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vendredi 6 janvier 2023

MESSAGE DE NOËL 2022 du Patriarche Porphyre et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes

  LA PAIX DE DIEU – CHRIST EST NÉ !

…Un enfant nous est né, un fils nous a été donné,

Il a reçu le pouvoir sur Ses épaules et on Lui a donné ce nom :

Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince de la paix ! (Is 9, 5)

 Chers enfants spirituels,

Réjouissons-nous en ce jour de grande et merveilleuse fête de la Nativité du Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, par laquelle s’est accompli le salut du monde et de l’homme ! Joignons-nous aux anges en chantant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes qu’Il aime ! (Lc 2, 14) Les rayons de gloire du Seigneur nous ont révélé la grotte qui est devenue pour le monde, la source du Chemin, de la Vérité et de la Vie ! (Jn 14, 6) Réjouissons-nous avec toute la création, en entonnant un chant nouveau (Ps 98, 1), car le grand, hautement loué et Seigneur au-dessus de tout, est devenu un petit enfant ! Réjouissons-nous et, comme les bergers dans cette nuit toute lumineuse, plus éclatante que le jour, embrassons Celui qui a rassemblé les cieux dans une mangeoire ! Soyons dans l’allégresse et à la suite des sages venus d’Orient, prêchons sans crainte l’Étoile brillante qui a chassé les ténèbres de la mort et nous a conduits à la Lumière éternelle et au Sens éternel !

Le mystère de Noël est contenu dans l’humilité infinie du Prééternel qui est né comme un petit enfant et nous a permis de Le toucher, et selon le plan perfide d’Hérode, il s’en est fallu de peu qu’Il fut mis à mal. Mais sans se soucier des faiblesses des hommes, le Fils de Dieu attend notre amour et nous permet même de L’embrasser. C’est ainsi qu’à Noël nous sommes appelés à prendre part à Son développement dans ce monde afin de parvenir nous-mêmes à l’état adultes, à la taille du Christ dans Sa plénitude (Ep 4, 13). Dans cette connexion divino-humaine, nous adoptons les vertus évangéliques, les valeurs éternelles que le Fils de Dieu apporte sur terre.

En vivant selon les commandements de Dieu, sous la protection de la sainte Église, nous commençons à regarder avec Ses yeux, à respirer avec Ses poumons et à réfléchir avec Son esprit. Ainsi nous adoptons progressivement l’esprit du Christ, l’éthique évangélique, les valeurs éternelles, devenant des hommes en train de renaître, des citoyens du Royaume céleste et des membres de la Maison de Dieu.

Frères et sœurs, si nous choisissons d’être façonnés par le mystère de l’amour et de l’humilité qui s’est manifesté dans l’événement de la Nativité du Christ, tout sera transfiguré autour de nous. Si pour nous, la mesure de toutes les valeurs devient l’Enfant Divin qui gît emmaillotté dans une mangeoire, nous entendrons la même voix fortifiante des anges qui dans la première nuit de Noël a réconforté les bergers : Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur (Lc 2, 10-11). Cet encouragement éternel et impérissable des anges transforme avec son message plein de grâce et de force, le monde souffrant et déchiré par des troubles en un lieu de paix et de joie de Noël. Pour que la paix qui nous a été ainsi donnée, soit mise en œuvre dans notre temps et dans notre vie, nous devons rassembler nos efforts, nous devons non seulement adhérer à cette paix mais aussi en faire un élément essentiel de notre vie.

Les guerres fratricides et destructrices qui sèment la mort aujourd’hui tout autour de la terre, montrent que la paix véritable n’est pas seulement l’absence de conflit armé mais le fruit du sacrifice d’auto-immolation que le Seigneur Lui-même a semé parmi les hommes et qu’Il a scellé par Son Incarnation. La paix de Dieu se révèle à nous dans la Personne divino-humaine du Christ, elle frappe à la porte de notre liberté et nous invite à l’accueillir dans nos demeures et nos écoles, dans nos lieux de travail, dans les coins et recoins de nos vies. Elle nous appelle à nous joindre à ceux qui partagent avec nous le même éthos éternel, saint et immuable, un système de valeurs défini par ce que nous aimons et ce que nous sommes, ce en quoi nous croyons et ce que nous savons. Alors, même dans nos proches, nous reconnaîtrons le Divin Enfant et pourrons leur offrir aussi l’or de la joie de vivre, l’encens de l’amour sincère et la myrrhe de l’humilité véritable.

Chers enfants spirituels, la Nativité du Christ a depuis toujours été respectée par tous comme une fête familiale, la fête du foyer domestique et de la chaleur qui s’y trouve. C’est pourquoi il est erroné qu’au réveillon de Noël, à la veille d’une Fête joyeuse, on n’accueille pas le Divin Enfant, qui est le Dieu prééternel et un Enfant né pour nous, dans l’atmosphère familiale qui autour du Badnjak (morceau de chêne traditionnel), de la paille répandue et de tout le reste, rappelle la modeste grotte dans laquelle Lui, le plus humble parmi les humbles, est né, emmaillotté et déposé dans la plus simple des mangeoires – et qu’au lieu de cela, on fasse la fête dans les rues et sur les places d’une manière quasi païenne et dans une atmosphère imbibée d’alcool.

Comme les puissants de cette époque avaient persécuté et voulu détruire le Divin Enfant, ceux qui leur ont succédé au pouvoir aujourd’hui, élèvent la voix contre la famille fondée sur les valeurs chrétiennes. La réponse de l’Église à une telle agression publique et permanente ne peut être qu’évangélique, apostolique et dans l’esprit de Noël. Cela signifie que l’Église demeure inébranlable sur ses convictions éternelles et immuables, protégeant les frontières de la Loi donnée par Dieu dans Sa miséricorde, sans chercher à imposer ses valeurs à quiconque, mais en même temps sans en dévier d’un iota. Nous ne cherchons à traduire aucune personne placée sous la voûte céleste devant un tribunal des hommes, ni ne jetons la pierre à ceux qui ne partagent pas notre foi, mais nous refusons catégoriquement de mettre sur le même plan un choix libre mais erroné de qui que ce soit avec notre liberté et la responsabilité qui l’accompagne.

Pour que, dans une société profondément blessée, les enfants puissent résister à l’avalanche d’appels à la violence dans les écoles, sur les réseaux sociaux, dans les stades et les terrains de sport, il est nécessaire de les éduquer dans un environnement familial sain fondé sur l’amour et non sur la haine et l’agressivité. L’apparition de comportements violents et destructeurs dans nos écoles s’accompagne d’efforts insistants et inadmissibles pour imposer dans le système d’instruction et d’éducation, depuis le jardin d’enfants jusqu’à l’université, des enseignements, une idéologie, des pratiques et des habitudes tout à fait contraires à l’éthique chrétienne et à la vie pieuse, non seulement des orthodoxes serbes, mais aussi de tous ceux avec qui nous partageons notre espace vital.

En ces jours marqués par la joie de Noël, la paix et la chaleur familiale, nous portons dans nos prières ceux chez qui brûle le feu de la guerre, et d’abord nos frères et sœurs dans la foi en Ukraine et en Russie. C’est avec tristesse que nous observons les conflits meurtriers et leurs victimes, auxquels participent, publiquement ou secrètement, divers acteurs. Les conséquences du tragique conflit fratricide russo-ukrainien, encouragé chaque jour de l’étranger, sont terribles et l’incendie de la guerre menace, comme jamais auparavant, le monde entier. C’est pourquoi nous adressons une prière particulièrement fervente au Divin Enfant le Christ, et nous envoyons un appel sincère et fraternel à tous les participants directs et indirects à cette guerre, afin qu’ils trouvent en eux-mêmes des forces pour mettre fin aux souffrances, pour que les exilés puissent revenir dans leurs villes et villages, que leurs demeures soient reconstruites et que la paix revienne dans les zones touchées par le feu de la guerre.

Depuis le milieu de l’année qui s’achève, c’est aussi sur la terre natale dont nous avons hérité, au Kosovo et en Métochie, que ceux qui sont nos voisins séculaires adressent des ultimatums, lancent des provocations, exercent la terreur et ne cessent de menacer les Serbes restés sans défense sur place, de mesures de bannissement et de cruauté, au milieu du silence inquiétant, voire même nous semble-t-il, du soutien implicite de certains États puissants. Nous rappelons à tous les acteurs concernés que pour les Serbes du Kosovo et de Métochie aussi, doivent s’appliquer les droits humains universels et les droits à la liberté, à l’instar de ceux des Albanais et de tous les hommes à travers le monde. La sécurité des personnes, la sûreté des biens et la liberté de mouvement appartiennent à tous de façon égale, et comme tels ils doivent être inviolables.  

En nous prosternant devant la Nativité du Christ, nous prions pour qu’au milieu de nous, mais aussi chez tous ceux avec qui nous partageons notre espace et les moments de l’existence, ainsi que chez tous les peuples de la terre, règnent l’amour, la compréhension, la bonne volonté de Noël et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (Ph 4, 7). Animés par la joie de la fête de la Nativité, avec une préoccupation et une responsabilité archiépiscopales particulières, nous disons à tous nos frères et sœurs, membres de notre communauté nationale serbe orthodoxe, où qu’ils vivent, que leur Mère Église est toujours à leurs côtés et qu’elle les appelle à être en éveil pour entendre et mettre en œuvre l’Évangile du Christ, et donc être prêts à annoncer pacifiquement la bonne nouvelle de paix et d’amour à tous les hommes et au monde entier.

En vous adressant nos meilleurs vœux pour Noël et une Nouvelle Année 2023 pleine de la bonté du Seigneur, nous vous souhaitons toutes les bonnes choses authentiques dans la joie inaliénable apportée par le Divin Enfant Christ, avec notre salutation très joyeuse de Noël :

La paix de Dieu, Christ est né !

 

Au patriarcat serbe, à Belgrade – Noël 2022.

 

Le patriarche serbe PORPHYRE, avec tous les évêques de l’Eglise orthodoxe serbe  

et Mgr Justin, évêque d’Europe occidentale.

 

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