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dimanche 19 janvier 2025

Théophanie du Seigneur

 

Dimanche 19 janvier 2025.


(Matthieu 3, 13 à 17)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à assister au baptême du Christ dans le Jourdain et à nous souvenir de notre propre baptême, l’Ecriture dit que le Christ arrive de Galilée qui signifie en hébreu « cercle » pour aller vers le Jourdain qui signifie « descendre » pour être baptisé par Jean qui signifie « grâce ». Etre baptisé suppose donc au moins trois étapes à franchir, la première consiste à s’extraire d’un ou de plusieurs cercles qui peuvent être nos pensées, nos paroles et nos actes non encore purifiées par l’Esprit de Dieu, purification qui se poursuit par la descente vers notre Jourdain intérieur et être plongé dans l’eau de l’humilité afin de recevoir la grâce du Père, du Fils et du Saint Esprit.

 

Cette purification de notre esprit est nécessaire, si nous voulons accomplir le volonté de Dieu, c’est pourquoi le Christ dit à Jean qui ne comprenait pas comment lui pouvait baptiser Celui qu’il a reconnu comme étant le Messie envoyé de Dieu, « laisse faire pour l’instant, car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » ce n’est pas Dieu qui se fait baptiser, mais Jésus qui se donne lui-même ce splendide nom de « fils de l’homme », c’est pourquoi le Seigneur dira « celui qui est baptisé, c’est à dire l’homme, sera sauvé ».

 

Dans Actes 10, 37 à 38 nous lisons comment « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance », ce baptême originel de Jésus est le même que celui qui nous est transmis et donné en plénitude dans l’Eglise orthodoxe selon la parole sainte du Seigneur « celui ou celle qui croit et qui sera baptisé sera sauvé ». Cette expérience spirituelle a été vécue par Saül/Paul nous est décrite en Actes 9, 18 « aussitôt, il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue et sur le champ, il fût baptisé ».

 

Jean le Précurseur, prophète illuminé par l’abondance de la divine grâce passe du désert aride à l’expérience de l’oasis spirituel, lui que la Tradition appelle « ange terrestre et homme céleste », a connu le sens religieux du baptême de l’eau, de l’Esprit Saint et du feu en esprit et en vérité, mystère indicible de la miséricorde de Dieu envers l’homme.

 

Dieu bénissant, méditons ensemble et avec modestie sur le sacrement du baptême, voici que s’avance vers Dieu celui ou celle qui a demandé le saint baptême après un temps de préparation vécu dans le catéchuménat.

Aujourd’hui, au cœur même de notre sainte Eglise orthodoxe nous sommes  invités à accueillir et à accompagner le postulant au baptême dans l’allégresse spirituelle de ce jour lumineux et unique de son existence, jour très précieux où lui est donné le saint baptême au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Le saint baptême donne à tout baptisé le trésor religieux et spirituel inestimable que représentent les dons de l’Esprit de Dieu, ces dons sont « l’amour, la joie, la paix, la douceur », et les autres dons énumérés par saint Paul. Ces dons sont donnés et déposés dans la personne baptisée comme une grâce qu’il appartient ensuite à chaque baptisé de faire fructifier, et c’est dans l’Eglise du Christ, que le baptisé pourra apprendre comment entrer dans la pleine possession de ces dons pour nourrir et embellir sa vie et devenir ainsi, peu à peu, une personne orthodoxe par le désir continu de réaliser l’union de l’image divine avec celle de la ressemblance à Dieu.

 

Nous sommes dans le temps de la célébration liturgique et l’Esprit de toute sainteté est à l’œuvre dans la vie de tout chrétien qui le désire, et tout comme il couvait à l’origine toute la Création, il couve aujourd’hui l’Eglise ainsi que tout catéchumène de sa lumineuse présence, et lui infuse grâces et bénédictions en surabondance. L’Eglise orthodoxe confirme par le saint baptême à travers le sceau de l’Esprit Saint, que la personne humaine telle que créée et sortie des mains de Dieu est une œuvre absolument unique, oui, l’homme est appelé à être par grâce ce que Dieu est par nature. L’homme est par adoption d’origine divine, et c’est pour cela que Dieu seul en s’incarnant dans le temps et dans l’histoire de l’humanité pouvait sauver son chef-d’œuvre.

 

Le baptême s’enracine dans la Divine Trinité par la médiation de l’Eglise du Christ, c’est pourquoi les enfants de l’Eglise, connaissent de l’intérieur, par l’intelligence du cœur, que le Christ est le Fils unique du Dieu vivant. L’Esprit de Dieu qui aujourd’hui pénètre dans cette chapelle et dans notre être entier, nous donne la grâce de témoigner de cette vérité au milieu du monde qui nous entoure, non par des discours pompeux ou intellectualisés, mais par la vie orthodoxe qui est une icône des Personnes Divines.

 

Le baptême a pour vocation de faire de nous des êtres liturgiques, qui ont reçu le don de convertir peu à peu leur existence, afin que notre vie soit une vraie célébration qui puisse réjouir et embellir notre quotidien. Le baptême a aussi comme vocation de faire de nous des êtres eucharistiques, c’est à dire, des êtres de communion avec Dieu et avec le prochain.

 

L’Esprit Saint qui est infusé au baptisé par le saint Chrême au cours du baptême, devient notre maitre spirituel infaillible, c’est Lui seul qui peut accomplir avec nous et en nous, le retournement intérieur qui fait de nous des amis de la Divine Trinité. L’Esprit Saint est la plénitude absolue de la vie et de l’être, et lorsqu’il s’unit à l’esprit de l’homme, celui-ci acquiert une qualité spirituelle divino-humaine qui lui donne une contemplation divine des êtres et des créatures, l’homme voit la Création telle que le Père céleste l’a créée par le Verbe et l’Esprit.

 

Nous sommes témoins engagés du baptisé qui a été immergé dans les eaux vives et vivifiantes contenues dans le baptistère. Dans le baptême, toute la Création s’associe à notre joie, l’eau pure et simple, l’huile douce et sanctifiée, les cierges lumineux, l’encens qui parfume le lieu saint, le saint Chrême qui donne l’onction de l’Esprit Saint, comment dire l’indicible que représente le saint baptême reçu aujourd’hui par le baptisé bienheureux et qui fait de lui une  pierre vivante de la sainte Eglise orthodoxe.

 

En vérité, lorsque l’Esprit Saint s’immerge pour ainsi dire dans l’être qui est baptisé, ce baptisé devient lui-même en vérité un saint baptistère vivant et vivifiant, et vraiment des sources d’eaux vives ne cessent de couler en lui et à travers lui pour irriguer d’amour et de bénédiction l’humanité et toute la création.

 

En vérité, nous ne pouvons que balbutier comme des enfants immatures pour essayer de dire quelque chose de l’Esprit éternel et du sens divino-spirituel du baptême qui est un des plus grands mystères de la sainte Eglise de Dieu. Le saint baptême est un abîme dont la profonde simplicité échappe à toute tentative de le cerner par nos seuls moyens intellectuels. C’est en mettant en œuvre, jour après jour l’enseignement évangélique, que nous sera donné le sens personnel du baptême, que nous recevrons peu à peu la sagesse créatrice et l’intelligence du cœur, qui fait de chacun d’entre nous un dieu par la grâce, capable d’une réelle communion en esprit et en vérité avec Dieu, avec notre communauté ecclésiale et notre prochain.

 

La personne humaine est par nature sainte et sacrée, mais cet être spirituel ne peut se réaliser en plénitude que s’il donne librement la première place à l’essentiel, à ce qui l’enracine dès ici-bas dans sa dimension fondamentale et qui est sa relation personnelle et unique avec la Divine Trinité, par la médiation de notre sainte Eglise très aimée de Dieu.

