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dimanche 3 avril 2022

Homélie du 03/04/2022 : Dimanche de Saint Jean Climaque et des Béatitudes...

 


Dimanche de saint Jean Climaque et des Béatitudes.

(Math. 4, 25 à 5, 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène à la rencontre du Seigneur sur le mont des Béatitudes, afin d’entendre des paroles de lumière incréée qui sont la sève spirituelle de la vie bienheureuse et nourricière de l’âme orthodoxe. L’Eglise, nous rend également ce jour témoin de la guérison par compassion du Seigneur, d’un enfant « possédé par un esprit sourd et muet », cet esprit mauvais jette l’enfant dans le feu extérieur qui brûle et détruit, mais par la grâce vécue des Béatitudes, le Christ nous procure le feu divin qui purifie, illumine et donne la vie, ce feu c’est « l’amour de la Divine Trinité pour l’homme son bien-aimé ».


« Voici que Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et langueur parmi le peuple », alors « voyant la foule, il gravit la montagne et une fois assis, il prît la parole et leurs enseignait les saintes Béatitudes », par la mise en pratique desquelles, avec l’aide de Dieu et de l’Eglise, il nous est possible de devenir « bienheureux ».


Dieu bénissant, asseyons-nous aux pieds du Seigneur pour l’écouter avec cette foule dans le désir d’accueillir, méditer et pratiquer l’enseignement qui peut nous donner « la vie, le mouvement et l’être », et suivre comme des pèlerins le cheminement vers le Royaume de Dieu. Cette œuvre bienheureuse « apprendre à vivre les Béatitudes » comme le souligne en vérité et magnifiquement saint Grégoire de Nysse, n’a d’autre but que l’union de l’homme de Dieu avec la Divine Trinité pour la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Etre bienheureux peut s’acquérir par la grâce de Dieu dans l’Eglise de Dieu, l’Eglise qui est l’icône lumineuse de cette montagne sacrée et spirituelle sur laquelle notre seul et unique Maître Jésus peut enseigner.


« Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux »  

Notre esprit, sur le modèle donné dans le livre de la Genèse, a vocation de planer, c’est à dire, de veiller sur notre être, comme l’Esprit Saint veillait et fécondait toute la Création, afin de faire une séparation dans notre âme entre les ténèbres psychiques et la lumière créatrice de la vie spirituelle. Notre esprit est à l’œuvre afin d’accomplir en nous, notre recréation en Christ, selon le rythme de nos jours et de nos nuits existentielles jusqu’au repos sabbatique dans le Royaume de Dieu. Pour accomplir cet œuvre de l’esprit, que s’élève vers Toi ô Dieu, notre prière, malgré la pauvreté de notre esprit, la nudité de notre sagesse et la misère de notre intelligence, que ta compassion soit pour nous une puissance et une grâce, et que Tu nous rendes dignes d’hériter avec tous les Saints et selon ta promesse la plénitude du Royaume des cieux.

« Bienheureux les affligés, car ils seront consolés » 

Ce n’est pas l’affliction comme telle qui rend bienheureux, puisque la souffrance reste un scandale que Dieu n’a pas créée, sinon pourquoi le Christ aurait-il pu dire : « venez à moi, vous qui souffrez et qui êtes affligés et je vous soulagerais » ou bien « Père, si cette coupe peut passer loin de moi, alors qu’elle passe, mais non pas ma volonté, mais la Tienne ». Ce qui engendre la vraie vie bienheureuse, c’est la foi inébranlable envers les promesses de consolation que Dieu a donné à ceux qui croient librement en Lui, malgré leurs afflictions. Les afflictions dont parle le Seigneur sont les tentations, les humiliations et les œuvres ténébreuses qui tourmentent les hommes dans leur vie, et qui introduisent des failles et des ruptures dans l’unité de l’être, qui empoisonnent le cœur de l’homme et le séparent de Dieu, qui poussent l’homme à commettre le péché. Mais de quelle consolation seront donc bénis ceux que le Christ appelle « affligés »? Existe t-il ailleurs une autre consolation qui serait supérieure à celle promise par notre Seigneur qui nous dit : « Le Père vous donnera un autre Consolateur…le Consolateur, l’Esprit Saint… » Saint Jean (14, 16, 26).





« Bienheureux les doux, car ils possèderont la terre » 

De quelle terre s’agit-il ? De celle que Dieu avait confiée à Adam et Eve à l’origine, de celle que Dieu nous confie aujourd’hui et que l’Eglise a pour vocation d’évangéliser et d’ensemencer par la puissance et la parole créatrice de Dieu. Cette terre bénie sera aussi nous-mêmes, lorsque avec humilité nous nous gouvernerons avec douceur, et que nous aurons acquis la maîtrise de notre existence dans l’intelligence du cœur. Dans la parabole du Semeur, le Christ enseigne que des graines divines sont semées dans l’humanité, mais beaucoup ne portent pas de fruits, et seule : « la bonne terre donne du fruit à cent, soixante ou trente, que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » (Mat.13,8). Celui qui a des oreilles pour entendre, c’est celui qui persévère dans l’œuvre évangélique, c’est celui qui vit selon les commandements du Christ, celui-là, pourra vraiment espérer hériter la terre qu’il aura commencé à travailler avec confiance et persévérance dans ce monde.


« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » 


« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (Jean1ère ép. 1, 1 à 2). Voici la Béatitude bienheureuse entre toutes les béatitudes car en vérité qui ne désire voir Dieu sans la crainte de mourir ? Ce témoignage de saint Jean est le trésor des trésors spirituels déposé par la Divine Charité au cœur de l’Eglise qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit de Dieu. C’est dans l’Eglise orthodoxe très aimée de Dieu, que l’être orthodoxe peut recevoir la grâce de contempler Dieu sans mourir, comment ? Par la concélébration aimante, humble et douce de la Divine Liturgie, l’Eglise est le lieu vivant et vivifiant où la Cour céleste, c’est à dire la Divine Trinité, la Mère de Dieu, les saints et les anges, vient concélébrer avec la cour terrestre, c’est à dire avec nous la communauté ecclésiale. Existe t-il en ce monde, un autre lieu où sont invités et peuvent concélébrer ensembles, les saints avec les pécheurs, les anges avec les hommes, les vivants avec les défunts, les hommes avec les femmes, les enfants avec les vieillards, les bien-portants avec les malades.


La promesse de Dieu est absolument certaine « Ils verront Dieu », ne signifie pas une durée temporelle ou une situation spatiale, parce que le « cœur pur » est spirituel et ne désire que le Royaume de Dieu et la vision du Roi de Gloire qui l’habite. De même que l’or est l’état le plus parfait ou le règne minéral peut parvenir, mais ensuite ne peut rien faire de plus ou de mieux sans la main de l’homme. De même que la terre peut produire les fruits précieux que sont le blé et la vigne, mais là non plus, ne peut aller au-delà sans l’homme. Ainsi l’homme peut aller par la grâce du Verbe et de l’Esprit jusqu’à la pureté du cœur, mais ensuite « voir Dieu et être fils de Dieu », ne peuvent lui être donnés que par l’amour infini de la Divine Trinité.

 


« Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu »


« Je vous donnerais la Paix qui surpasse toute intelligence », c’est dans le désir de cette paix divine que sont à l’œuvre tous les artisans de paix, ils ont déjà parcouru un long chemin de pacification intérieure et extérieure. Ils connaissent par expérience que seul celui qui est en paix, peut en transmettre le fruit à ceux qui le désirent. L’Esprit de Dieu n’a t IL pas prophétisé à saint Séraphin de Sarov, « trouve la paix et des milliers de personnes viendront te rencontrer ». La Paix du Christ est plus grande que notre esprit, mais la « personne- l’hypostase » est plus grande que la paix, comment le savons-nous ? C’est le Christ en tant que « Personne » qui nous donne la paix et non la paix qui donne le Christ : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix » dit le Seigneur.



La Paix du Seigneur est un fruit de l’Esprit Saint, ce qui signifie que l’homme ne peut pas se donner ce don, il ne peut que le demander par la prière « demandez et vous recevrez », mais il doit faire l’effort ascétique qui consiste à apprendre à vivre de manière pacifique en tout et avec tous. Vivre de manière pacifique est comme une coupe offerte à Dieu pour qu’IL y dépose la Paix du Christ. De même, si je veux que Dieu me donne l’Amour ou la Joie, je dois cultiver dans mon existence une attitude aimante et joyeuse au nom du Seigneur, car nous dit Paul « faites tout pour la gloire de Dieu ». Nous voici face à l’impossibilité de réaliser par nous-mêmes cette œuvre spirituelle que sont les Béatitudes, elle sont pourtant un chemin de grâce et de vie en Christ, c’est pourquoi il nous rappelle « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », donc demandons sans nous lasser son aide indispensable. Et où chercherons-nous cette aide spirituelle essentielle, sinon dans l’Eglise !


L’Eglise comme une mère spirituelle très humble et généreuse, a reçu de Dieu comme vocation d’accueillir la grâce rayonnante de la Divine Trinité et de la répandre en bénédictions sages et abondantes sur ses enfants et sur le monde entier. L’Eglise à l’image et à la ressemblance de notre très saint Christ, doit au Nom de Dieu proclamer avec une foi inébranlable qu’elle existe afin que nous devenions par notre expérience personnelle des témoins accomplis et véridiques que : « les pauvres deviennent riches, que les affligés sont consolés, que les doux se multiplient, que les affamés et assoiffés sont rassasiés, que les miséricordieux reçoivent miséricorde, que les cœurs purs voient Dieu, que les artisans de paix augmentent, que les persécutés sont accueillis et protégés ».


Au Père source de toute béatitude, au Fils béatitude absolue, et à l’Esprit de béatitude vivifiante, soient la Gloire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles, amen.


+Syméon




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