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dimanche 24 novembre 2024

Le riche et Lazare

                                                                 (Luc, 16, 19 – 36)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Evangile met en scène deux personnages que nous pouvons rencontrer en tout temps et en tous lieux, à l’extérieur ou à l’intérieur de nous-même, le riche et le pauvre.

 

Le premier enseignement qui nous est donné dans cette péricope évangélique, c’est que la naissance au ciel ou la descente aux enfers, n’empêche ni de voir ni d’être vu, ni d’entendre ni d’être entendu, ni de parler ni de répondre, dans ces lieux où pourtant comme vous pouvez l’imaginer le corps n’existe plus, étrange réalité que celle de l’après mort. Un deuxième enseignement et non des moindres pour notre vie spirituelle dans ce monde, c’est que notre histoire existentielle ne disparaît pas avec la mort, puisque et le riche et le pauvre Lazare sont parfaitement connus par Abraham. Un troisième enseignement est qu’il n’est pas du tout impossible, si Dieu le veut, que quelqu’un puisse être envoyé de l’au-delà vers notre monde pour y apporter un message de Dieu. Il y a ici de profonds mystères que nous ne sommes sans doute pas pressés de découvrir et qui pourtant nous concernent déjà en ce monde, et nous attendent nous aussi le moment venu, lors de notre passage vers le monde à venir.

 

Nous le savons, le corps entre en corruption et en décomposition, car si le grain ne meurt, il ne porte aucun fruit capable de l’engendrer nouveau « corps incorruptible » en vue de la vie éternelle. Ainsi donc se révèle un premier corps déjà plus spirituel qui est celui de l’âme et c’est celle-ci qui est accueillie par Abraham. N’êtes-vous pas étonné d’entendre dans cet Evangile que depuis l’Enfer, il est possible non seulement d’apercevoir le Ciel, mais de voir la vie qui s’y déroule. N’êtes-vous pas émerveillé d’y voir Abraham, le père des Croyants ? Nous savons que c’est lui qui au chêne de Mambré a donné l’hospitalité à la très sainte Divine Trinité qui lui est apparue sous la forme des trois saints Anges, aujourd’hui, Abraham est aux portes célestes pour y accueillir l’humanité.

 

Que signifient pour nous, pour notre vie personnelle et spirituelle ces deux personnages, sinon qu’il existe des richesses qui font de nous des pauvres qui risquent de se retrouver dans la Géhenne de feu, et une pauvreté qui de la terre en passant par le ciel nous porte jusque dans le Royaume de Dieu. Nous ne nous arrêterons pas auprès d’Abraham, comme le riche dont parle l’Evangile, quelle que soit la sainteté d’Abraham le père des croyants, mais nous désirons recevoir l’hospitalité éternelle auprès du Seigneur de Gloire lui-même. Prions donc la Mère de Dieu, qui est la splendide Porte Céleste de nous y accueillir. Nous pouvons méditer chacun pour soi et à loisir, sur nos richesses utiles ou inutiles, sur la pauvreté selon Dieu, en nous rappelant que le Seigneur nous dit à travers Marthe, de ne pas nous agiter et qu’une seule chose est nécessaire pour hériter le Royaume de Dieu.

 

Est-ce à dire que Dieu interdit à l’homme de faire la Fête ? Certes non ! Puisque Lui-Même a organisé un immense Banquet pour le retour du Fils prodigue, qui justement est passé de la mort à la Vie, après avoir mangé des caroubes – qui est la nourriture des cochons – pendant des années, pour enfin discerner l’unique nécessaire qui est de retourner dans la Maison du Père Eternel. Alors, quelle Fête Dieu nous propose-t-il de faire avec nous ? Quel Festin royal veut-il nous faire partager ? Ne sommes-nous pas convaincus que la Fête des Fêtes est la Divine Liturgie et que le beau lieu où le Festin divin est préparé, c’est la sainte Eglise Orthodoxe, dans laquelle et en laquelle seule nous est donnée la nourriture pour la Vie Eternelle.

