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jeudi 29 mai 2025

L’Ascension.

 

                                                                                    (Luc 24, 36 à 53)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint- Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène de manière prophétique de la terre au ciel, l’humanité bénie et rachetée par le Seigneur retrouve la place qu’elle n’aurait jamais du perdre, et qui est la vie bienheureuse auprès de la Divine Trinité en Jésus-Christ. Par Son Ascension, le Seigneur transmet à l’Eglise la grâce de poursuivre l’œuvre du salut de l’humanité, selon cette parole : « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi et même de plus grandes », la vocation de l’Eglise orthodoxe est aussi de préparer l’humanité à réaliser son ascension vers le Royaume de Dieu.                                                         

 

L’Evangile nous dit : « tandis qu’ils disaient cela (à savoir IL est vraiment ressuscité), Lui se tint au milieu d’eux et leur dit : « la Paix soit avec vous, saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit ». Au milieu d’eux dit l’Evangile, « eux », ce sont nos pères et nos mères dans la foi, c’est à dire les premières pierres vivantes de la sainte Communauté ecclésiale originelle. L’Eglise se construit avec au moins deux ou trois témoins et dès lors le Christ vient se tenir au milieu de cette petite assemblée, mais ce qui est vrai pour l’Eglise doit l’être aussi pour chaque croyant, n’est-il pas écrit : « ne savez-vous pas que vous êtes le temple de l’Esprit Saint ? ».

Un temple dispersé et désuni peut-il espérer célébrer dignement la présence de Dieu ? Quels seront alors en nous, en chacun d’entre nous, ces deux ou trois témoins et ce milieu qui doivent s’unifier afin de ne pas être effrayé et craintif en présence du Ressuscité ? Ce sont le « corps, l’âme et l’esprit et leur milieu est le cœur, qui est le trône de la Divine Trinité ». Que signifie, Il se tint au milieu d’eux ? Cela signifie que notre ascèse de vie très concrète pour accueillir le Seigneur ressuscité en esprit et en vérité, consiste à unifier notre corps, notre âme et notre esprit dans « l‘unité du cœur » qui est ce milieu où Jésus se révèle et dit à chacun : « la Paix soit avec toi ».

 

Que signifie ne pas être unifié et donc ne pas pouvoir croire malgré l’évidence à la Résurrection du Christ ? Cela signifie que notre expérience réelle de la Résurrection, sera partielle et limitée au corps, à l’âme ou à l’esprit sans réaliser l’unité par le cœur. Dans cet état sans harmonie réelle, nous pouvons expérimenter différentes sensations et émotions corporelles, psychiques ou intellectuelles, qui certes sont réelles, mais restent morcelées et limitées, et donc peuvent nous empêcher de croire comme les disciples, que c’est bien le « Seigneur Ressuscité qui est là parmi nous ». Que signifie que c’est bien le Seigneur qui est là ? Où donc se laisse t’IL voir ? N’est-IL pas ici dans l’Eglise, avec nous, au milieu de nous, pour nous, ne vient-IL pas frapper à la porte de notre cœur, pour se donner en nourriture pour la vie éternelle, c’est à dire pour préparer avec nous ce que notre sainte Eglise célèbre aujourd’hui, à savoir son Ascension et notre ascension à la droite du Père céleste.

 

Le Seigneur poursuit : « et voici que moi, Je vais envoyer sur vous Celui que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la Force d’en-haut ». Ce que le Seigneur enseignait à ses disciples et apôtres de vive voix, l’Esprit Saint qui nous est promis nous l’enseignera désormais dans la sainte Eglise et si nous sommes tout entier présent, alors nos cœurs deviendront brûlants et nos yeux s’ouvriront à la véritable contemplation des saints mystères du Christ. Que signifie « vous donc, demeurez dans la ville » ? Cela signifie, que notre corps est comme une ville qui contient en lui l’autel spirituel qui est notre cœur, donc restons au cœur de nous-mêmes, dans la Jérusalem intérieure qui est la Paix du Christ Ressuscité, jusqu’à l’avènement du Saint Esprit. Le Consolateur promis et si désiré par l’Eglise du Christ, lui seul peut nous unifier et nous unir spirituellement « tout entier à Dieu tout entier ». Le Seigneur ne se donne t’IL pas tout entier à moi tout entier à chaque fois que « je communie à Son Corps et à Son Sang », de même le Christ m’élève tout entier sauvé et racheté. 

 

L’Ecriture dit : « et il advint, comme IL les bénissait, qu’Il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux s’étant prosternés devant Lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu ». Depuis l’origine de la Création, la Divine Trinité n’a cessé de veiller dans Son cœur divin et paternel sur l’homme Son bien-aimé. Par la séparation et la montée au ciel, le Christ devient pour nous le précurseur auprès du Père pour Lui annoncer la « bonne nouvelle de l’humanité sauvée ». L’Eglise à travers la Divine Liturgie, les Offices et les Sacrements, répand avec abondance sur l’humanité, la bénédiction divine en Jésus-Christ, pour que tout homme et toute femme de bonne volonté, puisse à son tour réaliser son ascension, en acceptant de passer d’abord par sa croix et par sa mort au péché, pour ensuite être élevé dans le Saint des saints, c’est à dire, le Royaume de Dieu.

 

Ainsi « l’Eglise sagesse et gloire de Dieu », mère aimante et enceinte de toute l’économie divine, témoigne de manière vivante de la vie de Dieu parmi et avec les hommes, et de la vie de l’homme au sein de la Divine charité. Ne sommes-nous pas silencieux et sidérés comme les Anges, en contemplant l’Incarnation de Dieu, Sa Résurrection et aujourd’hui Son Ascension ? Voyons-nous ô combien l’homme est élevé en Christ au-dessus de tous les temps, de tous les âges et même de tous les anges, alors rentrons en nous-mêmes et faisons comme Marie : « qui méditait toutes ces choses dans son cœur  ».

 

L’Ecriture Sainte est pleine d’exemples d’ascensions, ne voyons-nous pas Elie s’élever au ciel dans un char de feu ? Et son disciple Elisée le supplier de lui donner une double part de son esprit avant qu’Elie ne disparaisse à jamais aux yeux des hommes? Mais nous les enfants lumineux de la sainte Eglise, ce n’est plus vers Elie que nous crions, mais vers le Seigneur d’Elie, le Christ notre Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, et de tous les Prophètes et Patriarches qui ont vu la gloire de Dieu.

 

Ce n’est pas une double part de l’esprit d’un prophète qui nous est promis, mais L’Esprit de Dieu lui-même, l’Esprit de toute grâce, bénédiction et consolation. Quand nous est-il donné de voir s’élever le Christ et l’Eglise toute entière avec Lui, n’est ce pas pendant la Divine Liturgie ? N’est-il pas écrit « Celui qui est monté est le même que celui qui est descendu », le Christ n’est-IL pas descendu par l’Incarnation et ne monte t’IL pas aujourd’hui par l’Ascension ? Soyons vigilants au moment où le prêtre accomplit l’Elévation avec ces paroles  « les saints Dons aux saints », c’est à ce moment que le prêtre et l’Eglise offrent à la Divine Trinité la louange liturgique, sur le char de feu spirituel que sont la « patène avec le Corps et le calice avec le Sang du Christ », ce char très saint, pur et sacré sur lequel Jésus monte s’offrir au Père pour le salut de l’humanité.

 

L’Eglise est une icône de ce char nuptial sur lequel Dieu et l’homme célèbrent leur rencontre pour n’être plus qu’un seul Esprit, qu’une seule Vie, qu’un seul Amour. C’est pourquoi le Seigneur divino-humain, le Christ qui monte et qui descend, réalise cette prière : « afin que tous soient Un, comme toi Père et Moi nous sommes Un ». La nature de l’Eglise toute entière et son essence sont nuptiales, sa vocation unique est la célébration spirituelle de l’union par amour entre Dieu et l’humanité.

 

En bénissant et en s’élevant, le Seigneur donne aux hommes, c’est à dire ici à l’Eglise toute liberté et bénédiction de continuer Son œuvre en lui donnant comme mission : « allez et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant tout ce que je vous ai prescris ». Que signifie tout ce je vous ai prescris ? Cela peut se résumer à cette œuvre spirituelle qui est le cœur même de la vie orthodoxe, impossible à réaliser sans l’Esprit Saint qui nous est promis et qui vient dans l’Eglise, cette œuvre unique et très aimée de Dieu est : « aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimé ». Car en vérité, il est vain, stérile, inutile et contraire à la vie évangélique de croire qu’être orthodoxe, soit autre chose que : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ».

 

Que signifie encore l’Ascension de Jésus ? Quel est son témoignage spirituel? Cela signifie que l’homme qui est élevé par l’ascension du Seigneur auprès du Père, par cette élévation même, passe de la mort à la vie, vers la libération de tout attachement à ce monde asservi par le péché. L’Ascension s’oppose à tout acte qui voudrait aliéner, rabaisser, humilier l’homme, surtout sous un prétexte religieux, l’ascension aimée de Dieu est celle qui m’élève au-dessus de l’hypocrisie mondaine ou religieuse, et qui me dépose auprès du Père avec le Christ, dans la grâce lumineuse de l’Esprit Saint. L’Ascension s’oppose absolument à tous les faux prophètes ou soi-disant maîtres, qui sous prétexte de nous enseigner, exercent sur nous un pouvoir qui au lieu d’élever abaisse, le signe du père spirituel, c’est « d’aimer » selon Dieu, avec Dieu et pour Dieu, tout le reste n’est que le fruit détestable de la vanité d’une âme pervertie. C’est pourquoi, Celui qui monte et descend, Jésus notre Seigneur, ne le fait que pour cette seule et unique raison : « Aimer », que L’Esprit qui vient fasse de chacun de nous, un bien-aimé comblé par le don précieux du « face à face retrouvé entre le Visage de Dieu et le visage de l’homme ».   

 

Au Père source de l’Amour, au Fils Amour incarné, à L’Esprit d’Amour, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

dimanche 25 mai 2025

L’aveugle-né.

 

(Jean, 9, 1 à 38)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à nous abandonner avec confiance à la compassion et à la tendresse infinie de notre Père céleste, et ceci en particulier par la célébration de la Divine Liturgie en communion avec le Christ grand-prêtre, avec l’Esprit de toute consolation promis et les uns avec les autres, dans l’espérance d’acquérir la lumière spirituelle qui est la grâce reçue comme un don par l’aveugle-né, grâce qui donne de venir, de voir et de confesser en Jésus, le Dieu vivant face à face.

 

Le Seigneur nous dit « tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé ; la nuit vient où nul ne peut travailler, tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », quelles sont donc les œuvres auxquelles le Christ nous encourage à travailler ?

En vérité, elles peuvent toutes s’unir en une seule réalité, ces œuvres accomplies par le Christ et que nous avons vocation à vivre avec Lui de manière orthodoxe, sont toutes celles qui nous permettent d’adorer le Père en esprit et en vérité, en esprit par l’Esprit Saint et en vérité par le Seigneur, cette adoration est la couronne de sainteté et le fruit spirituel des Béatitudes.

 

Nous pouvons accueillir tous les miracles accomplis par le Christ comme le signe, y compris celui pour l’aveugle-né, de la nécessité de la conversion du cœur, sans laquelle, nul ne verra le Seigneur, nul ne pourra adorer le Père en esprit et en vérité, nul ne saura prier l’Esprit Saint donateur de vie et de sagesse spirituelle. Nous sommes appelés à suivre dans la lumière Celui qui nous dit « tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », alors fuyons cette incrédulité sournoise et hypocrite cachée du vieil homme en nous pour nous détourner de notre Seigneur Jésus et de ses œuvres salutaires.

 

Quel est donc ce « jour » à partir duquel, il nous est bénéfique et précieux de travailler aux œuvres du Seigneur, n’est-ce pas celui de la Résurrection du Seigneur, celui d’où découlent et ruissellent en nous tous les dons spirituels pour accomplir la volonté divine. N’est-ce pas par la célébration liturgique assidue et par le « Don du Corps et du Sang du Seigneur », que nous recevons la lumière et la mémoire pour pratiquer les œuvres du Seigneur qui nous dit « faites ceci en mémoire de Moi », à savoir vivre toute l’économie divine pour le salut de l’homme. Le jour de la Résurrection est celui du Don de la vie éternelle au cœur de l’histoire, du temps et de l’espace dans notre humanité, il est notre lumière spirituelle pour pratiquer les œuvres divino-humaines au Nom du Seigneur.

