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samedi 25 mai 2024

Dimanche du Paralytique

 

(Jean 5, 1 – 15)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, notre sainte et humble Eglise Orthodoxe est la piscine miraculeuse, dans laquelle le Dieu Vivant, notre Seigneur Ressuscité est présent au milieu de l’humaine condition, pour guérir un paralytique. Cette piscine nous le savons de manière prophétique, est la préfigure de ce qui deviendra le « très saint Baptême par immersion » et qui contient en promesse toutes les grâces que la Divine Trinité a déposé dans l’eau, cette si humble et merveilleuse créature. L’eau, sanctifiée par la prière, l’huile sainte et le saint Chrême à travers l’œuvre liturgique du prêtre et de l’assemblée des Croyants, devient icône céleste et porteuse du don de guérir.

 

Notre Seigneur doux et humble de cœur, ne cesse de tout mettre en œuvre pour nous donner la guérison parfaite de l’âme et du corps, mais nous, dans notre enfance religieuse et dans notre ignorance de l’essentiel, nous sommes souvent attachés à des acquis amassés dans le monde. Ce faisant, nous répétons comme des automates le péché des incrédules qui ne savent que murmurer des interdits à l’image des Juifs dont nous parle l’Evangile de ce jour. Au lieu de s’émerveiller du miracle accompli là sous leurs yeux, par le Rabbin Jésus, les Juifs ne savent que réprimander le malade, en lui disant : « c’est le Shabbat, tu n’as pas le droit de porter ton propre grabat ».

 

Nous le savons, le Christ ne s’impose pas et ne nous impose absolument rien aussi longtemps que nous ne Lui demandons rien ; mais si nous venons dans la piscine, c'est-à-dire dans la « sainte Eglise orthodoxe », alors nous sommes responsables de notre présence en ce haut lieu saint et sacré. Dès lors, nous pouvons nous attendre à entendre, le Seigneur nous demander : « veux-tu guérir ?» non pas ‘voulez-vous guérir’, mais : veux-tu guérir, toi ? ». Le Médecin céleste s’adresse à moi personnellement, car le salut est une œuvre spirituelle qui est proposée à chaque « personne unique », cette guérison n’est pas le fruit d’un état de transe mentale, ni le résultat d’un marchandage intellectuel, mais le don d’une grâce spirituelle, donnée par l’amour de Dieu à l’homme son bien-aimé.

 

Cette question du « Maître Eternel » et notre réponse à celle-ci sont nécessaires pour que nous puissions espérer sortir peu à peu des limbes de notre paralysie intérieure et existentielle. Si je veux guérir, alors je peux répondre : « Seigneur, à qui irai-je, Tu as les paroles de la vie éternelle, que Ta volonté soit faite pour moi ». Je m’en remets à Toi seul, à Toi tout entier, car Tu es mon Ami éternel et Toi seul Tu connais ce que je suis et ce que Tu veux réaliser avec moi. N’est-il pas écrit, la « folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes », alors revêtons-nous de la « folie divine » comme d’un vêtement spirituel, afin de devenir un « christ » rempli de l’Esprit-Saint et soumis librement à la volonté de notre Père céleste.

 

Voici donc un homme, notre semblable qui est infirme depuis trente-huit ans, le Seigneur son Créateur lui rend la parfaite santé et cela devant tous les Juifs présents ; ils sont témoins de la puissance extraordinaire du mystère de la grâce divine qui s’accomplit devant leurs yeux, et que font-ils ? Ils se détournent de « Celui » qui vient d’accomplir ce miracle, c’est à dire du Seigneur Dieu, pour se tourner et se concentrer sur l’homme qui vient d’être guéri, dans le seul but de lui reprocher d’oser porter son grabat un jour de Shabbat. Ils oublient, que le Shabbat et même toute la Création est faite pour l’homme et non le contraire, cette attitude est celle « d’individus », pour qui la religion doit rester sous le joug intransigeant de la « loi mosaïque », alors que le Christ a placé toute l’humanité sous le « signe de la liberté et de la grâce ».

 

Permettez-moi de nous supplier de cesser de cultiver des attitudes opposées à la miséricorde divine, de cesser de nous focaliser sur des « choses » inutiles devant la « Sainteté de Dieu, devant la sainte Eglise orthodoxe et devant ce qu’est en esprit et en vérité la personne, l’hypostase selon la théologie vivifiante de nos saints Pères ». Demandons humblement au Seigneur de Gloire éternelle, la grâce de ne pas répéter dans nos pensées, nos paroles et nos actes, des œuvres qui font de nous des religieux infirmes, des individus paralysés et isolés par les tentations du vieil homme en nous et qui nous rendent incapables de « vivre comme des personnes en communion au Nom de Dieu ».

 

Nous sommes comme cette piscine, porteurs par grâce des miracles de la bonté divine, parce que nous sommes baptisés au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et nous sommes les enfants lumineux de l’Eglise, si réellement nous vivons selon l’Evangile de vie du Christ. Saint Jean nous rappelle dans son Prologue qu’en Lui, le Verbe éternel est « la vie, et que la vie est la lumière des hommes ». Nous pouvons par la grâce divine et l’Eglise, nous immerger dans les eaux vives de notre cœur pour y recevoir la « vie, la lumière et la guérison spirituelle par une vie selon l’évangile du Seigneur ».

 

Pour guérir, ne recherchons pas les choses compliquées où je ne sais quelle ascèse impossible, mais laissons-nous plonger au fond de nous-mêmes jusqu’en Dieu par la célébration de la Divine Liturgie de tout notre être. Immergeons-nous dans les très saints Mystères du Ressuscité, revêtons-nous de prières et de louanges, de chants spirituels et de la lumière des icônes, du parfum d’encens et d’agréable odeur pour Dieu et surtout « soyons présents » dans l’Eglise pour  « une véritable communion fraternelle ».

 

Si nous faisons cela d’un seul « cœur et d’un seul esprit », alors j’ose témoigner avec toute la puissance que Dieu donne dans la grâce sacerdotale et ecclésiale, que nous recevrons peu à peu la guérison de nos infirmités religieuses et si Dieu veut, nous danserons devant Lui comme le fit la « sagesse créatrice au principe de la Création », nous connaîtrons la « sainte et sobre ivresse de l’Esprit de Dieu ».

 

Soyons vigilants et surtout soyons modestes devant la Divine Trinité dans l’espérance d’entendre un jour nous aussi cette parole du Seigneur : « te voilà bien portant : ne pêche plus… ». Alors prions-Le avec encore plus d’ardeur et de ferveur de nous garder de retomber dans le péché, car nous le savons, le « temps est court et le Royaume de Dieu est déjà là », nous dit saint Paul.

 

La guérison du paralytique n’est pas une « vieille histoire arrivée autrefois », non ce miracle dont nous sommes les témoins, se réalise ici et maintenant au milieu de nous dans l’Eglise, notre vocation n’est pas d’être des voyeurs, mais des « voyants » qui par leur foi en Jésus-Christ, reçoivent le don de « l’intelligence du cœur pour s’émerveiller des œuvres de Dieu parmi nous ».

 

Si nous ne croyons pas que l’Eglise célèbre par la présence très sainte et très sacrée du Christ, le seul et unique « Grand Prêtre », le Mystère de la vie divino-humaine qui unit spirituellement et religieusement en un seul « corps, cœur et esprit la Communauté ecclésiale avec la Divine Trinité », alors notre présence dans l’Eglise devient insensée, inutile et stérile. Saint Paul nous rappelle cette parole de feu spirituel que : « L’Eglise est le Corps du Christ dont IL est aussi la Tête », nous sommes donc bien en communion dans l’Eglise avec Dieu notre Père et L’Esprit Saint à travers notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Que l’Ange du Seigneur descende en nous comme il descend dans la piscine de Bethesda, pour y agiter l’eau spirituelle de nos âmes, c’est à dire les énergies incréées, afin de nous restaurer dans la « beauté des saints » pour nous nourrir des promesses divines et devenir ainsi des christ pour l’éternité.

 

Que l’Ange de Dieu nous rappelle à temps et a contre temps que la place naturelle d’une personne  « orthodoxe », est dans sa communion avec son corps religieux et spirituel qui est l’Eglise, pour célébrer la Divine Liturgie le plus souvent possible et ainsi rendre grâce du fond de l’âme pour tous les biens  inestimables que Dieu nous accorde sans cesse.

 

Que l’Ange du Seigneur nous inspire à l’esprit et au cœur cette parole du Seigneur lui-même « laissez venir à Moi les enfants, ne les en empêchez pas », les enfants peuvent-ils venir par eux-mêmes dans la sainte  Eglise, comment nos enfants apprendront-ils ce qu’est la splendeur de l’Eglise orthodoxe s’ils ne sont pas présents, venons avec nos enfants afin qu’ils reçoivent la connaissance progressive de la vie et de la voie de l’expérience existentielle de l’orthodoxie.

A Dieu notre Père qui espère toujours notre présence liturgique, par notre véritable Médecin de l’âme et du corps, le Christ notre Dieu, soit la Gloire avec l’Esprit très Saint, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 18 mai 2024

Dimanche des Myrophores et de Joseph d’Arimathie.

 


Marc, (15- 43 à 16 – 8)

 

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe de notre saint Christ ressuscité, célèbre les Myrophores, ces femmes saintes qui ont suivi le Seigneur durant sa vie, et qui partageaient par leur foi avec Joseph, Nicodème et d’autres Israélites, l’espérance de la venue du Messie pour instaurer le Royaume de Dieu. Mais malgré toute leur foi, le Mystère de la Résurrection leur demeurait encore scellé, Jésus restait à leurs yeux encore voilés, le charismatique Prophète de Nazareth, que la folie de Juifs et de Romains avait mis à mort et cloué sur une Croix.

 

Joseph le Juste, lui non plus ne pouvait pénétrer spirituellement le Mystère de la sainte Résurrection, mais il avait à cœur de donner une sépulture digne à ce Jésus, pour lequel il ressentait de la compassion, et dont l’enseignement avait bouleversé en profondeur sa vision religieuse en Israël. Vous avez sans doute déjà entendu dans l’Ancienne Alliance ces paroles : « vanité, vanité, tout est vanité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil », mais les femmes Myrophores, Joseph et Nicodème inspirées par l’Esprit Saint ont ressenti chacun et chacune selon sa sensibilité spirituelle, que ce Jésus Prophète miraculeux, était le Messie attendu par Israël. Que ce Jésus envoyé par Dieu, EST la nouveauté absolue et éternelle, et que l’icône de cette présence réelle de Dieu parmi nous est la sainte Eglise du Ressuscité.

 

Joseph, descend le Crucifié de la Croix, l’enveloppe d’un linceul immaculé et le dépose dans un tombeau neuf, et enfin roule une grande pierre pour fermer hermétiquement la sépulture. Cette œuvre de Joseph est une préfigure extérieure de ce que sera l’Eglise du Christ, Joseph descend de la Croix le saint Corps du Seigneur, ce Corps qui est nous dit saint Paul, « l’Eglise dont le Christ est la Tête ». L’Eglise orthodoxe est donc un corps spirituel divino-humain et une icône lumineuse, humble et fidèle du Christ, Eglise dont chacun d’entre nous est comme le cœur dans lequel ce n’est plus Joseph, mais l’Esprit de Dieu qui dépose avec amour, spirituellement et sacramentellement le « Christ Crucifié et Ressuscité ».

 

Dans l’Eglise, le Seigneur ne descend plus de la Croix du Golgotha, mais du Royaume de Dieu, Il vient librement se déposer sur son Autel Saint et accomplir spirituellement tous ses saints mystères liturgiques. IL nous invite comme personne et comme communauté, non à l’embaumer Lui qui est la Vie par une myrrhe matérielle, mais à lui offrir de tout cœur et de manière spirituelle le nard pur de notre prière à travers la célébration de la Divine Liturgie, qui est la réalisation parfaite de ce que désiraient ardemment les femmes Myrophores, Joseph et Nicodème, la « venue du Royaume de Dieu sur terre ».

 

Vous savez que la véritable et très sainte Myrophore, c’est la Mère de Dieu, qui « méditait toutes ces choses dans son cœur », elle n’avait pas comme vocation d’embaumer le corps d’un mort, elle qui a porté le Dieu Vivant dans ses entrailles. Elle qui l’a enveloppé du parfum de sa sainteté personnelle, elle qui l’a nourri d’amour, de prière et d’adoration. Nous aussi, nous sommes venus aujourd’hui dans la sainte Eglise pour y concélébrer ensemble la Divine Liturgie, pour envelopper le Ressuscité non d’un linceul, mais de notre présence aimante, humble et douce. Alors fermons notre corps, notre âme et notre esprit aux soucis de ce monde et tournons-nous vers Dieu seul pour Le recevoir en nous par la sainte Eucharistie. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer dans l’éternité au cœur du temps et de l’espace, cela mérite que nous nous y préparions avec « crainte de Dieu, foi et amour », le mystère de l’Eglise est indicible et restera voilé dans sa vérité divino-humaine à tout homme psychique endurci qui se laisse encore et encore parasiter par l’agitation vaine et pathologique du monde. 

 

Aller dans la sainte Eglise, qui est le lieu du renouvellement de notre être, nous demande de sortir de nous-mêmes, d’abandonner nos pensées, paroles et actes du quotidien, au moins pour le temps sacré de la célébration liturgique. Nous ne pouvons pas quitter le monde, si notre écoute, notre vision, notre odorat, notre toucher, notre goût, restent imprégnés de ce même monde étranger à la sainteté divine. Nous ne pouvons pas vivre spirituellement le mystère de l’Eglise, comme le dit le Père Aimilianos, « si nous restons encombrés dans notre cœur et dans notre esprit par les cacophonies bruyantes des crises  qui perturbent l’équilibre de l’humanité et de la création », notre vie spirituelle pour être en harmonie avec la grâce divine exige que nous renoncions aux illusions du vieil homme, pour œuvrer à notre conversion véritable.

 

L’Eglise de Dieu nous apprendra à déposer le Crucifié dans notre cœur, d’où il nous donnera d’entrer dans la vraie vie qui est notre résurrection au Nom de la Divine Trinité. Mais pourquoi déposer le Seigneur de gloire dans notre être le plus profond ? Afin qu’il puisse descendre au cœur profond de notre enfer intérieur envahi par les passions depuis notre Chute en Adam. L’enfer est là où nous nous laissons crucifier par nos états d’âme, là où nous ouvrons la porte aux pensées des ténèbres dont les œuvres constituent notre mort spirituelle, là où Satan veut nous emprisonner dans sa haine de Dieu et de l’homme avec la complicité du vieil homme en nous. Qui nous roulera la pierre de nos péchés pour que nous puissions nous aussi accéder à notre cœur profond et sortir vers la vie, où nous verrons non seulement l’ange du Seigneur nous annoncer la Résurrection du Christ, mais : « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme », mais que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment !

 

Alors l’ange du Seigneur nous dira « ne vous effrayez plus, vous cherchez le Seigneur, le Crucifié, il est Ressuscité », il n’est plus ici, car Dieu ne peut demeurer prisonnier de la mort,  du temps ou de l’espace, et nous aussi Fidèles orthodoxes, nous devons nous tourner vers Dieu selon « l’homme intérieur caché avec le Christ en Dieu ». Alors nous aussi comme des icônes vivantes et des disciples du Ressuscité, nous pourrons annoncer dans l’Eglise universelle qui est le cœur du monde, la Bonne Nouvelle entendue par les Myrophores : « Christ est Ressuscité, en vérité Il est Ressuscité ». Prions Marie la grande Myrophore, de nous accompagner sur la voie étroite mais seule désirable de la « foi, de l’espérance et de la charité », qui seule peut nous donner, la rencontre personnelle et ecclésiale avec le Seigneur Ressuscité.

 

Rendons grâce à la Divine Trinité qui nous engendre à la vie éternelle dans notre sainte Eglise orthodoxe, où nous apprenons à édifier peu à peu, notre véritable personne par la grâce des saints mystères et sacrements du Christ, en vue du Royaume de Dieu. La voie de la spiritualité orthodoxe est d’une divine simplicité, et nos épreuves et souffrances sur ce chemin, proviennent en grande partie du fait, que nous sommes des « êtres tourmentés et compliqués ». Nous sommes la cible des attaques du vieil homme dans notre cœur, la cible de toutes sortes de désirs qui nous éloignent de l’essentiel, qui est notre vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.

 

Que le Ressuscité nous donne par grâce et selon sa Promesse, l’Esprit Saint, qui seul peut réaliser avec nous, déjà ici et maintenant, si nous le désirons vraiment, notre sainte et éternelle vocation qui est de devenir ce que nous sommes par la volonté de notre Père Céleste, des « personnes divino-humaines », dont la seule et unique raison d’être est la « vie éternelle dans le Royaume de Dieu ». Bénissons les Myrophores et tous les Disciples du Seigneur qui nous ont transmis leur témoignage de la Résurrection du Christ, et transmettons nous aussi à notre tour, autour de nous, ce cri du cœur : « Christ est Ressuscité, en vérité IL est Ressuscité ».

 

Au Père qui nous aime, au Fils qui se donne par amour et à l’Esprit d’amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.  + Syméon

 

 

 

dimanche 12 mai 2024

Dimanche de Thomas

 

(Jean 20, 19 à 31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe est le cénacle de Jérusalem dont parle l’Evangile que nous venons d’entendre, le Ressuscité apparaît à ses disciples en transcendant les lois naturelles, puisque nous le voyons traverser la porte close. Le Seigneur Ressuscité en tant que Verbe créateur à l’origine du crée, est libre du temps et de l’espace, du matériel et de l’immatériel et peut donc selon sa divine volonté providentielle refonder sa relation à l’homme et au monde.

 

A l’opposé, Saint Paul dans son épître nous montre la hargne du grand prêtre et son entourage, à savoir les sadducéens, qui liés par leur interprétation littérale de la Loi, sont incapables de penser que la Résurrection soit possible, ils sont pleins de fureur, c’est-à-dire à l’opposé même de Celui qui est la Paix absolue et qui vient la donner à ses disciples, et à nous à travers eux.

 

Le Ressuscité peut selon Sa volonté, traverser ce qui est parfaitement scellé, parce qu’Il a acquis par la Résurrection, la liberté absolue qui rend l’homme accompli, maître de la Création de Dieu, Il peut ainsi descendre dans notre profondeur la plus profonde, et la plus inaccessible pour nous dire : La Paix soit avec vous.

 

Tout comme les disciples étaient enfermés par peur des Juifs, nous aussi nous sommes trop souvent, fragilisés par la crainte du monde, liés par nos peurs existentielles, peurs parfois irrationnelles et dues à notre immaturité spirituelle. Alors nous cherchons de tous côtés à nous protéger, et ce faisant nous mettons en œuvre des actes irréfléchis et non inspirés par l’Esprit de Dieu, et c’est ainsi que naît la division dans le Corps du Christ, car nous nous ne sommes plus comme il est écrit dans les Actes des Apôtres « un seul cœur et un seul esprit ».

 

Le Seigneur Jésus durant le temps pascal désire se révéler à notre esprit et nous visiter, alors même que tout est verrouillé en nous, il nous faut donc apprendre à ouvrir les « portes closes en nous » qui empêchent la communion avec le Christ qui est comme le confesse Thomas : notre Seigneur et notre Dieu. De quelle manière et par quelle voie le Seigneur nous visite t-il ? Par la voie de l’Eglise orthodoxe, alors ne nous privons pas nous-mêmes d’une telle rencontre inestimable et écoutons l’Esprit qui nous transmet cette parole du Christ « venez et voyez ». Si donc nous sommes venus pour voir, commençons par écouter pour entendre vraiment et ainsi devenir capable de vivre la Divine Liturgie, afin de récolter en esprit et en vérité, les fruits spirituels donnés par Dieu. Pourquoi craindre et qui craindre, lorsque le Tout Puissant nous dit : « La Paix soit avec vous » ? Dieu bénissant, accueillons et vivons ce Don comme un trésor inestimable, fruit saint et béni, engendré par la très sainte Passion du Christ et donné à l’âme orthodoxe qui croit que Jésus est vraiment ce qu’Il dit être.

 

Contemplons dans la très sainte Présence du Ressuscité, le présent et l’avenir salutaire qu’Il promet à ceux qui le confessent librement comme leur Seigneur et Dieu, Lui encore qui nous dit : « ne craignez pas » et « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je Suis au milieu d’eux ». C’est exactement ce que les disciples expérimentent aujourd’hui dans leur solitude, face à l’incrédulité du monde religieux, qui aurait dû les bénir et être les premiers à croire et à transmettre l’annonce la Résurrection du Sauveur.

 

Le Ressuscité visite ses disciples avec l’Amour de Celui qui a traversé tous les mondes et toutes les épreuves, depuis le Ciel en passant par la terre et même l’enfer et qui en est sorti victorieux avec l’humanité rachetée, symbolisée par la splendide icône de la Résurrection où notre Seigneur tire hors des enfers Adam et Eve. Nous avons traversé la Semaine Sainte et chacun d’entre nous a vécu la Passion du Christ et sa propre passion selon la mesure voulue par le Père Céleste pour chacun.

 

Notre âme a été brisée comme celle de Marie en voyant son Agneau immolé, notre corps a été rompu par l’ascèse et plus ou moins épuisé par le passage qui mène de la mort à la vie. Tout entier nous avons essayé de réaliser la pâque qui fait passer du péché vers la sainteté, nos cœurs ont répandu les larmes de l’amour crucifié et nos yeux les ont offerts à notre unique  Seigneur Jésus Ressuscité.

 

Nous avons expérimenté les saintes souffrances qui nous font passer peu à peu du vieil homme à l’homme nouveau, c’est-à-dire à l’homme ressuscité. L’Eglise notre mère spirituelle nous a porté avec une infinie douceur durant la Semaine Sainte, car elle sait ô combien nous pouvons être blessés sur les routes de notre cheminement vers Dieu et dans notre existence personnelle et ecclésiale.

 

Notre Père Céleste nous a béni de Ses deux mains à travers la célébration de la Divine Liturgie depuis la résurrection de Lazare, en passant par le dimanche des Rameaux et la sainte Cène et enfin le grand et lumineux Dimanche de Pâque, par les saints Offices priants et de grande richesse spirituelle de la Semaine Sainte. Il a lui-même veillé sur chacun d’entre nous pour que nous puissions vraiment vivre la Pâque du Seigneur et notre propre pâque.

 

Contemplons la sainte Eglise du Ressuscité. Tout est lumière, les portes sont ouvertes y compris celles du Saint des saints, ceci pour nous faire connaître que nous devons nous aussi, nous ouvrir pleinement à la puissance de renouvellement que donne la Résurrection.

 

Vous savez que le temps Pascal est celui où le Ressuscité visite ici et là, certains de ses disciples, comme il l’a fait pour les pèlerins d’Emmaüs, afin de leur donner une parole personnelle à incarner dans leur vie, veillons donc. Prions-Le avec toute la force et la confiance que donne la Résurrection de nous rendre capable de l’accueillir, pour éclairer notre cheminement existentiel. Que le Ressuscité, révèle ou confirme pour chacun et chacune d’entre nous l’ascèse spirituelle qui convient pour réaliser sa vocation, au sein de l’Eglise et du monde.

 

Nous portons notre propre mystère dans notre cœur profond, là où l’homme nouveau caché, aspire ardemment à la résurrection, et ce qui veut nous empêcher d’accéder à la lumière du Ressuscité, ce sont les nuées des pensées inutiles que cherchent sans cesse à nous emmurer dans les taudis insalubres du monde. Mais, ne sommes-nous pas venu aujourd’hui dans l’Eglise divino-humaine, pour recevoir par grâce « ce que  l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » ? Alors courage nous dit le Ressuscité « J’ai vaincu le monde ».

 

Le Christ est Ressuscité et à lui soit la Gloire avec le Père et l’Esprit dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon