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dimanche 11 septembre 2022

Sel de la terre et lumière du monde

(Math. 5, 14 à 19)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Aujourd’hui, l’Eglise nous remémore cette parole éblouissante du Seigneur « vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde », saint Jean nous dit que « qu’en lui, le Verbe divin, était la vie et que la vie était la lumière deshommes », là le Seigneur de gloire glorifie l’homme en lui disant « tu es la lumière du monde », divine humilité du Christ qui montre à quelle hauteur il situe la personne humaine. 

 

Que penser, que dire, que faire devant une telle parole, peut-être juste commencer à y croire vraiment et ne plus s’embourber dans les pensées stériles habituelles du style « je ne suis rien, je ne vaux rien, je ne suis pas digne et autres mises à mort de notre âme ». Ce qui est demandé, c’est de ne plus laisser notre sel de l’esprit s’affadir et de témoigner par notre lumière devant les hommes, pourquoi ? Afin que « les hommes voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est aux cieux ». 

 

En Genèse 19, 26 il est écrit « elle devint une statue de sel », une telle statue n’est qu’une idole sans vie et momifiée, alors que le sel dont parle le Seigneur est celui de la sagesse créatrice qui est une grâce divine qui permet de se façonner avec Dieu, une vie et une existence qui vaille la peine d’être vécue. Saint Marc, 9, 50 commente le sel dont parle le Seigneur en disant « ayez du sel en vous-mêmes pour vivre en paix, les uns avec les autres », nous pouvons en conclure que la paix est la véritable saveur du sel spirituel. Mais de quelle paix s’agit-il ? De celle dont le Christ nous dit « Je vous donnerais la paix qui surpasse toute intelligence », c’est pourquoi saint Paul enseigne à la suite de saint Marc que « votre parole soit toujours aimante, et de plus assaisonnée de ce précieux sel qui est l’art de répondre à chacun avec intelligence ». 

 

« Vous êtes la lumière du monde », là aussi comme pour le sel, nous pouvons méditer sur Genèse 1, 4 « Dieu sépare la lumière d’avec les ténèbres », la lumière est singulière et unique, alors que les ténèbres sont aussi nombreuses que nos pensées non purifiées par l’Esprit Saint, toutes ces pensées humaines trop humaines qui ne cessent d’essayer de nous limiter à la sphère psycho- somatique et matérielle. 

 

Si donc nous voulons nous séparer des ténèbres, il sera nécessaire de prier Celui qui est non seulement la Lumière absolue, mais aussi le créateur et donateur de la lumière spirituelle qui peut illuminer les ténèbres les plus ténébreuses ce dont témoigne saint Jean 1,5 « la lumière luit dans les ténèbres ». Peut-être quelqu’un dira que tout cela est bien beau, mais comment sortir réellement de nos ténèbres, la création divine est bien faite et ce sont les « tournesols » qui vont nous donner la solution, nous pourrions peut-être comme eux nous tourner vers notre beau soleil spirituel le Christ, qui rayonne au sein de la vie liturgique de notre Eglise. 

 

En saint Jean 8,12 le Christ dit « Je suis la lumière du monde » et ailleurs « marchez, tant que vous avez la lumière », tant que vous existez dans ce monde, ne le quittez pas en état de ténèbres que n’éclaire plus aucune espérance d’une vie possible après la mort. Nous pouvons ici comprendre, c’est à dire « prendre avec nous », cette parole divine comme le signe qui montre que la voie des béatitudes est celle qui révèle dans l’homme la lumière qui l’habite et peut faire de lui et avec lui un bienheureux selon la grâce divine, le bienheureux est vraiment « sel de la terre et lumière du monde ».

 

Le malheureux individualiste autant révolté contre Dieu que contre l’homme, plongé dans les ténèbres du manque de discernement spirituel, aveuglé pas les pseudo lueurs d’un monde replié sur lui-même, se meurt de solitude aride et réfractaire à toute spiritualité religieuse.

C’est pourquoi, saint Paul en 2 Cor 6, 14 dit « quoi de commun entre la lumière et les ténèbres » ? La lumière et les ténèbres étaient incompatibles jusqu’à l’incarnation parmi nous du Christ qui est la « véritable lumière qui peut éclairer tout homme dans ce monde », à condition que l’homme de ténèbres désire accueillir la vie lumineuse divino-humaine. Si donc, nous voulons émerger hors de nos ténèbres intérieures et nous engendrer à la lumière de la vie, nous pouvons nous tourner résolument vers Dieu, selon la parole de saint Jean en 1, 5 « Dieu est Lumière, il n’y a aucune ténèbres en Lui », car nous savons que si un « aveugle guide d’autres aveugles, ils finissent tous par tomber dans l’abîme ». 

 

La lumière dont il est témoigné ici est celle de l’esprit d’intelligence, dont nous parle saint Paul, en 1 Cor 2, 11 « car qui connaît les choses dans l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui...et qui connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu ». L’apôtre Paul souligne ici avec réalisme ce double mouvement unissant Dieu et l’homme, celui de se connaître par l’esprit qui sonde les profondeurs de l’être et donne la connaissance divino-humaine par la grâce de Dieu.

 

« Vous êtes la lumière du monde », si donc je désire m’éclairer par cette lumière, il me faut aller la chercher à la source intarissable qui est le Christ qui nous dit lui-même « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », et donc croire que même dans nos ténèbres, le salut de Dieu est possible. Dieu est vivant et lumière, l’Eglise est notre Mère lumineuse, spirituelle et religieuse auprès de laquelle nous pouvons expérimenter la vie en Dieu proposée à tout baptisé au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Dans l’Eglise corps du Christ se trouve toute l’œuvre divino-humaine du Seigneur, c’est pourquoi, Dieu l’a déposée au cœur du monde comme un phare lumineux, avec comme vocation d’illuminer les ténèbres de ce monde et éveiller l’humanité endormie. 

 

La méditation du mystère de l’Eglise comme lumière divine est vitale pour nous orthodoxes, car elle aussi notre propre mystère et la lumière enfouie au fond de notre être, l’Eglise de Dieu est une icône de l’économie divine dans le monde et un miroir lumineux où chacun et chacune peut recevoir la grâce de voir le Dieu vivant face à face sans mourir.

 

« Vous êtes la lumière du monde », l’Eglise, lumière divine incarnée, n’est-elle pas « le Corps du Christ dont IL est la tête ? » Elle nous transmet toute la lumière spirituelle que nous pouvons espérer, dont nous pouvons nous nourrir et nous désaltérer pour pratiquer l’ascèse qui convient à notre désir de vie orthodoxe. 

 

« Vous êtes la lumière du monde », c’est là tout simplement notre vocation depuis notre création originelle, sinon comment pourrions-nous en vivre, cette lumière que nous sommes et qui nous habite, doit commencer par se révéler ici dans notre réalité terrestre, non, il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires ou de jouer les originaux, mais d’apprendre à mettre jour après jour de manière modeste mais régulière en œuvre l’enseignement évangélique, de venir à l’Eglise régulièrement pour concélébrer ensemble dans la lumière liturgique les mystères du Christ, dont la finalité ultime est le salut éternel de l’homme.  

 

« Vous êtes la lumière du monde », du monde pas du « Royaume de Dieu », la lumière plénière sera là lorsque selon la promesse divine « Dieu sera tout en tous », avec espérance, écoutons et pratiquons la sagesse de l’Eglise et bénissons Dieu pour toutes ses grâces.

 

Au Père source de la lumière, au Fils incarnation de la lumière et à l’Esprit illuminateur, soit la gloire et la louange, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

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