Cette relation avec Dieu, nous prépare à plonger au temps prévu par la providence divine, dans le véritable et en vérité le seul Baptistère éternellement vivifiant, dans lequel coulent à profusion les eaux vives et spirituelles et toutes les grâces et bénédictions divines, ce baptistère c’est le Royaume de Dieu lui-même. Cette immersion dans le Royaume de Dieu est l’étreinte en plénitude de l’amour et de la vie éternelle, de la personne déifiée avec la Divine Trinité.

 

C’est pourquoi, l’Eglise espère pour le baptisé une vie bénie et sanctifiée, une vie qui prenne sa source en Dieu et dans l’Eglise, et dans cette communion divino-humaine sans aucune contrainte, car Dieu ne s’impose jamais, elle pourra jour après jour, se construire comme une personne libre et se découvrir aimée de Dieu, de ce Dieu au Visage si humain et qui sera toujours là pour l’écouter et pour exaucer ses prières pour son salut dans la joie et la paix.

 

 Que Dieu bénisse tout baptisé, toute baptisée, ainsi que leurs parents, parrains et marraines, famille, amis et amies, je regarde le baptisé, la baptisée, je nous regarde, je regarde l’Eglise et je vois combien grande, belle et très réelle est notre responsabilité, puissiez-vous, compter sur nous dans ce chemin de vie que vous commencez aujourd’hui, par la grâce de la Divine Trinité.

 

Au Père qui nous aime, au Fils qui nous a transmis cet amour et à l’Esprit Saint qui accomplit l’amour, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

samedi 11 janvier 2025

La fuite en Égypte Dimanche après la Nativité

 

 

Homélie prononcé par Père Panagiotis le 4 janvier 2009 

   

Mes chers frères,

 

Ces jours-ci nos pensées sont tournées vers ces lieux saints où est né Notre Seigneur Jésus Christ. Nous louons et glorifions nous aussi avec les anges, la divine naissance. Nous nous prosternons avec les bergers devant l'enfant divin et offrons avec les mages nos présents : la foi, l'espérance et notre amour pour Notre Seigneur Jésus Christ.

La fuite de Jésus en Égypte et les persécutions qui s'ensuivirent au cours de sa vie, avec comme aboutissement sa crucifixion, sont une sorte de guerre éternelle qui a lieu, depuis l'époque de la chute, entre Satan et Dieu. Entre les forces des ténèbres et la Lumière, entre le dragon et l'Agneau. De cette guerre, Jésus sortira vainqueur. Il brisera l'antéchrist et ses serviteurs. Les hommes des ténèbres le cloueront sur la croix, mais de la colline du Golgotha va briller le soleil qui éclairera la terre entière. Son Église subira le même sort. Elle sera colorée du sang des martyrs, elle sera persécutée mais ne sera pas brisée. Elle triomphera dans la douleur, l'humilité et le martyre.

Dès les premiers pas de sa vie terrestre, Jésus goûte à la coupe amère des persécutions qui l'obligent à fuir, mais simultanément la force et la protection de Dieu le soutiennent.

Le tyran Hérode veut faire mourir l'enfant Jésus et l'Ange de Dieu conseille au protecteur Joseph, de partir avec l'enfant et sa mère en Égypte. Et tandis qu'Hérode, ayant ordonné la tuerie inhumaine des nouveau-nés de Bethléem croit s'être débarrassé de Jésus, Jésus qui a échappé à la tuerie, grandit silencieusement en pays étranger (l'Égypte) où Il s'est réfugié avec ses parents, afin de retourner, plus fort, en Judée, après la mort d'Hérode, pour prêcher le Royaume des Cieux. Lorsqu'Il commence son œuvre de salut, Il est calomnié, qualifié de mage, d'ivrogne, d'ami des débauchés et des publicains. Il est poursuivi dans son propre pays et enfin Il est livré par l'un de ses disciples. Il est flagellé, emprisonné, et crucifié par ceux dont Il a été le bienfaiteur.                                                                                                                                                                                         Les persécutions continuent même après sa Résurrection, envers son Église, ses disciples et ses apôtres et de façon continue envers tous les Chrétiens qui vivent son Évangile dans la foi et la dévotion.

Durant les trois premiers siècles de notre ère, l'Église est appelée Église des martyrs. Ils sont des millions mes martyrs connus et inconnus qui ont versé leur sang pour leur foi en Christ. Ils ont rempli les prisons, rassasié de leur chair les bêtes féroces, coloré la terre entière de leur sang précieux. Cependant plus elle est combattue, plus l'Église du Christ se consolide et excelle.

Après les premières persécutions vinrent d'autres persécutions émanant cette fois de l’intérieur de l'Église. Schismes et hérésies ébranlent son unité. Des Chrétiens persécutent d'autres Chrétiens, des frères tuent d'autres frères. L'Église du Christ est bouleversée et sombre dans une grande tristesse qui malheureusement se manifeste encore de nos jours.                                    Dans les temps nouveaux apparaissent les athées qui avec l'arme de la science, tentent de déraciner la foi des Chrétiens et remplace Dieu par leurs propres dieux. Ce sont des idolâtres. Ils insultent et calomnient l'Église et ses officiants, ridiculisent le sacré et s'efforcent d'instaurer à la place de l'Église une religion idolâtre.

Ainsi nous arrivons à notre époque contemporaine où la persécution de Jésus et de son Église prend une forme particulière. La société d'hyperconsommation avec l'hyper suffisance des biens matériels entretient une indifférence vis-à-vis de tout ce qui concerne la vie au-delà de la mort. Les gens aujourd'hui s'intéressent davantage à leur propre corps et très peu à leur âme. Par tous les moyens dont dispose aujourd'hui la société, se développe une redoutable propagande anti chrétienne, anti spirituelle, laquelle a pour nous tous des retombées catastrophiques. Le corps est divinisé, les valeurs morales sont piétinées, les idéaux s'écroulent et une nouvelle religion est prêchée qui a pour centre non pas Dieu, mais l'homme...

Aujourd'hui les persécuteurs du Christ et de son Église portent le masque du "civilisé", du moderne, de l'affranchi, du progressiste et sournoisement œuvrent dans le sens de la division de l'Église et bouleversent son fonctionnement.                      Il est vrai qu'aujourd'hui aussi le Christ est persécuté de même que tous ceux qui croient en Lui. "Ceux qui me persécutent, vous persécutent aussi" a dit le Seigneur à ses disciples, et cela s'applique à tous les croyants. Mais nous, nous ne devons pas désespérer et avoir peur car après la tristesse vient la joie, après le martyre la gloire, après le Golgotha la Résurrection.Mes frères, Le Christ ne nous a promis dans ce monde gloire, honneurs et richesses. "Dans ce monde, vous éprouverez de la tristesse, mais soyez confiants, moi j'ai vaincu le monde"

Le Christ avec son Église vaincra de nouveau.   Avec cette foi et cette espérance, contemplons notre avenir en Chrétiens. L'Emmanuel est avec nous !  Amen.      Père Panagiotis

 

Commentaire patristique par Eusèbe le Gallican (Ve siècle) 

 

"Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?" (Mt 2,2)

Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans... Mais tu n'as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l'avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n'en est pas ainsi. Le Christ n'était pas venu pour usurper la gloire d'autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n'était pas venu pour s'emparer d'un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n'était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n'était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d'épines. Il n'était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié.

À la naissance du Seigneur, "Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui" (Mt 2,3). Quoi d'étonnant, si l'impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu'un homme en armes s'effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l'humble, "celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes... Il feignait de vouloir adorer celui qu'il cherchait à faire périr" (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge... La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n'est pas par la cruauté mais par la foi que l'on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

 

dimanche 5 janvier 2025

La Nativité du Seigneur.

 

                                                                                                                                                                              7 janvier 2025.

(Matthieu 2, 1 à 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous montre comment la Lumière Divine qui s’incarne dans un petit enfant, est refusée par ceux qui préfèrent les ténèbres et l’ombre de la mort, l’Evangile témoigne de la lutte impitoyable que Satan et ses serviteurs mènent contre Dieu, l’Humanité et l’Eglise. Saint Jean dans son prologue ne dit-il pas : « la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue ». Hérode est Juif, il n’ignore rien de l’espérance messianique du peuple d’Israël, mais Hérode le sanguinaire est possédé par le Malin, et cette possession le vide de toute humanité, étant comme vidé de lui-même, rien ne le retiendra plus pour ordonner après le départ des rois mages, le « massacre des innocents ».

 

L’Evangile nous dit : « Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient se présentèrent à Jérusalem en disant : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Que signifie, ils sont venus d’Orient ? Le prophète Ezéquiel ch. 43, 2 écrit : « la gloire du Seigneur s’avance de l’Orient », Orient est un des noms donnés au Seigneur, ainsi nous est signifié que les mages sont les inspirés et les envoyés de Dieu lui-même et de Son Royaume, de Dieu qui est l’Orient de la Lumière absolue qui va s’incarner par l’Enfant divin.  N’est-il pas étrange que Dieu nous envoie les rois mages, alors que les synagogues étaient les îlots lumineux qui avaient pour mission d’annoncer et d’accueillir la lumière éternelle, c’est à dire le Messie ? Les trois rois mages sont bien réels, et ce que l’Ecriture dit d’eux est parfaitement vrai, mais ils sont aussi une métaphore de ce qui se passe dans  l’homme, ce que les mages montrent dans leur cheminement extérieur, est par analogie ce que l’homme est appelé à vivre à l’intérieur.

 

L’étoile est ici une icône spirituelle de l’esprit de l’homme qui le guide depuis l’Orient, c’est à dire depuis la lumière de l’intelligence qui illumine l’être humain, afin de le guider vers le saint des saints qui est son propre cœur pour s’y prosterner et y adorer, l’Enfant Divin, notre Seigneur. Nous sommes donc appelés à offrir notre corps pour que l’Esprit Saint en fasse son temple, notre âme pour que l’Esprit Saint en fasse sa prière, notre esprit pour que l’Esprit Saint en fasse sa contemplation, pour que notre personne entière puisse recevoir la grâce d’accueillir la Divine Trinité.

 

L’Ecriture poursuit : « le roi Hérode, l’ayant appris, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui ; il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple et s’enquit auprès d’eux du lieu où devait naître le Christ ». Que signifient ici les innocents sur un plan spirituel et intérieur? Eh bien, ce sont toutes les pensées, toutes les paroles et toutes les actions divines et saintes inspirées par l’Esprit Saint et qui nous sont envoyées par la médiation de l’Eglise, pour faire de chacun d’entre nous un roi mage, qui a pour vocation de transmettre la grâce divine, c’est à dire la bonne nouvelle de la naissance du Roi des rois, pour le salut de l’humanité. Mais si les personnages évangéliques existent aussi en nous, le roi Hérode, qui est-il, que représente t-il dans l’être humain ? Hérode est un roi de pacotille et de comédie, une caricature misérable de la véritable royauté qui est spirituelle, un bouffon ridicule et insensé, affamé et assoiffé non de justice mais de pouvoir, en vérité il ne représente rien ni personne, car son royaume est celui des apparences, du néant. Mais s’il n’est rien, qui alors lui donne un pouvoir sur nous et en nous?

 

Hérode par analogie, c’est le vieil homme en nous, qui se trouble lui aussi, comme Hérode à chaque fois que l’homme est visité par la vérité de Dieu, Hérode, c’est le vieil homme, sa majesté l’égo, qui hurle moi, moi et encore moi, qui ne connaît d’autre dieu que lui même, d’autre œuvre que de faire sa volonté partout, toujours, en tout et avec tous. Le vieil homme qui refuse de se convertir à la nouveauté absolue que représente l’Enfant qui vient de naître à Bethléem, il est le serviteur et le complice de Satan, le séducteur et prince des ténèbres, dont l’unique désir est la destruction totale de l’humanité. C’est pourquoi les hordes sataniques s’associent avec tous les Hérodes de ce monde, pour persécuter l’Eglise et massacrer celui qui est le Sauveur unique de l’humanité, « l’Enfant Dieu ».  

 

 

 

 

 

L’Evangile poursuit : « Ils dirent à Hérode : l’Enfant est né à Bethléem de Judée, car voici ce que le prophète a écrit : et toi, Bethléem, pays de Juda, tu n’es certes pas le moindre parmi les clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël ». Voici donc que les prêtres et les scribes savent dire où naitra le Messie espéré, quant à y aller eux-mêmes, hélas, trois fois hélas, leur vanité et leur soumission aveugle à la lettre de la Loi, les empêche d’accéder à la vie en plénitude, c’est à dire, l’Enfant-Messie  annoncé, que pourtant ils prophétisent, espèrent et attendent tous.

 

Que signifient ici, les « clans de Juda » ? Seule la vie spirituelle inspirée par l’Esprit de Dieu peut emmener l’homme vers Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, c’est à dire, l’Enfant Jésus qui vient de naître pour illuminer justement tous les clans dont parle le saint Evangile ? Les clans sont toutes les tribus d’Israël et toutes les Synagogues où est annoncée la parole prophétique du Très-Haut, cette parole qui ne cesse d’annoncer la naissance du Divin Rédempteur espéré par Israël, et que l’Israël de Dieu devait donner à l’humanité. C’est pourquoi plus tard, l’enfant devenu le « Serviteur Souffrant » contemplé par le prophète Isaïe, dira dans l’angoisse de son âme : « ô mon peuple que t’ai-je fait » ? Et ailleurs « qui a connu la pensée du Seigneur » ?

 

Mais voici l’humble merveille, la bonne nouvelle, voici que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a élu parmi tous ces clans fiers et prestigieux, l’humble « Bethléem », qui deviendra l’Eglise très sainte et très aimée de Dieu, Bethléem la maison du Pain, qui annonce que cet Enfant qui vient de naître est non plus la Manne reçue par les Israélites dans le désert, mais le Pain Vivant descendu lui-même du Ciel, pour se donner comme nourriture vivifiante à l’humanité. Bethléem, la maison du Pain, est le signe prophétique de l’Eucharistie, du Corps et du Sang que l’Enfant Divin versera librement lorsque devenu adulte, il accomplira pleinement  le mystère de la Nativité, de l’Incarnation, en donnant sa vie pour le salut du monde.

 

« Hérode alors appela les mages en secret et se fit préciser par eux la date de l’apparition de l’étoile, puis ils les dirigea sur Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur cet enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui ». De nouveau, l’Evangile nous montre l’ambiguïté du fonctionnement mental de Hérode le vieil homme, Hérode tout comme le tentateur dit des choses qui semblent bonnes et justes, mais comment agit-il ? Il agit en secret, par l’intermédiaire du vieil homme, en faisant semblant de bénir le voyage des rois mages, en leur faisant croire qu’il a le même projet qu’eux, qu’il veut le meilleur pour eux et pour l’Enfant, qu’il a les moyens de combler tous les désirs, y compris spirituels. En vérité, c’est le Temple de Jérusalem qui devait accueillir l’Enfant divin, il était par vocation la Grotte mystique que Dieu désirait illuminer par sa naissance.

 

L’Evangile dénonce toute pratique religieuse qui serait tramée en secret, toute décision qui serait prise par une seule personne au nom de l’Eglise, la justesse spirituelle est dans la réalisation conciliaire et fraternelle de la volonté divine. Le Seigneur nous averti de ne pas œuvrer seuls en nous-mêmes et avec comme seuls témoins nous-mêmes, c’est à dire nos pensées du cœur non purifiées. Hérode va se détruire lui-même parce que son mensonge est pathétique et tragique, dans sa folie, il pense pouvoir tromper Dieu lui-même, mais en réalité, son marchandage hypocrite avec les saints rois mages, ne lui rapportera rien, sinon faire de lui le monstrueux bourreau de l’enfance innocente.

 

L’Evangile poursuit : « sur ces paroles du roi, ils se mirent en chemin. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient se mit à les précéder jusqu’à ce qu’elle vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant ».

