(Matthieu 22, 2 à 14)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à venir vers elle, afin de recevoir le don de notre robe nuptiale, pour participer aux noces spirituelles et au banquet mystique, autour de l’Autel qui est la table royale où trône la Divine Trinité, pour célébrer ensemble la Divine Liturgie. La robe nuptiale symbolise ici, toutes les conditions personnelles, ecclésiales et spirituelles à mettre en œuvre pour rencontrer le Roi des rois, Son Fils Jésus, le Saint-Esprit…et notre prochain.
Nous avons déjà entendu parlé, des vêtements spirituels que doivent revêtir ceux qui désirent vivre selon l’Evangile, ces habits bénis que sont les Dons de l’Esprit de Dieu énumérés par saint Paul et qui sont « l’amour, la paix, la joie » ainsi que les autres dons que Dieu donne à qui les Lui demande. Ces dons nous sont proposés en vue de créer avec Dieu la robe nuptiale vivifiante qui nous est personnellement destinée, la qualité de notre robe nuptiale sera aussi une icône, un témoin fidèle de toutes nos œuvres existentielles.
Mais dirons-nous peut-être, de quoi est donc faite cette fameuse robe nuptiale si désirable et si nécessaire pour être reçu comme un convive à la table divine ? Elle est tissée de lumière et de vie… la robe nuptiale est faite de la lumière incréée, de cette lumière plus que lumineuse qui irradiait de la splendeur du Dieu vivant, au sommet du Mont Thabor, où le Seigneur Christ s’est transfiguré devant Jean, Pierre, Jacques, et devant les prophètes Moïse et Elie. Cette belle robe nuptiale lumineuse, ne peut être tissée par nos seules œuvres humaines, bien qu’elle soit faite avec nous et pour nous, elle est le premier vêtement spirituel originel fait pour l’homme sorti des mains créatrices de notre Père du Ciel, ces mains saintes, pures et divines que sont le « Verbe et l’Esprit ». Mais l’ultime et véritable robe nuptiale donnée par la grâce de Dieu, sera le « corps de gloire », c’est à dire notre « corps transfiguré et déifié » semblable par grâce à celui de notre Seigneur, le Saint Ressuscité.
Le Seigneur dit : « le Royaume des Cieux est semblable à un roi qui fît un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs convier les invités à la noce, mais ils ne voulurent pas venir ». Nous connaissons tous, les serviteurs de Dieu qui nous ont été envoyé à travers le temps et l’espace dans l’histoire de l’humanité, les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Anges, et de nos jours, l’Eglise dans laquelle les prêtres ne se lassent pas d’inviter les hommes, à venir tous se rassasier des nourritures spirituelles et en premier, du « Corps et du Sang de notre Seigneur ».
Saint Paul dit à son disciple Tite : « toi, enseigne à temps et à contre temps, tout ce que je t’ai enseigné », de même, les prêtres ne cessent de nous rappeler l’enseignement évangélique et de nous prier de venir avec assiduité à l’Eglise, au banquet royal divino-humain, car c’est là et seulement là, que nous pouvons espérer recevoir toutes les grâces et bénédictions utiles pour façonner peu à peu notre robe nuptiale et nous préparer à festoyer spirituellement dans l’éternité du très saint Royaume de Dieu.
L’Evangile nous dit encore : « de nouveau, il envoya d’autres serviteurs…tout est prêt, venez aux noces ! Mais ils ne voulurent pas venir ». Cette parole, renvoie chacun et chacune d’entre nous à lui-même, certes nous sommes venus aujourd’hui et nous avons dit « amen » à l’invitation divine. Mais notre présence, dans l’Eglise-Royaume, de quoi est-elle en « esprit et en vérité le signe » et quel en est le sens réel et le fruit dans notre vie? Le saint Evangile nous est donné comme une source de méditation pour vivifier notre existence, et non comme un discours basé sur l’infantilisation et des interdits qui relèvent d’une psychologie de pacotille.
Nous pouvons être là, dans l’Eglise, et pourtant toutes sortes de résistances intérieures peuvent se réveiller et nous travailler, les pensées alors ne nous lâchent pas, la concentration semble impossible, la liturgie paraît interminable. L’Evangile de ce jour témoigne de toutes ces choses dans notre âme qui peuvent nous parasiter, mais cette épreuve de l’âme peut devenir pour nous libératrice, si nous acceptons de l’accueillir et d’agir avec l’intelligence du cœur.
L’Evangile poursuit : « mais ils ne tinrent pas compte de cette invitation et s’en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce, et les autres s’emparèrent des serviteurs, les maltraitèrent et même les tuèrent ». L’Evangile nous montre ainsi des invités dont l’âme est instable, ils oscillent entre ignorance, indifférence et folie meurtrière, individus désorientés par les pensées insensées de leurs cœurs, possédés par leurs possessions, ballotés au gré de leurs états d’âme, orphelins de leur précieuse humanité, perdus en eux-mêmes au point d’être devenus comme insensibles à la rencontre possible avec le Roi et son Fils.
