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dimanche 22 octobre 2023

La veuve de Naïm.

                                                       (Luc : 7, 11 à 16)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Aujourd’hui, l’Esprit de Dieu qui continue de couver la sainte Église comme Il couvait la Création originelle de Son amour et de Sa lumière, nous emmène si nous le voulons à Naïn qui signifie la Bien-Aimée, pour assister à la résurrection du fils unique d’une jeune veuve. Cette belle bien-aimée vers laquelle s’avance notre Seigneur, c’est en même temps notre  Église, l’Humanité et notre Ame, Naïn représente surtout notre âme qui pleure de n’être pas aimée pour ce qu’elle est, à savoir l’œuvre de Dieu. Notre âme, pourrait s’appeler Naïn la veuve délaissée qui par manque d’amour se meurt sous les coups répétés de ses propres enfants, c’est à dire nos pensées, paroles et actes, non suffisamment purifiés dans la prière avec l’intelligence du cœur et l’humilité.  

 

L’Évangile nous dit : « Jésus, en voyant la veuve eut compassion d’elle et lui dit, ne pleure pas ». Quelle douleur dans le cœur aimant du Christ de voir cette jeune veuve éprouvée et comme abandonnée d’abord par la mort de son époux et maintenant de celle inattendue et incompréhensible de son fils unique. L’époux et le fils, c'est-à-dire tout ce qui faisait sens dans son existence, toutes les promesses et espérances qu’elle avait pu mettre dans ces deux êtres, tout semble soudain comme anéanti. Elle ne répond rien au Christ, mais le laisse s’approcher de son enfant défunt, il n’y a ici aucun hasard, car nous connaissons et confessons Dieu comme l’unique Maître absolu de l’histoire, du temps et de l’espace, de la vie et de la mort, sans pour autant limiter la liberté de l’homme. Cette femme a intériorisé sa souffrance et témoigne par son silence que ni les cris, ni le refus de la mort, ni même la foule qui accompagne le convoi funèbre, ne peuvent lui rendre son fils unique. Alors et sans comprendre elle laisse faire ce Jésus, elle reprend sa liberté et décide de donner sa confiance à ce Rabbin et voilà que le miracle espéré de la résurrection de son enfant s’accomplit là devant elle et au cœur de cette foule qui émerveillée s’écrie, un « grand prophète s’est levé parmi nous ». De même pour nous, en venant dans la sainte église du Christ, nous offrons au Seigneur la possibilité de nous rencontrer, de s’arrêter auprès de chacun et chacune d’entre nous, de nous dire « ne pleure pas » et de nous ressusciter de notre mort spirituelle.

 

Que dit le Christ au fils décédé : «  jeune homme, Je te l’ordonne, lève toi…» comment ressentons-nous ce mystère qui témoigne que la mort n’est pas une fatalité devant la puissance divine, que dans ce monde la résurrection est possible par la grâce de Celui qui est tout et qui peut tout. Comment ce mort à l’image de Lazare, peut-il entendre la voix du Christ, alors qu’il n’entend ni les larmes de sa mère ni les lamentations funèbres de la grande foule qui l’accompagne ! Mais que nous dit le Seigneur de lui-même : « Je suis la Résurrection et la Vie, celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra », croyons-nous de toute notre âme, qu’il désire et peut véritablement ressusciter chacun et chacune d’entre-nous ? Certes, nul ne peut ressusciter sans mort préalable, car « si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il ne peut porter aucun fruit. ».  De quelle mort veut nous parler ici en premier le Christ ? De la mort en nous-mêmes au péché, de la mort à tout ce qui voudrait nous enfermer dans l’ignorance et détruire ou voiler en nous la présence divine.  

Voici que sur le commandement du Seigneur, ce mort se relève et s’assied, commence à parler là dans son cercueil, que dit-il donc ? Il se voit là assis dans un cercueil, vois sa mère, la foule, entend le Christ lui dire « jeune homme, lève-toi » ! Est-ce que cette scène inouïe nous semble aller de soi, est-ce que ce dont nous sommes ici les témoins privilégiés est limpide pour nous, en quoi cette expérience transforme-t-elle notre propre réalité ici et maintenant ? Cela mérite méditation et prière ! Alors, Jésus le remit à sa mère, là aussi, pouvons-nous imaginer ce qui se passe dans cette mère à qui Jésus remet son fils unique qui était mort et que voici ressuscité. De même que pour ce jeune homme, le Christ désire notre résurrection spirituelle, c’est pourquoi, il nous invite à prendre le chemin de la vie liturgique vivifiante que nous propose notre Mère l’Église, que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende » nous rappelle le Seigneur.  

 

Nous vivons des merveilles et des miracles dans l’Église orthodoxe, et cela en particulier à chaque Divine Liturgie, mais si nous ne sommes pas présents spirituellement, alors nous sommes désincarnés et déjà moribonds, couchés dans le cimetière de notre âme. Dieu ne nous ressuscitera pas contre notre propre volonté, l’homme sans Dieu n’a aucun pouvoir, cessons de nous lamenter et de murmurer contre la réalité que Dieu permet. Pleurons comme cette veuve d’avoir perdu si souvent l’essentiel, notre véritable vie qui est la communion avec Dieu et avec notre frère. Au Nom de notre Seigneur, cessons de penser qu’il suffit de venir à l’Église, d’écouter des tonnes de conférences ou d’homélies mêmes spirituelles ou encore de lire des livres dits profonds, pour être sauvés. Refusons de nous laisser entraîner par le vieil homme en nous, sortons de ce brouillard psychique mensonger qu’est l’esprit de ce monde sans Dieu que dénoncent saint Paul et tous les saints Pères et saintes Mères, sommes-nous plus spirituels que nos saints Pères et Mères ?

 

Au contraire, accompagnons-nous les uns les autres par un cortège de valeurs spirituelles et non par des foules de pensées mortifères que nous distille si souvent à travers notre frère ou notre sœur et cela même dans la très sainte Église de Dieu, de manière hypocrite Satan l’ennemi de l’humanité. Alors le Christ viendra toujours plus à notre rencontre dans l’Eglise-Naïn et dans notre existence personnelle, et nous entendrons à chacune de nos morts au monde et au péché, le Sauveur nous dire : «  ne pleure plus, mais réjouis-toi », Lui notre Seigneur dont l’amour et la patience envers nous sont infinis. Apprenons à mourir à ce marasme dans lequel le péché veut nous entraîner, en voulant nous faire croire que nous sommes vivants et spirituels, évitons les pièges de l’illusion mentale, prions et supplions Dieu de venir poser Sa main sur nous. Arrêtons ce convoi permanent de pensées partielles et partiales qui nous enferment comme dans un cercueil, afin que le Christ nous ressuscite comme ce jeune homme et nous confie par son amour et sa vérité à celle qui nous engendre spirituellement, c'est-à-dire notre Mère, la sainte Église orthodoxe. Alors nous aussi émerveillés comme cette foule bigarrée devant tout ce que notre saint Christ accomplit pour nous, nous pouvons chanter « Dieu est parmi nous et avec nous ».

 

C’est dans l’Esprit de Vie, après notre mort au péché que nous pouvons passer de la vie à la Vie, étant devenu nous aussi des vivants par la Grâce de la Divine Trinité, à laquelle soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon          

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