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dimanche 10 juillet 2022

                                                     Homélie  du  Dimanche 10 juillet  2022.   

La Foi du Centurion.  



        

(Matthieu 8 : 5 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

Aujourd’hui, notre sainte Eglise s’émerveille avec le Seigneur de la Foi extraordinaire, dont témoigne non un religieux comme on aurait pu le supposer ou l’espérer, mais un simple centurion hétérodoxe et païen, un soldat de la Rome impériale qui occupait la Palestine. Le Seigneur permet ainsi que ce centurion devienne pour chacun et chacune d’entre nous, un « exemple spirituel » qui ne se contente pas de désirer la guérison de son serviteur, mais qui nous montre de manière concrète et efficace comment mettre en œuvre le commandement d’aimer son prochain comme soi-même. 

 

Un centurion, c’est qui ? Un officier, un guerrier qui tire sa légitimité de César, un homme qui lutte contre des ennemis extérieurs, pour protéger son peuple et son pays. Voici que là, devant nous, la providence divine, permet que ce même centurion se retrouve en situation de lutte intérieure, qui consiste à chercher à sauver son serviteur paralysé. L’Evangile de ce jour, témoigne qu’un centurion au service de César, peut être appelé au service du Roi Céleste, et cette rencontre divino-humaine, est en vérité, le signe que le salut est proposé à toute personne de bonne volonté, qui se tourne vers le Seigneur Jésus. 

 

Nous pouvons aussi voir dans ce serviteur malade, une sorte de métaphore de notre propre paralysie spirituelle, paralysie qui est engendrée par le «vieil homme » en nous, et tout comme ce centurion nous savons que sans la grâce divine, il nous est impossible de convertir notre cœur blessé par nos épreuves existentielles. Le vieil homme en nous est né avec la chute d’Adam dans le Paradis, il est en nous la cristallisation du péché, qui s’oppose à la vie et à l’être en plénitude. Le vieil homme est pétrifié dans ses habitudes et ne supporte aucune nouveauté, il reste bloqué dans son inertie et s’interdit ainsi à lui-même de faire l’expérience véritable du « mouvement, de la vie et de l’être » proposée par Dieu dans l’Eglise et dans la vie personnelle.

 

L’Ecriture sainte nous dit que le centurion est allé vers le Christ pour lui dire : « Seigneur, j’ai à la maison mon serviteur atteint de paralysie, et qui souffre beaucoup ». Le Seigneur l’accueille, le regarde et l’écoute, mais reste libre du poids de l’émotivité psychique qui empêche habituellement les hommes d’agir de manière juste et avec discernement. Le Seigneur est pleinement présent et ressent de l’intérieur la compassion du centurion pour son serviteur et la souffrance silencieuse du serviteur paralysé. Le Seigneur s’émerveille simplement de la foi du centurion et décide d’y répondre, en disant : « Je vais aller  guérir ton serviteur ». 

 

Le Seigneur n’est mû que par l’amour pour l’humanité, il ne cherche pas à savoir pourquoi ce serviteur est paralysé. Simplement, « Jésus aime le centurion et ce serviteur paralysé, tout comme il aime chacun et chacune d’entre nous ». Aimer est pour le Seigneur, le cœur de toute son œuvre, pour sauver l’homme. Le Christ est dans « l’intelligence du cœur », à l’écoute du centurion et de sa prière, comme il est à l’écoute de chacun d’entre nous, si nous décidons dans notre liberté personnelle de faire appel à Lui. Le Seigneur ne se livre pas à une discussion philosophico-théologique au sens universitaire qui se limite à une approche ratio-intellectuelle, il laisse se dire la « foi » du centurion qui permet d’engendrer le processus et le miracle de la guérison. 

