(Jean 20, 19 à 31)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe est le cénacle de Jérusalem dont parle l’Evangile que nous venons d’entendre, le Ressuscité apparaît à ses disciples en transcendant les lois naturelles, puisque nous le voyons traverser la porte close. Le Seigneur Ressuscité en tant que Verbe créateur à l’origine du crée, est libre du temps et de l’espace, du matériel et de l’immatériel et peut donc selon sa divine volonté providentielle refonder sa relation à l’homme et au monde.
A l’opposé, Saint Paul dans son épître nous montre la hargne du grand prêtre et son entourage, à savoir les sadducéens, qui liés par leur interprétation littérale de la Loi, sont incapables de penser que la Résurrection soit possible, ils sont pleins de fureur, c’est-à-dire à l’opposé même de Celui qui est la Paix absolue et qui vient la donner à ses disciples, et à nous à travers eux.
Le Ressuscité peut selon Sa volonté, traverser ce qui est parfaitement scellé, parce qu’Il a acquis par la Résurrection, la liberté absolue qui rend l’homme accompli, maître de la Création de Dieu, Il peut ainsi descendre dans notre profondeur la plus profonde, et la plus inaccessible pour nous dire : La Paix soit avec vous.
Tout comme les disciples étaient enfermés par peur des Juifs, nous aussi nous sommes trop souvent, fragilisés par la crainte du monde, liés par nos peurs existentielles, peurs parfois irrationnelles et dues à notre immaturité spirituelle. Alors nous cherchons de tous côtés à nous protéger, et ce faisant nous mettons en œuvre des actes irréfléchis et non inspirés par l’Esprit de Dieu, et c’est ainsi que naît la division dans le Corps du Christ, car nous nous ne sommes plus comme il est écrit dans les Actes des Apôtres « un seul cœur et un seul esprit ».
Le Seigneur Jésus durant le temps pascal désire se révéler à notre esprit et nous visiter, alors même que tout est verrouillé en nous, il nous faut donc apprendre à ouvrir les « portes closes en nous » qui empêchent la communion avec le Christ qui est comme le confesse Thomas : notre Seigneur et notre Dieu. De quelle manière et par quelle voie le Seigneur nous visite t-il ? Par la voie de l’Eglise orthodoxe, alors ne nous privons pas nous-mêmes d’une telle rencontre inestimable et écoutons l’Esprit qui nous transmet cette parole du Christ « venez et voyez ». Si donc nous sommes venus pour voir, commençons par écouter pour entendre vraiment et ainsi devenir capable de vivre la Divine Liturgie, afin de récolter en esprit et en vérité, les fruits spirituels donnés par Dieu. Pourquoi craindre et qui craindre, lorsque le Tout Puissant nous dit : « La Paix soit avec vous » ? Dieu bénissant, accueillons et vivons ce Don comme un trésor inestimable, fruit saint et béni, engendré par la très sainte Passion du Christ et donné à l’âme orthodoxe qui croit que Jésus est vraiment ce qu’Il dit être.
Contemplons dans la très sainte Présence du Ressuscité, le présent et l’avenir salutaire qu’Il promet à ceux qui le confessent librement comme leur Seigneur et Dieu, Lui encore qui nous dit : « ne craignez pas » et « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je Suis au milieu d’eux ». C’est exactement ce que les disciples expérimentent aujourd’hui dans leur solitude, face à l’incrédulité du monde religieux, qui aurait dû les bénir et être les premiers à croire et à transmettre l’annonce la Résurrection du Sauveur.
Le Ressuscité visite ses disciples avec l’Amour de Celui qui a traversé tous les mondes et toutes les épreuves, depuis le Ciel en passant par la terre et même l’enfer et qui en est sorti victorieux avec l’humanité rachetée, symbolisée par la splendide icône de la Résurrection où notre Seigneur tire hors des enfers Adam et Eve. Nous avons traversé la Semaine Sainte et chacun d’entre nous a vécu la Passion du Christ et sa propre passion selon la mesure voulue par le Père Céleste pour chacun.
Notre âme a été brisée comme celle de Marie en voyant son Agneau immolé, notre corps a été rompu par l’ascèse et plus ou moins épuisé par le passage qui mène de la mort à la vie. Tout entier nous avons essayé de réaliser la pâque qui fait passer du péché vers la sainteté, nos cœurs ont répandu les larmes de l’amour crucifié et nos yeux les ont offerts à notre unique Seigneur Jésus Ressuscité.
Nous avons expérimenté les saintes souffrances qui nous font passer peu à peu du vieil homme à l’homme nouveau, c’est-à-dire à l’homme ressuscité. L’Eglise notre mère spirituelle nous a porté avec une infinie douceur durant la Semaine Sainte, car elle sait ô combien nous pouvons être blessés sur les routes de notre cheminement vers Dieu et dans notre existence personnelle et ecclésiale.
Notre Père Céleste nous a béni de Ses deux mains à travers la célébration de la Divine Liturgie depuis la résurrection de Lazare, en passant par le dimanche des Rameaux et la sainte Cène et enfin le grand et lumineux Dimanche de Pâque, par les saints Offices priants et de grande richesse spirituelle de la Semaine Sainte. Il a lui-même veillé sur chacun d’entre nous pour que nous puissions vraiment vivre la Pâque du Seigneur et notre propre pâque.
Contemplons la sainte Eglise du Ressuscité. Tout est lumière, les portes sont ouvertes y compris celles du Saint des saints, ceci pour nous faire connaître que nous devons nous aussi, nous ouvrir pleinement à la puissance de renouvellement que donne la Résurrection.
Vous savez que le temps Pascal est celui où le Ressuscité visite ici et là, certains de ses disciples, comme il l’a fait pour les pèlerins d’Emmaüs, afin de leur donner une parole personnelle à incarner dans leur vie, veillons donc. Prions-Le avec toute la force et la confiance que donne la Résurrection de nous rendre capable de l’accueillir, pour éclairer notre cheminement existentiel. Que le Ressuscité, révèle ou confirme pour chacun et chacune d’entre nous l’ascèse spirituelle qui convient pour réaliser sa vocation, au sein de l’Eglise et du monde.
Nous portons notre propre mystère dans notre cœur profond, là où l’homme nouveau caché, aspire ardemment à la résurrection, et ce qui veut nous empêcher d’accéder à la lumière du Ressuscité, ce sont les nuées des pensées inutiles que cherchent sans cesse à nous emmurer dans les taudis insalubres du monde. Mais, ne sommes-nous pas venu aujourd’hui dans l’Eglise divino-humaine, pour recevoir par grâce « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » ? Alors courage nous dit le Ressuscité « J’ai vaincu le monde ».
Le Christ est Ressuscité et à lui soit la Gloire avec le Père et l’Esprit dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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