L’Esprit Saint nous initie au véritable discernement spirituel en nous invitant à vivre en nous mêmes le saint Evangile, les témoignages que les divers personnages y manifestent nous représentent plus ou moins, d’une manière ou d’une autre. Les mages se mettent donc en route sur les ordres du roi Hérode, et l’étoile qui ne pouvait briller en présence d’Hérode qui représente les ténèbres du monde sans Dieu, peut à nouveau resplendir de toute sa luminosité divine, pour accompagner le voyage intérieur et extérieur non seulement des rois mages, mais de toute personne qui décide de dire amen, à l’appel providentiel de Dieu. 

 

 

L’Ecriture poursuit : « la vue de l’étoile les remplit d’une grande joie ; ils entrèrent dans la grotte, trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, le front contre terre, ils se prosternèrent devant lui ; puis ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Que signifie : « la vue de l’étoile les remplit d’une grande joie ? ». Cela signifie leur communion réelle à la lumière incréée dont cette étoile est le signe manifeste dans la création, cela signifie que la lumière est le fruit de la vie en Dieu et que cette vie lumineuse engendre cette grande Joie dont le Seigneur dit : « Je vous donnerais la Joie que nul ne pourra vous ravir ». Seule la joie divine est la joie véritable, joie qui nous donne de danser intérieurement devant la Divine Trinité, joie vécue par les rois mages, joie vécue par les humbles bergers, joie de toute la création qui unit le ciel et la terre, joie que celui à qui le Seigneur donne de la goûter, même une seule fois, ne pourra plus jamais oublier ni dans ce monde ni dans l’autre.

 

Que signifie, ils entrèrent dans la maison et la suite…cette maison est l’Eglise intérieure, spirituelle et mystique, icône de la grotte de Bethléem, c’est le lieu de Dieu dans l’homme, la rencontre personnelle de l’homme avec Dieu, là où tout naturellement, l’homme se prosterne au cœur de son cœur, dans l’amour et l’adoration en esprit et en vérité devant l’Enfant éternel avec lequel l’homme peut lui aussi grandir en toute grâce et s’élever vers la Divine Trinité.

 

Que signifie encore, ils Lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ? Cela signifie que l’homme, roi, prêtre et prophète, a retrouvé par la grâce de Dieu son origine divine, et peut réaliser le grand œuvre d’amour, et les signes de cet état spirituel retrouvé sont ceux de la nature divine elle-même, offrir l’or c’est confesser que la nature de Dieu est Lumière absolue, offrir l’encens c’est confesser que la nature de Dieu est le parfum de la Sainteté absolue, offrir la myrrhe c’est confesser que la nature de Dieu est en vérité l’Immortalité absolue.  Alors Dieu, le Roi Mage Divin, à son tour offre à l’homme non pas l’or, l’encens ou la myrrhe, mais la « déification, l’adoption filiale, la communion sans confusion ni séparation avec le Père éternel, qui est la vie éternelle dans le Royaume de Dieu ».

 

L’Ecriture poursuit : « ensuite, avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ».

 

L’Evangile de ce jour nous révèle ainsi le pèlerinage religieux et spirituel proposé à l’être orthodoxe, cette ascèse de vie qui doit transformer peu à peu l’homme, et faire de lui un être liturgique qui célèbre son Seigneur à travers toute son existence quotidienne, cette vie en Dieu est d’abord une vie en soi avec Dieu, parce que la relation à Dieu est toujours personnelle, mais aussi une vie avec l’autre, c’est-à-dire une vie en Eglise. Alors nous aussi, nous « regagnerons notre pays par un autre chemin », c’est à dire, non plus par les sentiers de perdition du monde hérodien ou ceux chaotiques du vieil homme, mais par le « Chemin unique qui est le Christ, pour arriver dans notre pays réel qui est le Royaume de Dieu ».

 

Au Père Roi de l’Univers, au Fils qui nous veut cohéritiers de Son Royaume et à l’Esprit Saint qui nous intronise dans le Royaume, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon