-t-il ? « mon enfant », car tout homme reste le fils prodigue dont le Père céleste espère toujours le repentir, la conversion du cœur est une ascèse nécessaire, car autrement, nous rappelle Abraham : « il n’y aura pas de passerelle entre vous et nous, mais toujours un abîme qui est infranchissable ». De même, il n’existe aucune passerelle magique entre l’homme et Dieu, pas plus qu’entre l’homme et l’homme, sans l’intelligence du cœur, l’homme n’est pas à même de dissoudre seul le mur de la séparation entre lui et Dieu. L’Eglise en vérité, ne cesse d’accueillir et de dire  avec douceur « mon enfant », à toute personne qui désire se libérer du joug aliénant de ses propres péchés et de la corruption perverse des rois de pacotille qui persécutent l’humanité. Mais, ô terrible aveuglement et endurcissement du cœur de ce mauvais riche, qui par son attitude bornée reste plongé dans la fournaise de feu, « là où sont les pleurs et les grincements de dents », là où les ténèbres s’épaississent encore plus pour lui, pourquoi ? Parce qu’il persévère à vouloir imposer sa volonté du fond même de l’abîme de sa désolation, sa seule obsession se porte maintenant sur les siens, en vérité sur sa volonté propre, pourquoi ne s’est-il pas inquiété plutôt de son propre mode de vie en vue d’édifier ses frères et sœurs et leur montrer la bonne et belle voie.

 

Et voici donc le donneur de leçons, ici, sous le masque de ce riche, et ailleurs sous la forme  séduisante de tous ces docteurs de la loi et autres je sais tout, car que dit-il toujours dans son obsession : « père Abraham, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères » et la suite que je vous invite à relire et à méditer par vous-mêmes.

 

Abraham lui répond : « Ils ont Moïse et les Prophètes, qu’ils les écoutent ». Mais ce riche qui se croit plus sage qu’Abraham, que dit-il : « non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va les trouver, ils se repentiront ». Mais dites-moi, et lui ce riche, quand va-t-il enfin se décider à rentrer en lui-même, à se lamenter sur lui-même, à pleurer sur sa situation désespérée, et qui sait, peut-être obtenir la grâce du pardon par la douce miséricorde infinie du Père du Ciel ? Mais combien aujourd’hui, à l’image de ce riche, ne cessent de provoquer, par leurs paroles et leurs œuvres non pas Abraham, mais le Seigneur lui-même, au risque de s’entendre dire: « engeance mauvaise et incrédule, jusque à quand, devrais-je encore vous supporter » ?

 

Le riche dit « si quelqu’un des morts va trouver mes frères, ils se repentiront », mais pourquoi croiraient-ils un « mort », alors qu’ils n’ont pas cru au Dieu Vivant qui s’est incarné en Jésus au milieu d’eux pour parler à l’humanité ? Les vraies richesses sont spirituelles et si nous voulons devenir de bons riches, alors il nous faut imiter notre Seigneur et de ses richesses divines nourrir, revêtir et accueillir ce pauvre Lazare que nous sommes en vérité nous-mêmes.

 

 Ô folie furieuse de l’âme désorientée, ô stérilité des forces physiques qui ne sont pas mises au service de Dieu et de mes frères, ô ténèbres du cœur dont pourtant le Seigneur lui-même témoigne que : « c’est du cœur que sortent tous les péchés, haine, convoitise, jalousie, avarice … ». Abraham dit qu’il faut écouter Moïse et les prophètes, mais que nous dit le Seigneur lui-même : « que celui qui a des oreilles pour entendre, entende », entendre qui et quoi ? Ce que l’Esprit dit dans l’Eglise, amen.

 

Qui nous donnera de telles oreilles, pour entendre, sinon le Seigneur ! Qui sont ceux qui jamais n’auront une « oreille pour entendre », ce sont ceux dont les pensées sont le reflet des bruits et des agitations du monde, alors que ceux qui désirent vraiment entendre, recherchent d’abord selon la parole du Seigneur « le Royaume des cieux et le reste leur sera donné par surcroît ». Ce surcroît contient toutes les promesses divino-humaines, y compris le don inestimable de « l’oreille pour entendre », entendre qui ? La voix du Père, par le Verbe incarné dans l’Esprit Saint ! Où ? Dans l’Eglise.  

 

Dieu veut faire de nous et avec nous des vivants, des personnes qui apprennent à discerner qui elles sont et qui savent que c’est à la porte de l’Eglise, qu’il est bon de frapper et d’entrer pour acquérir les biens célestes. C’est pourquoi, notre Seigneur  n’a pas honte de s’asseoir comme le pauvre Lazare à la porte de notre cœur, afin d’entrer avec nous dans la profondeur de notre être et là, de nous nourrir dans l’Eglise du festin spirituel proposé autant aux riches qu’aux pauvres, nourriture qu’IL est lui-même pour la vie et le salut éternels de tous ceux et celles qui le désirent librement, et qu’aucune richesse matérielle ni même spirituelle ne saurait acheter.

 

Saint Paul dit dans l’épître de ce jour « pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde », c’est dans cette ascèse que l’homme peut devenir un christ et s’affranchir intérieurement des contraintes inhumaines qui cherchent sans cesse à dominer l’humanité. Il ne s’agit pas ici pour nous de juger le monde, car Dieu seul est le juste Juge, mais de refuser tout compromis avec les ténèbres toxiques véhiculées par les mensonges du vieil homme.

 

Au Père des richesses éternelles, au Fils qui nous les donnent sans compter et à L’Esprit Saint qui les fait pleinement fructifier, soit la gloire, dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

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