(Luc 8, 41 à 56).
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui,
notre sainte Eglise orthodoxe nous invite à être les témoins vivants et
vivifiants de la Grâce divine qui habite le saint prophète Jésus devenu
par son incarnation, l’un d’entre nous. Cette grâce n’est pas
inaccessible pour nous, il nous suffit de la demander sans discours
théologique ou philosophique, comme si nous devions prouver à la Divine
Trinité combien nous sommes cultivés. Ce que notre Seigneur doux et
humble de cœur nous propose, c’est de cultiver la Foi en Lui et son
corollaire indispensable la confiance en nous, car depuis toujours et
pour toujours Dieu aime l’homme sans conditions aucune, sinon l’amour
réciproque.
Dans l’Evangile de ce jour quelqu’un dit au chef de la Synagogue : ta fille est morte, n’ennuie plus le Maître », mais le Maître répond « sois sans crainte, crois seulement et elle sera sauvée »,
c'est-à-dire que le Christ nous invite à ne pas écouter les discours
pessimistes du monde déchu, à ne pas nous laisser détruire par des
paroles sans issue possible, mais à nous tourner encore et encore vers
la Vie, c'est-à-dire vers Dieu qui peut l’impossible. L’Eglise à travers
le récit de la fille de Jaïre, nous invite chacun et chacune, à
questionner notre foi, est-elle proche de celle que le Seigneur espère
en nous invitant à croire que « celui qui croit en Lui, fera les mêmes choses que Lui et même de plus grandes ». Notre manque de foi nous est plus ou moins palpable et déjà le prophète Isaïe
proclamait en 53, 1 « qui a cru a ce que nous avons annoncé »
? Ainsi le fruit de la foi en Dieu nourrit l’espérance de la
résurrection, qui commence déjà en ce monde, c’est ce dont témoigne
aujourd’hui pour nous le récit concernant la fille de Jaïre.
Le
Maître nous enseigne aussi que la mort dans ce monde qui engendre la
naissance au ciel, demande à la Communauté des Croyants dans l’Eglise du
Christ, de continuer à prier avec ardeur et ferveur pour l’âme défunte,
qui continue de cheminer avec l’aide de sa foi cultivée dans ce monde,
vers une des nombreuses demeures qui sont dans le Royaume du Père
Céleste. Ce cheminement de l’âme est un mystère aussi grand et profond
que la personne humaine elle-même, car il doit conduire l’âme qui
continue à chercher Dieu jusqu’au cœur même du Royaume de Dieu, dans le
Saint des Saints qui est la Chambre nuptiale, spirituelle et mystique
dans laquelle est célébrée l’éternelle noce de Dieu avec l’humanité
sauvée.
La
fille de Jaïre est aussi une icône de l’âme et de la vie qui est
unique, perdre son âme s’oppose à la vie dont saint Jean dit que « « que dans le Verbe était la vie et que la vie est la lumière des hommes », le
refus de la vie lumineuse engendre alors les ténèbres qui voilent tout
discernement spirituel. Perdre son âme, revient à expérimenter cette
parole du Seigneur « à quoi bon posséder le monde entier si tu perds ton âme », dans cet état contre nature, la vie évangélique devient inaccessible et s’oppose à toute résurrection spirituelle.
« Ne crains pas, crois seulement et elle sera sauvée »,
cette parole du maître éternel devrait-elle engendrer de la tristesse
ou du désespoir dans le cœur de l’homme, au point de dire comme cet
homme insensé et sans sagesse selon Dieu, « n’ennuie plus le Maître »
? Le Seigneur de Gloire, le Christ notre vrai Dieu nous invite au
contraire à faire la Fête à la vie, la Fête dans l’Eglise et cette Fête,
c’est la célébration des très saints mystères du Christ, à savoir la
Divine Liturgie qui nous transmet la plénitude de la grâce divine par
laquelle justement nous pouvons espérer nous éveiller à la vie en Dieu, à
la vie avec Dieu, à la vie pour Dieu et à la communion avec notre
frère. Ne nous lassons pas de demander à notre Maître, de nous exaucer
selon cette parole « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », « croire » est l’ascèse de l’homme, être dans la « foi » est un don de Dieu.
L’esprit du monde inspire à l’homme de clamer « ta fille est morte, n’importune plus le maitre », mais ailleurs le Seigneur dit « laissez venir à moi les petits, ne les empêchez pas », qui
donc sont ces petits ? Ce sont tous ceux qui quelque soit leur âge,
demandent avec simplicité de cœur, à recevoir la paternité divine.
Sortons sans hésiter des illusions mortifères et morbides distillées par
les esprits sous ciel et dont le vieil homme en nous se fait le
complice pour nous susurrer « n’ennuie pas le Maître ».
L’Eglise
du Christ, c'est-à-dire nous les Fidèles, nous le Peuple royal, où
chacun est roi, prêtre et prophète nous avons comme vocation de cultiver
la vie et l’être selon Dieu, et l’apôtre Paul nous en montre la
condition sine qua non dans l’épître de ce jour, en nous demandant
d’être un « seul cœur et une seule âme pour l’amour de Dieu et de notre prochain ».
La
résurrection de la fille de Jaïre est accomplie par le Maître Céleste
dans ce monde, mais dans le monde à venir que ferons-nous, allons-nous
également ressusciter ? Non puisque dans le Royaume de Dieu nous ne
mourrons plus et donc nous ne ressusciterons pas non plus, alors que
ferons-nous ? Nous vivrons par la foi parfaite qui est le signe certain
de l’accomplissement dans le Royaume de Dieu du « Père, qu’ils soient un comme nous sommes Un » et son fruit immédiat « Dieu sera tout en tous »,
comme nous le promet l’Ecriture sainte et sacrée. Par notre communion
sans confusion ni séparation avec Dieu, nous serons dans l’absolue « liberté des enfants de Dieu » et coparticipants avec la Divine Trinité pour accomplir l’union éternelle et indissoluble de « l’amour qui est ce qui reste »
lorsque le monde aura disparu, cet amour divino-humain unira les
personnes ressuscitées avec les très saintes Personnes Divines, œuvre
indicible et incompréhensible selon l’esprit du monde déchu.
Jaïre signifie « Yahvé rayonne », le rabbi Jésus qui est Dieu est venu vers Jaïre et vers sa fille et a fait resplendir sur eux son « rayonnement divino-humain »,
car IL est comme nous le confessons le médecin de nos âmes et de nos
corps, Il est le Verbe créateur de l’humanité et peut donc restaurer sa
créature aimée dans la plénitude de la vie et de l’être. Jésus est nous
dit saint Paul celui qui « loin des préceptes de la Loi mosaïque avec toutes ses ordonnances, peut créer en sa Personne un homme nouveau »,
aujourd’hui, la fille de Jaïre ressuscitée est une icône et un
témoignage de cette nouveauté accomplie ici au milieu de nous par le
Dieu et Homme parfait.
Nous sommes, chacun et chacune « Jaïre
» qui avons vocation à laisser Dieu rayonner en nous, nous avons reçu
pour cela un talent unique un temple saint et sacré, c’est à dire
nous-mêmes, dont nous sommes les responsables liturgiques, dans lequel
habite notre fille, c’est à dire notre âme, afin qu’elle puisse y être
restaurée et ressuscitée pour le Royaume de Dieu. C’est pourquoi saint
Paul dans l’épître de ce jour nous rappelle que « nous avons
comme fondations les apôtres et les prophètes et pour pierre d’angle le
Christ lui-même…afin de devenir une demeure de Dieu dans l’Esprit ».
Le
Seigneur notre Dieu, le saint Christ Jésus, nous révèlera pleinement
qui Il est comme Homme parfait et Dieu parfait en nous faisant comme Il
le montre avec la résurrection de la fille de Jaïre, passer de la mort
totale à ce monde à la vie éternelle du Royaume de Dieu. IL nous
révèlera aussi pleinement à nous-mêmes dans Sa grâce divine et cela
engendrera la contemplation émerveillée de la Divine Trinité par
l’humanité sauvée. Alors à nouveau, l’homme sera rempli non seulement du
rayonnement divin et restauré dans la beauté éternelle qui était celle
de sa création originelle, mais il sera aussi un « christ et recevra de Dieu un nom nouveau »
connu seulement de celui qui reçoit ce nom, et ce nom sera unit
indissolublement avec le Nom de Dieu, pour des siècles et des siècles de
vie éternelle.
« Dieu sera tout en tous »,
à Notre Père Céleste, qui nous bénit par le Christ notre unique
Grand-Prêtre et nous donne de concélébrer la Divine Liturgie dans
l’Esprit de Sainteté, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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