(Luc 24, 36 à 53)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint- Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène de manière prophétique de la terre au ciel, l’humanité bénie et rachetée par le Seigneur retrouve la place qu’elle n’aurait jamais du perdre, et qui est la vie bienheureuse auprès de la Divine Trinité en Jésus-Christ. Par Son Ascension, le Seigneur transmet à l’Eglise la grâce de poursuivre l’œuvre du salut de l’humanité, selon cette parole : « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi et même de plus grandes », la vocation de l’Eglise orthodoxe est aussi de préparer l’humanité à réaliser son ascension vers le Royaume de Dieu.
L’Evangile nous dit : « tandis qu’ils disaient cela (à savoir IL est vraiment ressuscité), Lui se tint au milieu d’eux et leur dit : « la Paix soit avec vous, saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit ». Au milieu d’eux dit l’Evangile, « eux », ce sont nos pères et nos mères dans la foi, c’est à dire les premières pierres vivantes de la sainte Communauté ecclésiale originelle. L’Eglise se construit avec au moins deux ou trois témoins et dès lors le Christ vient se tenir au milieu de cette petite assemblée, mais ce qui est vrai pour l’Eglise doit l’être aussi pour chaque croyant, n’est-il pas écrit : « ne savez-vous pas que vous êtes le temple de l’Esprit Saint ? ».
Un temple dispersé et désuni peut-il espérer célébrer dignement la présence de Dieu ? Quels seront alors en nous, en chacun d’entre nous, ces deux ou trois témoins et ce milieu qui doivent s’unifier afin de ne pas être effrayé et craintif en présence du Ressuscité ? Ce sont le « corps, l’âme et l’esprit et leur milieu est le cœur, qui est le trône de la Divine Trinité ». Que signifie, Il se tint au milieu d’eux ? Cela signifie que notre ascèse de vie très concrète pour accueillir le Seigneur ressuscité en esprit et en vérité, consiste à unifier notre corps, notre âme et notre esprit dans « l‘unité du cœur » qui est ce milieu où Jésus se révèle et dit à chacun : « la Paix soit avec toi ».
Que signifie ne pas être unifié et donc ne pas pouvoir croire malgré l’évidence à la Résurrection du Christ ? Cela signifie que notre expérience réelle de la Résurrection, sera partielle et limitée au corps, à l’âme ou à l’esprit sans réaliser l’unité par le cœur. Dans cet état sans harmonie réelle, nous pouvons expérimenter différentes sensations et émotions corporelles, psychiques ou intellectuelles, qui certes sont réelles, mais restent morcelées et limitées, et donc peuvent nous empêcher de croire comme les disciples, que c’est bien le « Seigneur Ressuscité qui est là parmi nous ». Que signifie que c’est bien le Seigneur qui est là ? Où donc se laisse t’IL voir ? N’est-IL pas ici dans l’Eglise, avec nous, au milieu de nous, pour nous, ne vient-IL pas frapper à la porte de notre cœur, pour se donner en nourriture pour la vie éternelle, c’est à dire pour préparer avec nous ce que notre sainte Eglise célèbre aujourd’hui, à savoir son Ascension et notre ascension à la droite du Père céleste.
Le Seigneur poursuit : « et voici que moi, Je vais envoyer sur vous Celui que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la Force d’en-haut ». Ce que le Seigneur enseignait à ses disciples et apôtres de vive voix, l’Esprit Saint qui nous est promis nous l’enseignera désormais dans la sainte Eglise et si nous sommes tout entier présent, alors nos cœurs deviendront brûlants et nos yeux s’ouvriront à la véritable contemplation des saints mystères du Christ. Que signifie « vous donc, demeurez dans la ville » ? Cela signifie, que notre corps est comme une ville qui contient en lui l’autel spirituel qui est notre cœur, donc restons au cœur de nous-mêmes, dans la Jérusalem intérieure qui est la Paix du Christ Ressuscité, jusqu’à l’avènement du Saint Esprit. Le Consolateur promis et si désiré par l’Eglise du Christ, lui seul peut nous unifier et nous unir spirituellement « tout entier à Dieu tout entier ». Le Seigneur ne se donne t’IL pas tout entier à moi tout entier à chaque fois que « je communie à Son Corps et à Son Sang », de même le Christ m’élève tout entier sauvé et racheté.
L’Ecriture dit : « et il advint, comme IL les bénissait, qu’Il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux s’étant prosternés devant Lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu ». Depuis l’origine de la Création, la Divine Trinité n’a cessé de veiller dans Son cœur divin et paternel sur l’homme Son bien-aimé. Par la séparation et la montée au ciel, le Christ devient pour nous le précurseur auprès du Père pour Lui annoncer la « bonne nouvelle de l’humanité sauvée ». L’Eglise à travers la Divine Liturgie, les Offices et les Sacrements, répand avec abondance sur l’humanité, la bénédiction divine en Jésus-Christ, pour que tout homme et toute femme de bonne volonté, puisse à son tour réaliser son ascension, en acceptant de passer d’abord par sa croix et par sa mort au péché, pour ensuite être élevé dans le Saint des saints, c’est à dire, le Royaume de Dieu.