 

Quelle est donc cette « nuit » où nul ne peut travailler, c’est-à dire mettre en pratique les œuvres évangéliques, n’est-ce pas celle de l’âme désorientée par le doute de l’incroyance concernant la personne de Jésus et qui provoque une paralysie existentielle qui rend difficile voire même impossible le désir de suivre Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie », n’est ce pas là, cette attitude pharisienne répandue au sein de l’humanité, opposée à toute révélation qui pourrait nourrir et abreuver l’esprit de tout homme ou femme de bonne volonté.

 

L’Ecriture Sainte est un tout indivisible, auquel il ne faut rien ajouter ou enlever, pas même un « iota » sous peine de s’amputer soi-même des énergies incréées contenues dans la parole divine, ceci devrait faire réfléchir tous les « inventeurs de théories hérétiques caricaturales au mépris de la théologie véritable de nos saints Pères », la seule réalité sur laquelle, nous pouvons apprendre à agir avec l’aide de Dieu, car « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est de cultiver l’ascèse de « l’unique nécessaire », à l’image de Dieu créateur et qui consiste à « séparer la lumière des ténèbres en nous », car comme dit saint Paul dans 2 Cor. 6,14  « quoi de commun entre la lumière et les ténèbres », combien d’hommes dialoguent avec les ténèbres du monde.

Dire que la piscine de Siloé est une préfigure du saint baptême est un enseignement reconnu par nos saints Pères en Dieu, Siloé signifie « envoyé » en hébreu, mais tout comme il ne suffit pas d’être baptisé pour être orthodoxe, il ne suffira pas non plus de confesser du bout des lèvres la divino-humanité de Jésus notre Seigneur pour être sauvé. N’est-IL pas « l’Envoyé du Père », en qui il nous est essentiel d’être plongé tout entier afin d’espérer retrouver non seulement la vue mais notre vocation originelle à devenir par grâce ce que Dieu est par nature. Dans les œuvres religieuses, notre Siloé spirituelle, c’est à dire l’Eglise orthodoxe est l’unique lieu saint et sacré de la vie de l’être orthodoxe, ici et maintenant, elle est la vraie porte royale, par laquelle nous pouvons-nous diriger depuis notre profondeur vers le Royaume de Dieu.

 

En parlant de l’aveugle-né, les parents témoignent « qu’il est leur fils né aveugle, mais qu’ils ne savent pas comment il voit maintenant, ni qui lui a ouvert les yeux », la puissance de ce miracle les trouble et dépasse leur entendement, le fils confesse après avoir retrouvé la vue que « si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire », puis poursuit son existence avec sa nouvelle vision de lui-même et du monde qui l’entoure. Ne sommes-nous pas nous-mêmes, un fils ou une fille aveugle spirituellement pour ne pas dire un total infirme spirituel depuis notre naissance, quelqu’un parmi nous serait-il né dans un état de christ parfait, le Psalmiste nous rappelle que  « ma mère m’a conçue sous le joug du péché », alors courrons vers Celui qui seul peut et veut nous sauver, réjouissons-nous de cette grâce inestimable que représente notre Eglise, pleine de sagesse, de beauté et de vérité.  

 

Jésus rencontrant l’aveugle-né lui dit « crois-tu au Fils de l’homme » ? Il répondit « et qui est-il Seigneur, pour que je croie en lui » ?  Jésus lui dit « tu le vois, celui qui te parle, c’est lui », alors le « clairvoyant » déclara « je crois Seigneur et il se prosterna devant Lui ». Sans développer ici plus en profondeur ce merveilleux passage de l’homme aveugle-né à celui d’homme spirituel et clairvoyant, ce dialogue montre la progression intérieure qui fait émerger la lumière du sein même des ténèbres, mais soyons sans illusion aucune, sans désir réel de recevoir la vraie lumière ou tout autre don spirituel, les ténèbres du cœur non purifié et sanctifié engendreront d’autres ténèbres.

 

Croire au Fils de l’homme est le fondement initial nécessaire pour commencer à élaborer la vie orthodoxe, disons avec le Centurion « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », et pour cultiver et féconder en nous notre terre religieuse, il est nous est très bon de venir, de voir et de participer avec assiduité à la vie liturgique de l’Eglise qui nous donne de contempler la vie et les œuvres du Seigneur. Suivons le Seigneur Jésus et selon sa promesse, il nous sera donné « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a réservé à ceux qui l’aiment ».

