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dimanche 26 novembre 2023

Le Bon Samaritain.

 

(Luc 10, 25 – 37)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe nous invite à recevoir la connaissance de la voie royale qui mène à la vie éternelle. Cette Voie unique mais universelle, c’est le Seigneur lui-même et pour y cheminer avec certitude, malgré nos états d’âme, accomplir cette œuvre si simple en apparence et pourtant si complexe à réaliser dans notre existence, « aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos pensées et de toutes nos forces… et notre prochain comme nous-mêmes », n’est-ce pas là, l’œuvre même de tout « bon samaritain » !

 

Comme l’a dit le Christ à la Samaritaine, il nous dit aussi aujourd’hui : « si vous saviez le Don de Dieu et qui est Celui qui vous parle », vous vous précipiteriez vous aussi de tout votre désir de vie et d’amour dans mes bras à moi, votre Dieu. Et moi, votre Père, je vous porterai dans mes entrailles jusqu’à engendrer chacun et chacune d’entre vous comme un saint Christ, alors s’accomplirait pour vous aussi la prophétie du Psalmiste : « voici que Dieu se promène au milieu des dieux », car l’amour serait devenu votre nature par ma grâce et la communion réelle avec moi, votre Dieu.

 

Notre cœur se serre et nos yeux s’inondent de larmes, car cet homme « roué de coups et à moitié mort » dont nous parle aujourd’hui le saint Evangile, oui, cet homme allongé là au milieu de nous, c’est aussi chacun d’entre nous, frappé plus ou moins violemment par ces brigandes que sont les passions destructrices. C’est pourquoi L’Esprit Saint lui-même, le divin Consolateur, nous a transporté ici dans cette auberge hospitalière, notre humble, petite mais si précieuse chapelle orthodoxe, pour y rencontrer le Bon Samaritain divin, notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu’il nous guérisse et nous restaure dans la pleine beauté divino-humaine qui est la véritable nature de la personne crée à l’image et à ressemblance de Dieu.

 

Comment pouvons-nous être un bon Samaritain les uns pour les autres, ici et maintenant, dans notre petite chapelle ? D’abord et paradoxalement, en commençant par la compassion évangélique envers nous-mêmes, car si nous ne veillons pas sur nous-mêmes au Nom de Jésus, comme Marie a veillé sur le trésor vivifiant qu’elle portait, alors notre ascèse est inutile et notre « foi » est vaine. Cette veille spirituelle est le don divin déposé par l’Esprit Saint dans l’Eglise orthodoxe, dans laquelle œuvre la communauté des croyants, affamée et assoiffée de l’essentiel, pour engendrer une existence qui vaille la peine d’être vécue.

 

Ne sommes-nous pas « sel de la terre et lumière du monde » ? Nous sommes ici, chacun et chacune le corps et le cœur, la prière et la pierre vivante, la foi et l’espérance de notre sainte petite Eglise, oui, nous sommes le « petit troupeau » très aimé de Dieu. Si nous connaissions en esprit et en vérité ce qu’est l’Eglise, des fleuves d’eaux vives couleraient en nous et de nous vers le monde, pour abreuver d’amour et de sagesse l’humanité désorientée, saint Paul nous rappelle que « l’Eglise est le Corps du Christ dont il est aussi la Tête », elle est la graine infiniment précieuse semée dans la terre de l’humanité afin d’y produire avec abondance les fruits de la grâce divine et de nourrir ainsi tous les affamés et assoiffés de la véritable justice.

 

Alors, ne laissons pas nos états d’âme parasiter la célébration liturgique, déposons ce qui nous tourmente dans la confession devant Dieu. Donnons-nous comme une offrande à notre Dieu, en célébrant la Divine Liturgie ensemble dans l’amour et la vérité avec Dieu et parmi les hommes. Pour aimer Dieu de tout notre être, il faut nous souvenir de la parole du Seigneur qui nous dit « sans moi, vous ne pouvez rien faire », et donc le prier de nous donner la communion réelle avec Lui pour espérer

l’union parfaite à venir, dire au Seigneur sans nous lasser « ô Christ, donne-moi ton esprit ».

 

 

 

Nous sommes élus pour vivre comme des êtres liturgiques dont la vocation est d’emprunter le chemin qui mène à la vie éternelle. Ne voyons-nous pas combien le temps nous est compté, combien les modes du monde sont éphémères, que rien de ce monde ne nous accompagnera dans le Royaume de Dieu, sinon ce que nous aurons semé et récolté spirituellement dans notre vie personnelle en nous comportant comme des bons samaritains les uns envers les autres. Allons-nous ignorer l’appel de Dieu « Adam, où es-tu », et continuer à dévorer l’arbre du bien et du mal qui mène à la mort, alors que l’Arbre de la vie qui est le Seigneur nous tend sans cesse les mains de la compassion selon sa parole sainte et sacrée « Je suis la Résurrection et la Vie » ?  

 

Cet homme parterre à demi-mort, c’est aussi une image de l’Eglise martyrisée par toutes les tyrannies politiques extérieures, mais c’est encore plus le témoignage des blessures que reçoit le Corps du Christ qui est aussi le Temple de l’Esprit Saint comme l’enseigne l’apôtre Paul, blessures cruelles que peuvent lui infliger ses propres enfants, lorsqu’ils oublient qu’ils sont fils et filles de la Lumière divine. Si nous laissons nos états d’âme prendre le dessus, alors le risque est réel que l’Eglise devienne un lieu de ténèbres psychiques qui s’opposent consciemment et inconsciemment à la volonté de Dieu. Alors la nouveauté de l’Esprit de Dieu est occultée ou défigurée, et les esprits mondains viennent non seulement se délecter de nos blessures, mais accusent l’Eglise d’être un repaire de démons et de marchands du temple.

 

L’Eglise terrestre représente les portes saintes qui donnent accès à l’Eglise céleste dont Marie est la porte spirituelle, tout comme notre cœur est la porte sainte et sacrée qui permet le passage vers le saint des saints de notre temple intérieur qui se trouve au cœur de notre cœur. Là se trouve le Christ, l’Epoux de notre âme pour nous unir à lui, en présence des deux Témoins divins que sont le Père et l’Esprit Saint. Mais ces noces célestes se préparent de manière liturgique par des fiançailles terrestres que nous scellons avec notre Bien-Aimé dans l’Eglise orthodoxe, en présence, des anges et des saints pour construire notre vie et notre unité en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.

 

Etre prêtre, lévite ou même samaritain ne sauve personne, « Dieu seul est le Sauveur », mais il nous appartient si nous désirons devenir orthodoxes d’accomplir les œuvres évangéliques, afin de nous accompagner mutuellement pour traverser au mieux les épreuves existentielles et les nombreux barrages édifiés en permanence par les esprits mauvais en nous et autour de nous, en nous souvenant toujours de cette parole du Seigneur « ne crains pas petit troupeau, crois seulement ».

 

Prions donc Jésus, notre saint Dieu, de nous unir à lui seul pour nous préparer à recevoir par une vie orthodoxe et l’intelligence du cœur, la grâce sanctifiante qui nous donnera « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ceux qui l’aiment ». Ce grand mystère spirituel nous sera donné à vivre avec la Nativité, que nous nous préparons à concélébrer avec les saints et les anges de Dieu, avec les humbles pasteurs et les sages mages, avec l’étoile qui illumine la grotte de Bethléem et toute la Création. Que l’Eglise, étoile divino-humaine, grotte sainte et sacrée, illumine et transfigure l’univers par la célébration liturgique et se prépare à chanter bientôt « Christ est né, venez, adorons-Le » !

 

Que la très sainte Mère de Dieu, dont nous célébrons aujourd’hui la présentation au Temple de Jérusalem, intercède pour nous et avec nous auprès de son divin Fils pour le salut de l’humanité et la restauration de la création dans sa pleine beauté originelle.

 

Au Père du bon Samaritain, au Fils qui est le véritable Samaritain pour l’humanité et à l’Esprit qui nous bénit et nous sanctifie, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

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