 

Dans l’Eglise nous ne sommes pas conviés à mourir de faim et de soif à l’amour, la joie ou la paix, mais uniquement aux fausses richesses caricaturales et artificielles qui n’ont de spirituelles que les apparences et qui voudraient nous faire avaler y compris de force, que ce monde illusoire et stérile quant à l’essentiel, serait le plus désirable. Oui, nous savons que le serpent maudit tient volontiers ce genre de discours arrogant, il suffit de lire le livre de la Genèse.

 

Au riche qui implore Abraham d’envoyer un Ange vers ses cinq frères pour les mettre en garde contre l’Enfer, Abraham répond qu’ils ont Moise et les Prophètes, qu’ils les écoutent, mais alors, que dirons-nous qui avons non seulement l’Evangile, la Mère de Dieu, les Apôtres, les Saints et les Anges, mais le Christ Lui-même, comme guide infaillible. Oui, comment pourrons-nous justifier notre errance spirituelle ? Hélas, si nous écoutons le monde des pensées qui nous assaillent en permanence plutôt que la Sagesse de l’Eglise, alors comment pourrons-nous acquérir le vrai discernement spirituel ?

 

Le seul vrai riche, c'est-à-dire le Christ-Jésus, est devenu librement le pauvre des pauvres. Le Seigneur de Gloire éternelle est venu s’asseoir comme ce misérable Lazare au porche de l’humanité, c'est-à-dire à la porte de notre cœur. Alors que nous festoyons volontiers les uns avec les autres, que nous sommes enivrés si souvent par nos propres pensées, repus de nous-mêmes, nous ne Le voyons pas assis là dans l’immense solitude de l’être humain abandonné à lui-même, Lui, le Saint des saints à quémander des miettes d’amour de notre part, quelle tragédie pitoyable nous impose sans cesse le vieil homme persécuteur en nous.

 

Ne laissons pas le Seigneur assis parterre à la porte de nous-même, mais prions Le de venir s’asseoir sur le trône de notre cœur, et prosternons-nous devant lui dans l’adoration et offrons Lui des chants splendides d’amour et de lumière, n’est-ce pas cela que nous désirons célébrer par la Divine Liturgie ?

 

Disons O mon Dieu, accorde-nous une prière ardente et fervente, afin que nous puissions intercéder pour les riches et pour les pauvres et pour le salut de cette humanité blessée par les terribles conséquences de la Chute originelle.

 

Disons O mon Dieu, accorde-nous de nous tourner enfin vers Toi seul, afin que nous puissions T’écouter, Te voir et T’entendre avec la douceur que donne Ton amour, la foi que donne la connaissance de ta vérité, l’espérance que donne la contemplation active de Ta présence parmi nous et cela non seulement dans le sein d’Abraham mais dans le corps et l’esprit de l’Eglise Orthodoxe et en particulier dans la célébration de la Sainte Liturgie.

 

Disons O mon Dieu, mon Ami éternel, mon Seigneur et Maître, O Jésus, fais qu’en nous le mauvais riche diminue et que le véritable pauvre croisse en esprit et en vérité jusqu’à la plénitude parfaite de la divino-humanité.

 

Ne soyons pas effrayés, car tout ce que l’Esprit de Dieu donne dans la sainte Eglise du Christ, est l’humble et éternelle Bonne Nouvelle proposée à tout homme et toute femme de bonne volonté, pour accomplir son passage depuis l’humanité par la sanctification jusqu’à la déification, en vue de l’union éternelle avec la Divine Trinité dans le Royaume de Dieu.

 

Au Père qui a engendré le Pauvre des pauvres, le Christ,  au Fils qui a librement assumé d’être pauvre, à L’Esprit qui sanctifie la pauvreté véritable, soient la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

samedi 16 novembre 2024

Le Semeur

 

(Luc 8, 5 à 15)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise qui a vocation à être une icône de cette bonne terre dont parle le Seigneur et un terreau fécond capable d’engendrer avec nous et en nous la vie religieuse et spirituelle, nous invite à devenir jardin d’Eden, terre promise et même royaume de dieu, selon cette parole des saints Pères « Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne dieu », car qui parmi les croyants orthodoxes pourrait penser que l’Incarnation du Seigneur a un autre but, c’est pourquoi en Matthieu 13, 38 nous entendons « la bonne semence ce sont les fils du Royaume de Dieu ».

 

Le Seigneur dit « la semence c’est la parole de Dieu » et un peu plus loin, IL s’écrie « entende, celui qui a des oreilles pour entendre », l’importance de l’écoute pour entendre est soulignée déjà dans la prière du « Shéma Israël » où il est dit « tu écouteras le Seigneur ton Dieu, lui seul tu écouteras », l’apprentissage d’une telle écoute se pratique au sein de la communauté des « Croyants » dans l’attention liturgique, elle est le cœur de la relation avec Dieu depuis les temps anciens de la Synagogue et se perpétue fidèlement aujourd’hui dans l’Eglise ?

 

Si donc, je veux non seulement écouter la « bonne parole » mais l’entendre au point de la faire mienne, il me devient évident que je dois être là où cette parole se révèle avec plénitude et pour nous orthodoxes ce lieu unique, saint et sacré est notre sainte Eglise du Christ, dont IL est le « Corps et la Tête », elle est l’école de la vie éternelle dans laquelle nous croyons que nous pouvons expérimenter « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ses bien-aimés ».

 

Mais quelqu’un se voulant sage objectera « n’est-il pas écrit que le semeur sortit pour semer, comment donc sème t’il dans la seule Eglise », ne croyons-nous pas ou plus que la Création dès l’origine est toute entière Eglise et que l’humanité toute entière a vocation à s’unir pour devenir comme un seul être spirituel ?  Dès le début de la Genèse, le « bereshit bara elohim ha  shamaïm ve  haretz »,  peut « s’entendre » comme « au commencement Dieu créa le ciel, c’est à dire l’Eglise céleste et la terre, c’est à dire l’Eglise terrestre », Dieu n’a pas crée plusieurs humanités ni plusieurs créations, ni plusieurs Eglises, la parole divine créatrice est donc « une, sainte, catholique et apostolique » partout et pour tous, tel que nous le confessons dans le Credo, c’est aussi pourquoi saint Jean peut dire avec certitude en Jean 10, 16 « il y aura un seul pasteur et un seul troupeau ». Dieu n’est-il pas sorti de lui-même pour s’incarner comme un homme sans pourtant se quitter un seul instant comme Dieu ? Si nous prions dans l’Eglise que « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n’est-ce pas pour témoigner de l’unité de toute l’œuvre divine, c’est aussi pourquoi saint Paul dit « il est grand le mystère du Christ et de l’Eglise ».

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée sur le bord du chemin, a été foulée aux pieds et les oiseaux du ciel ont tout mangé », l’oiseau ici est une métaphore de l’esprit de par sa volatilité et liberté apparente, mais ici ces oiseaux du ciel peuvent être vus comme des équivalents de ces esprits sous ciel dont parle saint Paul, ces esprits ennemis de toute l’humanité qui n’ont d’autre désir que de dévorer en nous et autour de nous toute nourriture spirituelle, ces mêmes oiseaux symbolisent également en nous la nuée des pensées parasites qui ne cessent de chercher à troubler notre esprit, c’est à dire, nous rendre sourds et ainsi incapables d’entendre la voix de Dieu. La sagesse populaire ne dit-elle pas des porteurs de mauvaises nouvelles que ce sont  « des oiseaux de malheur ou de mauvaise augure » !

L’oiseau est symbole comme l’esprit de ce qui est difficile à saisir, tous ces oiseaux-esprits qui tournent autour de l’homme, pour lui voler les graines de la prière sont des esprits déchus et pleins de haine envers le Dieu-Homme et l’homme-dieu en devenir.

 

Une autre partie de la semence est « tombée sur le roc, a poussé mais s’est desséchée par faute d’humidité », quelle est cette humidité essentielle pour faire pousser et croître la semence, le Psalmiste en Ps. 114, 8 nous donne une première lumière en nous disant « le Seigneur change le roc en source d’eaux » et Moïse lui-même n’a t’il pas frappé sur l’ordre de Dieu avec le bâton

sur le roc pour en faire jaillir l’eau vivifiante, mais ici, l’eau indispensable pour frapper le roc d’un cœur endurci est non seulement la parole divine, mais l’eau par excellence qui est celle du « très saint Baptême », seul capable de renouveler l’homme. En Samuel 2, 22, 3 nous lisons

« Dieu est le roc où je trouve refuge », roc inébranlable et inaccessible à toute hypocrisie et mensonge qui voudrait entrainer l’homme dans les chemins de la perdition.

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée au milieu des épines et en poussant avec elles, les épines l’ont étouffée », que font donc des épines ? Elles blessent plus ou moins profondément, déjà en Jérémie 4,3 nous lisons « ne sème pas dans les épines », car dit le texte « elles étouffent » étranges épines, mais si elles étouffent cela signifie qu’elles essayent d’empêcher notre « souffle » icône du Souffle originel insufflé par l’Esprit de Dieu dans les narines de l’homme de respirer librement et de nous laisser inspirer par toute parole sainte qui sort de la « bouche de Dieu ». C’est pourquoi, saint Paul en Galates 6, 8 nous enseigne que « quiconque sème dans la chair récolte la corruption, mais celui qui sème dans l’esprit récolte de l’Esprit la vie éternelle ». En Matthieu 7, 16 nous lisons encore « cueille-t-on des raisins sur des épines » ?  C’est donc à nous de choisir quelle sorte de vigne nous voulons planter et avec qui nous iront la vendanger pour ensuite ensemble la goûter en rendant grâce et louange au Divin vigneron.

 

Dans le verbe « entendre », nous pouvons discerner deux qualités incluses, à savoir tendre au sens de « aller vers » et tendre au sens de « tendresse », si donc, nous désirons recevoir ces « oreilles pour entendre la parole divine », il nous sera bénéfique d’apprendre à cultiver de manière liturgique notre relation à Dieu en « tendant vers Lui notre prière avec une vraie tendresse qui est le désir d’aimer Dieu et l’homme », et veiller à ne pas la mélanger avec les épines et les rocs de nos états d’âme fluctuants entre dépression et euphorie, la place juste  pour exprimer nos états d’âme devrait se dire dans la thérapie spirituelle que l’Eglise propose et qui est la confession libératrice de ce qui nous aliène.

 

Une autre partie a été « semée dans la bonne terre et porta beaucoup de fruits », cette terre est ici suffisamment bonne parce que l’homme ou la femme en a pris le plus grand soin pour la préparer à donner des fruits savoureux. L’homme lui-même est cette terre précieuse entre toutes, et l’Eglise est la vigne royale dans laquelle il est possible du cultiver avec l’aide de Dieu et de toute la Communauté sa vigne personnelle, en arrosant la terre aride des débuts par l’eau du Baptême et en la purifiant jour après jour des mauvaises herbes par la prière liturgique et personnelle.  Mais si comme le dit le prophète Isaïe en 24, 20 « la terre chancelle comme un homme ivre », alors l’homme lui-même tanguera incapable de trouver l’équilibre spirituel nécessaire pour cultiver la terre qui doit non seulement le nourrir, mais qu’il devait transmettre sainte à sa postérité, que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende »,

 

Au Père créateur, au Fils unique qui veut faire de nous des fils et des filles de la terre sainte et sacrée du Royaume et à l’Esprit semeur de sagesse spirituelle, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

samedi 9 novembre 2024

La veuve de Naïm

(Luc : 7, 11 à 16)

                                     Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Esprit de Dieu qui continue de couver l’Eglise comme Il couvait la Création originelle de Son amour et de Sa lumière, nous emmène si nous le voulons à Naïm qui signifie la Bien-Aimée, pour assister à la résurrection du fils unique d’une jeune veuve.

 

Cette bien-aimée vers laquelle s’avance notre Seigneur, c’est en même temps, l’Eglise, l’Humanité et notre Ame, qui pleure de n’être pas aimée pour ce qu’elle est, à savoir l’épouse de Dieu. Par manque d’amour, l’âme si précieuse et unique en nous, se meurt sous les coups répétés de ses propres enfants, que sont nos pensées, paroles et actes psychiques, non suffisamment purifiés dans la prière par l’intelligence du cœur et l’humilité.  

 

Quelle immense douleur dans le cœur du Christ de voir cette veuve désespérée par la mort de son époux et maintenant de son fils unique, c'est-à-dire de tout ce qui faisait sens dans son existence. Où sont désormais, toutes les promesses et espérances qu’elle avait pu mettre dans ces deux êtres chers à sa vie, qui d’autre que le Christ, lui qui est Dieu et le Maître absolu de la Vie et de la mort, pouvait la délivrer de l’épreuve terrible que représente la perte d’un enfant unique.   

 

Que dit le Christ : «  jeune homme, je te l’ordonne, lève toi… » que ressentons-nous devant ce mystère qui préfigure la Résurrection du Seigneur, comment ce mort peut-il entendre la voix du Christ, alors qu’il n’entend ni les larmes de sa mère ni les lamentations funèbres de la grande foule qui l’accompagne. Que chacun parmi nous, prie humblement Dieu de lui donner l’intelligence du cœur sans laquelle, aucune illumination spirituelle n’est possible. L’Eglise est cette mère à qui Dieu a confié l’humanité, où chaque être humain est unique dans le cœur du Père Céleste, là nous devons mourir à ce qui est inhumain en nous et autour de nous, pour que le Seigneur Jésus vienne à notre rencontre pour nous ressusciter en nous disant : « lève-toi et sois vivant ».

 

Le miracle se réalise, parce que le Seigneur fut touché de compassion envers cette femme, et voilà que ce jeune homme mort s’assied et commence à parler là dans son cercueil ? Jésus le remit à sa mère, pouvons-nous imaginer ce qui se passe dans cette mère à qui Jésus remet son fils unique qui était mort et le voilà ressuscité. Ce qui peut nous donner les prémisses d’une telle expérience, c’est l’acceptation intérieure de toutes ces petites morts qui jalonnent notre existence quotidienne, nous aussi nous devons cultiver la véritable compassion les uns envers les autres.     

 

Nous vivons des merveilles et des miracles dans l’Eglise Orthodoxe, et cela en particulier à chaque Divine Liturgie, mais si nous ne sommes pas présents spirituellement, alors nous sommes désincarnés et comme morts. Ni Dieu et encore moins un homme ne nous ressuscitera si nous ne prions pas et si nous ne faisons pas notre travail de purification personnelle pour demander le salut pour notre âme, alors venons librement vers Dieu à travers l’Eglise, pleurons comme cette veuve d’avoir laissé mourir en nous depuis si longtemps l’essentiel, qui est la vie de communion avec Dieu, avec l’Eglise et avec l’homme.

 

Au Nom de notre Seigneur, cessons de penser qu’il suffit de venir à l’Eglise, d’écouter des tonnes de conférences ou d’homélies mêmes spirituelles ou encore de lire des livres dits profonds, pour passer de la mort à la vie. Sortons de ce coma psychique et destructeur qu’est l’esprit de ce monde sans Dieu et sans compassion que dénoncent saint Paul et tous les saints Pères.  

 

Accompagnons-nous les uns les autres par un cortège de valeurs spirituelles et religieuses et non par des foules de pensées et de paroles mortifères, que nous distillent de manière hypocrite Satan et le vieil homme en nous. Alors le Christ viendra toujours plus à notre rencontre dans l’Eglise-Naïm et dans notre existence personnelle, et nous entendrons à chacune de nos petites morts, le Sauveur nous dire : «  ne pleure pas », Lui notre Seigneur dont la patience aimante envers nous est divine et infinie.

 

Apprenons à mourir librement à ce marasme permanent dans lequel le péché veut nous entraîner, en voulant nous faire croire que nous sommes vivants et spirituels, alors que nous ne sommes encore si souvent dans l’illusion psychique. Prions et supplions Dieu de venir poser Sa main sainte sur nous, d’arrêter ce convoi permanent de pensées partielles et partiales qui nous enferment comme dans un cercueil, afin que le Christ nous ressuscite comme ce jeune homme et nous remette dans les mains saintes de celle qui nous engendre spirituellement, c'est-à-dire la sainte Eglise Orthodoxe.

 

Regardons cette foule émerveillée et qui rend gloire à Dieu d’avoir pu vivre une telle expérience spirituelle, cette foule qui ne connaissait pas le Christ comme Dieu et Sauveur. Comment allons-nous rendre grâce à Celui dont nous savons nous, les lumineux enfants de l’Eglise, avec une certitude absolue qu’Il est le Dieu Vivant ? En apprenant à célébrer  dignement la Divine Liturgie et les saints mystères de l’Eglise éternelle.   

 

Ce n’est que dans l’Esprit-Saint, après notre mort au péché que comme Marie, la Mère de Dieu, nous pouvons passer de la vie à la Vie, étant devenus nous aussi des vivants par la Grâce toute puissante de la Divine Trinité, à laquelle soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon          

jeudi 7 novembre 2024

L’amour des ennemis.

       

(Luc 6, 31 à 36)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à mettre en œuvre « l’amour des ennemis » en cultivant et en unissant à l’image du Seigneur l’ascèse de la miséricorde et de la bienfaisance, les racines de cette attitude spirituelle trouvent leur sève dans les paroles évangéliques que sont « bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » et « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », être miséricordieux et bienfaisant nous demandera donc non seulement d’imiter le Christ mais surtout d’agir avec Lui.

 

Saint Luc en 6, 36 nous montre le modèle divin absolument parfait du miséricordieux bienfaisant en nous disant « soyez compatissant comme votre Père est compatissant », compatir signifie surtout accompagner l’éprouvé atteint par les tourmentes existentielles qui brisent l’âme et le corps, c’est pourquoi saint Luc ajoute en chapitre 6, 31 une clé spirituelle pour prévenir et se prémunir de l’épreuve du « retour du coup de bâton » ou du « on récolte toujours ce qu’on sème » comme dit le langage populaire, que nous dit-il « ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le  pour eux ». Dans sa 1ère épître saint Pierre complète la parole de saint Luc en écrivant « soyez donc miséricordieux et humbles », n’est-ce pas là le visage même de notre Samaritain spirituel Jésus-Christ, l’homme miséricordieux est le véritable compatissant, pourquoi ? Parce que lui-même a fait une vraie expérience de la miséricorde divine et qu’il se remémore cette parole du Seigneur « qu’as-tu que tu n’aies reçu, et si tu l’as reçu pourquoi faire comme si tu n’avais pas reçu et t’en enorgueillir », alors maintenant « va et fais de même ».

 

Dans la suite de son évangile saint Luc en 6, 37 et 38 précise l’ascèse pratique qui convient à celui ou celle qui veut acquérir l’état de « miséricordieux bienheureux », que dit-il « ne pas juger, ne pas condamner, remettre les fautes, donner avec générosité, car de la mesure dont vous mesurerez l’autre, vous serez mesuré vous-même en retour », si déjà nous avons des difficultés à mesurer de manière juste nos proches, quelle mesure nous faudra t-il pour mesurer « nos ennemis » ? L’amour des ennemis ne pourra pas se mesurer à l’aune extérieure des valeurs du monde individualiste d’un César, mais ne peut trouver sa force et sa justesse que dans le discernement qui vient de la grâce divino-humaine.