 

L’amour du Dieu et Homme parfait pour sauver l’humanité tombée sous les coups morbides et mortifères des passions mondaines, se révèle dans l’humilité indicible de son incarnation comme homme parmi les hommes, si saint Paul déclare « s’être fait grec avec les grecs et juifs avec les juifs, pour en sauver quelques uns », notre Seigneur Jésus-Christ s’est fait « homme parmi les hommes pour proposer le salut à tous », le prêtre malgré toutes ses faiblesses essaye à l’image du Christ de se faire « homme avec les Fidèles pour que Dieu nous sauve » voici nous dit le saint et charismatique Rabbin Jésus « Je viens à toi Jérusalem, c’est à dire à toi Eglise, assis sur un ânon le petit d’une ânesse », cette promesse est la gloire et la vocation que « l’Eglise nouvel ânon » porte au cœur de l’humaine condition, alors soyons là pour l’accueillir.  

 

Au Père de la Lumière, au Fils Lumière incarnée et à l’Esprit d’illumination éternelle, soit la gloire dans les siècles de siècles, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 17 mai 2025

La Samaritaine

 

(Jean  4, 5 – 42)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par Marie la Mère du Seigneur. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés, des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et en attend des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose  les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses. Une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant et nous dit, va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine.

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création d’Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a créé Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve, qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas seulement avec la raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui de nous enseigner qui IL est en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, que le seul fait d’en parler même à minima, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence. Le Christ est la Voie, mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles ? Il est la Vérité, mais en quoi est-il responsable de mes ignorances ? Il est la Vie, mais en quoi est-il responsable si je me contente de survivre ? Beaucoup l’ont trouvé coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux ». La Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le désir de vivre, d’aimer et de connaître qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable. Qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ? Ne sommes-nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur. L’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial. IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les saints Offices de l’Eglise Orthodoxe possèdent comme un trésor inestimable ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, ces saints mystères du Christ nous sont donnés pour qu’à travers eux nous devenions roi, prêtre et prophète, que nous passions peu à peu du statut de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu. Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non ! Cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon, direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller, vous aussi comme la Samaritaine. Voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu, qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis la sainteté.

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à l’expérimentation de la rencontre personnelle avec le Christ, et ceci peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma colombe ? », toucher combien Il se donne dans Ses énergies incréées pour nous soutenir à chaque instant, sentir combien est enivrant le parfum de la vie spirituelle en Christ. De nouveau je demande, quels mots trouver ou inventer pour nous transmettre l’Amour de Dieu, pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu veut faire autre chose que d’aimer son prochain, et ce prochain c’est l’humanité. Oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire ardemment de toute Sa divinité comme ami intime et éternel. Je vous le demande humblement, prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde.

 

Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, alors ne laissons passer aucun « dimanche » sauf raison impérieuse sans participer à la Divine Liturgie Ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise, mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus, l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

samedi 10 mai 2025

Dimanche du Paralytique

 


(Jean 5, 1 – 15)

                                           Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen. 

 

 

Aujourd’hui, notre sainte et humble Eglise Orthodoxe est la piscine miraculeuse, dans laquelle le Dieu Vivant, notre Seigneur Ressuscité est présent au milieu de l’humaine condition. Cette piscine nous le savons déjà de manière prophétique, est la préfigure de ce qui deviendra le saint Baptême et qui contient en promesse toutes les grâces que la Divine Trinité a déposé dans l’eau, cette si humble et merveilleuse créature, après l’avoir sanctifié par la prière, l’huile sainte et le saint Chrême à travers l’œuvre liturgique du prêtre et de l’assemblée des Croyants.

 

Notre Seigneur doux et humble de cœur, ne cesse de tout mettre en œuvre pour nous donner la guérison parfaite de l’âme et du corps, mais nous, dans notre enfance spirituelle et dans notre ignorance de l’essentiel, nous nous cramponnons à nos pauvres acquis et répétons comme des automates le péché des incrédules qui ne savent que murmurer des interdits à l’image des Juifs dont nous parle l’Evangile de ce jour. Au lieu de s’émerveiller du miracle accompli là sous leurs yeux, les Juifs ne savent dire que : « C’est le Shabbat, tu n’as pas le droit de porter ton propre grabat ».

 

Nous le savons, le Christ ne s’impose pas et ne nous impose absolument rien aussi longtemps que nous ne Lui demandons rien ; mais si nous venons dans la piscine, c'est-à-dire dans la sainte Eglise orthodoxe, alors nous sommes responsables de notre présence en ce haut lieu saint et sacré, et dès ce moment, le Seigneur commence à nous demander : « Veux-tu guérir ?» non pas ‘voulez-vous guérir’, mais : « Veux-tu guérir ? ».

 

Cette question du Maître Eternel et notre réponse à celle-ci sont nécessaires pour que nous puissions espérer sortir peu à peu des limbes de notre paralysie spirituelle et existentielle. Si je veux guérir, alors je dois répondre : « Seigneur, à qui irai-je, que Ta volonté soit faite pour moi », je m’en remets à Toi seul, à Toi tout entier, car Tu es mon Ami unique et éternel et Toi seul Tu connais ce que je suis et ce que Tu veux réaliser avec moi.

 

Voici donc un homme, notre semblable qui est infirme depuis trente-huit ans, le Seigneur son Créateur lui rend la parfaite santé et cela devant tous les Juifs présents ; ils sont témoins de la puissance extraordinaire du mystère de la grâce divine qui s’accomplit devant leurs yeux, et que font-ils ? Ils se détournent de Celui qui vient d’accomplir ce miracle pour se tourner et se concentrer sur l’homme qui vient d’être guéri, dans le seul but de « lui reprocher d’oser porter son grabat un jour de Shabbat ».

 

Permettez-moi de nous supplier de cesser de cultiver des attitudes opposées à la miséricorde divine, de cesser de nous focaliser sur des choses ridiculement inutiles devant la sainteté de Dieu, de la sainte Eglise orthodoxe et de ce qu’est en esprit et en vérité la personne humaine.

 

Demandons humblement au Seigneur de Gloire éternelle, la grâce de ne pas répéter encore et encore dans nos pensées, nos paroles et nos actes, des œuvres qui font de nous des infirmes spirituels, des individus paralysés et isolés par le péché et les tentations du vieil homme en nous et qui nous rendent incapables de vivre comme des personnes en communion au Nom de Dieu.

 

Nous sommes comme cette piscine, porteurs des miracles de la bonté divine, parce que nous sommes baptisés au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et que nous sommes les enfants lumineux de l’Eglise du Christ. Nous pouvons nous immerger dans les eaux vives de notre cœur pour y recevoir la guérison par une vie selon l’Evangile du Seigneur.

 

 

Pour guérir, ne recherchons pas les choses compliquées où je ne sais quelle ascèse impossible, mais laissons-nous plonger au fond de nous-mêmes jusqu’en Dieu par la célébration de la Divine Liturgie de tout notre être. Immergeons-nous dans les très saints Mystères du Ressuscité, revêtons-nous de prières et de louanges, de chants spirituels et de la lumière des icônes, du parfum d’encens et d’agréable odeur pour Dieu et surtout d’une véritable communion fraternelle. Si nous faisons cela d’un seul cœur et d’un seul esprit, alors je l’affirme avec toute la puissance que Dieu donne dans la grâce sacerdotale et ecclésiale, nous recevrons peu à peu la guérison de nos infirmités spirituelles et si Dieu veut, nous danserons devant Lui comme le fit la Sagesse créatrice au début de la Création, nous connaîtrons la sainte et sobre ivresse de l’Esprit de Dieu.

 

Soyons vigilants et surtout soyons humbles devant la Divine Trinité dans l’espérance d’entendre un jour nous aussi cette parole du Seigneur : « Te voilà bien portant : ne pêche plus… ». Alors prions-Le avec encore plus d’ardeur et de ferveur de nous garder de retomber dans le péché, car nous le savons, le temps est court et le Royaume de Dieu est déjà là.

 

A notre seul et véritable Médecin le Christ, soit la Gloire avec le Père Eternel et l’Esprit très Saint, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

dimanche 4 mai 2025

Dimanche des Myrrhophores.

 



(Marc 15,43 à 47 et 16, 1 à 8)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


 

Aujourd’hui, L’Eglise nous emmène du tombeau vide du Ressuscité jusqu’en terre de Galilée, suite à cette parole de l’Ange du Seigneur aux Myrrophores « ne vous effrayez pas, c’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : Il est Ressuscité, il n’est pas ici...mais annoncez à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée, où vous le verrez ».

 

« Ne vous effrayez pas », cette consolation angélique renvoie à saint Luc 21, 9 qui avait prophétisé ce qui nous arrive aujourd’hui par cette parole « ne soyez pas effrayés, il faut que ces choses arrivent », mais déjà le Prophète Isaïe en 41, 10 disait « ne t’effraies pas, car Je suis ton Dieu » et en 44, 11 « les faiseurs d’idoles seront tous effrayés et confus ».

 

De qui devrions-nous donc nous effrayer ? Des faiseurs d’idoles répond l’Ecriture sainte. Et qui sont depuis toujours les pourvoyeurs d’idoles, ce sont les hérétiques qui prétendent posséder la vérité et voudrait l’imposer de gré ou de force si possible à toute l’humanité. Que fait donc l’Ange du Seigneur, enseigne-t-il quelque chose ? Non, il renvoie les Myrrhophores aux disciples et à Pierre et eux-mêmes vont en Galilée à la rencontre du Seigneur qui a dit « tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirais mon Eglise ».

 

Nous voici invités à venir et à rester fidèle à l’Eglise-Galilée, qui seule est dépositaire de la plénitude de la révélation divine et dont la Résurrection que nous venons de célébrer est le saint couronnement qui précède le salut promis à « celui ou celle qui tiendra jusqu’au bout ». L’espérance de connaître le Christ est une réalité légitime qui habite l’âme du croyant, qui pourrait penser que l’Eglise et l’Ecriture sont autre chose que la grâce de rencontrer en esprit et en vérité, Celui qui dit « ne t’effraies pas, car Je suis ton Dieu ».

 

Voici que les Myrrhophores qui ont suivies le Christ tout au long de son existence, sont le prolongement de la parole divine en transmettant aux disciples et à Pierre la parole angélique, parole que résume admirablement notre grande et très sainte Myrrhophore, Marie, la Mère du Seigneur en nous disant « faites tout ce qu’il vous dira ». Nous ne sommes pas disciples de tel ou tel maitre auto-proclamé sage, certes nous bénissons et ne maudissons pas, mais notre seul et unique Maitre absolu est le Fils de Dieu et de la Vierge, telle est notre Prophétie révélée et accomplie que nous confessons et accueillons pour nous enraciner dans l’orthodoxie, icône vivifiante, sainte et sacrée du Royaume de Dieu.

 

« C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié, il est Ressuscité, il n’est pas ici », avec quels mots dirent l’indicible concernant le Dieu-Homme parfait, l’Evangile de vie nous dit que nous ne devons pas rester planté auprès du tombeau, le Ressuscité nous attend en Galilée qui signifie en hébreu « cercle », ce cercle ne tourne pas en rond sur lui-même, il symbolise le lieu nouveau où nous recevons « la vie, le mouvement et l’être », il est cette réalité divino-humaine qui va de l’œuvre de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, de l’Incarnation à la Résurrection, de la Galilée à l’Eglise, le cercle image prophétique de cette parole du Seigneur « tout est accompli ».

 

L’Eglise nous invite « encore et sans cesse » à venir pleurer au tombeau, à être stupéfait par la force de la Résurrection, à courir en Galilée, mais surtout à revivre cette parole « vous ferez ceci en mémoire de moi », à savoir vous célèbrerez et vous vous réjouirez avec Moi de la fête des fêtes, la Divine Liturgie qui est la splendeur et le reflet spirituel du Royaume.

 

Saint Gabriel de Géorgie dit « si vous saviez combien la Divine Liturgie apporte de grâces et de bénédictions, vous n'hésiteriez pas à ramasser la poussière du sol de l'église pour vous en laver le visage », nous voici à nouveau devant et au cœur de ce feu spirituel de la Divine Liturgie, notre âme se serre et nos yeux se remplissent de larmes non de désespoir, mais comment rendre grâce, sinon en venant célébrer encore et encore l’union spirituelle et sacrée entre Dieu et l’homme. 

 

« Mais dites aux disciples et à Pierre qu’il est en Galilée et que là vous le verrez », c’est donc en Galilée, que nous le verrons, c’est en Galilée que le Seigneur enseigne les grandes lignes de sa vision spirituelle et religieuse, là, il se révèle comme « Pain vivant descendu du Ciel », là où il « envoie ses disciples après sa Résurrection », là où il commence à « évangéliser et à annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume ». L’Eglise orthodoxe est un corps spirituel divino-humain et une icône lumineuse, humble et fidèle du Christ, Eglise dont chacun d’entre nous est comme le cœur dans lequel ce n’est plus Joseph, mais l’Esprit de Dieu qui dépose avec amour, spirituellement et sacramentellement le « Christ Crucifié et Ressuscité ».

 

Dans l’Eglise, le Seigneur ne descend plus de la Croix du Golgotha, mais du Royaume de Dieu, Il vient librement se déposer sur son Autel Saint et accomplir comme Grand-Prêtre et comme Agneau consacré tous ses saints mystères liturgiques. IL nous invite à concélébrer avec lui comme personne et comme communauté, non à l’embaumer Lui qui est la Vie par une myrrhe matérielle, mais à lui offrir de tout cœur et de manière spirituelle le nard pur de notre prière à travers la célébration de la Divine Liturgie, qui est la réalisation parfaite de ce que désiraient déjà avec espérance les femmes Myrrhophores, Joseph et Nicodème, la « venue du Royaume de Dieu sur terre ».

 

Nous sommes venus aujourd’hui dans la sainte Eglise pour y concélébrer ensemble la Divine Liturgie, pour envelopper le Ressuscité non d’un linceul, mais de notre présence aimante, humble et douce. Alors fermons notre corps, notre âme et notre esprit aux soucis de ce monde et tournons-nous vers Dieu seul pour Le recevoir en nous par la sainte Eucharistie. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer dans l’éternité au cœur du temps et de l’espace, cela mérite que nous nous y préparions avec « crainte de Dieu, foi et amour », le mystère de l’Eglise est indicible et restera voilé dans sa vérité divino-humaine à tout « homme psychique endurci de cœur et à la nuque raide » qui se laisse encore et encore parasiter par l’agitation vaine et pathologique du monde sans Dieu.

 

Aller dans la sainte Eglise, qui est le lieu du renouvellement de notre être, nous demande de sortir de nous-mêmes, d’abandonner nos pensées, paroles et actes du quotidien, au moins pour le temps sacré de la célébration liturgique. Nous ne pouvons pas quitter le monde, si notre écoute, notre vision, notre odorat, notre toucher, notre goût, restent imprégnés de ce même monde étranger à la sainteté divine. Nous ne pouvons pas vivre spirituellement le mystère de l’Eglise, comme le dit le Père Aimilianos, si nous restons encombrés dans notre cœur et dans notre esprit par les cacophonies bruyantes des crises qui perturbent l’équilibre de l’humanité et de la création, notre vie spirituelle pour être en harmonie avec la grâce divine exige que nous renoncions aux illusions du vieil homme, pour œuvrer à notre conversion véritable.

 

L’Eglise de Dieu nous apprendra à déposer le Ressuscité dans notre cœur et à ouvrir notre esprit pour entrer dans la vraie vie en vue de notre résurrection personnelle au Nom de la Divine Trinité. Mais pourquoi déposer le Seigneur de gloire dans notre être le plus profond ? Afin qu’il descende jusqu’au cœur de notre enfer intérieur envahi par les passions depuis notre Chute en Adam. L’enfer est là où nous nous laissons crucifier par nos états d’âme, là où nous ouvrons la porte aux pensées des ténèbres dont les œuvres constituent notre mort spirituelle, là où Satan veut nous emprisonner dans sa haine de Dieu et de l’homme avec la complicité du vieil homme en nous.

 

Que le Ressuscité nous donne par grâce et selon sa Promesse, l’Esprit Saint, qui seul peut réaliser avec nous, déjà ici et maintenant, si nous le désirons vraiment, notre sainte et éternelle vocation qui est de devenir ce que nous sommes par la volonté de notre Père Céleste, des « personnes divino-humaines », dont la seule et unique raison d’être est la « vie éternelle dans le Royaume de Dieu ».

 

Bénissons les saintes Myrrophores et tous les Disciples du Seigneur qui nous ont transmis leur témoignage de la Résurrection du Christ, et clamons à travers l’Eglise par la prière du cœur le « Christ est Ressuscité, en vérité IL est Ressuscité ».

 

+ Syméon