(Mat : 4, 18 à 23)
AU NOM du PERE, du FILS et du SAINT
ESPRIT, amen.
Aujourd’hui, notre sainte et splendide Eglise orthodoxe qui est la barque spirituelle que la Divine Trinité a placé au cœur du monde, nous enseigne en toute beauté et humilité comment le Seigneur continue de s’approcher de chacun d’entre nous, comme IL l’avait fait pour les pêcheurs de Galilée, pour nous dire : « suis-moi !
L’Ecriture nous dit : « IL vit deux frères qui étaient pêcheurs », deux hommes qui étaient là, occupés à accomplir leurs œuvres quotidiennes, tout comme nous, des hommes au milieu d’autres hommes et voilà que le Seigneur qui se promenait, s’approcha et leur dit : « venez et je vous ferais pêcheurs d’hommes ». Nous savons que toutes les paroles que le Christ prononce, nous sont directement adressées tout comme aux personnes qui apparaissent dans l’Evangile de vie, alors écoutons pour entendre.
L’Ecriture sainte, dans le livre de la Genèse nous enseigne que le Père Céleste lui aussi se promenait dans le Paradis, à la brise du soir, avec le désir de rencontrer Adam et Eve, c’est à dire l’humanité crée pour lui dire, « suis-moi », moi ton Créateur, je t’invite à être le pasteur de la création entière et de la guider avec ma grâce et ton obéissance, à la plénitude de la vie dans la vérité et la beauté. Cette divine rencontre première entre Dieu et l’humanité, interrompue par la chute originelle se poursuit aujourd’hui dans notre sainte Eglise orthodoxe, dans laquelle le Seigneur ne cesse d’aller vers l’homme son bien-aimé.
Ne sommes-nous pas saisis de l’intérieur, nos cœurs ne sont-ils pas brûlants, en contemplant cette réalité évangélique qui nous montre le Seigneur « doux et humble de cœur », qui ne cesse depuis le Paradis de marcher à la rencontre de l’homme, pour inviter celui-ci à faire la route ensemble. Cette Voie qui est le Christ lui-même, et qui peut nous mener de la terre au Ciel, se réalise ensembles dans l’œuvre commune qui nous réunit ici et maintenant, à savoir la Divine Liturgie, célébration et rencontre essentielle entre Dieu et l’homme, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la création, pour accomplir l’unique nécessaire, notre salut en Dieu dans l’Eglise et au cœur du monde.
L’Evangile de vie, nous prend par la main et nous guide dans cette promenade divino-humaine qui a commencé avec notre Père dès notre création, qui se poursuit avec le Fils, et s’accomplit par l’Esprit de toute sainteté. Ecoutons encore le Seigneur nous dire jusqu’où IL désire aller pour nous rencontrer dans ce pèlerinage spirituel, que dit-Il : « voici, Je me tiens à la porte et je frappe, chez celui qui entend et qui ouvre, j’entrerai avec mon Père et nous dînerons avec lui ». A quelle porte, le Seigneur frappe t-il, sinon à celle de notre cœur, qui représente les portes saintes et royales qui nous mènent au saint des saints dans la profondeur insondable et indicible de la « personne », là où est déjà présent le Royaume de Dieu. Ce dîner promis par le Christ à celui qui s’ouvre à Dieu, est la célébration très lumineuse et très pure, de la très sainte Cène spirituelle et mystique, liturgie céleste joyeuse et pacifique, communion partagée par la Divine Trinité et l’homme. Seul celui qui se souvient qu’il a déjà entendu le « suis-moi », reconnaitra qui est Celui qui frappe et se précipitera pour lui ouvrir, non seulement sa porte, mais toute sa vie et tout son être. Mais direz-vous peut-être, qui parmi nous a déjà entendu ce fameux « suis-moi », pour le reconnaître et dire amen ? C’est en Adam et Eve, père et mère de toute l’humanité que nous avons entendu cette parole « suis-moi » qui dès l’origine, nous a été transmise comme voie de retour vers notre Père céleste.
L’Eglise est bien cette barque lumineuse qui contient toutes les grâces données par l’Esprit de Dieu, pour que nous soyons chacun « pêcheur d’homme, c’est à dire d’abord de nous-mêmes », plus ou moins engloutis par les eaux troubles et usées du monde, pour accomplir notre sainte vocation qui est la vie divino-humaine, selon la sagesse de la voie spirituelle de l’orthodoxie. Cette pêche miraculeuse que représente le salut d’une seule âme, est le fruit de l’ascèse de toute l’Eglise du Christ. Mais si nous ne comprenons pas, que l’homme que nous devons pêcher en premier, c’est celui qui gît au plus profond de nous-même, alors nous allons nous précipiter dans une errance stérile et nous briser peu à peu, contre le roc endurci de notre propre cœur.
L’Ecriture poursuit : « aussitôt, ils laissèrent là leurs filets et le suivirent », est-ce donc si évident pour nous que des hommes et des femmes puissent ainsi tout quitter pour suivre le Christ ? En vérité, c’est possible parce que suivre Dieu est la vocation naturelle de l’homme crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette disponibilité immédiate que nous voyons chez ces pêcheurs Galiléens, répond à un état spirituel potentiel mais éveillé suffisamment pour dire amen à l’invitation divine. Ces hommes en vérité attendaient depuis toujours la venue du saint d’Israël, ils étaient imprégnés de l’espérance du salut messianique. Si nous entrons en nous-mêmes, au cœur de notre cœur, nous découvrirons que nous possédons la même espérance. Nous pourrions même retrouver aujourd’hui ce moment crucial, où dans notre cheminement existentiel, nous avons entendu nous aussi et chacun à sa manière ce « suis-moi », auquel nous avons répondu « amen » et voir quel a été depuis notre cheminement en Christ.
Voici donc des pêcheurs, et que laissent-ils pour suivre le Christ, ils abandonnent leurs filets, c’est à dire tout ce qui nourrissait et donnait sens à leur existence terrestre au milieu de leurs familles et proches. Chaque iota de l’Ecriture Sainte possède et un sens littéral et un sens spirituel, qu’est donc un filet, n’est ce pas quelque chose qui peut nous nourrir mais aussi nous emprisonner ? Il existe des filets qui rendent la vie invivable, des filets qui nous aliènent et nous enlèvent toute liberté personnelle, des filets subtils mais remplis d’illusions et que pourtant nous croyons nécessaires voire indispensables pour notre existence, et tant d’autres filets encore…Le Seigneur ne dit pas qu’il ne faut pas travailler pour gagner sa vie, non, mais IL nous dit que dans ce monde, il n’existe qu’une seule manière de se libérer du filet dans lequel nous sommes chacun plus ou moins emprisonné. Et cette libération ne peut se réaliser que si l’homme, tout homme et toute femme, et en particulier nous qui nous disons volontiers disciples du Seigneur, désire et accepte de suivre sans condition Celui qui lui dit : « suis-moi ».
Et voici que : « Jésus parcourait toute la Galilée- tout comme il parcours toute l’Eglise- prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu, enseignant et guérissant toute maladie », le Christ ne nous propose pas de le suivre pour faire une promenade touristique, ou bien de faire ce que nous croyons nous convenir à tel ou tel moment. IL ne nous emmène pas sur les routes mondaines pour y suivre les modes éphémères et illusoires que le vieil homme voudrait nous forcer à prendre. Le Seigneur nous encourage à commencer par prêcher déjà en nous-mêmes la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, de nous enseigner à nous-mêmes la vie évangélique, pour espérer guérir par la communion de vie avec LUI.
Alors quelle est donc l’ascèse concrète qui est bonne pour chacun d’entre nous, pour connaître en esprit et en vérité qui est le Christ et pourquoi IL nous dit « suis-moi » ? Oui, je vous transmets toujours la même réalité, la sagesse de l’Eglise, cette ascèse vivifiante, qui est la participation à la célébration de la Divine Liturgie et la pratique réelle du saint Évangile. L’Eglise dans laquelle l’Esprit Saint nous enracine dans le présent, est le lieu béni où nous recevons avec une divine générosité toutes les grâces spirituelles pour suivre Celui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».
« Suis-moi », par cette parole, le Christ s’engage lui-même et en premier à nous emmener avec lui, à nous apprendre comment passer de l’état de serviteur de Dieu, de l’Homme et de l’Eglise, à celui d’ami de la Divine Trinité, selon cette parole du Christ « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Cette œuvre ascétique passe par l’œuvre commune qui ne peut se vivre et se réaliser que par la médiation de la sainte et humble Eglise du Christ. La célébration de la Divine Liturgie est en vérité, l’accomplissement parfait de la pêche miraculeuse, à laquelle le Seigneur invite chacun d’entre nous à participer pleinement et cela pour le salut de toute l’humanité et la restauration de la création divine dans sa première beauté.
L’Eglise du Christ seule, peut nous transmettre l’humilité du Fils Unique, Lui le pêcheur céleste qui s’est fait et le Frère et le Serviteur de l’humanité désorientée et malmenée par les esprits sous ciel dont parle l’apôtre Paul.
L’Eglise du Christ seule, peut nous transmettre l’humilité de l’Esprit Saint, Lui si discret et qui pourtant désire ardemment nous « revêtir des habits sacerdotaux spirituels que sont l’amour, la joie, la paix, la douceur, la patience, la maîtrise de soi » et tous les autres saints dons.
L’Eglise du Christ seule, peut nous transmettre la très aimante nostalgie de notre Père envers l’homme son bien-aimé, le Père a voulu l’Eglise comme une sainte icône vivante du Paradis, pour s’y promener à la rencontre de l’humanité, comme Il le faisait avec Adam et Eve à l’origine de la Création.
L’Eglise du Christ ou le Monastère du Christ, dont Il est le seul et unique Grand-Prêtre et Higoumène, ne doit jamais devenir un filet qui étoufferait la « liberté glorieuse des enfants de Dieu », liberté acquise par le Saint Sang et le Saint Corps de notre Seigneur sur la Croix, qui est le trône très pur et très saint sur lequel règne éternellement notre Seigneur Jésus-Christ.
Au Père Céleste et Roi de l’Univers, au Fils Unique qui a fait de nous ses cohéritiers, à l’Esprit Saint qui nous intronise dans le Royaume de Dieu, soit la Gloire dans siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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