(Luc : 5, 1 – 11)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, L’Eglise orthodoxe notre véritable barque spirituelle nous invite à voyager avec le Christ en elle afin d’entendre de lui les paroles de la vie éternelle pour mettre en œuvre avec nous notre existence religieuse et bénir notre devenir en vue de notre salut. De quoi parle le Seigneur ? De pêche qui de laborieuse et stérile devient douce et abondante, si nous la vivons avec le Christ.
Nous comprenons qu’il s’agit ici et pour nous d’une pêche spirituelle, qui pour porter de bons et savoureux poissons, nous demande à l’image du Christ de quitter tout ce qui nous enserre au point d’étouffer et la parole de Dieu et jusqu’à notre propre existence. Que fait le Christ ? Il monte dans une barque et nous invite à y monter avec lui pour nous éloigner du rivage, c'est-à-dire à distance des lieux communs, qui alimentent nos pensées, nos paroles ou nos œuvres, et nous empêchent de nous renouveler en esprit et en vérité.
Imitons le Seigneur, car il est l’unique modèle de toute perfection et comme Lui, enseignons le saint évangile à notre cœur et à notre esprit qui gémissent de l’abandon dans lequel nous laissons notre existence spirituelle. Notre Saint Christ, voit la lassitude parfois extrême qui peut saisir chacun d’entre nous, lorsque comme ces pêcheurs, nous avons le sentiment que rien ne va, que nous sommes incapables de nous engendrer à la beauté de la vie religieuse, que nous avons lancé tant et tant de filets au sein de nos familles, amis ou couples et que sans cesse, tout nous semble stérile et inutile.
Que dit le Christ ? Jette encore et encore le filet de l’espérance dans ta vie jusqu’à atteindre un jour ton cœur profond, et là tu verras émerveillé qui tu es vraiment depuis toujours et pour toujours dans la liberté intérieure. Le Seigneur est là, au bord du lac, il contemple sereinement ce qui se passe autour de lui, puis choisit une barque c’est-à-dire une orientation précise parmi celles qui sont possibles. Nous aussi nous devons apprendre à discerner dans quelle barque et avec qui nous y montons pour ne pas nous retrouver encore et encore dans les galères qui prennent un malin plaisir à se répéter. Le Christ ne s’est pas embarqué tout seul pour accomplir son œuvre, la solitude qui enferme serait ici le signe même de la stérilité spirituelle. Il embarque avec tous ceux et celles qui désirent le suivre, pour traverser ensemble les nuits et les jours de notre vie en Dieu et dans le monde.
Le Christ dit à Pierre « jette en eau profonde », c'est-à-dire quitte la superficie des êtres et des choses si tu veux pêcher la vraie vie qui est le fond même de ton être et de ta personne. Pierre répond comme pour se justifier, ce que nous faisons en permanence, mais qui nous demande de nous justifier, « nous avons pêché toute la nuit sans rien prendre ». Si nous cultivons sans cesse la nuit de nos ignorances, de nos doutes, de nos erreurs, nous risquons de mourir littéralement de faim spirituelle, mais si nous nous tournons résolument vers le Christ, alors pour nous aussi la pêche sera miraculeuse et si abondante que nous aurons naturellement le désir de la partager avec tous nos frères et sœurs qui le souhaitent.
Les miracles spirituels se réalisent dans la communion des personnes et non dans le jugement des individus envers d’autres individus. Si nous estimons que l’autre n’est pas digne de participer à la pêche spirituelle dans l’Eglise dans telle ou telle fonction, qu’un tel ou une telle vu son histoire ne devrait même pas être reçu dans l’Eglise, alors Dieu lui- même avec toute Sa miséricorde et Sa compassion ne nous sert à rien, car notre attitude serait celle de braconniers qui volons non seulement notre frère ou notre sœur, mais dépouillons en quelque sorte Dieu lui-même de Sa divine générosité. Disons humblement nous aussi avec Pierre : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur », alors L’Esprit de toute grâce nous libèrera de tout jugement sur nous-mêmes et sur l’autre en nous donnant de nous recouvrir les uns les autres du manteau de l’amour fraternel et de la prière de compassion authentique.
Regardons la vie dans l’Eglise du Christ, voici la barque du prêtre et celle du diacre au service de l’Autel, celle du chef de chœur et celle des choristes ensemble au service de la Communauté tout entière, celle des Fidèles unis à celle du chœur et à celle de l’Autel, les barques des saints et des anges qui s’unissent pour concélébrer avec nous, toutes ces barques pour accomplir une seule et unique œuvre divino-humaine qui est de célébrer les très saints Mystères du Christ, ceci n’est possible que dans l’amour de Dieu et du prochain, par la persévérance de l’ascèse évangélique.
Que dit le Christ encore à Simon-Pierre : « sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu vas pêcher ». Cette parole est dite pour chacun et chacune d’entre nous, nous devons jeter le filet de l’amour de Dieu au fond de nous-mêmes pour y pêcher notre humanité et la sanctifier. Cette pêche de soi-même est une voie spirituelle bénie par le Seigneur, pour veiller sur ce que je suis de plus précieux dans le regard de Dieu. Veiller sur ce que je porte de plus beau et de plus vrai en moi, c'est-à-dire l’image de Dieu, c’est nourrir la vie divine en moi, oui je veille sur la présence divine en moi et nous comprenons avec tous les saints, que l’icône d’une telle veille, c’est Marie-Théotokos.
L’Eglise orthodoxe connaît toutes les conditions d’une telle veille et les donnent à qui veut s’en rassasier, il suffit de venir et de persévérer dans la célébration de la Divine Liturgie et de prolonger celle-ci dans l’existence quotidienne pour que la pêche devienne peu à peu abondante et savoureuse spirituellement et riche humainement. Voulons-nous une voie parfaite pour être sanctifié, alors apprenons à vivre selon l’amour du Christ. Saint Jean nous dit « Dieu est Amour » et saint Paul nous dit « tout passera sauf l’Amour ». Prions Dieu de nous donner d’aimer ainsi, car autrement, je ne peux me réjouir de l’existence de l’autre, ni me réjouir de ma propre existence et je vais recommencer à persécuter l’autre et à me persécuter dans une farandole sans issue existentielle véritable.
Ne nous épuisons pas à lutter frontalement contre nos péchés et à désespérer de notre salut, mais apprenons à cultiver l’amour de Dieu et l’amour pour la vie selon l’Evangile du Christ. Souvenons-nous que nous sommes chacun et chacune un Christ en puissance et puisons dans cette vérité, l’ascèse qui est bonne pour nous. L’amour se nourrit d’amour et la Divine Liturgie est le Don même de l’Amour et cet Amour est porté et engendré par la lumineuse et splendide humilité de l’Eglise orthodoxe de notre saint Christ.
La prière tournée vers Dieu, est la meilleure médiation pour être exaucé selon cette parole « demandez et vous recevrez », mais comment prier ? Apprendre à « être présent à la présence divine dans notre prière personnelle ou liturgique », enraciner la prière en nous en vue d’acquérir par l’Esprit Saint la ferveur dans la prière et pour cela « être simple, être confiant et être attentif ».
Etre simple, selon cette parole du Psaume 116, 6 « Dieu garde les simples », saint Paul en Ephésiens. 6, 5 « serviteurs, obéissez dans la simplicité de vos cœurs », c’est à dire prions sans aucune recherche de sensations intérieures ou extérieures et laissons à L’Esprit Saint le choix des fruits de cette expérience pour nous.
Etre confiant, selon cette parole du Psaume 73,28 « je mets ma confiance dans le Seigneur », c’est être dans la certitude que Dieu est là, non seulement il nous écoute et nous voit, mais il répond toujours de manière personnelle, inutile de crier comme si Dieu était lointain ou pire absent, IL est là.
Etre attentif, selon cette proclamation du prêtre ou du diacre pendant la célébration liturgique « soyons attentifs »,d’abord à nous-mêmes ne nous laissons pas détourner de l’essentiel, accueillons ce que l’Esprit dit à l’Eglise et à notre esprit, et dans cette attention à la présence divine, disons les mots de la prière simplement et avec confiance, revenons tranquillement à la prière à chaque fois que nous prenons conscience que nous nous sommes laissés dispersés par des pensées inutiles et stériles, juste revenir à la prière sans nous juger ou juger la qualité de notre prière.
La Tradition spirituelle de notre Eglise propose à notre liberté la « prière de Jésus », comme modèle pour apprendre à prier, mais pour que la prière porte des fruits selon Dieu, nous devons haïr le péché et non le pécheur, le péché est inhumain et donc étranger à l’homme créé par Dieu à l’origine. Mais ne luttons pas seul contre les péchés, ne nous isolons pas au cœur de l’Eglise ni au sein du monde, prions Dieu de nous donner la grâce de convertir en nous les ténèbres en lumière en apprenant à cultiver l’acte d’aimer, c’est à dire, pratiquer l’enseignement évangélique pour l’amour de Dieu et du prochain, « l’amour divino-humain est le vrai poisson seul désirable de la pêche spirituelle », dont nous parle l’Evangile de ce jour.
C’est pourquoi, la barque de l’Eglise a vocation à pêcher l’homme dans la mer de l’humanité, elle nous emmène infiniment plus loin et plus profond que celle d’Ulysse à la recherche de la toison d’or dans le jardin des Hespérides, elle vogue bénie vers le Royaume de Dieu afin que nous soyons revêtus de la robe nuptiale en vue de nous rassasier autour de la table du Christ, par les poissons spirituels contenus dans la divine grâce pour la vie éternelle.
Au Père source de l’Amour, au Fils incarnation de l’Amour et au Saint-Esprit donateur de l’Amour, soit la Gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles aux siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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