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dimanche 28 mars 2021

Homélie du 28/03/2021 : 2ème dimanche de Carême : Dimanche de Saint Grégoire Palamas, le paralytique...

 




Le Paralytique
(Marc 2, 1 – 12)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, au milieu de nous et pour chacun et chacune d’entre nous, l’Eglise nous rend témoins du miracle de la guérison d’un paralytique. Nous aussi, comme lui, portés par la grâce divine, nous sommes venus dans l’Eglise pour y rencontrer le Médecin des âmes et des corps. 

Etrange cortège de ceux qui portent le paralytique, et dont le Christ loue la Foi, étrange procession silencieuse qui vient d’on ne sait où, qui traverse la foule et qui se retrouve sur le toit d’une terrasse du haut duquel ils font descendre le paralytique jusqu’à Jésus. Quelle est donc la métaphore du toit dans l’homme ? C’est son esprit, lieu de l’intelligence spirituelle qui peut accueilir les bénédictions célestes et les faire descendre comme une épiclèse dans la profondeur du cœur de l’homme. Ce mouvement des porteurs montre que lorque l’homme se met en route et s’élève vers Dieu, Dieu descend vers l’homme, alors la rencontre divino-humaine et même le miracle deviennent possibles. 

Jésus traversera lui aussi bientôt cette même foule, pour accomplir le très saint sacrifice de Pâque, cette foule sera envers le Christ, tour à tour enthousiaste, incrédule, hostile ou conquise selon ses états d’âme. Mais Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : « mon enfant, tes péchés te sont remis », pourquoi Jésus l’appelle t-il « mon enfant » alors que l’Ecriture parle bien d’un homme ? Jésus loue la « foi » des porteurs et c’est pour rendre justice à cette foi qu’il guérit le malade. Et si Jésus appelle le malade, « enfant », c’est pour souligner l’immaturité spirituelle du paralytique, car celui-ci ne pouvait par lui-même venir vers le Seigneur, car en vérité son âme était aussi paralysée que son corps. Ici, nous pouvons prendre conscience, que les porteurs sont aussi une métaphore de l’Eglise, car nous les enfants de l’Eglise, nous devons nous porter les uns les autres à la rencontre du Seigneur Jésus, par la prière liturgique et personnelle.

Le paralytique est une image de l’humanité souffrante, et dans ce sens, il personnifie chacun d’entre nous et de manière plus précise le vieil homme en nous, qui résiste à la grâce et ne sait se laisser accompagner à la rencontre de Jésus. Si le salut est personnel, on ne se sauve pas tout seul, et cet enseignement évangélique le montre à merveille. Que faire pour participer à notre salut ? Nous ne pouvons contourner l’indispensable « conversion » de notre cœur qui doit nous permettre d’édifier notre être en Dieu. Si nous nous abandonnons nous-mêmes, si nous ne comprenons pas que ces porteurs que sont notre corps, notre âme, notre esprit et notre cœur, sont aussi les supports de notre « personne », que nous devons les amener à Jésus pour qu’Il les délivre de ce qui les paralyse et les empêche d’accomplir la bonne ascèse de la vie spirituelle, alors comme dit saint Paul « notre foi est vaine », et notre existence stérile. 
 
La Chute adamique a rendu l’humanité profondément apathique et incapable de se porter d’elle-même vers Dieu, de vivre spirituellement les Promesses divines. Seul le Messie-Christ annoncé par l’ancienne Alliance, peut remettre en mouvement l’humanité paralysée par la solitude spirituelle dans laquelle les âmes sont plus ou moins pétrifiées. Mais le Christ met en relation la paralysie qui frappe cet homme avec ses propres péchés, puisque Jésus lui dit «  tes péchés te sont remis », il souligne ainsi notre responsabilité personnelle dans notre existence quotidienne, et nous encourage à nous bénir mutuellement, en intercédant les uns pour les autres. Pas par des discussions pseudo-spirituelles ou des disputes soit disant théologiques, mais en agissant avec discernement dans l’Eglise pour que la vie selon Dieu puisse nous nourrir et nous désaliéner de toutes nos paralysies existentielles. 
L’Ecriture dit : « et comme, ils ne pouvaient présenter à Jésus, l’homme paralytique, à cause de la foule, les porteurs le hissèrent sur le toit, creusèrent un trou et le firent descendre ainsi » que signifie tout cela ? Cela signifie que s’approcher de Jésus le Sauveur demande des efforts, il me faut traverser la foule des pensées, parole ou actes qui m’encerclent et au pire   m’emmurent, il me faut m’élever par la prière et l’ascèse orthodoxe au-dessus de ce qui sans cesse me tire vers l’inhumain. Mais si je persévère avec foi en Dieu, alors j’entendrai Jésus me dire comme au paralytique « mon enfant, tes péchés te sont remis ». C’est pourquoi, pour les croyants, le chemin le plus simple pour aller à la rencontre du Sauveur, c’est l’Eglise et la célébration liturgique, en concélébrant ensemble, nous parlons à Dieu, nous l’écoutons, nous le voyons, nous le touchons, IL est présent au milieu de nous, avec nous et pour chacun. 

La libération de notre paralysie par le Seigneur ne nous impose absolument rien, Jésus n’a pas cherché un seul instant à retenir auprès de lui le paralytique qu’il vient de rendre à sa liberté personnelle, le don de la guérison reste libre de toute condition. Le paralytique traverse cette foule anonyme qui entérine le miracle sans le comprendre, cette foule qui ne sait dire que « nous n’avons jamais rien vu de pareil ». Il appartient ensuite à la volonté de la personne guérie par Jésus, de le suivre en toute liberté, car si je ne décide pas une fois pour toute de suivre le Seigneur, alors l’errance hasardeuse et ses frustrations redeviennent mon cheminement habituel. 

Nous voici rassemblés au nom de Dieu, portés par l’espérance de notre guérison spirituelle et si Dieu veut, il peut aussi nous accorder la guérison corporelle. Nous les témoins de l’Avènement de Dieu parmis nous, nous qui ne sommes pas portés par quatre hommes anonymes, mais par la Divine Trinité, nous qui sommes portés par la médiation de Marie, la Mère de Dieu, nous qui sommes portés par les prières des Saints et accompagnés par les Anges de Dieu. Nous qui sommes nourris et vivifiés par le Corps et le Sang du Seigneur Jésus, nous qui sommes bénis et rénovés sans cesse par la grâce des Sacrements de l’Eglise, comment vivons nous notre rencontre avec Jésus, le divin rabbi d’Israël ?   

A l’image de cette foule, nous les « enfants de notre sainte Eglise orthodoxe », nous les bien-aimés du Père Céleste, réjouissons-nous et soyons humbles dans le Seigneur. Rendons gloire à notre Dieu, prosternons-nous devant Lui, adorons-Le, ne tenons pas de discours inutiles et stériles dans notre cœur comme les hérétiques, qui « aiment la première place partout et surtout dans la sainte église et se faire appeler maitre gnostique ». Mais oeuvrons selon la bonne ascèse du salut orthodoxe qui est la vie selon l’Evangile et la sagesse de l’Eglise, vivons au Nom de Celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie ». 

Essayons d’être comme un christ bienveillant et bénissant pour nous-mêmes, intercédons avec ardeur et ferveur pour que Jésus guérisse et sauve le vieil homme paralytique en nous, prions sans jugement pour l’humanité entière, en célébrant et en fêtant ensemble les saints mystères du Christ et de son Eglise, et que nos bonnes œuvres rayonnent dans toute la Création pour la Gloire de Dieu. 

Demandons et prions avec saint Silouane, le Christ d’envoyer l’Esprit Saint dans le monde et de donner Sa bénédiction éternelle à l’humanité, qu’Il la renouvelle et la fasse resplendir de grâce et de beauté et que cela commence, ici et maintenant dans notre sainte et vénérable petite Eglise. Car nous sommes dans ce temps béni et particulièrement saint du grand Carême, propice à la conversion de notre cœur, à l’illumination de notre esprit, au renouvellement de notre âme, à la purification de notre corps, pour nous unifier et nous élever tout entier vers Dieu, afin qu’IL nous fasse don de notre résurrection pour la vie éternelle.  
Assemblons-nous dans l’Eglise autour du Seigneur Jésus, le seul et unique Grand Prêtre qui est, comme l’écrit saint Paul dans l’Epître de ce jour aux Hébreux : « Saint, Innocent, Immaculé », prions-Le de nous pardonner à tous, de nous prendre en compassion nous les prêtres et les fidèles, apprenons à aimer l’autre même si nous ne le comprenons pas, qui parmi nous n’a pas besoin du pardon de Dieu ?

Au Père Céleste qui bénit, au Fils éternel qui nous transmet cette bénédiction et à l’Esprit qui l’accomplit dans toute sa plénitude, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon  





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