 

L’Eglise devrait s’inspirer de l’exemple vivant de ce centurion, car sa raison d’être est justement d’intercéder auprès de Dieu avec « foi, espérance et amour » pour que l’humanité puisse se libérer de ce qui la paralyse dans son « corps, son âme et son esprit ». Les malheurs du monde, le chaos des dictatures, les failles et blessures provoquées par les attitudes inhumaines, ne peuvent trouver leur guérison véritable, sans vie spirituelle personnelle et ecclésiale, pour irriguer et vivifier le cœur des hommes à travers la prière et l’intercession des uns pour les autres.

 

Devant la proposition du Christ de venir guérir le paralytique chez lui, le centurion répond : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri ». Pourquoi se dit-il indigne d’accueillir le Seigneur sous son toit ? Parce que en tant que « païen », il ignore qu’il a été crée à l’image et à la ressemblance d’un Dieu, qui est Créateur et Père de l’humanité, mais sa foi en Jésus ce prophète charismatique va lui permettre d’entrer peu à peu en lui-même, pour accueillir la avec confiance la grâce divine. 

 

Ce centurion avant de rencontrer celui qu’il appelle « Seigneur », avait entendu parler de lui, il a « cherché et il a trouvé, il a demandé et il a reçu, il a frappé et Dieu lui-même lui a ouvert ». Il a ainsi pu expérimenter en esprit et en vérité que « prier, c’est ne plus être seul », ce centurion a été béni et guidé par la divine providence. La réputation de Jésus, comme prophète-guérisseur était arrivée jusqu’à lui. Le centurion savait, que celui qu’il appelle là devant nous « Seigneur », peut accomplir l’impossible et d’une seule parole guérir son serviteur, qui gît-là paralysé, sous nos yeux. 

 

L’Evangile nous dit encore : « A ces mots, du centurion, Jésus fut dans l’admiration et il dit à ceux qui étaient là : en vérité, je vous le dis, chez personne en Israël je n’ai trouvé pareille foi », et IL ajoute : « c’est pourquoi, beaucoup prendront place au festin du Royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob, alors que ceux qui étaient les fils naturels du Royaume des cieux seront jetés dehors ». Cette affirmation du Christ devrait nous faire méditer, comme Marie « toutes ces choses dans notre cœur », nous, qui sommes d’après saint Paul, « les enfants lumineux de l’Eglise ».

 

L’Eglise est la maison divino-humaine, dans laquelle se rencontrent la Cour Céleste, c’est à dire la Divine Trinité, la Mère de Dieu, les Saints et les Anges, et la cour terrestre, c’est-à-dire chacun et chacune d’entre nous. L’Eglise est ce lieu béni par Dieu et par les croyants, dans lequel à travers la célébration de la Divine Liturgie et des saints Offices religieux, nous pouvons acquérir l’expérience concrète, de la « foi, de l’espérance et de l’amour », envers Dieu et au service de l’homme. 

 

Qui parmi nous, n’a pas à eu à un moment ou un autre besoin dans son existence, de la présence aimante et de la prière d’un « centurion spirituel », lorsque les épreuves de la vie sont trop fortes pour s’en sortir tout seul ? Seuls les vaniteux imbus d’eux-mêmes, pensent qu’ils n’ont besoin de rien ni de personne, mais l’homme humble sait qu’il ne peut rien pour se sauver lui-même. C’est pourquoi en tant que   « chrétien orthodoxe » je suis par vocation un « intercesseur » pour toute l’humanité, et l’apôtre Paul nous rappelle « que la foi est agissante par l’amour et la compassion ». Dans l’esprit de Paull’amour parfait, c’est de ne rien exiger pour soi-même, ceci devrait être le véritable visage de l’Eglise. C’est pourquoi, la prière liturgique commune, qui nous réunit ici aujourd’hui, ne peut être qu’un don spirituel libre des uns pour les autres, des uns avec les autres, afin que nous puissions bénir ensemble, l’humanité et toute la création. 

 

Alors que veut donc nous enseigner le Christ, en magnifiant et en louant ainsi la foi du centurion ? Sinon nous encourager à cultiver en nous avec une audacieuse humilité, la confiance absolue en Lui, le médecin de nos âmes et de nos corps. Il désire transformer nos doutes, nos peurs en foi inébranlable en Lui, en foi capable de déplacer les montagnes psychiques, intérieures ou extérieures qui paralysent notre quotidien. La « foi comme Don de Dieu est universelle », ce qui la différencie d’une personne à l’autre, ce sont les moyens que chacun se donne et donne à Dieu pour qu’elle puisse se révéler avec le maximum de plénitude. 

 

Acquérir la « foi qui peut transporter et transformer nos montagnes intérieures », peut être reçue comme un don dans l’Eglise, par la participation liturgique régulière, à travers laquelle, nous pouvons apprendre à contempler, notre Seigneur à l’œuvre au service de l’homme, son bien-aimé. La « foi » est un Don de l’Esprit Saint et l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans l’Eglise du Christ, la foi ne se donne pas au monde des apparences où règne la corruption, elle ne peut être reçue que par celui qui désire vraiment vivre le mystère spirituel de l’Eglise et qui croit en Dieu.

 

Le mystère de la foi et de la guérison spirituelles, ont tous deux comme source, l’Amour de Dieu envers l’humanité, nous croyons que la guérison essentielle est premièrement spirituelle, mais rien n’empêche le Seigneur de donner aussi la guérison corporelle, comme en témoigne l’évangile de ce jour. C’est pourquoi L’Eglise, qui est le corps du Christ et le temple de l’Esprit Saint, devrait être d’abord « l’humble servante » de l’humanité. Le chrétien orthodoxe est donc celui qui intercède dans l’Eglise, afin que Dieu accueille toute personne qui crie vers Lui et lui dise : « Je vais te guérir ».

 

Puis le Seigneur dit au centurion : « va, et qu’il t’advienne selon ta foi ! Et à l’instant même le serviteur fût guéri ». La foi du centurion est telle qu’il n’y a pas de distance entre sa demande de guérison pour son serviteur et l’accomplissement de cette guérison. Que Dieu nous accorde une telle « foi » par sa divine grâce et la prière de « notre ami », le centurion évangélique.

 

Le fou juge, punit et détruit et cela sans réfléchir vraiment, le fou est celui qui se croit sage à ses propres yeux, mais le sage accueille, regarde et écoute dans le silence et l’intelligence du cœur avant d’agir selon Dieu et avec Dieu pour restaurer l’homme dans sa dimension divino-humaine. Qui est ici le fou ? C’est l’homme sans Dieu et sans l’Eglise, et l’homme sans Dieu sage à ses propres yeux, n’est qu’une caricature pathétique à côté de l’homme de Dieu. Et qui est l’homme de Dieu me direz-vous peut-être ? C’est le Saint dont la vie a été pleinement orthodoxe, prenons-nous conscience de ce que signifie « être orthodoxe » ? Pour nous, orthodoxes, il « n’existe qu’un seul et unique Sage qui est notre Seigneur Jésus-Christ ». Si donc, nous désirons la sagesse en « esprit et en vérité », nous devons rechercher la vraie communion permanente avec l’Esprit Saint qui seul nous donnera comme nous l’enseigne le Christ « la connaissance de la vérité qui nous rendra libre » dans ce monde et dans l’éternité.

 

L’Evangile n’est pas un manifeste en faveur du chaos des esprits, ni un roman à l’eau de rose dans lequel se noient les discussions de comptoirs ou une émission téléguidée pour tirer l’humanité vers le bas. La vie et la voie orthodoxe ne béniront jamais les faux-prophètes qui agissent dans les ténèbres de leurs âmes, et cela au sein même de notre très sainte Eglise. L’Evangile est le livre de la « vie divino-humaine qui peut et veut engendrer l’homme dans l’amour spirituel, dans la beauté lumineuse qui transfigure et dans la sainteté qui sont l’accomplissement et le couronnement de notre vocation orthodoxe ».

 

Au Père qui nous fait Don de la Foi, au Fils qui nous guérit par Amour et à l’Esprit Saint qui nous garde dans l’Espérance, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen. 

 

+ Syméon 

 

 

 



 

 

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