 

La miséricorde du Père céleste se révèle dans l’incarnation de son Fils unique, Lui le Visage visible de l’invisible, Lui qui est venu pour sauver l’homme et non le juger, Lui qui est venu pour pardonner et non condamner, Lui qui est venu pour remettre les péchés et non les garder pour nous en accuser, Lui qui a donné sa vie pour le salut de l’humanité, Lui qui aime sans mesure et accueille avec joie le peu que nous lui offrons, Lui qui nous dit « aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour », Lui non plus n’attend rien en retour de notre part, Il nous invite à l’imiter et à vivre selon cette parole « venez et voyez » en communion avec Lui et avec l’Eglise du mieux que nous le pouvons et en augmentant avec sa grâce peu à peu notre mesure d’aimer Dieu, l’Eglise et le prochain.

 

« Ne pas juger », déjà en 1 Samuel 2, 25 il est dit « si un homme pèche contre un homme », Dieu le jugera, pourquoi ? Parce qu’il n’appartient pas à l’homme de juger même si celui-ci à reçu le don de « l’intelligence du cœur », Dieu seul est le juste Juge qui connaît parfaitement le passé, le présent et l’avenir de tout homme et de toute femme qui naît en ce monde. Saint Paul exprime cette réalité du jugement divin en 1 Corinthiens 4, 4 en écrivant « celui qui me juge, c’est le Seigneur », le jugement a été remis par le Père au Fils unique en qui Il a mis toute sa complaisance afin que nous l’écoutions selon ce qu’Il jugera utile pour nous et notre salut. C’est ce que saint Pierre confirme dans sa 1ère épître en 1, 17 « Dieu jugera selon l’œuvre de chacun », le jugement est universel mais son application restera personnelle.

 

« Ne pas condamner », saint Luc en 6, 37 nous donne cet avertissement « ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés », cela se rapporte à cette folie humaine qui a culminée dans la condamnation

du Seigneur lui-même et que nous rappelle saint Marc en 14, 64 « tous le condamnèrent à mort » pas un seul des accusateurs à commencer par le Grand-Prêtre n’était qualifié ni pour juger et encore moins pour condamner, mais là où l’Esprit de Vérité est absent le mensonge abonde et la justice humaine se perd dans une mascarade grimaçante qui déforme la réalité, il advient alors ce que saint Jacques écrit en 2, 9 « vous avez condamné, vous avez tué le Juste ».

 

« Remettre les fautes », saint Paul en Colossiens 2, 13 témoigne « vous étiez morts du fait de vos fautes...IL vous a fait revivre avec Lui, et Il nous a pardonné toutes nos fautes », et en Galates 6, 1 « frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, remettez-lui en esprit de douceur sa faute, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté », voilà comment Paul parle aux spirituels, comment alors des non spirituels pourraient-ils oser retenir les fautes de leur frère, eux qui connaissent et commettent aussi les mêmes fautes ? Saint Paul complète sa pensée en Galates 6, 3 « car si quelqu’un estime être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion ».

 

Saint Luc, 6, 35 « au contraire, aimez vos ennemis...votre récompense sera alors grande, et vous serez les fils du Très-haut, car Il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants », les saintes Béatitudes nous dévoilent le chemin de « l’ascèse bienheureuse » qui peut nous aider à « aimer nos ennemis » et faire de nous Dieu bénissant des « christs aimants, saints, humbles et sages ».

 

C’est Marie, la très sainte Mère du Seigneur qui nous montre comment devenir un bienheureux qui sera surtout un « bienfaisant » à l’image du Christ qui proclame « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi », que dit-elle ? « Faites ce qu’IL vous dira » et que nous dit le Seigneur Jésus,

« tu aimeras le Seigneur ton Dieu...et ton prochain comme toi-même » et pour cela le Seigneur ajoute le sel spirituel indispensable en me disant « si tu veux prier ton Père...rentre en toi-même...ferme la porte...et la suite » rien de bon, de juste ou de vrai ne se fera selon Dieu sans notre prière personnelle adressée avec humilité au Père céleste, n’est-il pas écrit « demandez et vous recevrez », alors nous pourrons demander dans l’espérance la grâce d’aimer même nos ennemis.

 

Au Père qui pardonne et qui a remis le jugement au Fils qui nous aime et à l’Esprit Consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon