LA SEMAINE SAINTE
Cheminements dans la Pâque du Seigneur.
A un fidèle qui lui demandait un conseil spirituel, le Père Cléopas répondit «surtout ne diminues pas la croix », ce qui correspond exactement à la parole du Christ que « celui qui veut me suivre prenne sa croix », c’est-à-dire, que nous diminuons la croix si nous refusons l’existence que Dieu veut ou permet pour chacun d’entre nous, et en la refusant, non seulement nous alourdissons celle de nos frères et sœurs, mais nous rendons en quelque sorte vaine, celle du Christ lui-même, car Dieu dans son amour respecte la liberté humaine, et ne sauve pas l’homme contre sa propre volonté.
L’Église orthodoxe est par vocation l’Eglise de la Résurrection, l’Eglise des ressuscités, on lui reproche parfois de ne pas méditer suffisamment sur le mystère de la Croix, de n’être déjà plus de ce monde, la longue lignée des martyrs du Christ témoigne pourtant avec puissance, que nos saints Pères non seulement ont médité sur ce mystère mais ont été crucifiés par lui et pour lui. La croix dont se signe tout chrétien orthodoxe, contient de nombreux enseignements. Nous proposons la méditation suivante pour pénétrer avec l'aide de Dieu un peu dans son saint mystère. Le Christ sur la Croix est entouré du bon larron à sa droite et du mauvais larron à sa gauche, le Seigneur lui-même nous apprend que les brebis seront à sa droite et les boucs à sa gauche. Le Chrétien orthodoxe se signe de la droite vers la gauche, autrement dit du bon larron vers le mauvais larron, un premier enseignement nous est donné ici, nous ne devons pas prier seulement pour le bon larron en nous signant, mais aller par toute notre prière aussi jusqu'au mauvais larron. Avec le signe de la croix nous sommes déjà dans l'accomplissement du commandement du Christ: « aime ton prochain comme toi-même ».Dans le bon larron, c'est encore et déjà l'Adam-humanité qui prie le Christ : « souviens-toi de moi dans ton Royaume », et dans le mauvais larron, c'est encore et toujours Satan qui insulte Dieu et continue de tenter l'homme jusque sur la croix. Ici se manifeste le mystère de l'iniquité, et nos saints Pères enseignent de prier, même pour les démons, mais seule la Croix du Christ peut donner aux saints une telle puissance de prière. Tant que la « métanoïa » n'est pas parfaitement réalisée en nous, nous restons soumis à toutes sortes de tentations, à commencer par le refus de notre propre croix.
Faire le signe de la croix, revient pour le Chrétien orthodoxe à accomplir cette parole du Notre Père : « que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Nous invoquons dans L'Esprit Saint, la descente du Christ dans notre cœur qui est la porte du Royaume de Dieu. En nous signant, nous invoquons la grâce divine sur toute l'humanité, la nature humaine étant consubstantielle à tous les hommes. Les Pères enseignent : « un s'élève tous s'élèvent, un tombe tous tombent » voilà une des raisons pour laquelle le chrétien orthodoxe se signe de la droite vers la gauche, car il a comme vocation en Dieu d'intercéder pour tout homme et tout particulièrement pour le mauvais larron. La Divine Trinité a confié dans l'Amour à l'Eglise Orthodoxe de ne pas s'arrêter au bon larron qui est déjà sauvé, le Christ ne lui dit-il pas: « aujourd'hui même tu seras avec moi dans le Royaume ». Ainsi chaque Orthodoxe est appelé par Dieu lui-même a donné son sang pour son prochain, c'est à dire, la prière d'intercession et de supplication et en particulier pour le « mauvais larron »dont personne ne veut. L'amour du prochain dans "l'Etre Orthodoxe" est donc divino-humain, et jusqu'à la fin des temps, la personne orthodoxe se signera de droite à gauche, afin d'élever le mauvais larron jusqu'au pardon du Père Céleste. Le mystère de la Croix et de son signe représentent les portes saintes par lesquelles, l'humanité désorientée par les fausses sagesses du monde, dont saint Jean nous rappelle: « n'aimez pas le monde et tout ce qu'il contient », le signe de la croix donc, réunit tout en Dieu, par Dieu et pour Dieu…avec l’homme.
L’Église orthodoxe connaît par expérience combien l’ascèse et l’épreuve sont utiles pour convertir le vieil homme à l’homme nouveau, elle sait aussi que ni l’ascèse ni l’épreuve en soi ne suffisent pour sauver l’homme, car, comme le chante le Psalmiste: « en vain te lèves-tu tôt et te couches-tu tard, en vain manges-tu le pain des douleurs, le Seigneur comble son bien-aimé pendant qu’il dort ». Lazare nous dit le saint Evangile, était le frère de Marthe et de Marie, ses sœurs qui selon la Tradition symbolisent aussi la contemplation et l’action, si Lazare était mort au monde, il ne l’était pas à Dieu, Lazare était certainement un homme selon le cœur de Dieu, qui par sa bonne ascèse de vie a plu au Seigneur.
L’Écriture nous dit que Jésus aimait Lazare, et Lazare est l’icône même de ce bien-aimé chanté dans le Psaume 126 (127) précité, endormi dans la mort, mais l’amour est plus fort que la mort nous dit le Cantique des Cantiques, nous savons aussi que tout passera sauf l’Amour. La Semaine Sainte va nous faire expérimenter cette prophétie du Psalmiste, et nous montrer qu’au sein même de la mort, la vie est à l’œuvre, que la Croix n’est pas la fin définitive de l’existence, mais la porte du Ciel. Jésus aimait Lazare, Marthe et Marie. Lazare n’est pas du tout étranger à l’ascèse représentée par l’action et la contemplation, mais la véritable Résurrection de l’homme n’est possible qu’à sa mort totale, non seulement au monde mais surtout à lui-même. L’homme ressuscité est l’homme du monde à venir dont les saints sont les premières icônes et les prémisses transfigurées à l’image de Dieu. Pour autant il ne s’agit pas de mépriser le monde en tant que crée par Dieu, mais de l’évangéliser selon la vocation donnée à chacun par le Seigneur.
Voici que Marie a enfanté Dieu à la vie humaine, et la Croix engendre l’homme à la vie divine. La Croix est l’arbre de vie du Paradis, celle que notre Saint Christ a apportée lui-même de l’Eden dans le monde déchu pour en faire ici-bas l’échelle du retour dans le Royaume de Dieu. Nous vénérons le bois de la Croix du Seigneur, mais la véritable Croix, c’est le « Christ Lui-Même ». C’est lui la Croix vivifiante, et c’est parce que nous sommes faits à l’image de Dieu, que nous aussi, si nous mettons toute notre foi et notre espérance en lui seul, comme nous le dit notre Saint Christ : « nous ferons les mêmes choses que lui, et même de plus grandes ».
Notre Seigneur, en créant l’homme a semé en lui le germe spirituel de la résurrection à venir, et rendu ainsi possible que toute la Création redevienne spirituelle: « que les cieux se réjouissent, que la terre soit dans l’allégresse, que le monde visible et invisible soit en fête, car il est Ressuscité, le Christ notre Dieu, Lui l’éternelle joie ». (Matines de Pâque)
La Semaine Sainte commence avec la résurrection de Lazare, l’ami de Dieu, mais elle présuppose aussi la mort au péché réalisée durant le saint Carême. Cette mort au péché et au monde nous rend semblable à Lazare, c’est-à-dire que nous pouvons-nous aussi espérer entendre le Christ nous appeler à voix forte « sors dehors » du tombeau des passions. Le Seigneur nous dit l’Évangile, ordonne avec une voix forte à Lazare de sortir du tombeau. En vérité, Lazare, mort et enterré depuis quatre jours déjà, entendait-il mieux parce que Jésus parlait fort? Où bien cette voix puissante s’adressait-elle aussi à quelqu’un d’autre? « tout pouvoir m’a été donné au ciel, sur terre et en enfer », dit le Seigneur, c’est pourquoi cette voix forte s’adresse aussi à Adam pour le fortifier et lui prophétiser que son Seigneur arrive pour sa libération des chaînes de l’enfer, et Satan lui-même entendra cette voix mais n’en aura pas l’intelligence, et là où il croira rencontrer un homme, il verra le « Dieu vivant.
Lazare est chacun de nous et le dimanche des Rameaux est la fête où chacun est appelé à répondre à l’appel de Dieu pour monter à Jérusalem, y vivre sa propre résurrection selon sa foi et son espérance, avec l’aide du Saint-Esprit. Pourquoi le Christ pleure t-il son ami Lazare? Est-ce bien sur Lazare seul qu’il pleure? L’Église orthodoxe souligne que l’Écriture sainte est un tout indissociable. Par exemple, il y a une relation qui existe entre la Création décrite au début de la Genèse et la Semaine Sainte. La mort est introduite dans l’existence à la suite du péché d’Adam, Adam bien que sollicité par Dieu à se repentir ne sait que rejeter la faute sur Ève, là ou Dieu attendait les larmes du repentir qui auraient effacées le péché. C’est pourquoi notre Christ saint et humble de cœur, offre au Père Céleste les larmes à la place d’Adam et pour Adam, c’est-à-dire, pour toute l’humanité.
Ainsi le « Christ pleure », larmes très saintes et douloureuses qui résonnent avec celles de Rachel qui ne se console pas du massacre des Innocents dans Jérusalem, avec celles de Job le saint et juste, avec nos propres larmes lorsque nous voyons l’œuvre maudite du péché dans notre vie. Le Seigneur voit la vie pétrifiée, inanimée, retourner à l’état chaotique, et qui fait écho à la terre adamique de laquelle Adam fut tiré et formé. Adam vivant laisse pénétrer en lui la mort. Lazare mort laisse pénétrer en lui le Verbe créateur, qui parmi nous, connaît comment Lazare mort, déjà en état de décomposition avancée, a pu entendre la voix du Christ? De même que saint Jean-Baptiste a vocation d’être le précurseur de la venue du Messie dans le monde, de même Lazare devient un signe précurseur du retour de l’homme dans le Royaume de Dieu, par la Pâque du Seigneur. La résurrection de Lazare est la prémisse de la résurrection de l’Adam-humanité, prémisse parfaitement réalisée par Celui qui sur la Croix a dit à voix forte « tout est accompli ».
DIMANCHE DES RAMEAUX.
« Voici que ton Roi vient à toi, humble et monté sur un ânon, le petit d’une ânesse ». La véritable royauté est la sainte humilité du Christ, qui de tout-puissant qu’il est dans l’éternité, se rend semblable à la créature humiliée et écrasée par le péché. Jérusalem est l’icône du Royaume à venir, et Jésus nous invite à le suivre pour renouer le dialogue avec le Père Céleste en acceptant de passer par la Croix, par la Pâque du Seigneur dans la foi, l’espérance et le vrai repentir du cœur. Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, voit dans la Passion du Christ la gloire du Christ, il vit sa propre passion et sa propre gloire, il entend dans l’hosanna du peuple qui acclame et suit Jésus, les chants d’allégresse spirituelle des saints anges et des saints dans le Royaume de Dieu, car en Christ tout est récapitulé et réconcilié, cet homme-là peut vraiment expérimenter le Mystère de Pâque, et entrer avec Marie dans le silence contemplatif du cœur.
Le Dimanche des Rameaux, inaugure le cheminement ascétique proposé à chaque chrétien orthodoxe pour se préparer à vivre avec le Christ sa propre pâque, sa résurrection et sa vie dans l’intimité de la Divine Trinité. Cette liturgie du salut présidée par le Christ lui-même est, ce que l’Eglise orthodoxe appelle « l’ascèse de l’amour », seule indispensable pour entrer dans la « métanoïa pascale » qui fait passer de la mort au monde et aux modes, à la Résurrection pour la vie éternelle.
Comment Lazare a t -il vécu après sa résurrection, au milieu de cette foule normale selon les critères religieux et sociaux de l’époque du Christ, cette même foule qui bientôt allait insulter, frapper, cracher sur le Christ, pour finalement le crucifier. Comment nous-mêmes sommes-nous après notre Semaine Sainte?
Ne craignez pas, dit le Seigneur, car J’ai vaincu le monde, ne soyons pas étonné si le monde ne nous comprend pas. Le monde ne peut pénétrer dans le mystère de la Résurrection, ce n’est pas le regard du monde sur nous qui doit changer, c’est nous qui devons regarder le monde avec l’Esprit du Seigneur, Lui seul, peut nous libérer de l’aliénation de ce monde. Dans (Mat. 21, 10-11), quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fût en émoi: « qui est-ce ? », disait-on; et les foules répondaient: « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». La foule anonyme ne peut confesser la divinité du Christ, seule la foi de ceux dont le Christ dit « bienheureux ceux qui auront cru sans voir », peuvent le reconnaître intérieurement en esprit et en vérité. Sommes-nous comme la foule, sommes-nous comme les Grecs qui s’adressent à Philippe pour voir Jésus, qui suis-je moi qui accompagne Jésus durant la Semaine Sainte? Le Chrétien ne peut suivre le Christ durant la Semaine Sainte que de manière personnelle, même s’il est aussi en communion de foi et d’espérance avec ses frères, dans l’attente de la Résurrection.
LUNDI SAINT, MARDI SAINT, MERCREDI SAINT, mettent en relief le sens eschatologique de Pâque, c’est-à-dire, qu’il est impossible de retourner après la Semaine Sainte à l’existence quotidienne, comme si la vie éternelle ne s’était pas incarnée dans notre monde. Pâque accomplie toute l’œuvre salvifique du Christ, Pâque nous rappelle que si nous vivons dans le monde, nous ne sommes pas du monde, que notre véritable Patrie est le Royaume de Dieu. Ces trois jours appartiennent encore à l’aspect pénitentiel du grand Carême, à la vigilance et à la prière dans l’attente et l’espérance de la résurrection du Christ.
LUNDI SAINT: (Matthieu 21, 33-43)
Dans cette parabole évangélique, le Vigneron est le Père Céleste et ceux à qui Il a confié sa vigne, ce sont les prêtres qui devaient préparer l’humanité à accueillir le Messie ; cette vigne sainte était Israël, et le lieu où devait être enseigné comment cultiver la vigne était la Synagogue. Israël, c’est aussi chacun d’entre nous, ne savez-vous pas que vous êtes le Temple du Saint-Esprit ? Cette vigne que nous devons faire fructifier et offrir au temps voulu par Dieu, au nom du Christ dans L’Esprit Saint, c’est nous-même, les raisins étant les talents reçus de Dieu, pour réaliser notre Pâque en Christ.
Mais au lieu de cultiver notre vigne, nous sommes envahis par les ronces et les mauvaises herbes, par toutes nos pensées psychiques et charnelles qui se dressent non seulement contre nous mais aussi contre le Christ, et veulent nous empêcher de suivre Le Sauveur, non seulement à Jérusalem, mais réduire à néant notre désir du Royaume de Dieu.
Soyons donc vigilants et accueillons les Serviteurs que Dieu ne cesse de nous envoyer pour reconnaître notre Seigneur et pour vivre dans la voie que Dieu veut pour chacun d’entre nous.
Nous sommes cohéritiers du Royaume de Dieu et de toutes ses richesses avec le Christ, c’est pourquoi nous aussi sommes menacés par les mauvais serviteurs en nous, à savoir nos pensées et nos actions psychiques et charnelles opposées à la volonté divine.
Dieu nous a envoyé les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Saints Pères, et finalement le Fils Unique. Aujourd'hui, Dieu nous donne la Sainte Eglise dans laquelle il a mis toutes ses grâces, elle est la vigne du Seigneur, les offices liturgiques, les lectures des prophètes, les prières, les chants, tout dans l’Église nous est donné pour traverser la Pâque. Bénissons la longanimité et la patience de notre Père Céleste, malgré l’interpellation du Seigneur qui nous dit: « jusque à quand dois-je encore vous supporter ?».
MARDI SAINT: (Matthieu 25, 1-13)
La parabole des vierges sages et des vierges folles, nous invite après avoir cultivé comme il se doit notre vigne pour le Seigneur, à être dans la vigilance intérieure, dans la certitude que l’Époux va venir, qu’en vérité, il n’a jamais été aussi proche.
Cette vigne est aussi le symbole de la chambre nuptiale, d’ailleurs c’est pourquoi nous célébrons le merveilleux office du « Fiancé » durant les trois premiers jours de la Semaine Sainte. La virginité en soi et pour soi, n’a aucune valeur spirituelle. Dans le monde une multitude de gens sont vierges par une nécessité imposée de l’extérieur. La virginité des vierges folles, fait écho au figuier stérile, au talent enterré, ces vierges folles sont stériles selon la chair et selon l’esprit ; c’est comme si elles n’existaient pas, comme si elles n’avaient pas la vie en elles, et peut -il exister une douleur plus grande en ce monde que de s’entendre dire par le Seigneur lui-même : « Je ne vous ai jamais connu », non pas, Je ne vous connais pas, mais Je ne vous ai « jamais » connu ; que Dieu nous garde à jamais d’une telle parole. L’Œuvre demandée ici au disciple du Christ est de réaliser la parole de l’Écriture, « Veillez et priez ». Le fruit de la vigne est le désir de Dieu seul en tout et en tous, le fruit de la parabole des vierges est la prière qui espère l’Époux de tout son être, qui accomplit le plus grand et le premier parmi les Commandements donnés par le Christ: « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toutes tes forces », et le deuxième qui lui est semblable « et ton prochain comme toi-même ».
MERCREDI SAINT : (Matthieu 26, 6-16)
Après l’attente de l’héritier, de l’époux, voici que Dieu en Christ se fait proche au point de se laisser toucher, voici que le Christ reçoit comme une onction de la main d’une femme, et tous les disciples s’indignèrent et se préoccupèrent des pauvres comme si ceux-là allaient s’échapper. De quoi nous indignons-nous en ce mercredi saint, est-ce là le plus urgent, pourquoi s’il faut vraiment s’indigner, ne le faisons-nous pas de nous-mêmes? Le Christ nous invite ici non à nous indigner sur ce que fait l’autre, mais sur ce qui nous rend indigne de participer pleinement à la Semaine Sainte. Le Seigneur plein de grâce et de vérité, Homme et Dieu parfait, après avoir en Lazare parlé à Adam et en celui-ci à toute l’humanité, se tourne vers Ève non à travers les vierges sages ou folles, car la sagesse sans véritable métanoïa du cœur, n’est que folie et fait que même « les prostituées vous précèderons dans le Royaume de Dieu », Lui, le Saint, en se laissant toucher et oindre par une femme, bénit toutes les femmes.
JEUDI SAINT : (Luc 22, 7-36)
Le grand thème ici, est celui de la fidélité au Seigneur quoiqu’il puisse nous arriver dans les épreuves que Dieu permet pour notre résurrection à la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Cette promesse faite par le Christ aux Apôtres, nous la vivons déjà dans ce monde, l’icône parfaite de ce festin céleste est évidemment : L’Eucharistie.
Avons-nous conscience de cette immense grâce? Avons-nous conscience de ce que représente en vérité la Communion Eucharistique? La Sainte Église Orthodoxe est le lieu béni par Dieu dans lequel, nous pouvons commencer à expérimenter, ce que signifie vivre en présence de Dieu, au milieu de la Cour céleste là où, vivent déjà Marie la reine du Ciel, les Saints et les Saints Anges. Deux grandes expériences traversent ici l’âme des fidèles qui contemplent la Passion du Seigneur : la Sainte CENE et son opposé absolu la trahison de Judas. La Sainte Cène se résume à Dieu est AMOUR. La Divine Liturgie est imprégnée de lumière et de ténèbres, de joie et de douleur. Dieu se donne tout entier à Judas, et qui peut imaginer l’état dans lequel se trouve Judas à ce moment-là ? Adam s’est détourné de Dieu, Judas le trahit et le vend. Certains disciples vont le renier, l’humanité entière est ébranlée, la création est frappée de stupeur, le monde angélique frémit et ne comprends pas ce qui se prépare, et chacun d’entre nous traverse comme il peut, cette grande et terrible épreuve. Marie est là, elle suit son Fils et son Seigneur, elle veille auprès de lui. Demandons humblement son aide, prions-là de nous fortifier, afin de demeurer nous aussi avec le Seigneur durant la Pâque du Christ mais aussi de la nôtre.
VENDREDI SAINT : (Marc 15-39)
Mon Dieu! Mon Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné? Jésus cria d’une voix forte à Lazare de sortir du tombeau. Là il crie d’une voix forte vers son Père, ce cri est celui de toute l’humanité passée, présente et à venir. Ce cri est celui de la détresse absolue de tous les hommes. Les Saints connaissent dans leur cœur, cette souffrance de l’âme humaine défigurée par le péché, mais encore de manière relative. Le Christ, LUI, connaît de manière absolue les œuvres de l’Ennemi de Dieu et du genre humain, son cri est à la hauteur du désespoir
inconscient de l’humanité. Ce cri du Christ continue de traverser l’histoire de l’humanité, et ne cessera qu’à la fin des Temps, à la porte du Royaume de Dieu, dans lequel nous disent les saints Pères, le silence qui n’est pas de ce monde, sera le langage de l’éternelle louange à la Divine Trinité.
Le Seigneur ne crie pas vers le Père pour lui-même, mais pour l’homme son bien-aimé, car comme Marie gardait et méditait toutes ces choses dans son cœur, la Divine Trinité garde l’homme dans son cœur. Le Christ aurait aussi pu crier, ô homme pourquoi m’as-tu abandonné, pourquoi t’es-tu abandonné toi-même, tant l’œuvre de Dieu semble anéantie, au moment de la Crucifixion? Le vendredi saint dans ses plus profondes ténèbres, prépare l'avènement non seulement du Ressuscité, mais à travers Lui, réalise cette autre parole qui concerne directement chacun d'entre nous « il y a au milieu de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas », c'est-à-dire l'homme intérieur caché avec le Christ en Dieu, l'homme spirituel qui est en chacun d'entre nous, comme emmuré dans nos enfers existentiels. Cet homme intérieur qui passe lui aussi par la croix, la sépulture et la résurrection, cet homme-là connaît son Seigneur et son Seigneur le connaît, œuvre liturgique, ineffable et indicible, qui unit Dieu et sa créature aimée.
SAMEDI SAINT
Le Saint Shabbat qui suit la mise au tombeau du Christ, contient dans le silence de Dieu, l’annonce proche de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Seigneur. Certes Marie et les proches de Jésus se lamentent encore, mais le JOUR lumineux apparaît et rempli de Paix le croyant orthodoxe. La nuit sainte de la Résurrection, nous fait passer du tombeau à la chambre nuptiale, la Divine Liturgie témoigne par toute sa splendeur du Royaume de Dieu. Dans le Ressuscité se réalise la Promesse de Dieu : « Je ne t’abandonnerai jamais », et la belle prophétie de saint Syméon le nouveau théologien que « l’homme renouvelé, redevienne spirituel, incorruptible et éternel, et que toutes les créatures se renouvellent avec lui et, comme lui, deviennent incorruptibles et spirituelles».
L’Église orthodoxe témoigne que par la Résurrection, la mort et le néant même, peuvent servir le plan de Dieu qui en a fait des serviteurs de l’Économie divine et des médiateurs de la vie et de la lumière, à condition de les configurer à la Croix du Christ. Ainsi, la lumière de Pâque est celle de la Parousie, c’est pour l’Eglise Orthodoxe le « Jour du Seigneur », unique et très saint, la Fête des Fêtes, les prophéties sont réalisées, la « Nouvelle Jérusalem » est là spirituellement.
La Divine Liturgie qui suit la Résurrection est vraiment communion au Banquet Eschatologique. Les portes de l’iconostase sont ouvertes, l’Église est remplie de lumière, les Fidèles communient avec le Ressuscité, et ne se lassent pas, de se saluer par un saint baiser, en se disant « Christ est Ressuscité », et en se répondant « En vérité, il est vraiment Ressuscité ».
Que Dieu nous accorde de Ressusciter dans le Seigneur au temps fixé par Sa Divine Providence pour chacun et chacune d’entre nous, et que nous puissions proclamer avec saint Séraphim de Sarov : « Christ est Ressuscité, ma joie ».
Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant, toujours et dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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