Ainsi « l’Eglise sagesse et gloire de Dieu », mère aimante et enceinte de toute l’économie divine, témoigne de manière vivante de la vie de Dieu parmi et avec les hommes, et de la vie de l’homme au sein de la Divine charité. Ne sommes-nous pas silencieux et sidérés comme les Anges, en contemplant l’Incarnation de Dieu, Sa Résurrection et aujourd’hui Son Ascension ? Voyons-nous ô combien l’homme est élevé en Christ au-dessus de tous les temps, de tous les âges et même de tous les anges, alors rentrons en nous-mêmes et faisons comme Marie : « qui méditait toutes ces choses dans son cœur ».
L’Ecriture Sainte est pleine d’exemples d’ascensions, ne voyons-nous pas Elie s’élever au ciel dans un char de feu ? Et son disciple Elisée le supplier de lui donner une double part de son esprit avant qu’Elie ne disparaisse à jamais aux yeux des hommes? Mais nous les enfants lumineux de la sainte Eglise, ce n’est plus vers Elie que nous crions, mais vers le Seigneur d’Elie, le Christ notre Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, et de tous les Prophètes et Patriarches qui ont vu la gloire de Dieu.
Ce n’est pas une double part de l’esprit d’un prophète qui nous est promis, mais L’Esprit de Dieu lui-même, l’Esprit de toute grâce, bénédiction et consolation. Quand nous est-il donné de voir s’élever le Christ et l’Eglise toute entière avec Lui, n’est ce pas pendant la Divine Liturgie ? N’est-il pas écrit « Celui qui est monté est le même que celui qui est descendu », le Christ n’est-IL pas descendu par l’Incarnation et ne monte t’IL pas aujourd’hui par l’Ascension ? Soyons vigilants au moment où le prêtre accomplit l’Elévation avec ces paroles « les saints Dons aux saints », c’est à ce moment que le prêtre et l’Eglise offrent à la Divine Trinité la louange liturgique, sur le char de feu spirituel que sont la « patène avec le Corps et le calice avec le Sang du Christ », ce char très saint, pur et sacré sur lequel Jésus monte s’offrir au Père pour le salut de l’humanité.
L’Eglise est une icône de ce char nuptial sur lequel Dieu et l’homme célèbrent leur rencontre pour n’être plus qu’un seul Esprit, qu’une seule Vie, qu’un seul Amour. C’est pourquoi le Seigneur divino-humain, le Christ qui monte et qui descend, réalise cette prière : « afin que tous soient Un, comme toi Père et Moi nous sommes Un ». La nature de l’Eglise toute entière et son essence sont nuptiales, sa vocation unique est la célébration spirituelle de l’union par amour entre Dieu et l’humanité.
En bénissant et en s’élevant, le Seigneur donne aux hommes, c’est à dire ici à l’Eglise toute liberté et bénédiction de continuer Son œuvre en lui donnant comme mission : « allez et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant tout ce que je vous ai prescris ». Que signifie tout ce je vous ai prescris ? Cela peut se résumer à cette œuvre spirituelle qui est le cœur même de la vie orthodoxe, impossible à réaliser sans l’Esprit Saint qui nous est promis et qui vient dans l’Eglise, cette œuvre unique et très aimée de Dieu est : « aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimé ». Car en vérité, il est vain, stérile, inutile et contraire à la vie évangélique de croire qu’être orthodoxe, soit autre chose que : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ».
Que signifie encore l’Ascension de Jésus ? Quel est son témoignage spirituel? Cela signifie que l’homme qui est élevé par l’ascension du Seigneur auprès du Père, par cette élévation même, passe de la mort à la vie, vers la libération de tout attachement à ce monde asservi par le péché. L’Ascension s’oppose à tout acte qui voudrait aliéner, rabaisser, humilier l’homme, surtout sous un prétexte religieux, l’ascension aimée de Dieu est celle qui m’élève au-dessus de l’hypocrisie mondaine ou religieuse, et qui me dépose auprès du Père avec le Christ, dans la grâce lumineuse de l’Esprit Saint. L’Ascension s’oppose absolument à tous les faux prophètes ou soi-disant maîtres, qui sous prétexte de nous enseigner, exercent sur nous un pouvoir qui au lieu d’élever abaisse, le signe du père spirituel, c’est « d’aimer » selon Dieu, avec Dieu et pour Dieu, tout le reste n’est que le fruit détestable de la vanité d’une âme pervertie. C’est pourquoi, Celui qui monte et descend, Jésus notre Seigneur, ne le fait que pour cette seule et unique raison : « Aimer », que L’Esprit qui vient fasse de chacun de nous, un bien-aimé comblé par le don précieux du « face à face retrouvé entre le Visage de Dieu et le visage de l’homme ».
Au Père source de l’Amour, au Fils Amour incarné, à L’Esprit d’Amour, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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