Alors, le roi dit à ses serviteurs : « le festin est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes ; allez dans les carrefours et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver » ! Pourquoi donc, les invités se sont-ils eux-mêmes rendus indignes du festin ? Le Seigneur nous éclaire : « parce qu’ils calculent chacun pour soi et en soi, si au fond çà vaut vraiment la peine de se déplacer à l’Eglise, pourquoi sont-ils ainsi? Pour toutes sortes de raisons, par désintérêt, manque de foi, d’espérance et d’amour envers Dieu, leur prochain et la sainte Eglise du Christ. La conversion de leur cœur a beaucoup de mal à se réaliser, l’esprit résiste à la grâce, la vie religieuse se limite au minimum et ne permet pas un enracinement réel dans la vie spirituelle et dans l’Eglise. C’est pourquoi, l’humanité se revêt de ténèbres qui engendrent dans les âmes incrédules et non converties, les malheurs éprouvants de ce monde qui ont pour nom générique la « dépression » avec son cortège d’illusions pathologiques.
Alors dit l’Ecriture : « les serviteurs du roi s’en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle des noces fût remplie de convives ». Cette multitude d’individus appelés au festin céleste, est celle qui était encore en dehors de l’Eglise, elle ignore tout ou presque de ce roi qui les invite, mais cette sorte d’innocence par ignorance ne peut suffire à justifier leur refus de connaître qui est en vérité ce roi.
C’est pourquoi, nous ne pouvons pas venir dans l’Eglise par habitude et sans conversion véritable de notre cœur, sans désir de Dieu librement choisi, sinon nous nous privons nous-mêmes de l’héritage divin. « Etre orthodoxe, c’est le devenir, » c’est tout faire pour ressembler au Christ notre Dieu, le Christ est allé à la Synagogue, nous sommes donc invités à l’imiter et à aller à l’Eglise. La vie selon Dieu ne se résume pas à des pensées sur Dieu, mais à agir de manière digne d’un chrétien orthodoxe, sinon nous risquons de nous voir mettre à la porte et de nous entendre dire par le Seigneur la parole qu’Il a dite aux vierges folles : « Je ne vous ai jamais connu ». Nous pouvons venir à l’Eglise quelques soient nos états d’âmes, car nous savons que « le Seigneur témoigne lui-même qu’Il est venu pour les malades et non pour les biens portants », mais le roi ne peut nous donner audience ni nous guérir en notre absence.
Ensuite dit l’Evangile : « le roi entra pour voir les convives, et il aperçut un homme qui ne portait pas l’habit nuptial. Il lui dit : « mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir l’habit nuptial ? Mais l’homme resta muet, qui est l’homme muet, c’est celui qui ne parle ni avec Dieu ni avec l’homme, c’est celui, dont la présence au banquet n’est motivé que par le voyeurisme et l’intérêt pour les nourritures matérielles du banquet. Il n’entre pas en lui-même et n’entend pas le roi lui dire « mon ami », parole qui aurait pu le sauver de sa solitude tragique et provoquer une ouverture dans son esprit, alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres extérieures ». Gardons-nous de porter un jugement sur l’attitude du roi ou sur l’homme muet, rentrons en nous-mêmes et voyons d’abord dans quel état est notre propre robe nuptiale.
Ainsi, il est absolument illusoire de penser qu’il suffit d’être là dans l’Eglise pour être sauvé, de faire acte de présence sans s’engager vraiment dans la conversion du cœur et dans la vie spirituelle. L’Eglise est l’œuvre de tous, c’est notre plus beau chantier commun, c’est le trésor des trésors que nous devons transmettre à nos enfants, et à tout homme et toute femme de bonne volonté. La robe nuptiale se tisse dès le plus jeune âge, sur le métier liturgique et sur la conversion de notre esprit, dans le désir simple et réel qui consiste à suivre et à vivre avec Celui qui nous dit : « Je Suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».
La prière liturgique est pour nous le temps privilégié et favorable, pour demander à la Divine Trinité tous les biens précieux et nécessaires pour notre salut, ces biens qui sont tous contenus dans l’expression générique de « robe nuptiale ». C’est pourquoi, les saints et les anges nous recouvrent de leur robe glorieuse et de leur sainte prière, afin que notre Dieu, Ami de l’homme, nous comble de bénédictions pour notre salut.
L’Eglise tout en étant la plus belle icône du Royaume de Dieu ne s’impose pas, elle respecte la « liberté glorieuse des enfants de Dieu », elle attend donc comme une mère spirituelle très sage, humble et patiente, que viennent les véritables invités du Seigneur. L’Eglise a comme vocation de transformer les « appelés » que nous sommes tous en « élus et amis de Dieu », et cette sainte vocation divino-humaine et ascétique se réalise de manière privilégiée, au cours du banquet mystique qui est la célébration ensemble de la Divine Liturgie.
Saint Jean nous enseigne dans son Prologue : « que tout a été fait par le Verbe, que celui-ci est la vie et que la vie est la lumière des hommes », la robe nuptiale qui est faite de cette lumière du Verbe éternel, s’engendre donc pour nous chrétiens orthodoxes à partir de la vie divine en Christ et dans son Eglise et nulle part ailleurs. Si donc, nous voulons que Dieu lui-même nous revête de Sa lumière, venons communier au Corps et au Sang du Christ, car « l’Eucharistie est la matrice spirituelle » de cette robe nuptiale. Ne soyons pas « muets » comme cet homme qui n’avait pas la robe nuptiale, mais parlons à Dieu, parlons avec Dieu, parlons entre nous, par la louange à travers la Divine Liturgie et ce faisant, nous donnons à Dieu l’occasion de répondre à notre prière liturgique et à notre prière personnelle.
Au Père et Roi qui bénit les noces spirituelles de Son Fils avec l’humanité, à l’Esprit Saint qui nous invite sans cesse au festin divino-humain, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire